samedi 23 février 2008

NICOLAS SARKOZY ET LA "DERIVE MONARCHIQUE"


La fin de l'état de grâce de Nicolas Sarkozy - marquée par une chute vertigineuse du Président de la République dans les sondages (48% des français disent avoir une mauvaise opinion du président contre 45% qui disent le contraire) - étale t-elle un voile de peur sur la France? Divers sondages montrent que les Français sont plus pessimistes aujourd'hui, par rapport à l'avenir, qu'avant l'élection de Nicolas Sarkozy. Un pessimisme diversement interprété au sein de la classe politique.

Le 14 février dernier, alors que certains offraient des roses d'amour, 17 personnalités françaises, les "févrieristes" comme on les appelle déjà, ont servi une lettre bien corsée au président Sarkozy. Dans cette note teintée d'émotion, ils appellent à la "vigilance républicaine" contre tout "dérive confinant à la monarchie élective". Par gentillesse, Nicolas Sarkozy n'est pas cité mais çà crève les yeux qu'il est la principale cible. Ah, la dérive monarchique! En avril 2007, à la veille de l'élection présidentielle et, analysant l'état d'esprit des français à cette époque cruciale, j'avais publié dans ce blog, une réflexion intitulée :
ET SI LES FRANCAIS AVAIT BESOIN D'UN ROI? . Il s'en était trouvé des gens pour m'accuser d'anachronisme et bien d'autres choses. En tout cas, le tabou avait pris le dessus et il ne fallait pas évoquer un tel sujet après que les français eussent décapité le roi plus de deux siècles auparavant.
Bien entendu, le président Sarkozy et son entourage nient toute dérive, à fortiori monarchique. Ils s'émeuvent même devant cette formidable alchimie qui a pu produire dans la tête de ses contempteurs le couple "monarchie élective". Mais ceux qui, même s'ils ne le disent pas, se présentent comme les garants de la République, persistent et signent. Alors, pour les départager les uns et les autres et détendre un peu l'atmosphère, pourquoi ne chanterons-nous pas avec eux : "Alors garants de la patrie, le jour de gloire finira par arriver… marchons… marchons…" Espérons seulement qu'à force de descendre dans les sondages, le président Sarkozy finisse par trouver le pétrole qui, au vu des cours très élevés, renflouera les caisses de l'Etat et réconciliera peut-être tout le monde.
Les difficultés politiques de Nicolas Sarkozy sont réelles. Selon un sondage BVA pour BFM et les Echos, "plus de 60% des français désapprouvent la politique du président". 72% de français sont moins confiants dans la politique économique contre 36% en juin 2007. Evidemment, en cette veille d'élections municipales et sénatoriales, les difficultés du président, candidat victorieux de l'UMP à l'élection présidentielle de mai 2007, sont du pain béni pour la gauche qui trouve là une occasion de prendre sa revanche. Et les leaders de la gauche ne se font pas prier pour s'engouffrer dans cette brèche et tirer tout le bénéfice possible. C'est la politique serait-on tenté de dire. Mais la gauche, qui a intérêt à bien analyser les résultats des sondages, doit prendre au moins trois précautions :
- Ne pas mal interpréter l'humeur des français
- Ne pas donner l'impression d'acculer et de s'acharner sur un homme déjà en difficulté;
- Ne pas se montrer trop opportuniste dans l'exploitation de la situation politique présente.
Ces précautions sont à prendre sinon, la bête qu'ils s'empressent à achever se relèvera, reprendra ses esprits et les pulvérisera.

L'HUMEUR DES FRANÇAIS :
Ce qui est vrai et ne souffre d'aucun doute, c'est que les Français sont remontés contre Nicolas Sarkozy. Ce courroux est à la hauteur de l'espoir qu'ils avaient placé en l'homme par rapport à la résolution de leur angoisse existentielle. Les sondages le montrent à suffisance. Mais si l'on peut considérer que ce qui s'est passé en mai dernier entre Nicolas Sarkozy et les Français est un mariage, sommes nous aujourd'hui dans un divorce ou une simple scène de ménage? Ce qui est sûr c'est que après presque 8 mois de mariage, pour rester dans cette métaphore, et sans précédent fâcheux, on ne saurait vraiment parler de divorce même s'il n'est pas exclu qu'il se profile à l'horizon. On parlerait mieux d'une scène de ménage un peu mouvementée. Et pour revenir à la politique, on parlerait mieux d'une fin de l'état de grâce.
Tous les chefs d'Etat connaissent la fin de l'état de grâce, celle-ci étant présentée comme la période magique d'absolution qui se rapporte aux premiers mois de règne. Tous les prédécesseurs de Sarkozy l'ont connue : Mitterrand aux environs de janvier 1982 après qu'il a essuyé un échec cuisant aux législatives partielles; Chirac l'a connue et a réagi en dissolvant l'assemblée nationale. Donc, c'est une constante dans la pratique politique. Mais que reproche vraiment les Français à Nicolas Sarkozy?
Les français reprochent sincèrement au moins 4 choses à Nicolas Sarkozy :
- l'affichage ostentatoire avec les puissances d'argent et surtout ceux qui, selon l'opinion gagneraient facilement l'argent alors qu'on leur demande de travailler plus pour espérer gagner plus;
- La démystification de la fonction présidentielle : il y a ceux qui comme Jean Louis Debré, qui n'a pas hésité à griller son devoir de réserve en tant que président du conseil constitutionnel pour demander de "faire attention de ne pas désacraliser les fonctions officielles". C'était au lendemain du mariage de Nicolas Sarkozy à l'Elysée;
- La tentative de concentration du pouvoir au travers de ses conseillers que ses adversaires qualifient de sa cour ou encore de la "République des conseillers", d'après Pierre Moscovici. Ce République des conseillers mettrait en scène une certaine cacophonie. Les plus durs y voient la dérive monarchique;
- La navigation à vue sur le plan économique. Et ce point intéresse le commun des Français qui veut voir sa situation financière s'améliorer.
Pour revenir à la métaphore du mariage donc, le mari qui est Nicolas Sarkozy peut-il facilement remonter la pente et éviter la rupture définitive? Il faut dire que sur les quatre griefs, deux intéressent l'élite politique, à savoir : la désacralisation de la fonction présidentielle et la dérive monarchique. C''est ce qu'on peut qualifier de combat des gens d'en haut. Deux autres préoccupent le commun des français : l'affichage ostentatoire et la navigation à vue au plan économique avec un risque de compromission du pouvoir d'achat promis.
Il y a un premier groupe d'observateurs qui pensent que ce qui arrive à Sarkozy était prévisible. Pire, ils croient que cette situation est irréversible. Pour eux la magistrature suprême était une fin pour Sarkozy. Il a mis toute sa lucidité à la chercher, il l'a atteint et ne peut plus que descendre jusqu'à ce qu'il disparaisse. Ces personnes exultent chaque fois que les sondages lui sont défavorables. Certains vont même un peu trop loin dans le registre psychiatrique en disant que la gloire a fait perdre la tête au président et qu'il est difficile qu'il se retrouve. Le philosophe Régis Debray parle par exemple "d'obscénité démocratique" pour décrire la mise en scène de la vie privée du chef de l'Etat. Ces opinions, on les retrouve généralement au sein de la gauche et chez tous ceux qui se sont déclaré anti-sarkosistes. C'est vrai que certaines sorties de Nicolas Sarkozy peuvent choquer surtout les personnes qui idéologiquement étaient déjà éloignés de lui.
Un deuxième groupe d'observateurs – en général ses partisans et ceux qui se déclarent neutres - pensent que dans la résolution de ses problèmes personnels – son divorce et son remariage – Nicolas a semblé tourner le dos aux Français. Il s'agirait donc, selon eux, d'une frasque amoureuse d'un mari qui s'est laissé attirer par une autre. Il suffirait donc d'après eux qu'il revienne à la maison et qu'il se montre plus attentionné pour se faire pardonner. Son mariage presque à huis clos montre bien que Sarkozy a compris le message des Français sur son ostentation. Reste le terrain économique où le président se débat à coup de visite des usines et autres effets d'annonce. Pour l'amour des Français qui le lâchent, il n'a pas hésité à faire son voyage de noces dans une usine de l'arrière pays. On verra dans quelques mois s'il a pu sauver cet autre mariage. En attendant, ses adversaires se donnent à cœur joie dans les coups qu'ils lui portent.

