samedi 2 juin 2007

DESTIN : LE G8 VA-T-IL IMPLOSER?


Les ultranationalistes et néo-libéraux aux commandes des Etats-Unis devraient revenir sur terre et vivre une réalité qui n’est plus du tout le fruit de leur volonté. Eux qui, au sommet de leur puissance déclaraient ceci à tous ceux qui les accusaient de vivre en dehors de la réalité : «Vous êtes une communauté basée sur la réalité. Nous sommes un empire maintenant. Et en tant que empire, c’est nous qui créerons la réalité ».

A une semaine du sommet de G8 de Heiligendamm (Allemagne), les relations entre les deux membres majeurs du G8 que sont les Etats-Unis et la Russie sont de plus en plus électriques. L’échange pas toujours catholique a d’abord eu lieu lors du sommet des ministres des affaires étrangères de Postdam où la secrétaire d’Etat américaine Condoleeza Rice et le ministre des affaires étrangères russe Sergueï Lavrov ont étalé leurs divergences sur plus d’un sujet. Et puis, prenant la posture d’un chef du kremlin du temps de l’union soviétique, le président Vladimir Poutine a dénoncé ce qu’il qualifie de « diktat et d’impérialisme » des Etats-Unis qu’il ne nomme pas mais dont l’évidence crève les yeux : « Le monde a changé et il y a des tentatives de le rendre unipolaire. Certains acteurs des affaires internationales ont voulu dicter leur volonté à tout le monde », a déclaré le chef du Kremlin. Une telle sortie de Poutine nous replonge certainement en pleine guerre froide et montre bien que la Russie, qui vient de faire « un essai de missile intercontinental à têtes multiples » en réponse au projet américain de bouclier anti-missile en Europe de l’Est, semble avoir repris ses forces.
Du coté de la Maison Blanche, on préfère temporiser le jeu et jouer l’apaisement : « Nous avons certes des différends, mais ils ne sont rien d’autre que des problèmes pouvant être réglés par le dialogue continu que nous avons face à face », souligne le porte parole de la Maison Blanche Gordon Johndroe. Mais pareille esquive diplomatique ne trompe personne quand on sait que depuis au moins une vingtaine d’années, notamment avec la disparition de l’union soviétique, les Etats-Unis avait enfilé l’uniforme du gendarme du monde.
Avec toutes ces tensions en perspective il coule de source que le G8 n’est plus un long fleuve tranquille. Il est même en passe de devenir une marre à canard où les combats les plus féroces risquent se dérouler. Je pense que ceux qui avaient décidé l’admission de la Russie au sein du G8, croyant l’avoir complètement apprivoiser et comptant le convertir à l’économie de marché et au libéralisme, doivent bien s’en mordre les doigts.
Au sommet de Heiligendamm, les membres du G8 doivent se déchirer sur au moins 4 sujets sensibles. Deux opposent les Etats-Unis à la Russie. Il s’agit :
- Le projet du bouclier américain anti-missile en Europe de l’Est : Les Russes considère ce projet comme un affront sans précédent et d’ailleurs la phase la plus achevée de l’impérialisme américain. Ils ne s’y opposent pas seulement mais ils montrent qu’ils sont capables de donner du change nucléaire.
- Le statut final du Kosovo : Les occidentaux prévoient une « indépendance supervisée » et les Etats-Unis pressent au niveau du conseil de sécurité pour qu’une résolution soit adoptée dans ce sens. Un projet auquel les Russes s’opposent avec violence. Et l’on peut comprendre que la Russie ne souhaite pas voir demain une même approche adoptée par les occidentaux pour ce qui est du statut de la Tchétchénie par exemple.
D’autres divergences s’observent cette fois entre les autres membres du G8 et les Etats-Unis :
- Le réchauffement climatique : Les Etats-Unis qui n’ont jamais ratifié le protocole de Kyoto, préfèrent renvoyer les discussions sur le réchauffement climatique à fin 2008. Ce que les autres membres du G8 considèrent comme une sorte de fuite en avant.
- Les fonds d’investissement : récemment, les ministres des Finances du G8, réunis à Berlin, se sont inquiétés face à la montée en puissance de ces fonds et surtout d’une sorte d’opacité qui entoure leur gestion. Ils ont donc souhaité y mettre plus de lumière. Mais opposition farouche des Etats-Unis et de son allié naturel la Grande Bretagne.
Plusieurs autres divergences, de taille plus ou moins importante traversent le G8 et un gros risque d’implosion pèse sur le prochain sommet de Heiligendamm. Maintenant que les paillettes d’un semblant de cohésion sont tombées pour dévoiler le panier à crabes qu’est en réalité le G8, nous pouvons nous permettre un certain nombre de questions : le G8 a-t-il pu s’adapter à l’évolution du monde ou s’est-il laisser doubler par elle ? Que vaut le G8 aujourd’hui sans le Chine, l’Inde et tous les autres pays émergents ? Ces questions et bien d’autres serraient les vraies causes du malaise qui secoue actuellement le club des pays dits les plus riches du monde et dont les divergences observées ces derniers temps ne seraient que des manifestations. Ce qui veut dire qu’à force de luire ses muscles pour faire peur à la communauté internationale et tenter de diligenter le monde, le G8 avait négligé la gangrène qui le rongeait de l’intérieur. Maintenant que le complot des promesses fallacieuses en direction de l’Afrique a été dénoncé, que les divergences au sein du G8 sont remontées en surface, on espère que les membres du G8, revenus sur terre pourraient enfin se regarder dans un miroir, pour se refaire ou pour se défaire.

Par Etienne de Tayo
Les Sites consultés :
http://www.lemende.fr/
http://www.lalibre.be/
http://www.angolapress.angop.ao/
http://www.lematin.ch/
fr.news.yahoo.com

Aucun commentaire: