jeudi 30 août 2007

DIASPORAS AFRICAINES : COMMENT VIDER LE CONTENTIEUX AVEC LE BLED?



Les diasporas africaines s'organisent et se structurent de plus en plus. Au gré des événements heureux ou malheureux des groupes se forment et se penchent sur leur sort.

A l'initiative de l'union africaine, une conférence consultative régionale des diasporas africaines se tiendra les 11 et 12 septembre 2007 à Paris. Elle fait suite à une série d'autres conférences, de même nature, organisées au Brésil pour l'Amérique latine, à Londres pour le Royaume Uni, à New York pour l'Amérique du Nord, aux Bahamas. Une dernière aura lieu à Addis-Abeba pour la région Afrique. Au premier trimestre 2008, l'Afrique du Sud accueillera en apothéose la conférence finale dont le thème sera : «Vers la réalisation d’une Afrique et sa Diaspora unies et intégrées : une vision partagée pour un développement durable visant à relever les défis communs». L'objectif est de faire de la diaspora africaine la sixième région de l'union africaine après l'Afrique du Nord, de l'Ouest, de l'Est, Centrale et Australe. C'est pour la première fois qu'une telle initiative est conduite de façon aussi méthodique et les observateurs y mettent beaucoup d'espoirs pour le développement de l'Afrique.
Déjà le 1er septembre 2007 l'Association Africagora que préside Dogad Dogoui (voir photo), organise l'université d'été des diasporas africaines et la 6e édition des Assises nationales de l'Intégration sous le thème : "Que veulent les Africains de France. Et les Français d'ascendance africaine". 300 délégués et représentants de communautés et d'associations de minorités de 40 villes seront présents au Palais des congrès de Paris Est à cette occasion. C'est dire si les diasporas africaines sont en effervescence.
Mais reste qu'un contentieux séculaire, parfois invisible à l'œil nu mais ô combien pernicieux continue d'habiter les relations entre les membres des diasporas africaines et leurs frères et sœurs restés au bled. Ce contentieux a jusqu'ici plombé toutes les initiatives tendant à faire profiter au continent africain aussi bien l'expertise que les ressources de ses filles et fils disséminés partout dans le monde. C'est ce même contentieux qui empêche la création d'une sorte de synergie entre les acteurs de la diaspora et les Africains du continent. Ceci fait qu'à ce jour, les transferts des migrants qui représentent le triple de l'aide publique au développement ne parviennent pourtant pas à enclencher le développement du continent africain. Chaque membre de la diaspora qui tente de faire profiter son réseau de relation à son pays d'origine, rencontre très souvent une série d'obstacles parfois insurmontables. Toutes les tentatives des membres de la diaspora de monter des affaires dans leur pays d'origine ont échoué à cause de la malhonnêteté subite de tous les frères et sœurs restés au bled : "Pour monter et réussir une affaire, il ne reste plus que le père et la mère sur qui on peut compter. Encore que beaucoup de personnes se sont fait escroquer par leurs parents. Je crois qu'il n'y a pas de remède à cette malhonnêteté là", relate, impuissant, un membre de la diaspora. C'est par tonne que les membres de la diaspora rapportent des histoires dans lesquelles leurs proches restés au bled les ont escroqués et leur profèrent des menaces par-dessus le marché.

PARTIR C'EST TRAHIR!

A l'origine, une affaire d'illusion pour les uns, de trahison pour les autres, suivie de honte camouflée, de réparation et même de rachat. L'illusion est celle des Africains du bled qui continuent à croire, durs comme fer, que l'occident vers où ont émigré leurs frères et sœurs est un paradis, mieux, un jardin d'éden où tout se cueille facilement et surtout l'argent. La trahison est celle de l'émigré qui part. Parce qu'à la différence des autres continents, on ne quitte pas l'Afrique sans séquelles, sans remords, sans regrets. C'est pourquoi, à 95%, les migrants africains se fixent souvent des objectifs précis d'épargne en vue du retour pour une meilleure installation sur le continent. Cette trahison dont l'émigré a constamment honte dans son comportement au quotidien, est celle de l'Afrique en tant que continent mais aussi et surtout celle des frères et sœurs restés au bled qui se font d'ailleurs forts de demander aux traîtres, des réparations ou un rachat. Autrement dit, l'émigré qui a quitté son pays, en trahissant ses frères et sœurs, peut se racheter auprès de ces derniers si et seulement ils acceptent de leur envoyer régulièrement de l'argent et d'autres produits de la civilisation occidentale. Seulement, le résident africain qui reçoit l'argent pour lequel il n'a fait aucun effort de travail lui affecte une valeur en dessous de zéro. Il dépense donc cet argent sans compter et se retrouve rapidement dans une position de nécessiteux. Il devient ainsi un vrai tonneau de danaïde qui ne remplit jamais. Dans ce jeu là, l'honnêteté est un défaut qu'il faut vite corriger. Et si d'aventure, le frère ou la soeur de la diaspora lui fait une réflexion dans le sens de lui rappeler les règles d'éthique ou d'une meilleure utilisation de l'aide reçue, il se braque, est le premier à crier au scandale et menace. On entend alors des expressions du genre : "Vous de la diaspora, vous êtes des avions, nous sommes l'aéroport. Je verrai bien où vous allez vous poser lorsque vous en aurez envie".

REUSSIR C'EST SUSPECT

En Afrique, on croit tellement à l'échec, on le conjugue tellement dans les actes quotidiens que celui qui réussit est suspect et est presque invité à s'excuser auprès de ceux qui n'ont pas réussi. Ceux-ci croient toujours qu'il leur a volé quelque chose ou a pris à lui tout seul ce qui leur était destiné. L'Africain de la diaspora n'échappe pas à ces schémas. Lorsqu'il réussit, il est doublement voué aux gémonies par les siens. D'abord pour la trahison du départ et ensuite pour la trahison de la réussite seul. Et il ne devra son salut que si et seulement s'il accepte de se racheter. C'est-à-dire payer une sorte de redevance à la trahison fixée par les frères et sœurs du bled.
De tout temps, il a toujours existé une querelle sourde entre ceux qui partent et ceux qui restent. A preuve, ce chant bien connu, d'un campagnard en direction de ses congénères de la ville:
"A pauvre gens de ville;
Que j'ai pitié de vous;
Vous portez des habits;
Pourtant vous êtes fous;
Palais de grandes pierres;
Qu'entouraient des taudis
Combien je vous préfère;
A mon humble paradis".
Comme ce campagnard, les africains du bled pensent que leurs frères de la diaspora sont un peu fous. Ils savent que certains membres de la diaspora font de temps en temps des incursions au bled pour leur en mettre plein les yeux. Ils n'apprécient pas çà mais ne le font savoir que très rarement. Ils pensent que l'éloignement a privé les membres de la diaspora de la sagesse qui selon eux ne s'acquière qu'au bled. Ils disent qu'au bled, les gens n'ont rien à dire et savent se taire parce qu'on s'exprime aussi par des silences. Mais dans la diaspora, les membres ont parfois trop à dire et s'expriment mal, parlent comme des enfants et finissent par ne rien dire après avoir agacé leur auditoire. Ils les trouvent finalement très superficiels.