LA PSYCHOLOGIE DES FRANÇAIS :
Nicolas Sarkozy est en difficulté et çà se voit. Il suffit de scruter son visage lorsqu'il se trouve au milieu des ouvriers tentant de reconquérir l'adhésion de ces Français qui doutent de lui. Il suffit de voir ses traits tirés pour comprendre qu'il est en peine. Qu'il est non seulement en peine mais qu'il se donne du mal pour en sortir. Lorsque je regarde Nicolas Sarkozy, il me donne l'image d'un boxeur qui vient de recevoir un uppercut et qui a mis un genou par terre. Il est en train d'essayer de se relever. Dès lors, les coups que lui assènent ses adversaires, alors qu'il est compté, courent le risque d'être mal perçu par les spectateurs. C'est vrai que Nicolas Sarkozy n'est pas un enfant de chœur. Et on pourrait dire avec ce jeune : "bien fait pour lui, tous les hommes politiques sont des salauds qui ne méritent pas une compassion. Au diable!". Mais que pense le peuple français profond qui est le censeur suprême?
Pour avoir analysé les résultats des élections législatives depuis 30 ans en France, je suis arrivé à la conclusion que le peuple français n'est pas un peuple cynique. C'est un peuple généreux qui arrive toujours à repêcher celui qui est en grande difficulté. Même s'il est toujours là aussi à rappeler à celui qui vient de s'endetter auprès de lui, en gagnant une élection, qu'il ne doit pas se laisser griser par la victoire. En fait, c'est un peuple qui a la caractéristique de tous les peuples : il oublie vite et pardonne aussi. Nicolas Sarkozy, le traite de la fin des années 90, celui là même qui se faisait huer dans les meeting était devenu l'enfant chéri après la présidentielle de 2002 et c'est presque en triomphe qu'il a été élu en 2007. Aujourd'hui, il se retrouve encore au creux de la vague. C'est çà les dents de scie que le peuple dresse souvent sur le chemin des leaders politique.
Depuis 1978 le peuple français électeur procède à un partage généreux de ses suffrages entre la droite et la gauche ne permettant à aucun de dominer durablement l'autre. Après avoir porté Valery Giscard D'Estaing au pouvoir en 1974, les français le désillusionnent en 1978 lors de l'élection législative. Son parti l'UDF ne recueille que 123 sièges contre 154 pour le RPR et 113 pour les socialistes. Cet attelage permet à Chirac de donner son soutien à Mitterrand au cours de la présidentielle de 1981. Ce dernier dissout l'assemblée nationale demandant ainsi aux Français de lui donner les moyens pour gouverner. Ce qui est fait avec la manière puisqu'il rafle la mise avec 285 sièges pour le parti socialiste; le RPR recueille 88 sièges; quand à l'UDF il s'effondre avec seulement 62 sièges. Chirac et son allié du centre n'avaient plus que leurs yeux pour pleurer. Cependant que Mitterrand claironnait avec les communistes. Mais comme nous avons affaire à un peuple prodigue, il a ressuscité les pleureurs lors des législatives de 1986 : le parti socialiste ne recueille plus que 212 sièges, son allié la parti communiste 35 sièges; à droite, le RPR s'empare de 155 sièges et l'UDF a 131 sièges. La droite et le centre forment donc le gouvernement. C'est la première cohabitation.
En 1988, contre toute attente, Mitterrand se fait réélire. Pour la deuxième fois, il dissout l'Assemblée et pour la deuxième fois les France lui donnent les moyens de gouverner. Lors des législatives de juin 1988 le parti socialiste recueille 275 sièges, le RPR 130 et l'UDF 90. En 1993, les Français qui avaient pourtant plébiscité la gauche 5 ans auparavant, l'humilie pratiquement puisque le parti socialiste ne recueille que 57 sièges contre 257 pour le RPR et 215 pour l'UDF. La droite se déchire au cours de l'élection présidentielle de 1995 où Chirac est opposé à Balladur. Les Français n'ont certainement pas apprécié. Qui plus est Chirac tente de les rouler dans la farine par rapport à la promesse de réduction de la fracture sociale. Confronté à la fronde des français, Chirac, qui veut imiter Mitterrand commet la plus grosse erreur de sa carrière politique. Il dissout l'Assemblée nationale et récolte la tempête : la France généreuse se souvient du parti socialiste et lui accorde 250 sièges contre 142 au RPR et 82 à l'UDF. Malheureusement Mitterrand n'est plus là pour voir ce cadeau à titre posthume. Dans cette affaire, Chirac sacrifie la carrière de l'un des technocrates les plus brillants de la cinquième République : Alain Juppé quitte Matignon avec ses Jupettes.
En 2002, après avoir été élu comme dans une République bananière, Chirac lance l'UMP et sollicite les moyens pour gouverner. Les Français lui confirme le plébiscite en accordant 365 sièges à l'UMP contre 141 pour le parti socialiste et 29 pour l'UDF. En 2007, Nicolas Sarkozy émerge et remporte les suffrages des français lors de la présidentielle d'avril-mai. Mais au cours des législatives qui ont suivi l'UMP n'a pas fait le ras de marée qu'on lui prédisait. Le peuple français a pensé à relever un peu la gauche qui était en grande difficulté.
C'est vrai qu'en politique, on peut aisément user de cet adage qui dit que : "tous les moyens sont bons, pourvu qu'ils soient efficace". Mais, n'y a-t-il pas un risque à vouloir s'appuyer sur les frasques de Nicolas Sarkozy – que ne partagent pas tous les élus UMP – pour solliciter un vote sanction contre des élus locaux dont le seul péché c'est de partager le même parti que Sarkozy? Les victoires acquises suite à un vote sanction sont parfois des cadeaux empoisonnés. C'est en général un chèque en blanc signé au profit d'un parti qui, pour n'avoir pas opposé un vrai programme, ne saura pas quelle promesse tenir. Sans compter que, comme le soulignait un invité d'une émission sur Itélé, "chaque fois que la parti socialiste gagne de façon spectaculaire, cela étouffe les débats de fonds". Et pourtant, les débats de fonds sont légion à ce moment crucial pour ce parti.
La gauche française en général et le parti socialiste en particulier, est dans une phase de recomposition aussi bien d'un point de vue de l'idéologie que de celui du leader. Dans un monde qui épouse de plus en plus la réalismologie – définie comme la science de la réalité et du réalisme – au détriment de toutes les idéologies idéalistes qui firent le succès de la gauche, le parti socialiste doit repenser son discours de fond en comble. Il doit se faire violence sur le plan économique et bien méditer cette phrase de Tony Blair : "Le rôle de l'Etat c'est aider les gens à s'aider eux-mêmes". Tony Blair le dit parce qu'il sait que l'Etat providence est mort. Le parti socialiste doit se donner un nouveau leader. Aujourd'hui, pas moins de huit candidats se posent en successeurs de François Hollande et autant pour la succession de Ségolène Royal à l'investiture du parti pour 2012. J'ai l'impression que pour les empêcher de réfléchir profondément sur le devenir de leur parti, Nicolas Sarkozy jette à la face des leaders de gauche une série de thèmes de débat et cela m'amuse de les voir s'arracher les cheveux sur les plateaux de télévision et se laisser aller parfois dans ce qui peut permettre à Nicolas Sarkozy de se refaire : l'acharnement et l'éternelle tentative de diabolisation. Et si tout n'était qu'une mise en scène?


LES "FEVRIERISTES"

Les signataires de cet appel sont les 17 personnalités suivantes: Pierre Lefranc, ancien chef de cabinet du Général de Gaulle Dominique de Villepin, ancien Premier ministre Ségolène Royal, ancien ministre, Présidente de la région Poitou-Charentes François Bayrou, ancien ministre, député des Pyrénées-Atmantiques Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre Corinne Lepage, ancien ministre Nicolas Dupont-AIgnan, député de l'Essonne Bertrand Delanoë, maire de Paris Maurice Leroy, député de Loir-et-Cher Nöel Mamère, député de la Gironde Jean-Christophe Lagarde, député de la Seine-Saint-Denis Marielle de Sarnez, conseillère de Paris André Gérin, député du Rhône Arnaud Montebourg, député de la Saône-et-Loire Jacqueline Gourault, sénatrice du Loir-et-Cher Jean-Pierre Brard, député de la Seine-Saint-Denis Jean-Paul Bled, président des Cercles universitaires d'études et de recherches gauliennes


Par Etienne de Tayo
Promoteur "Afrique Intègre"
www.edetayo.blogspot.com


mercredi 20 février 2008

AU DELA DU TCHAD : LES SURVIVANCES DE LA FRANCAFRIQUE



Ainsi, Paris a remis le dictateur Idriss Déby Itno en selle en ayant pris soin de laisser les rebelles progresser jusqu'aux portes du palais présidentiel de Djamena. Ce faisant, elle oblige le régime de Déby pour le restant de ses jours. Du coté de l'Elysée, pour se donner bonne conscience, on balance la vieille rengaine de l'homme providentiel ou du borgne du pays des aveugle ou encore le scénario dissuasif du chaos : "On ne se fait aucune illusion sur le personnage. C'est un tueur. Mais s'il tombe, le pays sombre dans le chaos", rapporte t-on dans les coulisses de l'Elysée selon l'Express. Un faux-fuyant ridicule que la France a utilisé tant de fois pour sauver des dictateurs en difficulté et préserver ses intérêts sur le continent africain.

Après que j'ai révélé tout ceci, j'aurai flatté l'ego de plusieurs personnes parmi les partisans d'une Afrique intègre; je me serai aliéné une ou deux personnes au sein de la françafrique. Mais au fond, je n'aurai rien dit de substantiel, je n'aurai rien résolu du problème, si tant est qu'une simple réflexion puisse régler un problème. A tout le moins, j'aurai contribué à enkyster cette problématique grave dans le registre de l'émotionnel dont la contre productivité n'est plus à démontrer.
Cela fait bientôt un demi siècle que la majorité des pays africains a accédé aux indépendances. Et pourtant, des forces extérieures au continent continuent allégrement de le parcourir, fragilisant les équilibres déjà précaires sur lesquels reposent les jeunes Etats. Piégés par une démocratie qui finalement n'en est pas une, les prétendants au pouvoir en Afrique sont obligés de faire la politique par d'autres moyens, y compris les armes. Mais les tenants du pouvoir ne s'en laissent pas compter. Comme au lendemain des indépendances, l'Afrique est redevenue un vaste champ de bataille.
Pour comprendre ces phénomènes qui ne sont parfois que des manifestations de causes plus profondes, il faut aller très loin dans l'histoire; il faut parfois creuser très profondément, fouiller les poubelles du colonialisme; il faut questionner les événements. Mais surtout le faire en adoptant l'une de ces démarches que nous propose le sociologue Edgar Morin. Et que dit-il celui qui vient d'inspirer Nicolas Sarkozy dans sa politique de civilisation. Il dit ceci : "Si vous questionnez le réel avec une pensée simplifiante, le réel sera extrêmement simple. Si vous l'interrogez avec une pensée complexifiante, le réel sera complexe". Autrement dit, lorsque sur un problème donné, vous posez un regard simplet, il vous donne une réponse simpliste, partielle et parfois partiale. Vous aurez alors une réaction épidermique et émotive. Vous aurez sinon le contraire de l'objectif que vous vouliez atteindre. Mais si sur le même problème, vous posez une interrogation complexe, vous aurez une réponse complexifiante à plusieurs tiroirs. Vous aurez alors une réaction froide, posée, cynique, construite et finalement constructive.
Pour cette analyse, j'ai choisi d'adopter la seconde démarche c'est-à-dire, l'approche complexifiante parce que la problématique elle-même est complexe. Regarder ce qui se passe en Afrique maintenant, au Tchad, en Rdc, en Ouganda, au Rwanda, au Niger, au Soudan, en Somalie, au Kenya… en croyant qu'il s'agit d'actions séparées sans connexion serait bien naïf. Ce sont les pièces d'un même puzzle qu'est l'Afrique qui sont ainsi dispersées dans la nature. Et les mains qui s'emploient à les disperser sont sensiblement les mêmes depuis toujours. Les motivations aussi sont les mêmes : faire de l'Afrique rien moins qu'un réservoir des matières premières sans aucune ambition pour un développement autonome. J'ai souvent été invité aux débats télévisés ou autres pour parler soit du Kenya, soit de la Rdc ou encore du Tchad. Mais j'ai toujours répondu en disant que je ne saurais parler de ces drames séparément. C'est un tout et c'est comme cela qu'il le prendre.
Ce qui vient de se passer au Tchad et qui, malheureusement se répètera ou se produira ailleurs en Afrique, montre au moins deux choses : la françafrique, pour les pays francophones, est plus vivace que jamais, contrairement aux vœux des uns et des autres; l'Afrique, comme au bon vieux temps de la guerre froide, est redevenue le champ de confrontation des luttes géopolitiques mondiales.
Cette analyse est construite de façon à aller à la racine du mal; comprendre pourquoi la françafrique, malgré le discours, se porte toujours aussi bien; de jeter un regard sur ces guerres faites en Afrique par les autres et contre l'Afrique; de voir comment, malgré les meurtrissures, la partie utile de l'Afrique continue d'afficher une croissance prometteuse; et enfin d'esquisser des solutions pour une pacification durable du continent africain.

LE VER DANS LE FRUIT
Lorsqu'un conflit éclate en Afrique, la première explication donnée par les africanistes "spécialistes" du continent – invités permanents de certains médias en France - est toujours ethnique et identitaire. Au Rwanda et au Burundi, ce sont les Hutu qui veulent s'emparer du pouvoir Tutsi; en Côte d'Ivoire, ce sont les Baoulés de Konan Bedié qui veulent reprendre le pouvoir Bété de Laurent Gbagbo; ou encore, ce sont les Sénoufo de Guillaume Soro qui ont tenté de renverser le pouvoir Bété de Gbagbo; au Gabon, ce sont les N'zebi de Zakary Myboto qui convoitent le pouvoir Téké d'Omar Bongo; au Congo le M'bochi Sassou Nguessou a chassé le N'zabi Pascal Lissouba du pouvoir; au Cameroun, ce sont les Anglo-Bami de John Fru Ndi qui veulent évincer le pouvoir Beti de Paul Biya; au Tchad, ce sont les Zagawa qui se déchirent entre eux. Et c'est comme çà que l'Afrique est schématisée à travers les grilles de lecture ethnologiques de l'Occident. C'est de cette façon à la limite caricaturale que ses conflits sont interprétés.
Mais cette présentation n'est pas du tout gratuite. Elle découle du travail de marquage identitaire fait en Afrique, depuis plus d'un siècle, par les ethnologue de la colonisation comme l'explique en le dénonçant, l'ethnologue Jean-Loup Amselle : "L'Afrique, telle qu'on se la représente aujourd'hui et telle qu'elle se manifeste à travers ses conflits, est le reflet de la colonisation et de l'imposition d'une grille ethnique qui a rigidifié les rapports intercommunautaires. Par exemple au Rwanda, dans la période précoloniale, il n'existait pas une catégorisation figée, ethnique ou raciale entre Hutu et Tutsi". Les clivages identitaires ont ainsi été montés de toute pièces et renforcés au fil du temps. On peut donc comprendre l'origine du génocide rwandais par exemple. C'est vrai que le colonisateur n'a rien inventé en la matière, il s'est juste appuyé sur la vieille prescription romaine qui recommande de diviser pour mieux régner. En Afrique, le marquage identitaire a été matérialisé par l'inscription systématique dans l'acte de naissance de l'origine ethnique. On y parle d'ailleurs de race. Ainsi, verra t-on inscrit dans cet espace les noms d'ethnies tels : Bamiléké, Bété, Baoulés, Bulu, Batéké, Douala, Serrère, Bambara, Peuls, Haoussa, Malinké, Téké, N'Zébi, Zagawa, Ibo, Yoruba, Bassa… Tout ceci avait pour but ultime de les figer dans une ethnie particulière et envisager d'autres moyens pour exacerber les clivages identitaires et provoquer si possible des conflits.
Le cliché le plus répandu en occident au sujet de l'Afrique est celui d'un continent "considérée comme le continent des ethnies". Jean Loup Amselle nous apprend que "c'est une perspective très ancienne, remonte à Kant et Hegel, et au sein de laquelle l'Afrique est perçue comme un continent a-historique. Cette vision a été perpétuée dans le temps. C'est une conception purement coloniale visant à détacher l'Afrique subsaharienne du Maghreb". Ici, on peut voir l'origine de certaines grossièretés contenues dans le discours de Dakar prononcé par le président français Nicolas Sarkozy. On peut aussi comprendre la déclaration de Jacques Chirac qui, alors que les Africains s'embarquaient dans l'aventure démocratique au début des années 90, avait déclaré ceci : "L'Afrique n'est pas mûre pour la démocratie". C'est vrai qu'à l'époque, la déclaration avait provoqué l'émoi de plus d'un Africain. Je crois pour ma part qu'il voulait sincèrement dire ceci en d'autres termes : "si je m'en tiens aux dispositions prises par nos ancêtres et nos aînés en Afrique, je ne pense pas que l'Afrique soit en mesure d'assimiler la démocratie". Ce qui peut se comprendre si l'on s'en tient à la définition de la démocratie et surtout aux conditions à remplir pour la voir s'enraciner.
La démocratie est à ce jour reconnue comme le moins mauvais des systèmes de gouvernement des hommes dans la cité. L'une de ses définitions les plus démagogiques est celle qui présente la démocratie comme "le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple". Mais malgré son caractère quelque peu utopique, la démocratie est devenue le système le plus couru dans le monde. Même les peuples qui n'ont rien à manger et qui n'ont qu'une idée vague de ce que peut être une démocratie, s'enthousiasment à l'idée de glisser un bulletin dans l'urne soit pour porter leur candidat au firmament, soit pour sanctionner un dirigeant. Ceci en raison de la dévolution de la souveraineté que ce système fait théoriquement au peuple. Mais la démocratie n'est opérationnelle que dans un Etat valablement constitué. L'Etat au sens d'Olivier Duhamel se présentant comme "un pouvoir normatif institutionnalisé, s'exerçant sur une population dans le cadre d'un territoire". Cet Etat, suggéré par des penseurs tels John Locke, Thomas Hobbes ou encore Jean Jacques Rousseau a été constitué pour apprivoiser la nature sauvage et belliqueuse de l'être humain. Sur la base du contactualisme de Rousseau, le monopole de violence légitime jadis détenu par chaque individu a été confié à l'Etat pour agir au nom de tous. Contre quoi, "des droits imprescriptibles sont opposables à l'Etat qui n'a été instauré que pour garantir le respect". Par exemple, l'Etat doit se conformer à la finalité pour laquelle il a été constitué; il doit rester en dehors de la sphère privée. Dans cet Etat dit impartial, les mécanismes ont été mis en œuvre pour protéger les gouvernants contre le pouvoir abusif éventuel des gouvernants. Car, comme l'a si bien relevé Montesquieu, "C'est une expérience éternelle que tout homme qui a le pouvoir est porté à en abuser. Il va jusqu'à ce qu'il trouve des limites". Et Montesquieu de proposer que "par la disposition des choses le pouvoir arrête le pouvoir". Un Etat conçu selon ces canons est un moule dans lequel on peut couler facilement une société démocratique. Le problème en Afrique c'est que celui à qui le peuple a confié la gestion de l'Etat et en a ainsi fait le chef de l'Etat s'est pris pour l'Etat lui-même. On connaît la formule : "L'Etat c'est moi!", comme l'a si bien relevé l'écrivain camerounais Jean Baptiste Djoumessi dans une de ses réflexions sur l'Etat en Afrique.
L'Etat post colonial tel qu'on le connaît en Afrique est tout le contraire de l'Etat impartial. Au lendemain des indépendances, encouragés par les réseaux qui voulaient perpétuer la colonisation à travers eux, des bandes oligarchiques se sont emparés du pouvoir partout en Afrique et l'on privatisé à leur profit personnel. Des illuminés et des hommes de peu de valeurs ont été encouragés à prendre le pouvoir par les armes et à étouffer dans l'œuf la démocratie qui était en train de prendre dans l'Etat colonial. Ainsi, l'apprenti journaliste Joseph Désiré Mobutu a pris position au Congo pour faire régner sa terreur et faire oublier Patrice Lumumba; les soldats de l'armée française, Jean Bedel Bokassa et Etienne Gnagsimbe Eyadema ont pris possession respectivement de la Rca et du Togo; l'autre soldat Idi Amin Dada a fait son cinéma en Ouganda; l'ancien agent des services secrets français Hissène Habré est posté au Tchad. Tous ces dirigeants et bien d'autres ont essentiellement dirigé en confisquant l'Etat s'il ne l'on pas tout simplement étranglé. C'est pourquoi il existe en Afrique aujourd'hui des pays comme la Somalie ou même le Tchad où l'Etat a disparu.
Aujourd'hui, après des années de coups de boutoir ayant servi à altérer l'essence même de l'Etat originel, l'Etat en Afrique présente une image bien piteuse qui ressort de cette description du politologue Guy Hermet : "la politisation de la haute fonction publique, l'extension du clientélisme, la prolifération d'une corruption douce. La lutte pour les postes se substitue à la confrontation des idées. L'engagement politique devient un alibi à peine masqué d'un plan de carrière, le leader politique un cheval sur lequel on mise. Des pans entiers de la société sont atteints par cette politisation clientélaire. Les recteurs d'académie, les présidents d'entreprises publiques, les équipes dirigeantes des chaînes de télévision non commerciales et bien d'autres valsent au rythme des changements politiques. Les cabinets ministériels dominent l'administration, renvoyée dans les soutes. Le service de l'Etat, la continuité de l'Etat, la neutralité de l'Etat, l'accès aux emplois publics selon les seuls talents et mérites, le sens de l'intérêt général, autant d'idées et de réalités qui sont reléguées au musée des antiquités. L'Etat est alors profondément dévalué aux yeux de ses agents comme de l'ensemble de ses membres, réduits à la condition d'usagers plus ou moins insatisfaits au gré des événements ou des avantages personnels qu'ils parviennent à arracher". C'est vrai qu'on n'est pas loin des clichés. Et pourtant c'est la triste réalité que chaque africain vivant en Afrique doit observer tous les jours et ressentir à son plus profond être. C'est donc sur cet Etat, complètement détérioré, que le Président François Mitterrand a semblé vouloir semer la graine de la démocratie à la fin des années 80 au travers de son discours de la Baule. Beaucoup ont pu dire qu'il n'y croyait même pas lui-même, qu'il s'agissait plutôt de l'interprétation de son discours fait par les autres. Toujours est-il que le coup était parti. L'Afrique a vécu l'illusion puis la désillusion. Au bout du compte, beaucoup d'observateurs pensent que si volonté de démocratiser y avait dans le discours de la Baule, ce n'était que pour mieux dissimuler le travail souterrain de pillage du continent opéré par la Françafrique.

LES SURVIVANCES DE LA FRANCAFRIQUE :
Il y a beaucoup de réalité dans le phénomène de la Françafrique. Mais il y a aussi beaucoup de fantasmes. Certains observateurs, notamment les anciens administrateurs français ayant servi en Afrique, sont eux-mêmes surpris devant l'importance que prend la Françafrique dans la confrontation entre la France et ses anciennes colonies. Bien qu'ils ne nient pas l'existence de ce réseau, ils trouvent néanmoins que le phénomène se nourri plus des peurs développées par les anciens colonisés. Autrement dit, par leurs peurs conjuguées, les Africains offriraient à la Françafrique un pouvoir dont il ne dispose pas de façon intrinsèque. Elle serait en fait une sorte de cinquième colonne.
Ceci dit, on se doit de reconnaître l'existence réelle de la Françafrique. Il s'agit d'un phénomène multiforme, multifacette. Elle a une partie visible et une partie immergée. Elle a une dimension étatique officielle et une dimension privée. Elle a des agents infiltrés au sein des appareils d'Etat sur le continent africain.
La partie visible est représentée par le réseau diplomatique français qui est l'un des plus puissant du monde. Certains médias constituent des maillons essentiels des réseaux françafricains. Les bases militaires sur le continent complètent ce dispositif. Elles sont cinq sur la continent : Djibouti, 2800 hommes; Sénégal, 1100 hommes; Gabon, 800 hommes; Côte d' Ivoire, 2400 hommes; Tchad, 2000 hommes. Auxquelles il faut ajouter les bases de Mayotte, 3800 hommes ainsi que 600 hommes sur les bateaux au large de l'océan indien. Officiellement, les bases militaires françaises ont pour rôle : défense du pays d'accueil; sauvegarde des ressortissants français; capacité d'entraînement pour les troupes françaises compte tenu de l'espace qu'on n'a pas toujours en France; enfin, réservoir pour la conduite des opérations régionales. La plupart des pays accueillant les bases militaires françaises avaient signés des accords de défense au lendemain des indépendances avec l'ex puissance colonisatrice. Certains de ces accords ont été transformés en accord de coopération militaire et technique.
Ce qui vient de se passer au Tchad, comme je l'ai souligné plus haut, est la manifestation la plus patente du phénomène françafricain. Il y a quelques mois, des ressortissants français ont voulu exfiltrer d'Abéché des enfants tchadiens masqués en orphelins du Darfour. L'opération dite de l'Arche de Zoé était née. Une opération aux contours bien flous dont on dit beaucoup de choses parfois très graves aujourd'hui. Au travers de cette opération, les tchadiens ont semblé s'affranchir de la tutelle française puisque les ressortissants français ont été jugés et condamnés par la justice tchadienne. Le Président tchadien, Idriss Déby Itno a eu des sorties assez corsées contre la France. Depuis quelques années, des frères d'arme et même de sang à Idriss Déby s'impatientent à la frontière soudanaise à quelques 800 kilomètres de Djamena, la capitale tchadienne. Soutenus ouvertement parle Soudan, ils veulent que Déby leur cède la place afin que eux aussi se servent les richesses du Tchad. Quelques unes de leurs incursions ont été stoppés par le dispositif militaire français. La France souhaite faire déployer une force européenne, Eufor, dans la région de façon à sécuriser les réfugiés du Darfour et à offrir une protection aux régimes en place au Tchad et en Centrafrique. Le projet est repoussé par le Soudan qui n'a jamais voulu d'une telle force, et par les rebelles tchadiens aussi bien évidemment puisqu'ils y voient un véritable bouclier visant à leur couper la route de Djamena. En début févier, alors qu'ils étaient jusque là contenu par le dispositif français, les rebelles tchadiens ont parcouru les 800 kilomètres en quelques jours jusqu'à Djamena où, si ne s'en tient qu'à la version des médias françafricains ils n'étaient plus qu'à quelques mètres du palais présidentiel où Deby s'était réfugié dans son bunker. La France lui aurait même proposé une exfiltration mais il a refusé arguant du fait qu'il est soldat et qu'un soldat ne fuit pas. Toujours est-il que Deby a réussi à sauver son pouvoir. Avec l'aide l'armée française ou celle des rebelles du Darfour? On ne le saura jamais avec exactitude, la guerre n'étant pas une partie du plaisir où on peut voir ce qui s'y passe. Mais écoutons plutôt le miraculé Idriss Deby lors de sa première conférence de presse. Il promet d'accorder la grâce présidentielle aux 6 condamnés du scandale de l'Arche de Zoé si la France en fait la demande. Ah le con! Par excès de joie, il a trahi tout le monde mettant ainsi à nu le dispositif françafricain mis sur pied pour lui faire comprendre qu'il n'était en fait qu'un concierge et comme tel, il n'avait pas à avoir quelques velléités d'indépendance. Mais on a bien compris qu'il s'agit là des méthodes certes éculées et un peu grossières de la Françafrique, mais toujours efficaces.
La Françafrique tient sa légitimité de ce qu'aux yeux des organisations internationales tels l'Onu ou l'union européenne, elle est la seule à même de pouvoir apporter des solutions aux problèmes qui se posent aux anciennes colonies de la France. Ceci remonte à la conférence de Berlin où les pays colonisateurs s'étaient retrouvés pour se partager les possession africaines et se reconnaître mutuellement les propriétaires de ces vastes étendus terrestres. Plus tard, ils ont fait accepter le même principe au sein de toutes les organisations internationales où ils pouvaient se retrouver. En clair, lorsque la Côte d'Ivoire a un conflit avec la France et se plaint auprès de l'Onu, cette dernière, même de façon officieuse, sollicite la France et lui demande la conduite à tenir. C'est la même chose quand il est par exemple question du Nigeria par exemple par rapport à la Grande Bretagne mais avec le paternalisme et la brutalité en moins.
Prenons par exemple le cas du dispositif Eufor que la France souhaite mettre en place dans la région. Il s'agit d'abord d'un dispositif français parce qu'il concerne ses possessions territoriales. La France fournit d'ailleurs la moitié des hommes et les pays européens participants fournissent l'autre moitié. C'est un peu comme des propriétaires terriens disposaient des plantations éloignées de leurs lieux d'habitation. A un moment donné, un d'eux constate que hordes de singes ont envahies sa plantation et détruisent ses récoltes. Alors, il appelle ses amis propriétaires terriens afin qu'ils viennent l'assister soit pour éloigner les prédateurs, soit pour les encager. Lorsqu'elle était confrontée au problème au Tchad, la France a sollicité l'Onu afin qu'elle lui donne des moyens juridiques pour agir et surtout pour qu'elle condamne la prise du pouvoir par les armes. Le conseil de sécurité ne pouvait que signer une déclaration allant dans ce sens. Il a bien sûr traîné les pieds puisqu'une déclaration juridiquement n'a aucun poids. Mais l'essentiel était fait. A savoir, faire comprendre à tous ceux qui l'avaient oublié que le Tchad était bel et bien une possession française.
La Françafrique, c'est aussi les régimes dictatoriaux qui se sont enkystés un peu partout dans l'Afrique francophone. Ils emploient un personnel françafricain constitué d'anciens diplomates français, de barbouzes, des sping doctors et des professeurs d'universités. Le cas le plus connu étant le professeur Charles Debarge qui s'occupe de la manipulation de la constitution au Togo depuis plusieurs années. D'autres, moins connus que lui dans d'autres pays du précarré français, élaborent chaque jour des stratégies permettant aux dictateurs de s'éterniser au pouvoir. Les Barbouzes pour leur part, sont chargés d'élaborer des méthodes toujours plus affinées de répression. Quant aux sping doctors, ils se chargent de soigner l'image du régime. Tout ce travail conjugué accouche finalement d'une stratégie de conservation du pouvoir en quatre points :
- Encercler et anéantir l'opposition politique en discréditant systématiquement ses leaders et en leur coupant les vivres par tous les moyens y compris les moyens les plus illégaux;
- Affamer le peuple dans la perspective clientéliste et mettre sur pieds le processus d'achat systématique de conscience lors des élections;
- Piéger l'élite proche du pouvoir dans la corruption et autres scandales de façon à les tenir et les servir en pâture à l'opinion;
- Tenir en respect les retraités qui lorgnent un peu trop du coté de l'opposition. Pour ce faire, piocher régulièrement dans leurs rangs pour des promotions inespérées
Depuis que ce processus de domestication de la démocratie a été mis sur pieds dans beaucoup de pays africains, plusieurs dictateurs s'y font élire à la régulière. Ils n'ont même plus besoin d'user de la fraude électorale. Ou bien lorsqu'ils s'en servent, c'est plus une fraude préélectorale qu'une fraude électorale ou post électorale. Autrement dit, on voit de moins en moins l'utilisation des mécanismes comme le bourrage des urnes, les votes multiples ou encore la falsification des procès verbaux. Tout se passe avant dans le découpage électoral, la distribution sélective des cartes d'électeurs et surtout l'achat des consciences d'un peuple soumis à une misère abjecte. De façon synthétique, on dirait que l'opposition est étouffée et muselée, l'élite proche du pouvoir est encouragée à s'enrichir en piochant dans les caisses de l'Etat grâce à la corruption qui est tolérée mais dont les preuves sont gardées pour être utilisées contre elle au cas où il ose quoi que ce soit; l'argent utilisé, il doit l'utiliser pour constituer pour le compte du chef de l'Etat dont il est qu'un envoyé, une clientèle politique, notamment en achetant les consciences des populations. C'est un peu une stratégie utilisée dans les milieux maffieux : on met sur pied une opération tordue bien sûr. Au bout du compte, tout le monde est éclaboussé sauf le chef qui au contraire tire plutôt le grand bénéfice de l'affaire. Ces types d'affaires, on les retrouve aussi dans les grandes démocraties telles la France où on parlerait volontiers de l'affaire du sang contaminé sous Mitterrand, l'affaire des HLM de Paris avec pour acteur principal Jacques Chirac ou encore l'affaire Clearstream qui a foiré avec le même Chirac.
L'arsenal mis sur pieds dans les pays africains vise à créer le vide autour du dictateur. On en fait ainsi le seul borgne au pays des aveugles, l'homme providentiel après qui on aura que le chaos. Et lorsqu'on demande à la France comment elle peut soutenir un dictateur, la réponse à toujours proche de celle donnée au sujet de Idriss Déby. A savoir qu'il n'y a pas de solution de rechange si ce n'est les bandes armées qui convoitent le pouvoir. Mais ce n'est qu'une tentative de la part de la France de noyer le poisson. La France a tous les moyens pour connaître ce qui se passe dans son précarré africain mais elle privilégie ses intérêts en maintenant des hommes à elle soumis. Et lorsqu'ils cessent d'être soumis, on peut toujours actionner quelque rébellion pour les tenir en respect.

