samedi 25 août 2007

DISCOURS : ET SI NICOLAS SARKOZY NE S'ADRESSAIT PAS AUX AFRICAINS?




Le discours du président français Nicolas Sarkozy continue près d'un mois après sa délivrance de faire des vagues dans la communauté des Africains. Chacun y allant de ses capacités et de son talent. Mais que de questions en suspens à ce jour!

Ce discours était-il un discours de rupture par rapport à ceux de ses prédécesseurs? Ce discours marque t-il la rupture par rapport à ce que seront désormais les relations entre la France et l'Afrique? Malgré le contexte géographique du prononcé de ce discours, Nicolas Sarkozy s'adressait-il en priorité aux Africains? Et qu'est ce que les Africains étaient en droit d'attendre du discours du président français?
L'intérêt qu'a suscité et suscite encore le discours du chef de l'Etat français chez les Africains éveille chez moi un sentiment à la fois de satisfaction mais aussi de profonde inquiétude. La satisfaction parce qu'il montre le niveau de prise de conscience des Africains par rapport au destin de leur continent. Satisfaction parce que ce discours vient enfin donner du grain à moudre à l'intelligentsia africaine. Satisfaction parce qu'au travers de certaines de ces réactions les intellectuels démontent point par point les pièges de renforcement de clichés dissimulés dans ce discours, donnant ainsi du répondant au président français. Je pense ainsi à Achille Mbembé qui le premier démontre que ce discours n'est qu'une "série de menaces et d'injonctions bien dissimulés dans des basses flatteries et l'évocation des thèmes chères aux Africains".
Mais inquiétude parce qu'il transparaît dans beaucoup de réactions, le malheureux postulat qui voudrait que le destin de l'Afrique dépendent non point de la volonté affirmée de ses fils mais du bon vouloir des personnes extérieures à l'Afrique. Ce que je dénonçais déjà dans mon ouvrage coup de gueule au G8 : "Pour la Dignité de l'Afrique, laissez-nous crever". J'ai bien peur que la réaction plus que enflammée de certaines personnes soit à la mesure de la déception par rapport aux attentes qu'elles avaient placées en l'arrivée de Sarkozy en France. C'est le propre même de l'extraversion intellectuel qui habite encore beaucoup d'Africain malheureusement. Voici le problème. Nicolas Sarkozy, sous la plume de Henri Guaino, a réussi à semer la confusion et même la pagaille dans les rangs des Africains en surfant sur des lieux communs presque éculés mais aussi en évoquant des thèmes fondateurs de la renaissance africaine. C'est la responsabilité des intellectuels africains d'éclairer la lanterne de leurs compatriotes. C'est une mission et ils doivent l'assumer, non pas avec le cœur et l'émotion mais avec la raison et la froideur.