CHACUN POUR SOI…

Je pense qu'ils n'ont pas totalement tort. Avant de faire partie de la diaspora, moi aussi j'étais au bled. Depuis que je suis dans la diaspora, je constate que l'organisation est un handicap pratiquement insurmontable. D'abord, il faut reconnaître qu'il existe des diasporas bien compartimentées et bien étanche au lieu d'une diaspora homogène comme on a tendance à le penser.


Il y a un premier groupe de personnes qui se sont pratiquement ghettorisée. Ils sont venus en France avec des objectifs bien précis. Ces objectifs sont parfois chiffrés et ils veulent les atteindre. On retrouve aussi dans ce groupe toutes les personnes en situation irrégulière et généralement précaire. On peut mettre aussi volontiers dans cette catégorie, ceux que j'appellerai des recalés. Il s'agit des personnes qui sont là depuis au moins 30 ans. Ils étaient venus aussi avec des objectifs. Aujourd'hui, ils n'attendent plus que la mort. Ils écument souvent les débits de boisson où ils tentent de parler de leur pays d'origine où ils ne se rappellent plus de rien. Ils parlent aussi de la France qui les a accueilli avec des informations parfois très approximatives.
Le second groupe est formé de ceux que nous nommerons des intellectuels. Ils sont bardés de diplômes. Ils fourmillent de projets, justifient des formations très pointues et d'un réseau de relations respectable. Ils sont enseignants ou hauts cadres. Ils se retrouvent souvent entre eux dans des grands fora. Comme le premier groupe, ces personnes vivent aussi une sorte de réclusion mais pas pour les mêmes raisons.
Le dernier groupe est composé de ceux qu'on peut nommer les activistes. Ils sont animateurs d'associations, de réseaux et autres. Ils sont parfois très informés et sur tout. Mais ils traînent comme un boulet, tous les défauts des autodidactes. Leurs réunions sont interminables parce que constamment ponctuées de péroraisons sans fin. Les gens prennent la parole pour dire en d'autres termes ce que vient de dire leur voisin. D'autres, pourtant complètement hors sujet, tiennent néanmoins à faire étalage de leurs connaissances dans un domaine étranger au thème de la réunion. Très souvent des conflits de personnes émergent et paralysent les travaux. Dans cette partie de la diaspora, chaque membre est une tête de pont qui revendique un leadership et veut l'imposer aux autres. La multiplication des associations favorise l'émiettement des énergies.
L'autre contentieux également préjudiciable à l'Afrique est cette querelle qui a toujours opposé les descendants des esclaves habitants les îles et leurs frères restés en territoire africains. Les premiers accusent les seconds de les avoir vendu aux négriers. Ce contentieux avait été soigneusement monté par les négriers qui redoutaient le fait qu'un jour, les esclaves et leurs cousins restés en Afrique puissent ensemble repérer leur vrai bourreau. Ainsi une cérémonie était organisée à la descente du bateau de négrier au cours de laquelle le prêtre officiant disait à l'esclave que s'il est là, c'est parce que son frère resté en Afrique l'a vendu. Six siècles après, cette manipulation continue de faire son effet et d'opposer les descendants d'esclaves et leurs cousins d'Afrique. C'est dire que même les noirs des îles ont aussi un contentieux à vider avec le bled.

Par Etienne de Tayo
Promoteur "Afrique Intègre"

mercredi 29 août 2007

QUAND L'OCCIDENT DEGAINE MEDIATIQUEMENT CONTRE LA CHINE



La guerre que mène l'occident à la Chine sur le plan économique semble avoir pris une tournure dramatique. On pense que désormais, tout peut arriver.

"Attention aux risques liés aux aliments chinois". Ainsi titre le site d'information Yahoo, reprenant une dépêche de l'AFP. Evoquant une étude commandée par le magazine Expansion, l'agence de presse annonce "qu'après les jouets et les tubes de dentifrices, c'est au tour des aliments en provenance de Chine qui présentent des risques graves de santé". Et de décliner la liste macabre qui fait frémir : "Colorants interdits découverts dans des sauces ou dans des gâteaux de riz, moisissures cancérigènes sur des fruits secs, résidus d'antibiotiques dans des lots de miel et de poissons, traces de mercure sur des anguilles ou encore stocks de nouilles incluant des composants génétiquement modifiés... la liste des ingrédients impropres à la consommation est longue, relève le magazine. Les ustensiles de cuisine en provenance de Chine détiennent eux aussi leurs lots de produits insalubres, puisque l'on retrouve sur divers articles des traces de nickel, de manganèse ou de chrome susceptibles de contaminer les aliments". Pour pas que les accusations ne soient sans fondement, l'AFP donne la parole à Christophe Zimmermann de l'organisation mondiale des douanes qui affirme que "sur les 2 millions de produits alimentaires contrefaits recensés dans le monde en 2006, entre 16 et 20% venaient de Chine". D'autres statistiques révèlent que "sur 924 produits dangereux recensés en 2006 par la commission européenne, 440 cas incriminés venaient de Chine, 21% des produits étaient d'origine européenne (19 pour la France, 42 pour l'Allemagne, 38 pour l'Italie, 14 pour la Pologne, 15 pour l'Espagne)"
Dans quelques heures, cette semence épandue par les agences de presse à travers le vaste réseau planétaire, fleurira dans plusieurs medias occidentaux sous des titres plus ou moins apocalyptiques, tentant ainsi de dresser l'opinion publique internationale contre le diable chinois. Loin de moins l'idée de soutenir ou de chercher à comprendre l'action des criminels qui, poussées par l'appât du gain, se permettent de servir des produits dangereux aux populations. Mais à y regarder de près, les choses ne seraient pas aussi simples.
On pouvait se douter de quelque chose. A savoir que, lorsqu'elle se sentira sérieusement menacée sur le champ économique par la Chine comme c'est le cas actuellement, l'occident fera recours, en attendant la provocation armée, à des méthodes éculées de la désinformation et de la manipulation des masses par les médias. Le fait pour les médias et les officiels occidentaux de tenter un dénigrement des produits chinois n'est vraiment pas nouveau. Ce qui est nouveau c'est le caractère presque synchronisé et gradué de la méthode désormais adoptée par l'occident pour combattre son concurrent chinois. C'est la manipulation grise. On part toujours des faits vraisemblable pour bâtir des fantasmes grossiers.
En effet, depuis qu'un certain nombre de classements plus ou moins sérieux ont placé la Chine au second rang mondial des exportations après les Etats-Unis et quatrième rang mondial pour l'industrie manufacturière, l'occident des officiels ne contient plus sa panique. Et elle est même passée à l'action. Sous le couvert du conflit du Darfour stéréotypé comme opposant d'un coté le méchant arabe soutenu par la Chine et de l'autre les pauvres noirs voués à un génocide certain, des groupes se sont organisés en occident pour appeler au boycott des jeux olympiques de Pékin. Et pour en rajouter à l'amalgame, les autres soutiennent que la Chine est la dernière dictature du monde. Les écologistes s'en mêlent aussi parfois pour dire que les chinois maltraitent les chiens ou encore qu'ils exterminent les baleines.
Concomitamment à cette action sur les jeux olympiques, d'autres groupes ont imaginé la diabolisation de l'origine chinoise des produits question d'effrayer les consommateurs et de les détourner des produits "made in china". Ces actions visibles viennent s'ajouter à d'autres actions de déstabilisation moins visibles qui relèvent de la pure guerre économique et dont les champs de bataille sont les principales places financières. Ainsi, les tentatives de déstabiliser le marché financier chinois se sont plutôt retournées vers les Etats-Unis où le secteur de l'immobilier a connu un mini crash dont l'onde de choc a atteint certaines banques en Europe. Pendant ce temps, la Chine, principale cible, continue de caracoler au sommet du hit parade économique. Provoquant plus encore l'ire de ses concurrents occidentaux.

D'Où VIENT LA CHINE?
Lorsque le commun de l'occidental parle de la Chine, c'est toujours avec une pointe de raillerie. Les produits d'origine chinoise sont nommés avec condescendance "chinoiseries" et le chinois est un plagiaire potentiel. On voit là l'influence des thèses particulièrement racistes d'Ernest Renan par exemple qui parla des Chinois comme la race des ouvriers sans aucun honneur.
Et pourtant, la Chine est un pays qui vient du fond des âges et qui semble avoir traversé toutes les étapes de sa maturité. En effet, "la Chine connut son unité entre 221 et 206 avant jésus Christ sous la dynastie de Qin, le premier empereur qui mit sur pieds un empire centralisé et unifié culturellement : l'écriture est standardisé ainsi que les poids, les mesures et monnaie". Qin Shi Huangdi est aussi entré dans la postérité en achevant la construction de la grande muraille. En 105 avant Jésus Christ, les Chinois inventent le papier.
Mais la Chine d'aujourd'hui, celle qui s'est enfin éveillé comme l'avait pressenti Napoléon Bonaparte, plonge ses racines dans la vaste révolution culturelle initiée dans les année 20 par Sun Yat Sen et accomplie de main de maître dans les années 40 et 50 par Mao Tsé Toung. C'est dans cette révolution que la Chine a implanté les fondations sur lesquelles elle a bâti son modèle économique. Un modèle qui est aujourd'hui un vrai mystère, un vrai serpent de mer dans la gueule duquel viennent se perdre toutes les recherches des plus célèbres économistes occidentaux. Ils parlent ainsi tantôt du communisme de marché ou encore du capitalisme rouge. Mais l'universitaire Qu Xing préfère parler, avec une pointe de fierté, du socialisme aux couleurs de la Chine. Au contraire du Japon par exemple qui avait évolué dans le sillage de la civilisation occidentale et qui était de ce fait maîtrisable, la Chine échappe à toute analyse.
En fait, c'est par son cynisme et sa cupidité que l'Occident a généré la Chine. On peut dire que l'Occident a fabriqué les pauvres et la Chine les a ciblés dans son modèle. C'est parce que les méthodes criminelles de la Banque Mondiale et du fonds Monétaire International ont appauvri les populations du reste du monde, créant des inégalités criardes, que le modèle économique chinois s'est installé et a fini par conquérir le monde. Ce modèle repose essentiellement sur le law cost. déjà pratiqué dans le modèle occidental pour cibler les segments de marché formé de personnes à revenu faible.
La Chine propose des produits de très faible durée de vie à un prix très faible. Le consommateur qui a aussi un revenu très faible est ainsi obligé de s'abonner aux produits chinois parce qu'il n'arrivera jamais à épargner suffisamment d'argent pour s'offrir le produit d'origine occidental et sensé avoir une durée de vie plus longue. Si l'occident fabriquait une paire de chaussure vendue à 120 euros et pouvant mettre 5 ans. La Chine propose la copie conforme de cette même chaussure fabriqué avec de la matière moins résistante pouvant durer six mois et vendu à 10 euro. Au bout de cinq ans, celui qui a choisi le modèle chinois aura acheté 10 paires de chaussure pour 100 euros. Il aura au final économisé 20 euros par rapport à celui qui a choisi le modèle occidental. En plus, il gagne à apparaître durant toute cette période avec plusieurs paires de chaussure parfois de modèles différents, à la différence de l'autre qui souffrira de la monotonie d'une seule paire de chaussure. Ce modèle s'approche d'un autre modèle pratiqué en occident et qui consiste à proposer des appareils à utilisation unique.
Voilà le fond du différend qui oppose aujourd'hui l'Occident à la Chine. Mais au lieu de poser clairement le problème, les stratèges occidentaux veulent passer par des subterfuges tendant à démontrer aux populations que la Chine est le nouveau diable contre lequel ils veulent les protéger. Et c'est là où se situe un amalgame insupportable.


UN AMALGAME INSUPPORTABLE :

La Chine en tant que pays et l'origine chinoise des produits incriminés sont deux choses bien différentes. Et pourtant, les accusations de l'occident réussissent à faire tenir les deux concepts dans une même et seule réalité.
La Chine est un pays qui, par ses mesures incitatives, a réussi à attirer les investisseurs du monde entier et à devenir ainsi une sorte "d'usine du monde". Ce pays est aussi attractif pour les investisseurs grâce à sa main d'œuvre bon marché. Avant la Chine, il y a eu le Japon, il y a eu les dragons d'Asie du sud Est, il y a Dubaï. Mais tous étaient sous le contrôle des puissances occidentales qui pouvaient à tout moment dicter leurs desiderata au gouvernement et faire faire leur volonté. Mais tel n'est pas le cas de la Chine qui s'autonomise.
Les produits "made in china" sont des marchandises fabriquées en Chine en majorité par les multinationales souvent d'origine occidentale qui ont été obligées de délocaliser dans l'empire du milieu. Bien entendu, beaucoup de produits sont aussi fabriqués par des entreprises chinoises à 100%.
Ceci dit, les produits dangereux en provenance de la Chine pouvaient bien être le fait des multinationales puisqu'on a vu que même des entreprises installées en Europe font de la contrefaçon et que la part des exportations européennes, japonaises et américaines représente près de 11% des exportations totales de la Chine. Ces produits pouvaient aussi être le fait des entreprises chinoises ou encore des réseaux de trafiquants.
Mais en visant la Chine dans l'oubli total des autres possibilités, les accusations occidentales fortement relayées par les médias veulent atteindre l'image de l'a Chine en tant qu'Etat à travers le scandale des produits dangereux. Si les accusations avaient voulu pousser l'analyse plus loin, elles l'auraient fait et nous auraient donné plus d'informations sur la nature réelle des mises en cause.
Pour comprendre le niveau de manipulation dans cette affaire, il faut prendre un autre scandale. Celui des déchets toxiques déversés à Abidjan visiblement dans le but de provoquer un soulèvement et renverser le régime de Laurent Gbagbo. Dans ce cas précis, aucun média ne s'était préoccupé de l'origine des produits toxiques, se contentant juste de dire qu'ils ont été transportés par un bateau prénommé "Probo-Koala" battant pavillon Panaméen. Par contre tous les médias insistaient sur la corruption du régime Gbagbo qui aurait favorisé une telle opération et une pancarte portée par un manifestant, probablement manipulé en disait long sur les visées des commanditaires de l'acte : "Nos dirigeants ont sacrifié le peuple sous l'autel de leurs intérêts en leur servant des produits toxiques". Il faudra lire entre les lignes des articles pour comprendre que l'affréteur du navire est "Trafigura Beheer" dont le siège est aux Pays Bas.
C'est ce traitement de deux poids deux mesures que l'ont peut dénoncer et comprendre que dans la guerre économique qu'elle livre légitimement à la Chine, devenue un concurrent sérieux, l'occident manque de fair-play et procède par manipulation pour faire gagner les populations à sa cause notamment en utilisant la peur et même la mort.
Ce faisant, l'occident me fait penser à un scénario du célèbre comédien camerounais Otsama Morbitsié. Il présente deux hommes politiques au cours d'une campagne électorale. Le premier est très brillant et très séduisant. Il maîtrise son sujet et soulève les foules quand il parle. Cela ne fait aucun doute qu'il passera comme une lettre à la poste. Quant au second, il est plutôt falot, incapable de s'exprimer devant un public. Mais lorsqu'il prend la parole il dit ceci : "Mon adversaire est très brillant. Je constate qu'il vous a déjà conquis. Mais sachez seulement qu'il a le Sida. Donc, si vous lui confiez le mandat, il mourra avant d'avoir atteint les objectifs qu'il fixe. A vous donc de choisir", avait-il conclu.
Pour éliminer un concurrent, l'occident a recours à des méthodes qui firent des ravages dans le passé mais qui aujourd'hui heureusement n'emballent plus personne.

QUE LES TEMPS ONT CHANGE!

Les spécialistes occidentaux de la désinformation et de la manipulation devraient sérieusement réviser leurs méthodes pour s'adapter au nouveau monde du tout communication. Ils devraient comprendre qu'aujourd'hui, les grands médias n'informent plus exclusivement. Et que dans la formation de l'opinion publique, ces médias ont été relégué au second plan. Ils servent simplement de complément d'information à un public de plus en plus informé par d'autres médias plus citoyen et plus de proximité comme Internet ou le téléphone portable.
Par le passé, la tactique était simple. Les services de renseignement occidentaux manipulaient les médias qui à leur tour manipulaient l'opinion publique dans le but de provoquer un soulèvement populaire dans le pays ciblé et obtenir la caution de l'opinion publique occidentale. Ceci aboutissait très souvent au coup d'Etat en vue du remplacement d'u régime insoumis. Ceci a donné les vrais faux charniers de Timisoara en Roumanie qui contribuèrent à l'exécution de Nicolae Chaucescu. Ou la vraie fausse chair humaine révélée dans les congélateurs de Bokassa à Berengo par les militaires français, ce qui a permis le renversement de l'empereur bouffon Jean Bedel Bokassa. Ou encore plus récemment les vraies fausses armes de destruction massive détenues par Saddam Hussein et qui permirent l'envahissement de l'Irak par l'armée américaine et finalement la pendaison de Saddam Hussein.
Il y a quelques semaines, certains pays occidentaux en tête desquels les Etats-Unis et la Grande Bretagne ont tenté d'instrumentaliser le sommet de la Sadc en vue d'obtenir la mise en quarantaine du président zimbabwéen Robert Mugabe. Auparavant, une campagne médiatique particulièrement pernicieuse tendait à lui faire porter la responsabilité de la ruine du pays où la même campagne annonce le chiffre démentiel de 5000% d'inflation. Mais au lieu des sifflets comme l'espéraient les occidentaux, Mugabe a plutôt eu droit à une sorte de standing ovation de la part de ses pairs. C'est parce qu'ils savent que, bien que Mugabe soit un despote qui a depuis dévié de sa trajectoire de libérateur, les raisons présentées officiellement par les occidentaux pour réclamer sa tête, à savoir qu'il fait souffrir son peuple, ne sont pas suffisantes. Bien d'autres chefs d'Etat infligent des pires souffrances à leurs peuples et pourtant les mêmes pays qui s'acharnent sur Mugabe leur déroulent le tapis rouge.
Toutes les actions de désinformation visent à conditionner le peuple et obtenir sa caution pour la conduite des opérations dont seuls les dirigeants politiques et la nomenklatura proche sont les principaux bénéficiaires.
Pour revenir sur le cas chinois, une évaluation de la campagne de manipulation de l'opinion publique est faible sur le site : fr.answers.yahoo.com où cette question fortement suggestive est posée aux internautes : "Après tout (sic) les produits dangereux exporter (sic) par la Chine, continuez-vous à acheter chinois?" Répondez à cette question sur yahoo! Dans les réponses, beaucoup vont dans le sens voulu par les initiateurs du sondage. A savoir qu'il faut bannir les produits chinois parce qu'ils sont essentiellement dangereux.
A travers ces quelques exemples, on entrevoit le danger qui guette la société occidentale où on assiste à un net recul de la démocratie. Si la démocratie dans sa représentation scénique est toujours perceptible au travers des institutions, les libertés individuelles et collectives, gages de la démocratie à la base, reculent dangereusement. Chaque jour, les dirigeants politiques inventent des scénarios toujours plus apocalyptiques pour confisquer les libertés des citoyens et renforcer leurs propres pouvoirs. Ainsi, pour aussi paradoxal que cela puisse paraître, ceux qui en occident prétendent répandre la démocratie dans les sociétés non "civilisées" vendent en fait un bien qu'ils ne possèdent plus.
De loin, on pense que les peuples de l'occident sont celles qui ont le plus approché la liberté. Mais de plus près on constate que ce sont des peuples en passe de devenir ceux les plus manipulés et même les plus conditionnés de la terre. Tous les moyens modernes de communication sont mis en œuvre pour occuper ce peuple au point de ne lui laisser aucun moment de lucidité. Je pense que les civilisations rentrent dans leur phase de décadence lorsque les peuples, pris dans la spirale de la manipulation, ne sont plus en mesure ou n'ont plus la lucidité de contrôler et sanctionner les actes de leurs dirigeants. Lesquels peuvent se permettre toutes les folies jusqu'à ce que un jour, sans qu'on sache comment, tout s'écroule.

Par Etienne de Tayo
Promoteur du réseau de journalistes pour l'intégrité en Afrique "Afrique Intègre"

samedi 25 août 2007

DISCOURS : ET SI NICOLAS SARKOZY NE S'ADRESSAIT PAS AUX AFRICAINS?




Le discours du président français Nicolas Sarkozy continue près d'un mois après sa délivrance de faire des vagues dans la communauté des Africains. Chacun y allant de ses capacités et de son talent. Mais que de questions en suspens à ce jour!

Ce discours était-il un discours de rupture par rapport à ceux de ses prédécesseurs? Ce discours marque t-il la rupture par rapport à ce que seront désormais les relations entre la France et l'Afrique? Malgré le contexte géographique du prononcé de ce discours, Nicolas Sarkozy s'adressait-il en priorité aux Africains? Et qu'est ce que les Africains étaient en droit d'attendre du discours du président français?
L'intérêt qu'a suscité et suscite encore le discours du chef de l'Etat français chez les Africains éveille chez moi un sentiment à la fois de satisfaction mais aussi de profonde inquiétude. La satisfaction parce qu'il montre le niveau de prise de conscience des Africains par rapport au destin de leur continent. Satisfaction parce que ce discours vient enfin donner du grain à moudre à l'intelligentsia africaine. Satisfaction parce qu'au travers de certaines de ces réactions les intellectuels démontent point par point les pièges de renforcement de clichés dissimulés dans ce discours, donnant ainsi du répondant au président français. Je pense ainsi à Achille Mbembé qui le premier démontre que ce discours n'est qu'une "série de menaces et d'injonctions bien dissimulés dans des basses flatteries et l'évocation des thèmes chères aux Africains".
Mais inquiétude parce qu'il transparaît dans beaucoup de réactions, le malheureux postulat qui voudrait que le destin de l'Afrique dépendent non point de la volonté affirmée de ses fils mais du bon vouloir des personnes extérieures à l'Afrique. Ce que je dénonçais déjà dans mon ouvrage coup de gueule au G8 : "Pour la Dignité de l'Afrique, laissez-nous crever". J'ai bien peur que la réaction plus que enflammée de certaines personnes soit à la mesure de la déception par rapport aux attentes qu'elles avaient placées en l'arrivée de Sarkozy en France. C'est le propre même de l'extraversion intellectuel qui habite encore beaucoup d'Africain malheureusement. Voici le problème. Nicolas Sarkozy, sous la plume de Henri Guaino, a réussi à semer la confusion et même la pagaille dans les rangs des Africains en surfant sur des lieux communs presque éculés mais aussi en évoquant des thèmes fondateurs de la renaissance africaine. C'est la responsabilité des intellectuels africains d'éclairer la lanterne de leurs compatriotes. C'est une mission et ils doivent l'assumer, non pas avec le cœur et l'émotion mais avec la raison et la froideur.

L'IMPOSSIBLE RUPTURE

J'ai l'impression que lorsque beaucoup ont entendu rupture ils l'ont assimilé à la révision des relation France Afrique en faveur de l'Afrique. Je pense qu'à l'image des économies africaines, beaucoup d'Africains sont aussi extravertis dans leur façon de concevoir le développement de l'Afrique. Le discours de Sarkozy à Dakar était un discours de rupture par rapport à l'hypocrisie de ses prédécesseurs. Mais ce discours n'annonçait nullement la rupture par rapport à ce que devraient désormais être les relations entre la France et l'Afrique. Sarkozy, malgré sa volonté de rupture est bien allé à Dakar et à Libreville. Dans la capitale de l'AOF et à coté de la capitale de l'AEF. Il l'a fait parce qu'il a dû se rendre compte que changer les codes de conduite de la politique africaine de la France était aussi délicat que changer les codes du déclenchement de la force dissuasive par exemple. C'est pourquoi il n'a pas résisté à la tentation de suivre les lignes tracées par Foccart et les autres.
En Afrique et même en dehors, beaucoup continuent malheureusement à penser que l'Afrique ne se développera que grâce à l'aide que lui apporteront les pays dits développés dans le cadre du cirque que produit chaque mois de juin les dirigeants du G8. Dans un exercice paradoxal, beaucoup attendent le père noël qui viendra d'un pays du Nord, qui sera évidemment blanc et jamais noir. Sinon, qu'on m'explique pourquoi le discours de Nicolas Sarkozy, qui a eu le courage et même le culot de dire que la France n'a rien à attendre de l'Afrique, aurait plus d'intérêt pour les Africains que le discours de l'actuel président de l'union africaine le Ghanéen John Kofi Agyekum Kufuor ou le président de la commission de l'union africaine Alpha Omar Konaré par exemple. Deux personnalités qui ne manquent pourtant pas de crédibilité et d'audace. Parce que l'union africaine n'est à ce jour qu'un syndicat de dictateurs sans ambition pour leurs pays et leur continent, me diriez-vous. Soit, mais permettez-moi de dire que ce n'est pas suffisant comme explication.
Je pense qu'en se comportant ainsi, nous traduisons une curieuse réalité qui voudrait que la parole d'un blanc, d'un occidental, soit toujours plus importante que celle d'un africain, fut-il chef d'Etat ou même un leader d'opinion qu'on s'est librement choisi. C'est ce que le professeur Théophile Obenga traduit dans ces propos dans une interview accordée à Afrik.com : "Malheureusement en Afrique, au Congo en particulier, lorsqu’une personne donne son avis sur une situation, même s’il est bon, il sera toujours moins considéré que celui d’un Occidental". Je pense que la déception des uns et des autres est à la mesure des attentes qu'ils avaient placées en la France comme partenaire pour le développement de l'Afrique. Et j'en veux pour preuve, une ou deux curiosités.
Avant le second tour de la présidentielle française, j'ai reçu aussi bien des journalistes que d'Africains ordinaires cette question à mon sens saugrenue : "Entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, lequel est bien pour l'Afrique et les Africains". Je répondais systématiquement : aucun. Parce que, pour moi, le destin de l'Afrique n'est pas d'attendre son bonheur des non Africains. Parce qu'on ne brigue pas la magistrature suprême en France pour "être bien" avec les Africains. C'est la naïveté et rien d'autre qui peut nous amener à croire qu'un chef de l'Etat français peut placer les intérêts de l'Afrique au dessus de ceux de la France. On devient président en France pour défendre les intérêts de la France, ceux de l'Europe et ceux de l'occident en général y compris contre l'Afrique. Or à ce jour, l'influence de la France a constamment reculé en Afrique au profit des pays anglo-saxonnes et de la Chine.
Et si la France recule en Afrique aujourd'hui, elle ne peut s'en prendre qu'à elle-même. Sans raison profonde, la France officielle s'est laissé doubler par la France officieuse des réseaux maffieux et par moment se confondait même à elle. Cela fait plus de 10 siècles que le destin de l'Afrique a rencontré celui de l'Europe. De cette cohabitation, l'Afrique a donné au point de donner ce qu'on ne doit pas donner dans une relation. Mais en retour, elle n'a tiré que misère, larmes et aliénation culturelle. Ironie du sort, même la France et d'ailleurs l'Europe qui croyait avoir tiré meilleure partie de cette relation se trouve aujourd'hui bien désillusionné. Elle est désormais confrontée à la concurrence féroce des nations émergentes et singulièrement de la Chine.
Inquiétude aussi parce que la sortie de Nicolas Sarkozy a installé beaucoup d'Africains dans une saison des réactions qui risque être longue et parfois stérile. D'ici je vois la déception ceux qui s'attendaient à voir le président sud africain Thabo Mbeki servir une volée de bois vert à Nicolas Sarkozy. Et pourtant rien, absolument rien ne doit nous amener à évoluer absolument dans le même registre que les autres. Même ceux qui nous dominent ou croient le faire. Comment peut-on être équilibré et penser que Thabo Mbeki, dans sa réaction, évoluera dans le même registre que Achille Mbembé ou Mamadou Coulibaly ou encore le collectif des écrivains africains par exemple. Il faut savoir rester digne par rapport à sa stature et c'est la dignité qui conduit à garder la hauteur face à la bassesse. La réaction de Thabo Mbeki était à la dimension de l'Homme qui a succédé à Nelson Mandela. Elle était à la dimension de ce que représente l'Afrique du Sud aujourd'hui pour l'Afrique. C'est-à-dire un germoir de la renaissance africaine. Et je respecte cette réaction pour cela.
Lorsque je me suis étonné face à cette sublimation de la réaction pour la réaction quelqu'un m'a répondu qu'il faut qu'on montre aux occidentaux qu'on ne peut plus se frotter à l'Afrique sans se faire piquer. Et il a pris l'exemple des arabes qui réagissent toujours en masse lorsqu'ils sont attaqués en brûlant les drapeaux des pays occidentaux. Je lui ai dit que je n'avais pas exactement la même conception de la gestion des rapports avec l'autre. Et je lui ai fait comprendre que c'est sûrement à cause de leurs réactions épidermiques que les arabes n'effraient plus personne. Et que George Bush peut se permettre de déstabiliser le monde arabe et même de le coloniser. On sait que c'est un chien qui aboie beaucoup mais qui ne mord pas. Et c'est grave lorsqu'on est perçu comme çà par les autres.
Lorsque vous êtes en conflit avec quelqu'un et que vous lui lancer : "je n'ai pas peur de vous". C'est la peur justement qui vous pousse à tenir de tels propos. Celui qui n'a peur ne dit rien ou dit juste l'essentiel de ce qu'il faut dire. Et c'est par cette attitude qu'il déstabilise son adversaire. Et pour avoir un cas pratique de ce que je développe ci-dessus, il faut visiter les relations entre la Chine et l'Occident, entre les Chinois et les occidentaux.

LA LECON CHINOISE!

Je souhaite que dans la relation qu'elle entretient aujourd'hui avec la Chine, l'Afrique ne fasse pas seulement les affaires. Elle a beaucoup à apprendre l'empire du milieu par rapport à la gestion de ses relations avec l'occident. Jamais peuple n'a été aussi insulté et ridiculisé comme les Chinois l'ont été par les occidentaux. Souvenez-vous des propos de l'académicien français Ernest Renan : "La nature a fait la race d'ouvriers. C'est la race chinoise, d'une dextérité de main merveilleuse sans presque aucun sentiment d'honneur". Jusqu'à une date très récente, tout ce qui venait de Chine était traité de chinoiseries et regardé avec un certain dédain. Les Chinois ont encaissé mais se sont courbés pour travailler. Ils ont pris en occident, le savoir faire indéniable et lui ont insufflé le substrat culturel propre à la Chine, ce que M. Qu Xing, intellectuel chinois en poste à Paris décrit en ces termes : "Le modèle économique chinois, c'est le socialisme aux couleurs de la Chine". S'appropriant le rôle que Renan a voulu leur attribuer, la Chine est devenue la plus grande usine du monde. Elle a ainsi réussi à faire de ce que les autres prenaient pour sa faiblesse, sa principale force.
Désormais, l'occident redoute la Chine, bien sûr parce qu'elle est la première puissance à s'être développée en dehors des canons de la civilisation occidentale, en dehors du paradigme établi depuis la civilisation gréco-romaine, mais aussi parce qu'elle ne sait même pas ce que les Chinois pensent de tout le mal qu'elle a dit d'elle. Et quand on ne répond pas à l'agression, on est plus redouté. C'est la dialectique de la poule, du canard et de l'épervier.
Aujourd'hui, beaucoup de Français, compatriotes de Ernest Renan, se sont mis à l'apprentissage de la langue chinoise pour pas que le nouveau monde paré aux couleurs de la Chine les laisse sur le bord du chemin. Pour conquérir le monde comme elle est en train de faire, la Chine n'a pas eu besoin de réagir chaque fois pour corriger l'image que l'occident donnait et continue d'ailleurs de donner d'elle. L'Europe officielle des Etats et l'Europe des institutions peuvent continuer à développer leurs discours méprisants et orchestrer des campagnes médiatiques de dénigrement contre la Chine. Mais l'Europe des affaires et celle du réalisme sait que la Chine est un partenaire qu'il faut respecter et traiter avec des égards

QUELLE JEUNESSE?

Mon inquiétude est d'autant plus grande que les réactions africaines suite au discours de Sarkozy se feront au détriment de l'action nécessaire qui attend chaque africain aujourd'hui et qui heureusement est depuis quelques années sérieusement entreprise par certains milieux panafricanistes. Et si ce discours avait pour but de troubler cette lancée? En tout état de cause, j'ai toujours pensé qu'il faut être capable à chaque fois de tirer le bien du mal. Car, au-delà des poncifs qui émaillent ce discours et qui peuvent choquer et choquent d'ailleurs, le discours du président français recèle un certain nombre de thèmes libérateurs pour l'Afrique. Vous me direz qu'il s'agit juste des édulcorants destinés à faire avaler la pilule. Vous me direz qu'il a volé ces thèmes chers aux Africains pour tenter de se faire accepter d'eux. Mais il l'a dit et c'est le plus important pour moi. Nous devons maintenant profiter de son statut d'icône médiatique pour mieux diffuser ces thèmes. En fait, de quoi a besoin l'Africain et plus principalement la jeunesse africaine aujourd'hui? De l'assurance en lui-même; de la prise de conscience; du goût de l'aventure et même du risque; du goût du travail; du patriotisme; de l'aspiration à la liberté.
Or que constate t-on sur le continent aujourd'hui de la part de cette jeunesse africaine? La corruption, la démission, la collaboration, la trahison… Partout, les jeunes, heureusement pas leur écrasante majorité, par leur action et surtout mues par la corruption, contribuent à maintenir les régimes dictatoriaux en place. Contre espèces sonnantes et trébuchantes, les jeunes soutiennent et envoient des criminels à col blanc dans les assemblées nationales. Cette même jeunesse est par ailleurs presque décimée par la maladie et la misère généralisée. Je crois qu'il ne serait pas exagéré de dire que la jeunesse africaine est en train de se suicider dans un jeu de sadomasochisme extraordinaire. Si la jeunesse africaine veut se débarrasser des régimes dictatoriaux et même de la Françafrique, qui est parfois démesurément grossi pour les besoins de la cause, aucune arme et aucune répression ne peut les en empêcher. On le voit chaque jour en Côte d'Ivoire où les jeunes patriotes contribuent à démystifier la Françafrique et ses tentacules imaginaires. Mais face à cette mission impérieuse, cette jeunesse a choisi la démission. Et pour s'adresser à sa partie gangrenée, a-t-on vraiment besoin de porter les gangs? On peut en toute légitimité demander à Sarkozy : "De quoi je me mêle". Mais s'employer réellement à laver le linge sale en famille.
Théophile Obenga, aujourd'hui l'intellectuel le plus capé d'Afrique, vient de commettre un ouvrage intitulé : "Appel a la Jeunesse Africaine "Contrat Social Africain pour le 21eme Siècle". Dans ce véritable testament avant la lettre, le compagnon de Cheikh Anta Diop voudrait comprendre le pourquoi du "malheur qui frappe principalement la jeunesse africaine". Bien qu'il situe les causes de ce malheur dans le "mariage désastreux" qui a eu lieu entre l'Afrique et l'occident depuis bientôt 10 siècles, il reconnaît que la jeunesse africaine d'aujourd'hui porte une grande partie de responsabilité. Et lorsqu'on a fait l'analyse sur le problème de l'Afrique jusqu'à un niveau, on ne peut parvenir qu'à une telle conclusion.
Je souhaite donc qu'un débat constructif soit mené autour des propositions faites par le professeur Obenga et que les intellectuels africains y consacrent aussi des tribunes afin de parvenir à la prise de conscience collective nécessaire à la renaissance africaine. Je souhaite aussi qu'on comprenne qu'au-delà du discoures de Sarkozy, c'est des régiments entiers qui sont en train d'être mis en place pour des guerre futures qui seront parfois plus dévastatrices et qui n'auront pas toujours la couleur des autres guerres connues jusqu'ici. C'est aussi le devoir des intellectuels d'attirer l'attention sur cet état de chose. Sinon, dans ce spectacle planétaire, nous serons là à regarder les saltinbanques alors que les vrais artistes et le vrai spectacle sera ailleurs.

AU DELA DU DISCOURS

A Dakar, Nicolas Sarkozy était au front parce qu'au 21e siècle, la guerre ne se fera plus avec les armes conventionnelles que nous connaissons mais avec les mots, avec la rhétorique. Après la guerre froide, le monde est résolument entré dans une phase de guerre tiède qui se réchauffe de temps en temps par endroit, comme actuellement en Irak. Officiellement, elle oppose les Etats-Unis et ses alliés à ce qu'ils appellent les Etats voyous qui font la promotion du terrorisme. Mais en réalité, elle oppose l'occident et son modèle de développement aux autres Etats qui proposent autre chose. Pays émergents contre pays développés. La Chine contre les Etats-Unis. Avec en embuscade, la Russie qui attend compter les coups et si possible se saisir de maître Aliboron.
Le président français était au front africain non pas seulement en tant que président français mais comme leader en devenir d'une Europe pacifiée qui veut reconquérir les positions perdues en Afrique. Le président français a été obligé de se hisser au niveau européen parce que, comme l'affirme le Général François Gonnet, "seule l'Europe à ce jour a la taille critique pour dialoguer avec l'Afrique. C'est donc dans le cadre d'un partenariat Euro-africain, qu'elle doit dynamiser, que la France doit et peut aujourd'hui continuer à jouer un rôle influent en Afrique".
Nicolas Sarkozy est venu à Dakar en dépositaire de la civilisation occidentale. Une civilisation qu'il croit flamboyante, dominante et référentielle. Lorsqu'il dit que l'Afrique n'est pas suffisamment entré dans l'histoire, je pense, peut-être en voulant rester naïf, qu'il veut dire que l'Afrique n'est pas suffisamment entré dans l'histoire de la civilisation occidentale parce que pour lui, c'est le modèle des modèles en dehors duquel point salut. Sinon, comment peut-on être lucide et dire que le berceau de l'humanité, le continent qui a vu naître "Toumaï" n'est pas suffisamment entré dans l'histoire alors qu'il est même à la base de cette histoire!
Nicolas Sarkozy est venu donc vendre le modèle de développement à l'occidentale à la jeunesse africaine afin de la préserver contre les sirènes des autres puissances émergentes. Et il suffit d'être juste un peu vigilent pour observer que, pour ce qui est de la Chine principalement, une campagne médiatique de dénigrement est depuis orchestrée contre l'empire du milieu et son ascension fulgurante.
Mais les choses ne sont pas aussi faciles comme elles le paraissent. Bien que Nicolas Sarkozy ait choisi de faire son discours en Afrique devant un auditoire de jeunes étudiants africains, rien n'indique qu'il s'adressait directement à cette jeunesse. Très souvent en communication, le récepteur n'est pas forcément le destinataire d'un message. En donnant l'impression de parler à la jeunesse africaine, Sarkozy s'adressait en réalité à ses partenaires européens dans la perspective du leadership au sein du vieux continent mais surtout s'adressait-il aux nouveaux prétendants sur le continent pour leur montrer ses muscles et tenter de les dissuader. Au sens du discours de Sarkozy, l'Afrique était plus un enjeu stratégique, une cible commerciale et marketing, qu'un partenaire.
Pour qu'elle vous accepte comme partenaire, il faut inquiéter l'occident au triple plan économique, culturel et militaire. Il faut s'élever au niveau de la Chine par exemple. Et ce respect, la Chine l'a conquis non pas dans les discours ou dans les réactions mais dans l'action. Or, jusqu'ici, l'Afrique n'a l'avantage dans aucun de ces domaines et ne peut par conséquent pas inquiéter l'occident.
Pour inquiéter l'Europe, il faut lui montrer qu'on peut se passer d'elle. Il faut lui montrer qu'on peut explorer d'autres voies que celles qu'elle nous propose et nous a toujours proposé. Il faut sur le plan agricole par exemple abandonner les cultures de rente dont on ne maîtrise pas la fixation des prix. Il faut produire ce qu'on peut consommer. Il faut cultiver le goût de l'aventure et du risque afin de s'approprier le monde. Il faut aspirer à la liberté pour se débarrasser des régimes dictatoriaux et ses tentacules françafricaines.
Toutefois, l'Afrique garde par rapport à l'Europe une force d'attraction considérable en raison de son statut de réservoir de matière première et même de la biodiversité. Si l'Afrique est une charogne c'est que l'occident est le charognard. L'Afrique peut donc, à juste titre et se fondant sur cet avantage qui tarde à être reconnu, revendiquer de ses partenaires qu'ils préservent leur dignité. Mais nous sommes dans un monde cynique où, ceux qui pensent le commander, le G8 en l'occurrence, le pauvre n'a aucune dignité. Et si d'aventure il pense qu'il en a une, ce ne serait qu'une maladie qu'il faudrait rapidement soigner. Or, malgré ses richesses, l'Afrique est toujours considéré comme un continent pauvre du point de vue des échanges économiques.
L'Afrique doit donc prendre conscience des atouts qui sont les siens pour ne plus raser les murs dans un monde où elle est en fait l'alpha et l'oméga.

Par Etienne de Tayo
Promoteur de "Afrique Intègre"
Sites visités :
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vendredi 17 août 2007

C'EST QUOI LE CO-DEVELOPPEMENT?






Il y a des concepts qui émergent souvent du débat sur le développement et finissent par emballer l'opinion, embrouiller les experts ou enfler la polémique sans pour autant amorcer un début de résolution du problème posé. Juste de quoi tromper les naïfs et continuer dans la même lancée comme si de rien n'était. Le système des Nations Unies est ainsi passé maître dans l'art d'inventer ces mots génériques.


