dimanche 20 mai 2007

FACE A L'AFRIQUE, LE G8 PREFERE LA DIVERSION



Incapable de tenir les promesses faites à l’Afrique il y a deux au sommet de Gleneagles, le « G8 Finances » qui réuni les ministres de Finances des pays présentés comme les pays les plus puissants du monde, préfère la diversion en s’attaquant à la Chine, accusée d’être trop généreuse envers les Africains.

Réunis à Postdam, près de Berlin, pendant deux jours, le « G8 Finances » a appelé à « une charte internationale du prêt responsable ». Et pour préciser leur pensée et porter l’accusation le rôle a été laissé au ministre Allemand des Finances, Peer Steinbrük : « Nous observons qu’il y a un intérêt grandissant de la Chine pour les ressources africaines. Elle recommence ce à quoi précisément nous (G8 ndlr) voulions mettre un terme avec le programme d’allègement de la dette, à savoir un surendettement des pays africains (…) Cela ne correspond pas du tout aux critères que nous avons édicté », a-t-il dit. Cette accusation a été appuyée par le secrétaire adjoint du Trésor américain, Robert Kimmitt : « La ligne de conduite de certains créanciers particulièrement en Afrique, menace de réduire à néant les succès difficilement obtenus grâce aux récents programmes d’allègement de la dette ». Les membres du « G8 Finances » reprochent à la Chine de reproduire en Afrique, le schéma déséquilibré de l’ère coloniale : exploitation des richesses énergétiques et minières et écoulement des produits bon marché. Venant des pays pour la plupart colonialistes, est un aveu extraordinaire par rapport au plan de pillage de l’Afrique qui avait été mis en place depuis le temps de la colonisation et qui continue d’être maintenu aujourd’hui. Accusé, l’occident accuse la Chine.
Ce n’est pas encore le tribunal de l’histoire mais c’est tout comme. Ceci veut simplement dire que tous ceux qui ont pillé l’Afrique devront un jour ou l’autre rendre gorge sans que forcément les Africains leur opposent des contraintes particulières. C’est un rôle qui incombe à la justice immanente. Celle à laquelle nul n’échappe quelqu’en soit sa puissance.
Mais revenons au problème posé. Il s’agit en réalité d’une équation du genre (1 + 1), posée au G8. A savoir, qu’avez-vous fait des promesses faites à l’Afrique il y a deux ans au sommet de Gleneagles ? Où en êtes vous avec la réalisation ? Pour nous rafraîchir la mémoire il faut savoir que ces promesses portaient sur une volonté des membres du G8 de « doubler l’aide à l’Afrique de 50 milliards de dollars (37 milliards d’euros) d’ici 2010 » ; de faire reculer la pandémie du Sida et d’éradiquer d’autres fléaux tels le paludisme. Les membres du G8 promettaient aussi l’allègement substantiel du fardeau de la dette qui plombe le décollage économique de l’Afrique.
Aujourd’hui, à l’heure du bilan et incapable de produire des chiffres de la réalisation de ses promesses le G8 fait diversion en s’attaquant à la Chine qui selon lui est en train de rendetter l’Afrique. Mais voyons, sans vouloir dédouaner à priori la Chine qui aura aussi à rendre compte le moment venu, nous pouvons tout de même constater que la Chine ne s’intéresse à l’Afrique que depuis une dizaine d’années. Elle s’y intéresse parce que l’expansion de son économie lui impose d’une par la recherche des matières premières et des ressources énergétiques pour faire tourner les industries et d’autre part des débouchés pour écouler les produits manufacturés. La Chine a été accueillie à bras ouvert par les Etats africains à cause de la roublardise des Etats occidentaux.

NON A LA STRATEGIE DE BOUC EMISSAIRE
Depuis plus d’un siècle, certains membres du G8 sont présents en Afrique où ils ont fait tout ce qu’ils veulent sauf bien sûr ce qu’on pouvait attendre d’eux, à savoir promouvoir le développement de l’Afrique. Le désendettement surendettement de l’Afrique que le G8 donne l’impression de dénoncer aujourd’hui a été longtemps utilisé par beaucoup de pays occidentaux pour maintenir les pays africains dans la situation d’éternels dépendants. Il n’y a qu’à jeter un coup d’œil dans la gestion de la fameuse aide publique au développement pour comprendre que les pays occidentaux sont très mal placés pour donner des leçons de gestion de la dette. On doit quand même se réjouir de ce que la Chine les a poussé à cet aveu spectaculaire.
C’est connu, les mécanismes iniques mis en place depuis des années et qui font que l’aide publique au développement donnée par une main est reprise par une autre à travers notamment le jeu des coopérations. C’est connu les cas des pays africains qui ont déjà remboursé à ce jour plusieurs fois le montant des prêts qui leur avait été accordé. Ce mécanisme scandaleux se passe à travers le jeu de la dévaluation des monnaies des pays africains débiteurs ou par la réévaluation des devises des pays occidentaux créanciers. En fait, la dette est un bon instrument d’asservissement utilisé depuis des années par les membres du G8. Ils savent qu’à partir du moment où les pays africains ne seront plus endettés ils pourraient échapper à leur contrôle. C’est donc à ce niveau qu’il faut situer l’accusation que le G8 Finances porte contre la Chine.
Il est intéressant de rappeler les rendez-vous manqués des pays industrialisés pour le développement de l’Afrique. Les pays colonialistes qui sont dans les rangs du G8 ont d’ailleurs contribué à faire naître les Etats africains dont ils avaient la charge et à conduire leurs premiers pas. Au lendemain des indépendances par exemples, les pays industrialisés avaient promis de porter l’aide public au développement à 0,7% de leurs PIB respectifs. A ce jour, les plus généreux traînent encore à 0,2% du PIB. Et pourtant cette aide publique au développement ne représente que 10% des dépenses militaires des pays riches ou encore 25% de ce que les Etats-Unis ont dépensé pour rechercher les armes de destruction massive en Irak. Une autre comparaison nous montre que ce volume d’aide équivaut à 1,70 dollar hebdomadaire par habitant des pays riches. Tout ceci pour dire que le fait pour les pays développés de ne pays tenir leurs promesses envers l’Afrique découle d’une volonté délibérée et non point d’une quelconque incapacité financière.
La stratégie qui consiste à faire porter à la Chine l’échec futur du plan de développement de l’Afrique a donc été élaborée par les ministres des Finances du G8. Elle est tout simplement ridicule et même malhonnête en ceci qu’elle veut faire diversion en faisant porter à l’autre la responsabilité de leurs manigances. On espère que les dirigeants du G8 qui doivent se réunir bientôt en Allemagne au niveau des chefs d’Etats et de gouvernement ne vont pas endosser cette stratégie élaborée par leurs ministres de Finances.

Etienne de Tayo
Promoteur du réseau Afrique Intègre »





1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ils n'ont encore rien vu. Il rendront tout ce qu'ils ont volé en Afrique. Parole de celui qui a vécu et qui a vu.