L'IMPOSSIBLE RUPTURE

J'ai l'impression que lorsque beaucoup ont entendu rupture ils l'ont assimilé à la révision des relation France Afrique en faveur de l'Afrique. Je pense qu'à l'image des économies africaines, beaucoup d'Africains sont aussi extravertis dans leur façon de concevoir le développement de l'Afrique. Le discours de Sarkozy à Dakar était un discours de rupture par rapport à l'hypocrisie de ses prédécesseurs. Mais ce discours n'annonçait nullement la rupture par rapport à ce que devraient désormais être les relations entre la France et l'Afrique. Sarkozy, malgré sa volonté de rupture est bien allé à Dakar et à Libreville. Dans la capitale de l'AOF et à coté de la capitale de l'AEF. Il l'a fait parce qu'il a dû se rendre compte que changer les codes de conduite de la politique africaine de la France était aussi délicat que changer les codes du déclenchement de la force dissuasive par exemple. C'est pourquoi il n'a pas résisté à la tentation de suivre les lignes tracées par Foccart et les autres.
En Afrique et même en dehors, beaucoup continuent malheureusement à penser que l'Afrique ne se développera que grâce à l'aide que lui apporteront les pays dits développés dans le cadre du cirque que produit chaque mois de juin les dirigeants du G8. Dans un exercice paradoxal, beaucoup attendent le père noël qui viendra d'un pays du Nord, qui sera évidemment blanc et jamais noir. Sinon, qu'on m'explique pourquoi le discours de Nicolas Sarkozy, qui a eu le courage et même le culot de dire que la France n'a rien à attendre de l'Afrique, aurait plus d'intérêt pour les Africains que le discours de l'actuel président de l'union africaine le Ghanéen John Kofi Agyekum Kufuor ou le président de la commission de l'union africaine Alpha Omar Konaré par exemple. Deux personnalités qui ne manquent pourtant pas de crédibilité et d'audace. Parce que l'union africaine n'est à ce jour qu'un syndicat de dictateurs sans ambition pour leurs pays et leur continent, me diriez-vous. Soit, mais permettez-moi de dire que ce n'est pas suffisant comme explication.
Je pense qu'en se comportant ainsi, nous traduisons une curieuse réalité qui voudrait que la parole d'un blanc, d'un occidental, soit toujours plus importante que celle d'un africain, fut-il chef d'Etat ou même un leader d'opinion qu'on s'est librement choisi. C'est ce que le professeur Théophile Obenga traduit dans ces propos dans une interview accordée à Afrik.com : "Malheureusement en Afrique, au Congo en particulier, lorsqu’une personne donne son avis sur une situation, même s’il est bon, il sera toujours moins considéré que celui d’un Occidental". Je pense que la déception des uns et des autres est à la mesure des attentes qu'ils avaient placées en la France comme partenaire pour le développement de l'Afrique. Et j'en veux pour preuve, une ou deux curiosités.
Avant le second tour de la présidentielle française, j'ai reçu aussi bien des journalistes que d'Africains ordinaires cette question à mon sens saugrenue : "Entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, lequel est bien pour l'Afrique et les Africains". Je répondais systématiquement : aucun. Parce que, pour moi, le destin de l'Afrique n'est pas d'attendre son bonheur des non Africains. Parce qu'on ne brigue pas la magistrature suprême en France pour "être bien" avec les Africains. C'est la naïveté et rien d'autre qui peut nous amener à croire qu'un chef de l'Etat français peut placer les intérêts de l'Afrique au dessus de ceux de la France. On devient président en France pour défendre les intérêts de la France, ceux de l'Europe et ceux de l'occident en général y compris contre l'Afrique. Or à ce jour, l'influence de la France a constamment reculé en Afrique au profit des pays anglo-saxonnes et de la Chine.
Et si la France recule en Afrique aujourd'hui, elle ne peut s'en prendre qu'à elle-même. Sans raison profonde, la France officielle s'est laissé doubler par la France officieuse des réseaux maffieux et par moment se confondait même à elle. Cela fait plus de 10 siècles que le destin de l'Afrique a rencontré celui de l'Europe. De cette cohabitation, l'Afrique a donné au point de donner ce qu'on ne doit pas donner dans une relation. Mais en retour, elle n'a tiré que misère, larmes et aliénation culturelle. Ironie du sort, même la France et d'ailleurs l'Europe qui croyait avoir tiré meilleure partie de cette relation se trouve aujourd'hui bien désillusionné. Elle est désormais confrontée à la concurrence féroce des nations émergentes et singulièrement de la Chine.
Inquiétude aussi parce que la sortie de Nicolas Sarkozy a installé beaucoup d'Africains dans une saison des réactions qui risque être longue et parfois stérile. D'ici je vois la déception ceux qui s'attendaient à voir le président sud africain Thabo Mbeki servir une volée de bois vert à Nicolas Sarkozy. Et pourtant rien, absolument rien ne doit nous amener à évoluer absolument dans le même registre que les autres. Même ceux qui nous dominent ou croient le faire. Comment peut-on être équilibré et penser que Thabo Mbeki, dans sa réaction, évoluera dans le même registre que Achille Mbembé ou Mamadou Coulibaly ou encore le collectif des écrivains africains par exemple. Il faut savoir rester digne par rapport à sa stature et c'est la dignité qui conduit à garder la hauteur face à la bassesse. La réaction de Thabo Mbeki était à la dimension de l'Homme qui a succédé à Nelson Mandela. Elle était à la dimension de ce que représente l'Afrique du Sud aujourd'hui pour l'Afrique. C'est-à-dire un germoir de la renaissance africaine. Et je respecte cette réaction pour cela.
Lorsque je me suis étonné face à cette sublimation de la réaction pour la réaction quelqu'un m'a répondu qu'il faut qu'on montre aux occidentaux qu'on ne peut plus se frotter à l'Afrique sans se faire piquer. Et il a pris l'exemple des arabes qui réagissent toujours en masse lorsqu'ils sont attaqués en brûlant les drapeaux des pays occidentaux. Je lui ai dit que je n'avais pas exactement la même conception de la gestion des rapports avec l'autre. Et je lui ai fait comprendre que c'est sûrement à cause de leurs réactions épidermiques que les arabes n'effraient plus personne. Et que George Bush peut se permettre de déstabiliser le monde arabe et même de le coloniser. On sait que c'est un chien qui aboie beaucoup mais qui ne mord pas. Et c'est grave lorsqu'on est perçu comme çà par les autres.
Lorsque vous êtes en conflit avec quelqu'un et que vous lui lancer : "je n'ai pas peur de vous". C'est la peur justement qui vous pousse à tenir de tels propos. Celui qui n'a peur ne dit rien ou dit juste l'essentiel de ce qu'il faut dire. Et c'est par cette attitude qu'il déstabilise son adversaire. Et pour avoir un cas pratique de ce que je développe ci-dessus, il faut visiter les relations entre la Chine et l'Occident, entre les Chinois et les occidentaux.

LA LECON CHINOISE!

Je souhaite que dans la relation qu'elle entretient aujourd'hui avec la Chine, l'Afrique ne fasse pas seulement les affaires. Elle a beaucoup à apprendre l'empire du milieu par rapport à la gestion de ses relations avec l'occident. Jamais peuple n'a été aussi insulté et ridiculisé comme les Chinois l'ont été par les occidentaux. Souvenez-vous des propos de l'académicien français Ernest Renan : "La nature a fait la race d'ouvriers. C'est la race chinoise, d'une dextérité de main merveilleuse sans presque aucun sentiment d'honneur". Jusqu'à une date très récente, tout ce qui venait de Chine était traité de chinoiseries et regardé avec un certain dédain. Les Chinois ont encaissé mais se sont courbés pour travailler. Ils ont pris en occident, le savoir faire indéniable et lui ont insufflé le substrat culturel propre à la Chine, ce que M. Qu Xing, intellectuel chinois en poste à Paris décrit en ces termes : "Le modèle économique chinois, c'est le socialisme aux couleurs de la Chine". S'appropriant le rôle que Renan a voulu leur attribuer, la Chine est devenue la plus grande usine du monde. Elle a ainsi réussi à faire de ce que les autres prenaient pour sa faiblesse, sa principale force.
Désormais, l'occident redoute la Chine, bien sûr parce qu'elle est la première puissance à s'être développée en dehors des canons de la civilisation occidentale, en dehors du paradigme établi depuis la civilisation gréco-romaine, mais aussi parce qu'elle ne sait même pas ce que les Chinois pensent de tout le mal qu'elle a dit d'elle. Et quand on ne répond pas à l'agression, on est plus redouté. C'est la dialectique de la poule, du canard et de l'épervier.
Aujourd'hui, beaucoup de Français, compatriotes de Ernest Renan, se sont mis à l'apprentissage de la langue chinoise pour pas que le nouveau monde paré aux couleurs de la Chine les laisse sur le bord du chemin. Pour conquérir le monde comme elle est en train de faire, la Chine n'a pas eu besoin de réagir chaque fois pour corriger l'image que l'occident donnait et continue d'ailleurs de donner d'elle. L'Europe officielle des Etats et l'Europe des institutions peuvent continuer à développer leurs discours méprisants et orchestrer des campagnes médiatiques de dénigrement contre la Chine. Mais l'Europe des affaires et celle du réalisme sait que la Chine est un partenaire qu'il faut respecter et traiter avec des égards

QUELLE JEUNESSE?

Mon inquiétude est d'autant plus grande que les réactions africaines suite au discours de Sarkozy se feront au détriment de l'action nécessaire qui attend chaque africain aujourd'hui et qui heureusement est depuis quelques années sérieusement entreprise par certains milieux panafricanistes. Et si ce discours avait pour but de troubler cette lancée? En tout état de cause, j'ai toujours pensé qu'il faut être capable à chaque fois de tirer le bien du mal. Car, au-delà des poncifs qui émaillent ce discours et qui peuvent choquer et choquent d'ailleurs, le discours du président français recèle un certain nombre de thèmes libérateurs pour l'Afrique. Vous me direz qu'il s'agit juste des édulcorants destinés à faire avaler la pilule. Vous me direz qu'il a volé ces thèmes chers aux Africains pour tenter de se faire accepter d'eux. Mais il l'a dit et c'est le plus important pour moi. Nous devons maintenant profiter de son statut d'icône médiatique pour mieux diffuser ces thèmes. En fait, de quoi a besoin l'Africain et plus principalement la jeunesse africaine aujourd'hui? De l'assurance en lui-même; de la prise de conscience; du goût de l'aventure et même du risque; du goût du travail; du patriotisme; de l'aspiration à la liberté.
Or que constate t-on sur le continent aujourd'hui de la part de cette jeunesse africaine? La corruption, la démission, la collaboration, la trahison… Partout, les jeunes, heureusement pas leur écrasante majorité, par leur action et surtout mues par la corruption, contribuent à maintenir les régimes dictatoriaux en place. Contre espèces sonnantes et trébuchantes, les jeunes soutiennent et envoient des criminels à col blanc dans les assemblées nationales. Cette même jeunesse est par ailleurs presque décimée par la maladie et la misère généralisée. Je crois qu'il ne serait pas exagéré de dire que la jeunesse africaine est en train de se suicider dans un jeu de sadomasochisme extraordinaire. Si la jeunesse africaine veut se débarrasser des régimes dictatoriaux et même de la Françafrique, qui est parfois démesurément grossi pour les besoins de la cause, aucune arme et aucune répression ne peut les en empêcher. On le voit chaque jour en Côte d'Ivoire où les jeunes patriotes contribuent à démystifier la Françafrique et ses tentacules imaginaires. Mais face à cette mission impérieuse, cette jeunesse a choisi la démission. Et pour s'adresser à sa partie gangrenée, a-t-on vraiment besoin de porter les gangs? On peut en toute légitimité demander à Sarkozy : "De quoi je me mêle". Mais s'employer réellement à laver le linge sale en famille.
Théophile Obenga, aujourd'hui l'intellectuel le plus capé d'Afrique, vient de commettre un ouvrage intitulé : "Appel a la Jeunesse Africaine "Contrat Social Africain pour le 21eme Siècle". Dans ce véritable testament avant la lettre, le compagnon de Cheikh Anta Diop voudrait comprendre le pourquoi du "malheur qui frappe principalement la jeunesse africaine". Bien qu'il situe les causes de ce malheur dans le "mariage désastreux" qui a eu lieu entre l'Afrique et l'occident depuis bientôt 10 siècles, il reconnaît que la jeunesse africaine d'aujourd'hui porte une grande partie de responsabilité. Et lorsqu'on a fait l'analyse sur le problème de l'Afrique jusqu'à un niveau, on ne peut parvenir qu'à une telle conclusion.
Je souhaite donc qu'un débat constructif soit mené autour des propositions faites par le professeur Obenga et que les intellectuels africains y consacrent aussi des tribunes afin de parvenir à la prise de conscience collective nécessaire à la renaissance africaine. Je souhaite aussi qu'on comprenne qu'au-delà du discoures de Sarkozy, c'est des régiments entiers qui sont en train d'être mis en place pour des guerre futures qui seront parfois plus dévastatrices et qui n'auront pas toujours la couleur des autres guerres connues jusqu'ici. C'est aussi le devoir des intellectuels d'attirer l'attention sur cet état de chose. Sinon, dans ce spectacle planétaire, nous serons là à regarder les saltinbanques alors que les vrais artistes et le vrai spectacle sera ailleurs.