LA GUERRE DES AUTRES
Depuis toujours, des bandes armées conduites parfois par des hommes manipulés de l'extérieur écument l'Afrique semant la mort et la désolation à la recherche du pouvoir qu'elles réussissent parfois à arracher. La guerre froide avait exacerbé le phénomène. Partout sur le continent, des bandes armées avaient pris position dans les maquis de leurs pays. Ils avaient pour noms Laurent Désiré Kabila, Jonas Savimbi, John Garang, Hissein Habré, Goukouni Oueddeï, Idriss Déby Yoweri Museveni, Paul Kagame, chief Emeka Odumegwu Ojuku. Certains étaient considérés comme des bons et faisaient des idoles parmi les jeunes, d'autres comme des affreux. C'était selon le camp dans lequel on se trouvait. En fait, lorsque le pouvoir en place était soutenu par les Etats-Unis, l'Union soviétique ou la Chine armait la rébellion et vis versa. Le continent était animé et lorsqu'une radio en occident devait parler de l'Afrique, c'était surtout pour faire le décompte macabre des morts dans les différents foyers de tension.
Le Tchad dont il est question aujourd'hui a connu son premier coup d'Etat en 1975. Il était perpétré par le colonel Abdel Kader Kamougué contre le président Garta Tombalbaye. Ce drame entre sudistes ouvrit grandement la voie aux tribus guerrières du Nord. Depuis lors, le pouvoir se passe entre les Toubous, les Goranes, les Gazawa. Aujourd'hui, il s'agit même d'une lutte intra familiale puisque, Timane Erdimi, l'un des leaders de la rébellion qui a failli renverser Deby n'est autre que son propre neveu.
Au début des années 90, l'illusion démocratique avait quelque peu démantelé les maquis africains. Mais depuis quelques années, après que beaucoup de prétendants au pouvoir sont parvenus à la conclusion selon laquelle les urnes ne pourront jamais leur permettre d'arriver à leur fin, des "libérateurs" ont repris les armes. Au Soudan, au Niger, en Ouganda, en Rdc Congo, au Rwanda, en Rca, au Tchad des hommes et des femmes mais aussi malheureusement des enfants se battent pour disent-ils libérer leur pays. Ils suscitent la sympathie des âmes sensibles parce que réellement, ces pays pris en otage par des régimes sangsues, sont à libérer. Mais le problème n'est pas simple. Il est même très complexe. D'abord parce que en dehors de quelques éléments dotés d'une culture politique acceptable, tous les autres leaders de ces rébellions ne sont que des illuminés manipulés de l'extérieur. Ils veulent juste parvenir au pouvoir et reproduire le système qu'ils ont chassé. Personne n'a envie de restaurer l'Etat et d'établir une vraie démocratie. Ce qui se passe au Tchad est très édifiant à ce titre. Idriss Deby avait accompagné Hissein Habré en tant que son lieutenant dans la rébellion qui avait chassé Goukouni Ouedeï du pouvoir. Quelques années après, Deby est tombé en disgrâce. Il a profité d'un stage en France pour négocier sa mise sur orbite. La France avait un vieux compte à régler avec Hissein Habré qui avait pris sur lui de faire exécuter le commandant Galopin, l'officier des renseignement français, venu négocier la libération des époux Claustre. Avec l'aide de la France, il avait réussi à renverser Hissein Habré en 1990. Il s'est engagé dans un nombrilisme démocratique qui a fini par ramener la bataille politique au sein de la famille. Comme tous ses compères africains, il a fait modifier la constitution pour se faire élire autant de fois qu'il veut à la magistrature suprême de son pays. Ne voyant plus d'issues pour eux-mêmes, ses propres partisans - ceux là même qui l'avaient accompagnés à Djamena lorsqu'il chassait Habré - dont les membres de sa propre famille, ont repris le maquis. Ne pouvant pas compter sur la France, ils surfent depuis sur la fréquence soudanaise à la recherche de la voie divine devant les conduire au pouvoir. Je suis tout à fait certain que s'ils parviennent au pouvoir, au bout de cinq ou dix ans, si celui à qui ils ont confié le trône le joue pas le jeu en passant la main, un autre de ses lieutenants repartira lui aussi au maquis et le cycle ne s'arrêtera jamais.
De son coté, Deby met le feu au Darfour en soutenant ouvertement les rebelles de cette région qui se bat contre le pouvoir de Khartoum. En guise de reconnaissance, ces rebelles soudanais sont venus se battre au Tchad aux cotés de l'armée tchadienne. Les rebelles tchadiens étaient sûrement accompagnés des rebelles centrafricains qui eux combattent le régime de François Bozizé qui lui avait été porté au pouvoir grâce au soutien actif de Idriss Deby parrainé par la France. Ils comptent ainsi aider leurs camarades tchadiens à s'emparer du pouvoir en espérant qu'une fois au pouvoir ces derniers les aideront à chasser François Bozizé. Comme on le voit, c'est toute la sous région qui est en voie de déstabilisation.
En fait, ce qui se passe dans cette sous région et dont l'épicentre se trouve au Darfour est une sorte de remake de la guerre froide. Seuls les acteurs ont quelque peu changé. Le problème vient de ce que la Chine a pris position au Soudan et soutient activement le régime d'Omar El Béchir. La Chine est intéressée par les ressources pétrolières du Soudan concentrée en majorité dans la Darfour. Les mêmes ressources sont convoitées par les pays occidentaux. Pour répondre au soutien que les chinois apportent au régime de El Béchir, les pays occidentaux arment les rebelles du Darfour et conduisent une propagande parfois ridicule visant à présenter le Darfour comme l'enfer de l'Afrique. Le conflit est caricaturé en une bataille rangée entre les méchants arabes symbolisés par leur milice Djinjawid appuyées par les forces gouvernementales et les pauvres tribus noires du Darfour qui n'ont que leurs yeux pour pleurer et leurs pieds pour traverser la frontière et se réfugier au Tchad.
On voit là le même schéma de présentation des conflits en Afrique. On évolue dans les mêmes sillons creusés par les ethnologues de la colonisation. Les conflits sont systématiquement décrits comme des heurts identitaires entre les ethnies qui se détestent et ne peuvent que se détester. Or, il s'agit d'une vision complètement erronée. En Afrique, on ne se bat pas entre ethnies comprises au sens ethnologique du terme. On se bat pour l'espace vital, on se bat pour la nourriture, on se bat pour le pouvoir considéré comme la mamelle nourricière. Au Rwanda qui reste aujourd'hui l'un des drames présenté comme un conflit inter-ethnique, les Hutu n'ont pas tué les Tutsi parce qu'ils étaient Tutsi et qu'ils les détestaient pour cela. Ils les ont tué parce que l'armée du Fpr qui étaient en train de marcher sur le pays était constituée en majorité de Tutsi. Prenant le pouvoir, cette armée devait les éloigner de la nourriture. Si le problème n'était que ethnique comme on veut le faire croire en occident, ils n'auraient pas tué les Hutus modérés qui étaient pourtant leurs frères de sang. En fait, il y a en Afrique une sorte d'instrumentalisation du fait ethnique de la part des hommes politiques. Si bien qu'en l'absence de la politique, les hommes en Afrique pourraient bien mettre en œuvre la notion de "branchement" développée par Jean Loup Amselle.
Un autre cliché très répandu et tout aussi erroné est celui du pouvoir ethnique. D'après une vision purement occidentale, les chefs d'Etats africains ne seraient entourés que des membres de leur propre famille ou de leur ethnie. C'est peut-être un souhait mais c'est loin d'être la réalité. Il n'y a pas en Afrique un pouvoir ethnique au sens anthropologique du terme. Autrement dit, il n'a pas de président qui ne soit entouré que des membres de son ethnie. Ils peuvent être majoritaires mais sont toujours contrebalancés par les membres d'autres ethnies. Il s'agit d'une sorte de jeux d'alliances. Au Cameroun par exemple où le président Paul Biya est d'ethnie Bulu, son directeur de la sécurité est Bamenda; son ange gardien est d'ethnie Toupouri alors que l'actuel secrétaire général de la Présidence qui est proche de toujours est lui d'ethnie Douala. Des mêmes connexions peuvent être repérées où vous trouverez en Côte d'Ivoire par exemple, un Baoulé ou même un Sénoufo très proche du président Gbagbo qui est d'ethnie Bété alors qu'à contrario vous verrez un Bété très opposé à lui. Si ethnie il y a, c'est que c'est une ethnie oligarchique. En effet, le pouvoir en Afrique est plus proche de l'oligarchie à prétexte ethnique qu'autre chose. Parfois, c'est un jeu d'équilibre instable et lorsque le dosage est bien fait les résultats sont au rendez-vous.

LA CROISSANCE MALGRE TOUT
Malgré les guerres et les catastrophes naturelles, la partie utile du continent africain, celle qui est épargné, enregistre une croissance économique époustouflante. D'après le centre de développement de l'Ocde citant les perspectives économiques en Afrique en 2007, "l’activité économique a progressé en Afrique de 5.5 pour cent en 2006 – bien au-delà de sa tendance de long terme et ce, pour la quatrième année consécutive. Le PIB par habitant a augmenté de près de 3.5 pour cent. La croissance devrait également s’accélérer en moyenne en 2007 et rester soutenue en 2008". Si l'on s'en tient à la hausse substantielle qu'ont connue les cours du pétrole ces derniers mois, il est fort à parier que la croissance des pays exportateurs du pétrole sera encore plus forte en 2008. Dans presque tous les pays d'Afrique même ceux jadis desservis par le climat les perspectives sont aussi bonnes comme le souligne le rapport : "Malgré un repli des cours agricoles, qui a lourdement pénalisé les pays tributaires de ces exportations, l’année 2006 a été meilleure que prévu. Les pays exportateurs de caoutchouc, de café et de crustacés ont pu, grâce aux bons prix obtenus, conforter leurs balances commerciales.
En dépit de la faiblesse des cours internationaux (de coton notamment), certains pays producteurs ont su tirer parti d’une météorologie favorable pour relancer sensiblement leurs exportations quand d’autres – en Afrique centrale et orientale (Madagascar, Rwanda et Tanzanie) et en Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina Faso, Ghana et Mali) ont également vu leurs exportations augmenter. D’autres pays aux exportations plus diversifiées (Égypte, Maurice et Maroc) ont eux aussi enregistré une forte croissance en volume".
Cette bonne santé économique qui dure depuis bientôt quatre ans prouve s'il en était encore besoin qu'il ne s'agit pas d'un phénomène passager. Elle montre aussi que les structures économiques mises sur pieds sont en train de porter leur fruit. Il reste à renforcer des structures et surtout d'investir dans le capital humain qui reste à ce jour un des vendre mous de l'Afrique comme le recommande les rédacteurs du rapport de l'Ocde : "Le défi consistera à s’assurer qu’une bonne partie des rentrées du secteur des ressources minérales sera investie dans le développement des infrastructures et du capital humain, afin de répondre aux besoins de diversification à moyen et longs termes. Les gains tirés de cette manne éphémère exigent une réorientation rapide des budgets publics. Cette transformation et le maintien de la croissance passent par une transparence accrue et la lutte contre la corruption. La poursuite de politiques macroéconomiques saines dans la plupart des pays du continent a renforcé la confiance des entreprises, d’où une reprise généralisée de l’investissement privé".
D'après l'agence de presse Pana citant le rapport Situation et perspectives de l'économie mondiale en 2008, "les Nations Unies attribuent la forte croissance économique du continent africain à l'importante demande intérieure, à la production minière et gazière en pleine expansion et au redressement observé après une longue période de récession dans plusieurs pays".
L'Afrique souffrait jusque là de la faiblesse des capitaux étrangers en direction du continent. Une situation qui serait en voie de se résorber. En effet, d'après un bulletin des Nations Unies au titre évocateur : "Afrique : les investissements directs étrangers ont battu des records en 2007", il est révélé "qu'en Afrique en particulier, les flux sont demeurés élevés, le 'boom' du marché des matières premières permettant d'atteindre le niveau sans précédent de 36 milliards de dollars".
Toutefois, la vigilance devrait être de mise et l'euphorie contenue. C'est d'ailleurs ce que recommande le rapport des Nations Unies : "Tout ralentissement significatif de l'économie mondiale réduira la demande d'exportations, provoquera une importante chute des prix des produits de base, et freinera, par conséquent, les perspectives de croissance du continent africain. En outre, l'inversion subite des flux de capitaux privés dans certains pays ainsi que la hausse des cours du pétrole associée à la faiblesse des flux de l'aide par rapport aux attentes, pourraient limiter l'investissement aussi bien public que privé et, par conséquent, poser de sérieux risques au redressement économique actuel"
Tout ceci confirme ce que j'ai toujours pensé et écrit de l'Afrique. A savoir qu'il s'agit d'un continent d'avenir. Il reste à régler le problème des conflits et des interférences étrangers qui en sont à l'origine. Ce n'est pas un problème insurmontable. A condition qu'on revienne aux fondamentaux pour bâtir des Etats réellement démocratiques.

ESQUISSE DE SOLUTIONS
Jusque là, j'étais résolument opposé à la prise du pouvoir en Afrique par les armes. Je disais comme les uns qu'il n'est pas question de déposer un pouvoir démocratiquement établi. Je la disais jusqu'à ce que je me penche sur ces "régimes démocratiques". J'ai alors compris qu'ils n'avaient de démocratique que de vernis. Je me suis dit comme les autres qu'un régime qui n'est plus capable d'assumer la mission qui lui a été confiée par le peuple souverain. A savoir subvenir aux besoins élémentaires de ses populations, ce régime là n'était plus qu'une bande de malfaiteurs qu'il faut chasser du pouvoir par tous les moyens y compris les armes. Mais après que j'ai dit cela, le plus dur commence en terme de questionnements interminables : qui mettre au pouvoir pour remplacer le président déchu? Quel crédit accordé à certains libérateurs qui ne sont en fait que des membres de l'oligarchie qui se sont fâchés avec leur leader et qui viendront reproduire le même système? Si l'on fait croire que le fait de détenir une arme offre une certaine supériorité sur ceux qui ne la détiennent pas, ne court-on pas vers un far west où le pouvoir ne reviendra qu'à celui qui tire le plus vite, une sorte de Lucky Luke local? Que va devenir a pratique politique sur le continent? A quoi ressembleront ces Etats soumis à une pression armée? Autant de questions qui montrent la difficulté qu'il y a à conduire ce problème. Et pourtant il y a en Afrique un certain nombre de pays dont la libération s'impose comme un impératif catégorique.
En Afrique, on doit revenir à la politique comprise comme sacrifice suprême au service du peuple souverain comme l'avaient compris Patrice Lumumba, Kwame Nkrumah ou encore Thomas Sankara. On doit aussi œuvrer pour la construction de l'Etat originelle avec à la base un contrat social entre les gouvernants et les gouvernés. Dans ce contrat, le pouvoir est la propriété des gouvernés qui le confient aux gouvernants pour l'exercice dans l'intérêt général. Ces gouvernants doivent être constamment évalués au travers des élections soit pour les sanctionner soit pour les conforter. Mais si au bout du compte, toutes les voies démocratiques pour assurer l'alternance politique dans le pays continuent d'être obstrués et qu'une oligarchie continue de confisquer le pouvoir, alors, il ne restera plus que la prise des armes comme solution ultime. Il faudra alors s'attendre à voir plusieurs foyers de tension s'ouvrir en Afrique. Un cycle auquel il faudra bien mettre fin et assurer le développement paisible du continent.
C'est dans cette optique que je m'en vais faire un certain nombre de propositions visant à réguler ces prises de pouvoir par les armes. Il faut toutefois reconnaître que la prise des armes ne devrait être qu'une exception et non une règle.
Celui qui dépose un régime jugé autocratique par les armes doit recevoir le titre de "libérateur national". Il doit lui être reconnu un statut et une indemnité viagère se rapportant à ce statut. Au plan protocolaire, le "libérateur national" doit mériter d'une place de choix à la tribune officielle lors des cérémonies nationales. Son nom doit être intégré dans les livres et enseigner aux enfants. En retour, le "libérateur national" doit renoncer à tout jamais à la pratique politique, de près ou de loin. Cette proposition est faite en tenant compte de l'idéal évoqué plus haut. A savoir le retour à la politique du sacrifice suprême. On considère donc que si quelqu'un est capable de sacrifier sa vie pour l'idéal national, il pourrait aussi sacrifier un idéal personnel qui est celui de diriger en position suprême. L'indemnité accordée tient compte du fait qu'en Afrique, près de 99% de ceux qui prennent les armes le font pour des raisons alimentaires. Il faut donc combler chez eux ce vide, peut-être pas au niveau où ils avaient espérer mais c'est aussi çà le sacrifice.
Aux lieutenants directs du "libérateur national", il sera reconnu le titre de "compagnons de la libération". Ils devront être casés en fonction de leurs compétences. Comme le "libérateur national", ils doivent eux aussi renoncer à la pratique politique. Il doit leur être attribué des médailles auxquelles sont attachés un certain nombre d'avantages en nature par exemple l'accès gratuit à divers lieux publics et autres.
Lorsque le chef de l'Etat déchu est chassé du pouvoir, celui-ci est confié au doyen d'âge de l'opposition civile. Ce dernier a l'obligation d'organiser les élections dans un délai de 100 jours. Elections auxquelles il ne prendra pas part.
Toutes ces propositions sont faites en tenant compte du fait qu'il faut remettre la générosité au centre de la politique. C'est elle qui poussera les uns à se mettre au service des autres parfois dans l'oubli total d'eux-mêmes. Je crois que c'est finalement cela l'idéal politique.

