jeudi 2 avril 2009

LE G20 : UN SOMMET PEUT EN CACHER UN AUTRE


Le sommet du G20 qui vient de s'achever à Londres a pris des mesures fermes pour la régulation et la relance de l'économie mondiale. Mais c'est le sommet entre le président américain Barack Obama et le président Chinois tient la vedette.


Au plan de la régulation, il est question de "faire la liste des paradis fiscaux, les classer par rapport au risque qu'ils peuvent représenter et sanctionner les pays qui ne coopèrent pas"; "les hedges fund seront désormais règlementés et soumis à une immatriculation obligatoire". Enfin, il sera mis fin au secret bancaire". Au niveau de la relance, "un programme de 1 100 milliards de dollars destiné à soutenir le crédit, la croissance et l'emploi; 5 000 milliards de dollars à injecter dans l'économie mondiale d'ici 2010; le triplement à 750 milliards de dollars les ressources du FMI qui sera amené à vendre ses réserves d'or; enfin 250 milliards de dollars pour soutenir le commerce mondial".
Mais ce communiqué final que le président français Nicolas Sarkozy fête presque au champagne, cache à peine un autre communiqué signé par le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner et la secrétaire d'Etat Hillary Clinton à l'issue de la rencontre entre le président Barack Obama et le président Chinois Hu Jintao.
Dans ce communiqué, il est révélé en substance que "les Etats-Unis et la Chine se réuniront une fois par an pour des discussions sur des questions stratégiques et économiques, alternativement dans l'une ou l'autre capitale". Le président Barack Obama a donc désigné le secrétaire au Trésor Gethner et la secrétaire d'Etat Clinton pour assurer ces rencontres. Dans le communiqué d'ailleurs, les deux responsables américains "se sont dits impatients de travailler avec leurs homologues chinois, le conseiller d'Etat chinois Dai Bingguo et le vice premier ministre Wang Qishan". Toujours selon le communiqué, "Obama et Hu sont convenus de coopérer à des mesures de stimulation de la croissance mondiale et au renforcement du système financier". Le communiqué poursuit en disant "qu'ils sont déterminés à résister au protectionnisme et à assurer des relations commerciales solides et stables entre les Etats-Unis et la Chine".
A la lecture de ce communiqué, on peut dire, sans risque de se tromper qu'à Londres, un sommet a caché un autre. Et que le sommet le plus important n'est pas toujours celui le plus couru car comme on sait, en politique et encore plus en diplomatie, l'essentiel est dans le détail et non dans la mise en scène qui ne lui sert finalement que d'habillage.
La sortie fracassante du président français Nicolas Sarkozy, quelques heures avant l'ouverture du sommet disant que s'il n'était pas satisfait de la conduite des travaux du G20, il claquerait la porte du sommet, n'est pas aussi naïve et aussi anodine que certains présentateurs veulent la faire passer. Son propos peut être comparé à un échappement de vapeur se dégageant d'une marmite en ébullition. Même s'il a donné l'impression de revenir sur son propos, il sait que le massage est passé et que ses destinataires l'ont bien appréhendé. De quoi s'agit-il?
Il s'agit que le monde aujourd'hui est à la croisée des chemins. Et personne, même parmi les cassandre les plus futés ne peut dire ce que demain sera fait au plan de la géopolitique mondiale. Confronté à la crise économique dont on ne mesure pas encore l'ampleur et les dégâts futurs, confronté à la montée fulgurante du groupe des pays émergents, confronté au déclin, bien sûr encore masqué, de certains pays jadis présentés comme étant les plus puissants du monde, confronté au recul de l'unipolarisation du monde que les Etats-Unis ont tenté d'imposer au reste du monde sans succès, confronté au réchauffement climatique, le monde doute et la suspicion monte parmi les dirigeants. La suspicion est d'autant plus grande qu'il est temps de procéder à une nouvelle redistribution des cartes.
Cela coule de source que le G20 est un groupe absolument pléthorique pour conduire harmonieusement le destin du monde. Rien n'indique qu'il ne sombrera pas dans les mêmes travers que le G8 défunt. Certains experts proposent donc la création au sein même du G20, d'un noyau dur autour duquel, les autres pays viendront se greffer. Ce noyau là aura la charge de convoquer les sommets et de proposer des solutions et des vues par rapport à la marche du monde. Et les autres n'auront qu'à les valider.