AU DELA DU DISCOURS

A Dakar, Nicolas Sarkozy était au front parce qu'au 21e siècle, la guerre ne se fera plus avec les armes conventionnelles que nous connaissons mais avec les mots, avec la rhétorique. Après la guerre froide, le monde est résolument entré dans une phase de guerre tiède qui se réchauffe de temps en temps par endroit, comme actuellement en Irak. Officiellement, elle oppose les Etats-Unis et ses alliés à ce qu'ils appellent les Etats voyous qui font la promotion du terrorisme. Mais en réalité, elle oppose l'occident et son modèle de développement aux autres Etats qui proposent autre chose. Pays émergents contre pays développés. La Chine contre les Etats-Unis. Avec en embuscade, la Russie qui attend compter les coups et si possible se saisir de maître Aliboron.
Le président français était au front africain non pas seulement en tant que président français mais comme leader en devenir d'une Europe pacifiée qui veut reconquérir les positions perdues en Afrique. Le président français a été obligé de se hisser au niveau européen parce que, comme l'affirme le Général François Gonnet, "seule l'Europe à ce jour a la taille critique pour dialoguer avec l'Afrique. C'est donc dans le cadre d'un partenariat Euro-africain, qu'elle doit dynamiser, que la France doit et peut aujourd'hui continuer à jouer un rôle influent en Afrique".
Nicolas Sarkozy est venu à Dakar en dépositaire de la civilisation occidentale. Une civilisation qu'il croit flamboyante, dominante et référentielle. Lorsqu'il dit que l'Afrique n'est pas suffisamment entré dans l'histoire, je pense, peut-être en voulant rester naïf, qu'il veut dire que l'Afrique n'est pas suffisamment entré dans l'histoire de la civilisation occidentale parce que pour lui, c'est le modèle des modèles en dehors duquel point salut. Sinon, comment peut-on être lucide et dire que le berceau de l'humanité, le continent qui a vu naître "Toumaï" n'est pas suffisamment entré dans l'histoire alors qu'il est même à la base de cette histoire!
Nicolas Sarkozy est venu donc vendre le modèle de développement à l'occidentale à la jeunesse africaine afin de la préserver contre les sirènes des autres puissances émergentes. Et il suffit d'être juste un peu vigilent pour observer que, pour ce qui est de la Chine principalement, une campagne médiatique de dénigrement est depuis orchestrée contre l'empire du milieu et son ascension fulgurante.
Mais les choses ne sont pas aussi faciles comme elles le paraissent. Bien que Nicolas Sarkozy ait choisi de faire son discours en Afrique devant un auditoire de jeunes étudiants africains, rien n'indique qu'il s'adressait directement à cette jeunesse. Très souvent en communication, le récepteur n'est pas forcément le destinataire d'un message. En donnant l'impression de parler à la jeunesse africaine, Sarkozy s'adressait en réalité à ses partenaires européens dans la perspective du leadership au sein du vieux continent mais surtout s'adressait-il aux nouveaux prétendants sur le continent pour leur montrer ses muscles et tenter de les dissuader. Au sens du discours de Sarkozy, l'Afrique était plus un enjeu stratégique, une cible commerciale et marketing, qu'un partenaire.
Pour qu'elle vous accepte comme partenaire, il faut inquiéter l'occident au triple plan économique, culturel et militaire. Il faut s'élever au niveau de la Chine par exemple. Et ce respect, la Chine l'a conquis non pas dans les discours ou dans les réactions mais dans l'action. Or, jusqu'ici, l'Afrique n'a l'avantage dans aucun de ces domaines et ne peut par conséquent pas inquiéter l'occident.
Pour inquiéter l'Europe, il faut lui montrer qu'on peut se passer d'elle. Il faut lui montrer qu'on peut explorer d'autres voies que celles qu'elle nous propose et nous a toujours proposé. Il faut sur le plan agricole par exemple abandonner les cultures de rente dont on ne maîtrise pas la fixation des prix. Il faut produire ce qu'on peut consommer. Il faut cultiver le goût de l'aventure et du risque afin de s'approprier le monde. Il faut aspirer à la liberté pour se débarrasser des régimes dictatoriaux et ses tentacules françafricaines.
Toutefois, l'Afrique garde par rapport à l'Europe une force d'attraction considérable en raison de son statut de réservoir de matière première et même de la biodiversité. Si l'Afrique est une charogne c'est que l'occident est le charognard. L'Afrique peut donc, à juste titre et se fondant sur cet avantage qui tarde à être reconnu, revendiquer de ses partenaires qu'ils préservent leur dignité. Mais nous sommes dans un monde cynique où, ceux qui pensent le commander, le G8 en l'occurrence, le pauvre n'a aucune dignité. Et si d'aventure il pense qu'il en a une, ce ne serait qu'une maladie qu'il faudrait rapidement soigner. Or, malgré ses richesses, l'Afrique est toujours considéré comme un continent pauvre du point de vue des échanges économiques.
L'Afrique doit donc prendre conscience des atouts qui sont les siens pour ne plus raser les murs dans un monde où elle est en fait l'alpha et l'oméga.

Par Etienne de Tayo
Promoteur de "Afrique Intègre"
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