Etienne de Tayo
Promoteur "Afrique Intègre"
www.edetayo.blogspot.com

mardi 5 février 2008

COUPE D'AFRIQUE DES NATIONS : ET SI CE N'ETAIT QUE L'ARBRE QUI CACHE LA FORÊT?


J'ai eu l'occasion l'autre jour de m'entretenir avec le sélectionneur de l'équipe de France, Raymond Domenech. Et lorsque je lui ai demandé, alors que la coupe d'Afrique des nations se déroule au Ghana, de me donner son point de vue sur l'évolution du football africain ces dernières années, il a eu cette réponse cinglante : "çà ne veut plus rien dire le football africain, tous les joueurs africain jouent en Europe", a-t-il dit.


Cette réponse, d'un fin connaisseur du football, avait l'avantage de sa sincérité, de sa lucidité et de sa franchise. Aussitôt, elle a fait naître en moi une série d'interrogations par rapport au football dit africain. A-t-il jamais existé un football africain? Pourquoi, alors que les joueurs africains brillent de mille feux de par le monde et signent des contrats mirobolants, le football des clubs pourrit sur pied sur le continent? Après l'extraversion économique, l'Afrique connaît-elle l'extraversion footballistique? Que font les Etats africains dans la promotion du football sur le continent? Coupe d'Afrique des Nations ou super championnat européen se jouant sur le continent africain? La Can serait-elle un cache sexe qui ne dit pas son nom? Autant de questions et bien d'autres qui doivent se poser à notre conscience d'africain.
Avant que la traite des joueurs africains ne passe à l'étape industrielle dans les années 80, il a bel et bien existé un football africain. A cette époque là, la fête du football africain n'avait pas besoin de stars venues d'Europe et d'ailleurs pour afficher ses couleurs. C'était parfois beaucoup plus un football de clubs que celui des nations. Je peux citer de mémoire quelques clubs qui ont drainé des foules dans des stades avant de faire vibrer leurs cœurs à l'unisson : As Bilima, Fc 105, Heat of Hock, Inugu Rangers, Ashanti Kotoko, Canon, Tonnerre, Union, Hafia, Asec Mimosa, Africa sports, Zamalek, Raja,Tout puissant Mazembè… Ces équipes là n'étaient pas seulement des équipes. Elles devenaient parfois, le temps d'une compétition, le cœur de tout un peuple. C'est le Canon de Yaoundé par exemple, de par ses exploits aux Zaïre de l'époque, qui a réussi à arracher cette exclamation devenue légendaire à un commentateur zaïrois : "Ba na ba Camerounais, Bazalaki sorciers" (Ces Camerounais là sont des sorciers). Juste pour montrer comment le football des clubs africains avait parfois une primauté sur le football des équipes nationales.
Malheureusement, certains de ces clubs mythiques ne sont plus aujourd'hui que l'ombre d'elles mêmes. Elles ont été supplantées par des pépinières ou si vous voulez des usines de fabrication des produits semi-finis pour les clubs professionnels en Europe. Les clubs ne sont plus là pour offrir le spectacle comme jadis mais pour faire une exhibition à l'attention des agents et recruteurs de joueurs venus d'Europe et d'ailleurs. Conséquence, les stades se sont vidés, les recettes ont tari et le cercle vicieux s'est installé. Aujourd'hui, dans la plupart des pays africains, les jeunes et malheureusement aussi les moins jeunes connaissent plus les championnats européens que leurs propres championnats nationaux. Pour se consoler, ils donnent l'impression de soutenir au travers cette équipe étrangère, leur compatriote qui y évolue. C'est pourquoi, à cause ou grâce à Eto'o, les matchs de Barcelone sont suivis au Cameroun plus qu'à Paris ou même à Madrid.
Hier, nous admirions et nous étions comblés par des joueurs qui n'avaient que leur passion pour tout salaire. Ils jouaient pour se faire plaisir et offrir le spectacle aux spectateurs. Et c'est pourquoi les stades se remplissaient. Il se créait entre le joueur et son public, une relation faite d'émotion partagée. C'est la force de cette relation qui poussait le joueur à se donner à fond, parfois jusqu'à la dernière goutte de sueur. Comme on dit, il mouillait le maillot pour son public et se nourrissait en retour d'adrénaline et de la reconnaissance. En retour, le public chantait son nom et l'élevait aux rangs des dieux vivants. Il ne gagnait pas l'argent, il était l'argent. Partout où il passait les portes lui étaient grandement ouvertes. Les autres payaient pour lui et en étaient fiers.
Aujourd'hui, le jeune qui commence dans le football est conscient de ce que les stades d'Afrique ne sont qu'un tremplin pour lui. Il doit donc se préserver et n'offrir que ce qui peut être suffisant aux négriers des temps moderne venus faire des recrutements. Pour lui, le public africain n'existe pas. Il préférerait même jouer à huis clos, juste devant les recruteurs. Très vite, le jeune qui aspire à une carrière européenne a pris conscience de ce que son pied est une ressource qu'il n'investira réellement qu'une fois parvenu au football professionnel qui est l'objectif suprême. Il a intégré les règles du capitalisme footballistique dans lequel on investi ses pieds pour récolter les dividendes. Il ne peut donc pas risquer ce pied précieux. Conséquence, il joue la prudence, comme d'ailleurs son vis-à-vis sur le terrain qui a les mêmes motivations que lui. Et le spectacle fout le camp.
Que je sois bien compris, la professionnalisation du football n'est a priori pas une mauvaise chose. Elle devient une mauvaise chose quand on ne sait pas tirer meilleure partie. Alors elle peut produire exactement le contraire de ce qu'on est en droit d'attendre d'elle. Le football est d'abord un sport, c'est-à-dire un divertissement qui peut servi de ciment à un peuple. Certains ont pensé qu'il pouvait aussi devenir une industrie, un bizness. L'Afrique doit prendre toute la dimension de cette nouvelle orientation, l'embrayer ou la contrarier. En tout cas, elle est obligée de prendre la mesure du phénomène.

LE PARADOXE

Le paradoxe du football africain vient de ce que les transferts massifs des joueurs depuis bientôt trois décennies rapportent beaucoup d'argent aux équipes pépinières sur le continent. Certaines équipes en Afrique reçoivent parfois annuellement l'équivalent de 100 millions de francs CFA pour les divers transferts des joueurs. C'est par exemple l'équivalent du budget de toutes les équipes du championnat au temps de la gloire du football africain. De leur coté, certains joueurs professionnels font des transferts des sommes énormes en direction de leurs anciens clubs ou tout simplement en direction des autorités sportives de leurs pays. Et pourtant cette même période faste coïncide avec la dégradation de la santé de ce même football sur le continent. Le problème vient de ce que certaines personnes ayant investi dans le football, notamment en créant des équipes, se comportent finalement comme des sangsues pour le sport roi en Afrique. En fait, l'argent qu'ils tirent du football est très souvent investi ailleurs dans d'autres secteurs d'activité.
L'argent du football est venu déstabiliser l'organisation même de ce sport dans beaucoup de pays en Afrique. Dans beaucoup de pays des batailles rangées opposent constamment le ministère en charge des sports et la fédération du football. La Fifa est souvent obligée d'intervenir en arbitrage. Le problème central est partout le même : qui va gérer le pactole que rapporte le football? Le poste de président de la fédération du football jadis un strapontin en bois abandonné aux professeurs d'éducation physique, est aujourd'hui convoité par tous les cercles de pouvoirs. La confédération africaine de football a institué une champions league sur le modèle de ce qui se fait en Europe. L'objectif était d'offrir plus de ressources financières aux équipes. Mais malgré cette disposition, les équipes continuent d'être mal gérées et les joueurs mal payés ne lorgnent que l'hypothétique carrière professionnelle.
Face à ce problème, les dirigeants africains ont une fois de plus étalé leurs incuries. Sur l'argent du sport par exemple, un Etat a bien les capacités et les moyens pour contraindre ceux qui ont gagné de l'argent dans le football, notamment en "vendant des joueurs", de le réinvestir dans cette même discipline. Je crois que dans certains pays comme le Cameroun, une loi a même été prise dans ce sens. Réinvestir dans le football; c'est contribuer à la construction des stades, c'est créer des centre de formation; c'est organiser des tournois pour jeunes afin de constituer une pépinières pour le football national; c'est offrir une rémunération conséquente au joueurs pour limiter le nombre de ceux qui ne voient leur salut que dans un football professionnel. Il faut limiter l'extraversion mais aussi démonter l'illusion. Les jeunes en Afrique aujourd'hui vivent une trop grosse illusion. Beaucoup ont abandonné l'école et misent sur le football et surtout sur une carrière professionnelle. Or, il se trouve que dans ce domaine, le taux de réussite est très faible. Sur 10 jeunes qui sortent d'Afrique pour raison de football, seulement 1 réussi très souvent à faire une carrière professionnelle. Les autres rentrent dans la précarité en Europe.
Être extraverti, c'est fabriquer ce qu'on ne consomme pas et consommer ce qu'on ne fabrique pas. L'extraversion footballistique que vit le football africain aujourd'hui s'explique par le fait que l'Afrique extrait des joueurs qu'elle envoie en Europe, cette dernière fabrique le spectacle footballistique à base de certains de ces joueurs et ce spectacle est abondamment consommé en Afrique aujourd'hui. Il faut être au Cameroun et voir le Camerounais autour de leurs postes de téléviseur en train de regarder et d'entrer en symbiose avec le match de Barcelone qui se joue à 6000 kilomètres de là pour mieux comprendre ce phénomène. De temps à autre comme à l'occasion de la coupe d'Afrique par exemple ou comme sera le cas lors de la coupe du monde en Afrique du sud en 2010, le spectacle est déplacé en Afrique un peu comme si Peugeot décidait de faire une exposition de ses modèles en Afrique ou que Nestlé faisait une fête du chocolat en Côte d'Ivoire. Les dirigeants africains doivent travailler pour l'enracinement du football sur le continent.
Compte tenu de tout ce qui précède, il ne serait pas exagéré d'affirmer que la coupe d'Afrique tels qu'elle se déroule aujourd'hui n'est en réalité que le super championnat du football européen se déroulant en Afrique. Tenez par exemple, à l'exception des équipes nationales du Maghreb et celles de l'Afrique australe, toutes les autres équipes africaines présentent des effectifs composés à 98% des professionnels (voir ci-dessous les sélections pour la Can 2008). Pour la majorité d'ailleurs, les effectifs entrants sont à 100% composés de professionnels. C'est vrai, cela relève le niveau du spectacle et donne l'envie de regarder une coupe d'Afrique des Nations comme on regarderait la coupe du monde par exemple. Mais cela n'est finalement qu'un cache sexe qu'il faudra tôt ou tard, soit l'enlever complètement et rester nu, soit acquérir des vêtements.

Par Etienne de Tayo
Promoteur de Afrique Intègre



LISTE DES JOUEURS SELECTIONNES POUR LA COUPE D'AFRIQUE DES NATIONS DU GHANA 2008

Liste des joueurs Guinéens sélectionnés
Gardiens : Camara Kemoko (sans club), Yattara Naby (Couillet/Belgique), Diarso Naby (Satellite/Guinée) ;
Défenseurs : Jabi Daouda (Trabonsport/Turquie), Kalabane Oumar (Manisasport/Turquie), Baldé Dian Bobo (Celtic/Ecosse), Camara Ibrahima (Le Mans/France), Baldé Habib (Reims/France), Zayatte Camille (Young Boys Berne/Suisse), Diallo Alimou (Silvaspor/Turquie), Camara Alsény (Rodez/France) ;
Milieux défensifs : Sylla Kafory(Sivaspor/Turquie), Cissé Mohamed (Bursapor/Turquie), Sacko Mohamed (Etoile du Sahel/Tunisie), Constant Kevin (Toulouse/France) ;
Milieux offensifs : Bangoura Ismael (Dynamo Kiev/Ukraine), Mansaré Fodé (Toulouse/France), Feindouno Pascal (St Etienne/France), Johnson Samuel (Ismailia/Egypte), Correa Victor (Cherbourg/France), Soumah Naby (Sfax/Tunisie),
Attaquants : Cissé Karamoko (Hellas Verone/Italie), Youla Souleymane (Lille/France).

La liste des joueurs Maliens sélectionnés :
Gardien : Mahamadou Sidibé (Pasginnia, Grèce), Oumar Sissoko (Metz, France).
Défenseurs : Souleymane Diamouténé (Lecce, Italie), Adama Coulibaly dit Police (Lens, France), Cedric Kanté (Nice, France), Adama Tamboura (Helsingborg, Suède), Boubacar Koné (Fès, Maroc), Moussa Coulibaly (Mouloudia d’Alger), Fousseyni Diawara (Saint-Etienne, France), Sékou Berthé (Grèce), Sammy Traoré (Auxerre, France), Eric Sekou Chelle (Valencienne, France).
Milieux : Djibril Sidibé (Châteauroux, France), Mahamadou Diarra dit Djila (Réal de Madrid, Espagne), Seydou Keïta (FC Séville, Espagne), Mohamed Lamine Sissoko dit Momo (Liverpool, Angleterre), Bassala Touré (Levadiakos, Grèce), Alfousseyni Keïta, Modibo Maïga (Le Mans, France), Drissa Diakité, El Hadj Mahamane Traoré (Nice, FRance), Soumaïla Coulibaly (Moenchengladbag, Allemagne).
Attaquants : Frédéric Oumar Kanouté (FC Séville, Espagne), Dramane Traoré (Locomotive de Moscou, Russie), Mamadi Sidibé (Stoke City, Angleterre), Mamadou Diallo (FC Qatar), Mahamadou Diassa (Rookers, Belgique), Bekaye Traoré (Amiens, France).

Liste des joueurs marocains sélectionnés :
-Khalid Fouhami (Raja Casablanca) -Abdelilah Bagui (Moghreb Fès) -Nadir Lamyaghri (Wydad Casablanca) -Michael Bassir (Nancy/France) -Abdessamad Chahiri (Difaa El Jadida) -Abdeslam Ouaddou (Valenciennes/France) -Amine Rbati (Dafra/Emirats Arabes Unis) -Jamal Allioui (Sion/Suisse) -Talal El Karkouri (Al Qatari/Qatar) -Badr El Kadouri (Dynamo Kiev/Ukraine) -Hicham Mahdoufi (Metallist/Ukraine) -Youssef Safri (Southampton/Angleterre) -Houcine Kharja (Piacenza/Italie) -Abdelkrim Kaissi (Enosis Paralimni/Chypre) -Abderrahmane Kabous (CSK Sofia/Bulgarie) -Youssef Hajji (Nancy/France) -Youssef Mokhtari (MSV Duisburg/Allemagne) -Hicham Aboucherouane (Espérance Tunis/Tunisie) -Marouane Chamakh (Bordeaux/France) -Soufiane Alloudi (El Ain/Emirats Arabes Unis) -Tarik Sektioui (FC Porto/Portugal) -Bouchaib Lambarki (Grenoble/France) -Moncef Zerka (Nancy/France)
La liste des 23 joueurs sélectionnés du Sénégal :
Gardiens : Tony Sylva (Lille/FRA), Bouna Coundoul (Colorado Rapids/USA), Cheikh Tidiane Ndiaye (Créteil/FRA).
Défenseurs : Habib Bèye (Newcastle/ANG), Ibrahima Faye (Troyes/FRA), Guirane Ndaw (Sochaux/FRA), Abdoulaye Diagne Faye (Newcasttle, ANG), Ibrahima Sonko (Reading/ANG), Mohamed Adama Sarr (Standard Liège/BEL), Souleymane Diawara (Bordeaux/FRA), Lamine Diatta (sans club).
Milieux : Bayal Sall (Saint-Etienne/FRA), Pape Bouba Diop (Portsmouth/ANG), Ousmane Ndoye (Académie Coimbra/POR), Malick Bâ (FC Bâle/SUI), Pape Waïgo Ndiaye (Gênes/ITA), Babacar Guèye (Metz/FRA), Diomansy Kamara (Fulham/ANG), Frédéric Mendy (Bastia/FRA).
Attaquants : El Hadji Diouf (Bolton/ANG), Mamadou Niang (Marseille/FRA), Henri Camara (West Ham/ANG), Modou Sougou (Leiria/POR).

La liste des joueurs tunisiens sélectionnés :
Gardiens : Hamdi Kasraoui (Espérance Tunis), Adel Nefzi (Club africain/Tunisie), Aymen Mathlouthi (Etoile du Sahel/Tunisie).
Défenseurs : Wissem Abdi (Zamalek-Egypte), Sabeur Ben Frej (Etoile Sahel), Karim Hagui (Bayer Leverkusen-Allemagne), Yassine Mikari (Grasshoppers-Suisse), SeifGhezal (Etoile du Sahel) Mehdi Meriah (Etoile Sahel), Radhouane Felhi (Etoile Sahel), Radhi Jaidi (Birmingham City/Angleterre), Wissem Bekri (Espérance Tunis).
Milieux : Chaouki Ben Saada (FC Bastia/France), Jawhar M’Nari (FC Nuremberg-Allemagne), Mehdi Nafti (Birmingham City -Angleterre), Kamel Zaiem (Espérance Tunis), Chaker Zouaghi (Locomotive Moscou- Russie), Majdi Traoui (Etoile Sahel).
Attaquants : Yassine Chikhaoui (FC Zurich), Silva Dos Santos (FC Toulouse-France), Issam Jemaa (FC Caen/France), Mohamed Amine Chermiti (Etoile Sahel), Mehdi Ben Dhifallah (Etoile Sahel).

Liste des 23 joueurs angolais sélectionnés :
Gardiens de but : Lamá (Petro de Luanda, Angola), Nuno (Atlético Sport Aviação, Angola) et Mário (Interclube, Angola).
Défenseurs : Yamba Asha (Petro de Luanda, Angola), Locó (Primeiro de Agosto, Angola), Jamba (Atlético Sport Aviação, Angola), Delgado (Metz, France), Marco Airosa (Clube Fátima, Portugal), Manuel Machado (Anadia FC, Portugal) et Kali (Sion, Suisse).
Milieux de terrain : Rui Marques (Leeds United, Angleterre), Zé Calanga (Boavista, Portugal), Gilberto (Al Ahly, Egypte), Figueiredo (Oster, Suède), Mendonça (Belenenses, Portugal), André Macanga (Koweït Sport Club, Koweït), Maurito (Koweit Sport Club, Koweït), Mateus Galiano (Boavista, Portugal), Adérito Carvalho "Dedé" (Paços de Ferreira, Portugal) et Edson Nobre (Paços de Ferreira, Portugal).
Attaquants : Manucho Gonçalves (Manchester United, Angleterre), Flávio Amado (Al Ahly, Egypte) et Love Kabungula (Primeiro de Agosto, Angola).

Listes des 23 joueurs béninois sélectionnés :
Gardiens de but : Chitou Rachad (Wikky, Nigeria), Yoann Djidonou (Red Star, France), Valère Amoussou (Mogas 90, Bénin)
Défenseurs : Romuald Bocco (Accrington Stanley, Angleterre), Alain Gaspoz (FC Bagnes, Suisse), Damien Chrysostome (Casale, Italie), Abdou Khaled Adénon (ASEC Mimosas, Côte d’Ivoire), Anicet Adjamonsi (US Créteil, France), Séïdath Tchomogo (East Riffa, Brunei), Noël Séka (FC Fyn, Danemark), Traoré Mahamadou Aï (Panthères, Bénin) et Achille Rouga (Stade Rennais, France).
Milieux de terrain : Jocelyn Ahouéya (FC Sion, Suisse), Oumar Tchomogo (Portimonense, Portugal), Stéphane Sessègnon (Le Mans, France), Mouritala Ogoubiyi (Étoile Sportive du Sahel, Tunisie), Jonas Okétola (Zulu FC, Afrique du Sud) et Djiman Koukou (Soleil, Bénin).
Attaquants : Razack Omotoyossi (Helsingborg, Suède), Wassiou Oladipipo (JSK, Algérie), Abou Maïga (US Créteil, France), Sosthène Soglo (Energie, Bénin) et Ouzérou Abdoulaye (Buffles, Bénin).