Il en est ainsi des concepts tels sous-développement, développement durable, gouvernance, société de l'information. Dans la pratique, ce sont des expressions d'apparence généreuses mais qui servent plutôt, comme des commissions dans des systèmes bureaucratiques, à enterrer une problématique.
En France aujourd'hui, c'est le concept de co-développement qui fait courir autant les institutionnels que certaines organisations non gouvernementales. A l'origine, cette expression n'était pas du tout connotée. Elle pouvait même se permettre dans sa définition une certaine dimension généreuse. Il s'agissait pour ses géniteurs d'améliorer les termes de l'échange en achetant les produits des pays en développement à leur juste prix afin de permettre à ces pays d'enclencher leur développement grâce aux revenus substantiels générés par cette équité dans les échanges. A ce titre, l'expression était plus proche du commerce équitable par exemple.
En clair, il s'agit de promouvoir une certaine justice dans les échanges internationaux qui permettra à terme aux Etats du monde de se développer ensemble. Ce qui pour les puristes des questions du développement, avait déjà quelque chose de chimérique. Parce que, soutiennent-ils, le système international est une jungle dans laquelle les plus forts se nourrissent et se sont toujours nourris des plus faibles.
Dans un premier temps, l'expression co-développement est récupérée par la droite et même l'extrême droite française qui lui donne une première explication et lui fixe des objectifs. Il s'agit dans leur tête certes d'aider les pays en développement à se développer mais dans le but de retenir chez eux les vagues d'immigrés potentiels et de parvenir à un accord avec les migrants candidats au retour volontaire dans leur pays en leur attribuant une sorte de prime de retour. C'est dans ce cadre qu'a été mis sur pied en France le Groupe d'appui à la micro entreprise (Game), ainsi que le programme migrations et initiatives économiques (Pmie). D'un autre coté, les migrants qui disposent d'un réseau de relations en France devaient faire reposer sur ce réseau des projets de développement en direction de leurs pays d'origine.
Comme l'explique David Matis dans un article, "le GAME a été mis en place pour rédiger le guide "Se réinstaller et entreprendre au pays". Aujourd’hui, il réunit dix opérateurs spécialisés dans l’appui aux initiatives économiques des migrants. Le GAME est animé par le Programme Migrations et Initiatives Economiques (PMIE), auprès duquel chaque organisme soutient les dossiers de retour des migrants pour un financement. Cet appui est destiné aux personnes souhaitant rentrer au Mali, au Sénégal ou en Mauritanie et faisant appel au Programme de Développement Local Migration (PDLM). Les sommes accordées vont de 4000 euros pour le Sénégal et la Mauritanie, jusqu’à 7000 euros pour le Mali. Outre la subvention, un suivi de gestion est assuré pendant la première année d’installation par un opérateur local. Le PMIE offre une bourse d’étude de faisabilité qui va de 1300 euros (Sénégal et Mauritanie) à 1500 pour le Mali. Pour les autres pays, d’autres organismes partenaires du PMIE pourront aider les personnes à préparer leur projet en France et à trouver des contacts dans le pays d’accueil. Créé en 1996, le PMIE est soutenu par le ministère de l’Emploi et de la Solidarité et par le ministère des Affaires étrangères. Il a permis à 600 migrants de se réinstaller et de créer leur entreprise. Et c’est l’OMI (Office des Migrations Internationales) devenu l'ANAEM (Agence Nationale pour l'Accueil des Etrangers et des Migrations) qui verse la subvention".
Dans un second temps, les penseurs du co-développement à la française ont jeté leur dévolu sur les transferts des migrants. Il s'agit des flux financiers des migrants en direction de leurs pays d'origine. Pour les organisateurs du séminaire "Midi de la micro finance Transferts des Migrants " c'est une vraie aubaine. Ils révèlent par exemple que "pour de nombreux pays africains, les transferts de fonds des émigrés sont devenus un enjeu socioéconomique déterminant. L’importance des flux financiers migrants se reflète à plusieurs niveaux et vise en priorité :
· à pallier aux faiblesses des ressources de la famille restée au pays, notamment pour faire face aux dépenses de consommation courante (75% du volume total des transferts),
· à contribuer indirectement au financement des infrastructures et aménagements de base sur le territoire d’origine (notamment garantir un accès à l’eau potable, à l’électricité)".
D'autres démarches sont faites auprès des agences de transfert des fonds pour obtenir des taux préférentiels au bénéfice des migrants. En 2003, le ministère français de l'intérieur par la voie de Nicolas Sarkozy en visite au Sénégal, envisagea d'ailleurs la création d'un organisme de transfert de fonds en direction du Sénégal avec pour objectif, d'exercer une certaine concurrence sur le leader du secteur l'américain Western Union dont les taux de commission étaient jugés prohibitifs. Mais les migrants y trouvaient plutôt une "proposition superflue" car disaient-ils, le réseau comprend déjà suffisamment d'établissement de transfert qu'il faut juste soutenir.

A MALIN, MALIN ET DEMI

Beaucoup d'espoirs étaient attachés à ces démarches qui étaient menées par les autorités françaises au plus haut niveau. Mais très vite, elles se rendront compte de leur inefficacité par rapport à l'objectif qui les tenait à cœur, à savoir, la décrue de l'immigration. Elles se sont rendues compte que beaucoup de bénéficiaires de l'aide au retour étaient revenu s'installer en France après un bref séjour dans leur pays d'origine.
De leur coté, échaudées par le rapprochement entre les concepts de co-développement et les concepts de l'immigration et même de l'identité nationale, les ONG panafricaines ont commencé à prendre leurs distance par rapport au co-développement et tous les bienfaits qui lui étaient attachés. Mieux, elles ont trouvé une nouvelle définition au concept. Selon elles, le co-développement signifie l'apport des migrants au développement de la France. Cet apport s'évaluant en terme de travail accompli et d'impôts divers payés en France. Un responsable d'ONG résume ainsi la question : "Il est prouvé aujourd'hui qu'un migrant renvoie l'équivalent d'un tiers de son revenu mensuel dans son pays d'origine. Le reste des deux tiers sont dépensés en France pour la consommation courante et le paiement des impôts. Qu'on me dise alors qui finance qui dans ce cas", s'interroge t-il.
Dans un retour de bâton magistral, beaucoup de responsables d'ONG africaines pensent d'ailleurs que, contrairement à l'idée répandue, c'est plutôt la France qui serait redevable à l'Afrique et aux migrants. Le terme co-développement perdra définitivement sa crédibilité aux yeux de certains africains lorsqu'il viendra comme édulcorant dans un cocktail proposé par le candidat Nicolas Sarkozy et comprenant déjà les termes immigration et identité nationale.
Aujourd'hui, le co-développement continue de mijoter dans la grande marmite qu'est le tout nouveau ministère de l'immigration de l'identité nationale et du co-développement. Autour du feu de Brice, attendent plusieurs partenaires dont curieusement certaines ONG qui étaient pourtant aux premières lignes des manifestations contre le ministère qu'a finalement hérité Brice Hortefeux. Tous, ils sont curieux de savoir ce qui en sortira. Certainement, de façon très parcimonieuse, on distribuera quelques aides pour quelques projets boiteux en Afrique en attendant que des personnes aux idées toujours originales trouvent d'autres concepts et qu'on remette le film à la fin du générique.

Etienne de Tayo
Promoteur "Afrique Intègre"

Sites visités :
http://www.place-publique.fr/
http://www.microfinance.lu/