Dis moi ce que tu pèses
Il se trouve que dans la constitution de ce noyau dur une alliance que d'aucuns qualifient de contre nature est en train de s'opérer. En effet, les Etats-Unis, se sentirait plus proche de la Chine pour la constitution de ce noyau dur que de l'Europe par exemple. C'est pourquoi une rumeur a circulé révélant que le G20 risquerait se transformer en G2 c'est à dire le couple Etats-Unis – Chine. Et les autres ne seront là que pour de la figuration. Le Etats-Unis comptant d'avance en Europe sur leur allié naturel qu'est la Grande Bretagne, ce qui représente d'ailleurs pour eux l'Europe utile.
Dans cette nouvelle redistribution des cartes en vue d'une nouvelle géopolitique mondiale, les experts du coté de Washington ne veulent plus prendre en compte l'Europe historique, l'Europe coloniale, celle qui avait présenté les richesses de ses colonies pour obtenir une place de choix au sein du concert des nations. Les Experts ne veulent plus s'enfermer dans le sentimentalisme primaire qui voudrait que les Etats-Unis s'allient automatiquement au vieux continent d'où la majorité de ses habitants sont originaires.
Ils veulent vivre la réalité et le présent. Alors, ils demandent à l'Europe de révéler son véritable poids aujourd'hui, exception faite des colonies qui n'en sont plus ayant depuis acquis leurs indépendances. Or, il se trouve que de façon intrinsèque, l'Europe ne pèse plus grand-chose aujourd'hui. Son peuple a vieilli. Sa jeunesse doute et est inquiète. Ses méthodes sont déclassées. Ses anciennes colonies, non seulement ne répondent plus d'elle mais veulent lui faire payer des réparations diverses. Aux yeux de beaucoup d'experts à Washington, cette Europe là, en s'élargissant indéfiniment compromet elle-même sa propre performance. Bref, ils disent que l'avenir ce n'est pas l'Europe.
C'est donc mis au parfum de cette nouvelle configuration du monde qui est entrain de se dessiner, que Nicolas Sarkozy, délaissant son atlantisme réel ou supposé, a voulu se souder à la chancelière allemande Angela Merkel pour tenter de reconstruire l'imaginaire de ses pairs européens par rapport au couple franco-allemand mythique inauguré par Français Mitterrand et Helmut Kolh, comme le moteur d'une Europe éternelle. Il a voulu aussi mesurer la porter d'une menace française mais subrepticement européenne de claquer la porte du G20.
C'est vrai qu'au moins au niveau du spectacle et de l'événementiel, un tel acte pourrait avoir une portée symbolique inestimable parce que l'Europe, malgré ses difficultés, continue d'entretenir l'illusion d'une puissance qui compte dans le monde. Et dans ce jeu, elle est favorisée par un imaginaire construit depuis des siècles, d'une civilisation étendard, c'est-à-dire une sorte de norme sur laquelle les autres viendront copier.
Mais, au vu de la réalismologie qui semble être le filtre à travers lequel beaucoup de personnes voient le monde aujourd'hui, l'Europe imaginaire et même mythique risque avoir beaucoup de peine à tenir.
Donc au G20, on a discuté bien sûr de la moralisation des affaires pour sauver le capitalisme dans le monde et permettre de rester une idéologie dominante, mais on a surtout discuté de qui gouvernera le monde. Peut être verra t-on plus clair au prochain sommet pévu à New York en septembre prochain?

Etienne de Tayo
Afrique Intègre
http://www.edetayo.blogspot.com/
Listes des paradis fiscaux établies par l’OCDE à la demande du G-20

Publiée par l’OCDE à la demande du G-20, nous vous transmettons ici la liste « des paradis fiscaux qui ne sont pas en conformité avec les règles mondiales d’échange d’informations fiscales ».
Trois listes des paradis fiscaux établis par l’OCDE
1. Liste noire
Etats ou territoire qui ne se sont pas engagés à respecter les standards internationaux)
-Costa Rica - Malaisie (Labuan) - Philippines - Uruguay
2.Liste grise :
États ou territoires qui se sont engagés à respecter les standards internationaux mais ont à ce jour signés moins de douze accords
Liste gris foncée (paradis fiscaux déjà identifiés en 2000 par l’Ocde) :
Andorre - Anguilla Antigua - Barabade - Aruba - Bahamas - Bahrein - Belize - les Bermudes - les iles vierges anglaises - les iles Cayman - les iles Cook - la Dominique - Gibraltar - Grenade - Liberia - le Liechtenstein - les Iles marshall - Monaco - Montserrat - Nauru - les Antilles néérlandaises - Niue - Panama - St Kitts and Nevis - Sainte Lucie - Saint Vincent et Grenadine - Samoa - San Marin - les iles Turks and Caicos - Vanuatu
Liste gris clair (autres centres financiers)
Autriche - Belgique - Brunei - Chili - Guatemala - Luxembourg - Singapour - Suisse
3. Liste blanche :
Etats ou territoires qui ont mis en œuvre des standards internationaux en signant au moins 12 accords conformes à ces standards
Argentine - Australie Barbades - Canada - Chine(*) - Chypre - République tchèque - Danemark - Finlande - France - Allemagne - Grèce - Guernesey - Hongrie - Islande - Irlande ile de mans Italie - Japon - Jersey - Corée - Malte - ile Maurice - Mexique - Hollande - Nouvelle Zélande - Norvège - Pologne Portugal - Russie - les Seychelles - la Slovaquie - Afrique du sud - l’Espagne - la Suède - la Turquie - les Emirats arabes unis - royaume uni - Etats-Unis - les iles Vierge.
(*) Macao et Hong Kong territoires chinois, ont pris l’engagement en 2009 de se conformer aux standards internationaux, en conséquence ces deux territoires ne sont plus mentionnés dans la liste grise
Source : L'International Magazine

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