Liste des 23 joueurs ghanéens sélectionnés:

Gardiens de but: Richard Kingson (Birmingham City/ENG), Sammy Adjei (Ashdod/ISR), Fatau Dauda (AshantiGold/GHA).Défenseurs: John Paintsil (West Ham/ENG), Hans Adu Sarpei (Bayer Leverkusen/GER), Nana Kwasi Asare (FC Mechelon/BEL), John Mensah (Rennes/FRA), Alhassan Illiasu (FC Saturn/RUS), Afful Harrison (Asante Kotoko/GHA)Milieux de terrain: Anthony Annan (I.K. Start/NOR), Eric Addo (PSV Eindhoven/NED), Michael Essien (Chelsea/ENG), Bennard Kumodzi (Panionios FC/GRE), Laryea Kingston (Hearts/SCO), Haminu Draman (Lokomotiv Moscou/RUS), Sulley Muntari (Portsmouth/ENG), Andre Ayew (Olympique de Marseille/FRA), Ahmed Barruso (AS Rome/ITA)Attaquants: Asamoah Gyan (Udinese/ITA), Baffuor Gyan (FC Saturn/RUS), Junior Agogo (Nottingham Forest/ENG), Quincy Owusu-Abeyie (Celta Vigo/ESP), Kwadwo Asamoah (Liberty Professionals/GHA)

Liste des 23 joueurs sélectionnés de la Guinée
Gardiens :Kémoko Camara (sans club)Naby Yattara (Couillet/BEL)Naby Diarso (Satellite FC)Défenseurs :Ibrahima Camara (Le Mans/FRA)Alsény Camara (Rodez/FRA)Habib Jean Baldé (Reims/FRA)Daouda Jabi (Trabzonsport/TUR)Oumar Kalabane (Manisaspor/TUR)Dian Bobo Baldé (Celtic/ECO)Kamille Zayatte (Young Boys Berne/SUI)Mohamed Alimou Diallo (Sivaspor/TUR)Milieux de terrain :Kévin Constant (Toulouse / FRA)Pascal Feindouno (Saint-Etienne/FRA)Kanfory Sylla (Sivaspor / TUR)Mohamed Cissé (Bursaspor / TUR)Mohamed Sako (Etoile du Sahel / TUN)Samuel Johson (Ismaïlia/EGY)Naby Soumah (CS Sfaxien/TUN)Attaquants :Souleymane Youla (Lille/FRA)Fodé Mansaré (Toulouse/FRA)Victor Corréa (Cherbourg/FRA)Ismaël Bangoura (Dynamo Kiev/UKR)Karamoko Cissé (Hellas Verone/ITA)

Listes des 23 joueurs sélectionnés de la Namibie
Gardiens de butAthiel Mbaha (Orlando Pirates)Abisia Shiningayamwe (Jomo Cosmos)Aphraim Tjihonge (Black Leopards)DéfenseursJeremiah Baisako (Ramblers)Michael Pienaar (Ramblers)Franklin April (Civics)Richard Gariseb (BIDVest Wits)Gottlieb Nakuta (Blue Waters)Maleagi Ngarizemo (Le Cap)Hartman Toromba (Black Leopards)Milieux de terrainBrian Brendell (Civics)Jamunovandu Ngatjizeko (Civics)Wycliff Kambonde (Jomo Cosmos)Sydney Plaatjies (Jomo Cosmos)Collin Benjamin (Hambourg)Quinton Jacobs (Bryne)Oliver Risser (Bonner)Abraham Shatimuene (Primeiro Agosto)AttaquantsRudolf Bester (Eleven Arrows)Lazarus Kaimbi (Jomo Cosmos)Muna Katupose (Oshakati City)Jabob Pineas (Ramblers)Levis Swartbooi (Primeiro Agosto)

Listes des 23 joueurs sélectionnés du Nigeria
GardiensVincent Enyeama (Hapoel Tel Aviv/ISR)Austin Ejide (Bastia/FRA)Dele Aiyenugba (Bnei-Yehuda/ISR)DéfenseursOnyekachi Apam (Nice/FRA)Taye Taiwo (Marseille/FRA)Joseph Yobo (Everton/ANG)Obinna Nwaneri (FC Sion/SUI)Danny Shittu (Watford/ANG)Rabiu Afolabi (Sochaux/FRA)Ifeanyi Emeghara (Steaua Bucarest/ROM)Richard Eromoigbe (Levski Sofia/BUL)Milieux de terrainObi Mikel (Chelsea/ANG)Seyi Olofinjana (Wolverhampton/ANG)Onyekachi Okonkwo (FC Zurich/SUI)Dickson Etuhu (Sunderland/ANG)AttaquantsIkechukwu Uche (Getafe/ESP)Obinna Nsofor (Chievo Verone/ITA)Osaze Odemwingie (Lokomotiv Moscou/RUS)John Utaka (Portsmouth/ANG)Nwankwo Kanu (Portsmouth/ANG)Obafemi Martins (Newcastle/ANG)Ayodele Makinwa (Lazio Rome/ITA)Yakubu Aiyegbeni (Everton/ANG)

Listes des 23 joueurs sélectionnés de Côte d'Ivoire
Gardiens : Boubacar Barry (Beveren, BEL), Gerard Gnanhouan (Montpellier, FRA), Jean-Jacques Tizie (Esperance, TUN)Défenseurs : Arthur Boka (Strasbourg, FRA), Guy Demel (Hambourg SV, ALL), Cyrille Domoraud (Créteil, FRA), Emmanuel Eboue (Arsenal, ANG), Blaise Kossi Kouassi (Troyes, FRA), Abdoulaye Méite (Marseille, FRA), Kolo Toure (Arsenal, ANG), Marc Zoro (Messine, ITA)Milieux de terrain : Kanga Akale (Auxerre, FRA), Emerse Fae (Nantes, FRA), Christian Koffi Ndri (Le Mans, FRA), Siaka Tiene (Saint-Etienne, FRA), Gilles Yapi Yapo (Nantes, FRA), Gneri Yaya Toure (Olympiakos Pirée, GRE), Didier Zokora (Saint-Etienne, FRA)Attaquants : Aruna Dindane (Lens, FRA), Didier Drogba (Chelsea, ANG), Bonaventure Kalou (PSG, FRA), Arouna Kone (PSV Eindhoven, PBS), Bakary Kone (Nice, FRA).

Listes des 23 joueurs sélectionnés d'Egypte
GardiensEssam al-Hadary (Al-Ahly)Mohamed Moncef (Zamalek)Mohamed Sobhi (Ismailia)DéfenseursMahmoud Fathallah (Zamalek)Tarek al-Sayed (Zamalek)Sayed Moawad (Ismailia)Hani Saied (Ismailia)Shady Mohamed (Ahly)Ahmed Fathi (Ahly)Wael Gomaa (Al-Siliya/QAT)Ibrahim Saied (Ankaragucu/TUR)Ahmed al-Muhammadi (ENPPI)Milieux de terrainsOmar Gamal (Ismailia)Hosni Abd Rabou (Ismailia)Mohamed Aboutraika (Ahly)Ahmed Hassan (Anderlecht/BEL)Hassan Mostafa (Al-Wehda/ARS)Mohamed Shawky (Middlesbrough/ANG)Ahmed Shaaban (Petrojet)AttaquantsMohamed Fadl (Ismailia)Emad Moteab (Ahly)Amr Zaki (Zamalek)Mohamed Zidan (Hambourg/ALL)

La liste des 23 joueurs sélectionnés du Cameroun :

Gardiens:- Kameni Idriss Carlos (Espanyol de Barcelone, Espagne)- Hamidou Souleymanou (Denizlispor Turquie)- Janvier Mbarga (Canon Sportif de Yaounde)Défenseurs :- Rigobert Song Bahanag (Galatassaray, Turquie)- Benoit Angbwa (Saturn Moscou, Russie)- Timothée Atouba Essama (Hambourg, Allemagne)- Andre Bikey Amougou (Reading FC, Angleterre)- Bill Tchato (Qatar Sport Club, Qatar)- Gilles Augustin Binya (Benfica Lisbon, Portugal)Milieux :- Geremi Njitap (Newcastle, Angleterre)- Jean II Makoun (Lille, France)- Achille Emana (Toulouse, France)- Modeste Mbami (Olympique de Marseille, France)- Jean Joel Epalle (Bochum, Allemagne)- Stephan Mbia Etoundi (Rennes, France)- Landry Nguemo (AS Nancy, France)- Alexandre Song Bilong (Arsenal, Angleterre)- Alain Nkong (Atlente, Mexique)- Paul Tchamba Essola (Arsenal de kiev, Ukraine)Attaquants :- Samuel Eto’o Fils (Barcelona, Espagne)- Mohamadou Idrissou (uisbourg MSV, Allemagne)- Joseph Désire Job (Nice, France)- Bertin Tomou (Excelsor Mouscron, Belgique)

Listes des 23 joueurs sélectionnés du Soudan
Gardiens: Bahaeddine Abdallah (Al Merreikh), Mahjoub El Moez (Al Hilal), Akram El Hadi Salem (Al Merreikh).Défenseurs: Mohamed Ali Khidr (Al Hilal), Ahmed Al Bacha (Al Merreikh), Moussa Al Tayeb (Al Merreikh), Omar Bakhit (Al Hilal), Amir Damar (Al Merreikh), Alaeddine Ahmed Gibril (Al-Hilal), Khalid Hassan (Al Hilal).Milieux de terrain: Yousef Alaeddine (Al-Hilal), Hamouda Béchir (Al Hilal), Badreddine El Doud (Al Merreikh), Saifeddine Ali Idriss (Al Hilal), Hassan Isaac Korongo (Al-Hilal), Richard Justin Lado (Al Hilal), Moujahid Mohamed (Al Merreikh), Haitham Moustafa (Al-Hilal), Mohamed Taher (Al Hilal).Attaquants: Abdelhamid Amari, Faisal Ajab, Alaeddine Babikr, Haitham Tambal (Al Merreikh).


Listes des 23 joueurs sélectionnés de la Zambie
Gardiens de butKalililo Kakonje (Nathi Lions)Kennedy Mweene (Free State Stars)Mike Poto (Green Buffaloes)DéfenseursWilliam Chinyama (ZESCO Utd)Clive Hachilensa (Mariehamn)Hichani Himoonde (Lusaka Dynamos)Chintu Kapamba (Free State Stars)Francis Kasonde (Power Dynamos)Billy Mwanza (Golden Arrows)Kennedy Nketani (ZANACO)Elijah Tana (Al-Merreikh)MilieuxIan Bakala (Primeiro Agosto)Isaac Chansa (Helsingborg)Rainford Kalaba (ZESCO)Felix Katongo (Petro Atletico)Clifford Mulenga (Pretoria University)William Njovu (Lusaka Dynamos)AttaquantsJames Chamanga (Moroka Swallows)Christopher Katongo (Brondby)Emmanuel Mayuka (Kabwe Warriors)Jacob Mulenga (Strasbourg)Dube Phiri (Primeiro Agosto)Felix Sunzu (Konkola Blades)


Liste des 23 joueurs sélectionnés d'Afrique du Sud
Gardiens : Rowen Fernandez (Arminia Bielefeld/Allemagne), Moeneeb Josephs (BIDVest Wits), Itumeleng Khune (Kaizer Chiefs)Défenseurs : Vuyo Mere (Mamelodi Sundowns), Benson Mhlongo (Mamelodi Sundowns), Bevan Fransman (Moroka Swallows), Brett Evans (Ajax Cape Town), Bryce Moon (Ajax Cape Town), Tsepo Masilela (Maccabi Haifa/Israë l),Nasief Morris (Panathinaikos/Grèce), Aaron Mokoena (Blackburn/Angleterre, capitaine)Milieux de terrain : Lance Davids (Djurgardens/Suède), Kagisho Dikgacoi (Golden Arrows), Elrio van Heerden (FC Bruges/Belgique), Teko Modise (Orlando Pirates), Surprise Moriri (Mamelodi Sundowns), Steven Pienaar (Everton/Angleterre), Siphiwe Tshabalala (Kaizer Chiefs)Attaquants : Lerato Chabangu (Mamelodi Sundowns), Thembinkosi Fanteni (Ajax Cape Town), Katlego Mphela (SuperSport Utd), Excellent Walaza (Orlando Pirates), Sibusiso Zuma (Arminia Bielefeld/Allemagne)