mardi 29 mai 2007


ENTRETIEN AVEC MADAME HE HONGYAN, CONSEILLERE POLITIQUE DE L’AMBASSADE DE CHINE A PARIS.


Alors qu'elle officiait encore au ministère chinois des affaires étrangères, Mme He Hongyan s'occupait au département Afrique. C'est à ce titre qu'elle a parcouru un certain nombre de pays africains. C'est aussi pourquoi elle se sent désormais un peu proche de tout ce qui touche à l'Afrique. La Chine a mis en orbite pour le compte du Nigeria un satellite de télecommunications. Elle accepte donc d'n parler avec nous et de dégager les enjeux ps toujours visible d'une telle réalisation.



Question : La Chine vient de lancer un satellite pour le compte du Nigeria. Ce marché a été gagné devant une vingtaine de concurrents. Au moment où l’influence de la Chine est de plus en plus redoutée sur le continent africain par les pays occidentaux notamment, quelle signification donnez-vous à cette réalisation ?

Madame He Hongyan : Ce lancement a été réalisé selon un contrat commercial signé en 2004 entre la Chine et le Nigeria pour la mise en orbite d’un satellite de communication. Cette réalisation reflète les principes fondamentaux de la Chine d’une utilisation pacifique de l’espace afin d’œuvrer pour le bonheur de l’humanité. Il devient un fruit tout nouveau de la coopération sino-africaine en général et sino-nigériane en particulier. Il ouvre un domaine sans précédent de coopération réciproque qui est le domaine de navigation spatiale et porte ainsi les relations sino-nigérianes à un niveau plus élevé. Ce satellite pourrait créer au Nigeria dans le domaine des télécommunications plus de 150 milles emplois et il devrait signifier de grands changements pour les services de télécommunications de radiodiffusion, de l’Internet au Nigeria contribuant ainsi au développement social et économique du Nigeria et de l’Afrique.

Question : Certaines personnes préfèrent voir en cette réalisation plutôt une sorte d’attrait qu’exerce sur la Chine le pétrole Nigérian. Vous savez que l’Afrique est souvent accusée de ne s’intéresser à l’Afrique que pour ses matières premières. Que répondez-vous ?

M. H. H. : La coopération de l’énergie sino-africaine se passe toujours sur le principe des intérêts réciproques et du développement commun. Elle respecte les règles internationales et commerciales. Elle s’avère légitime, transparente et loyale. Les relations sino-africaines datent de plus de cinquante ans. Elles sont caractérisées par une coopération tous azimuts et fructueuse. La coopération de l’énergie ne fait qu’une infime partie de cette coopération globale. L’exportation du pétrole africain vers la Chine reste beaucoup moins importante que celle vers les Etats-Unis et les pays européens par exemple. En 2006, l’importation chinoise du pétrole africain ne représentait que 8,7% de l’ensemble de l’exportation du pétrole africain tandis que la part de l’Europe représente 36% et celle des Etats-Unis 33%. Si c’est à cause du pétrole que la Chine développe sa coopération avec l’Afrique, comme vous dites, elle n’aurait pas commencé le développement de cette coopération il y a 50 ans.

Question : Le satellite lancé pour le Nigeria est la toute première expérience de la Chine pour un pays étranger. Ce qui veut dire que sa défectuosité pourrait mettre à mal la crédibilité de la Chine en tant que fournisseur de cette technologie. Etes-vous conscient des enjeux ? Si oui, que faites-vous pour les préserver ?

M. H. H. : C’est une question un peu technique mais selon mes connaissances, ce satellite a été conçu et fabriqué par la société de science et de technologie de la navigation spatiale de la Chine. Cette société utilise une plateforme de satellite de télécommunications et de radiodiffusion de troisième génération. Il est doté d’une capacité de charge très importante de longue durée en service. C'est-à-dire que ses performances globales atteignent un niveau avancé sur le plan international.

Question : Récemment, les ministres des Finances du G8 réunis en Allemagne ont tenu à dénoncer la propension de la Chine à continuer à accorder des prêts aux pays Africains. Le marché du satellite justement se solde par un endettement du nigeria. Est-ce un défi que la Chine lance aux Etats membres du G8 ?

M. H. H. : L’aide de la Chine pour l’Afrique n’a jamais de conditionnalités préalables. Elle évalue tout d’abord les besoins réels des pays africains avec en priorité la résolution du problème du développement et augmenter une capacité d’un développement autonome des pays africains. Cette stratégie est bien et largement accueillie en Afrique. La Chine connaît les besoins réels des pays africains et elle répond toujours activement par divers moyens, selon ses possibilités. En même temps, tout en référant aux critères internationaux, la Chine augmente de plus en plus la partie des dons dans ses aides envers l’Afrique. En ce moment, les concours en direction de l’Afrique sont composés en grande partie d’aides gratuites et de prêts sans intérêts surtout utilisés dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’agriculture, des infrastructures et de l’humanitaire.

Question : Le centre de lancement de satellite de Xichiang a reçu une trentaine de commande juste après la réalisation du contrat avec le Nigeria. Tout ceci a coïncidé avec la tenue à Shanghai d’une réunion de la Banque Africaine de Développement. Doit-on voir une corrélation entre ces événements ?

M. H. H. : A mon avis personnel je crois que c’est une pure coïncidence. Quant à cette trentaine de nouvelles commandes dont vous parlez, je ne suis pas au courant et je suis désolé de ne pouvoir vous répondre.

Question : En novembre c’est la quasi-totalité des chefs d’Etats africains qui étaient reçus en Chine. Aujourd’hui, c’est la Banque Africaine de développement qui se réuni en Chine. Peut-on dès dire que la Chine a pris une avance considérable sur ses concurrents en Afrique ?

M. H. H. : La Chine et l’Afrique ont des relations d’amitié et de coopération depuis plus d’un demi siècle. Cette coopération constitue un exemple pour la coopération sud-sud entre les pays en voie de développement. En novembre dernier le sommet du forum sur la coopération sino-africaine s’est tenu à Beijing et a vu la participation de 48 représentants des pays africains dont 35 chefs d’Etats et 6 chefs de gouvernement. Le forum a défini le partenariat stratégique sino-africain et le projet de coopération pour les trois ans a venir. Je crois que ce sommet s’est déroulé dans un esprit pragmatique et couronné d’un plein succès. La Chine étant membre de la Banque africaine de développement, participe toujours activement aux efforts employés par la Banque pour la promotion du développement économique. Il est donc tout à fait naturel que la Chine se charge d’organise une réunion annuelle de la Banque. La Chine va continuer à conjuguer les efforts avec la communauté internationale pour contribuer davantage à la cause de la paix et du développement de l’Afrique.

Question : Dans les années 60 et avant les indépendances des pays africains, la Chine dans ses relations avec les Etats africains était beaucoup plus portée à soutenir les mouvements de résistance qui se battaient soit contre le colon ou contre les pouvoirs établis. Aujourd’hui la Chine préfère financer les pouvoirs en place parfois sans considération de la gouvernance ? Comment expliquez-vous cette mutation là ?

M. H. H. : Dans les années 60, pour la Chine et pour les pays africains nous avions les même tâches d’obtenir l’indépendance de ces pays. Et après cette indépendance des pays africains et de la Chine, je crois que la tâche principale a changé. Aujourd’hui, nous avons la tâche du développement économique. C’est pourquoi, la coopération, tout en consolidant nos relations sur le plan politique, nous mettons plus de force pour développer nos relations économiques toujours dans cet objectif de la promotion du développement commun.

Par : Etienne de Tayo

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