samedi 31 octobre 2009

RELANCE : FALLAIT-IL ABSOLMUMENT SAUVER LES BANQUES?


Alors que, au plus fort de la crise financière, tous les Etats du monde, y compris l’Etat américain dont le socle idéologique repose sur le libéralisme intégral, prenaient, dans une relative frénésie des mesures de sauvetage de leur système bancaire, je m’étais longuement posé cette question : Faut-il absolument sauver les banques ?

Je m’interrogeais parce que la responsabilité du système financier en général et du système bancaire en particulier était plus que avérée dans les causes qui ont conduit au marasme économique que connaît le monde aujourd’hui. Je pensais qu’il faut agir par pourrissement en punissant au passage ceux par qui le malheur est entré dans la maison. A savoir, les spéculateurs de tout bord, les traders fous et bien sûr les banquiers qui ont créé des produits toxiques pour emballer les clients et provoquer des bonifications artificiels des titres à la bourse.
Dans cette affaire, la responsabilité des banques était plus que établie. Que ce soit dans le cadre des crédits toxiques dits des subprimes aux Etats-Unis, accordés juste pour gonfler artificiellement le portefeuille des banques et faire envoler les titres en bourse ou encore le scandale du jeune traders français qui, en s'amusant, a fait perdre plus de 15 milliards d'euros à sa banque et aux déposants. Le mépris des banques par rapport à l'observation de leurs propres règles de fonctionnement et leur décentrement par rapport au financement de l'économie réelle sautait aux yeux. Tous étaient désormais attirés par les profits faramineux des produits financiers spéculatifs où ils inscrivaient frauduleusement leurs clients les plus fortunés.
Et en évaluant rapidement, on pouvait constater, pour ce qui est du cas des banques, que le ver était dans le fruit. En effet, la banque était devenu, d'un point de vue professionnel, un lieu de concentration des génies pervers. Dans les grandes écoles de commerce et autres écoles de la profession bancaire, les jeunes n'étaient plus formés mais déformés pour répondre aux nouvelles exigences de l'activité bancaire plus spéculative, plus fictive et surtout plus vicieuse. A savoir flouer en priorité le client. Une récente émission sur la banque et son client le montre à profusion. Les banques étaient désormais en voie de pourrissement et je pensais qu'il fallait les y aider.
Je pensais qu’en laissant les banques pourrir, qu’en laissant la bourse péricliter, la souffrance sera sans doute plus profonde, l'issue sera peut-être plus incertaine mais, à terme, un nouveau système, plus maîtrisé, plus vertueux, finira par germer. Je ne savais pas comment cela peut se passer concrètement, ni quel danger une telle audace pouvait faire courir au monde. Mais je pensais que donner les moyens à ceux qui ont conduit l’économie mondiale au bord du gouffre était un test réussi de la soumission du monde et des Etats par le capitalisme sauvage. Je pensais que réhabiliter les banques à coup des milliards de dollars n’était rien moins qu’une prime à l’irresponsabilité, à l’incurie.
Et puis, me laissant transporter par l’unanimisme ambiant, je m’étais contenté des arguments catastrophistes de ceux qui, agitant le spectre de 1929, disaient qu’un naufrage des banques entraînerait toute l’économie mondiale dans une récession sans précédent. Ils prédisaient qu’on passerait de la crise financière à la crise monétaire avant que toute l’économie ne soit paralysée. Aujourd’hui, je suis convaincu de ce que, aussi moi que toutes les autres personnes de bonne foi, nous nous sommes laissés prendre dans une vaste manipulation conduite par le lobby capitaliste. Je suis convaincu de ce que les capitalistes sauvages se sont servis de l’appendice de leurs affaires qu’est l’Etat pour se régénérer et continuer à creuser encore plus grand le fossé les séparant des autres couches de la société.
Je suis d'autant plus convaincu que quelque mois seulement après avoir englouti l'argent des contribuables, les banquiers sont repartis dans les nouvelles folies. D'après une étude de la réserve fédérale américaine, les subprimes sont de retour et représenteraient 20% des nouveaux crédits hypothécaires. Ce qui est plus qu'inquiétant même si certains analystes préfèrent y mettre du bémol en rappelant que 95% de ces crédits sont détenus ou garantis par les organismes publics que sont Fannie Mae, Freddie Mac et Ginnie Mae. Tout compte fait, la folie est de retour dans les banques alors que par ailleurs, la crise continue de faire des victimes.
Il y a quelques jours, deux images m’ont profondément choqué. La première image montrait les traders de la place mythique de Wall Street à New York, célébrant au champagne la remontée des cours des titres à la bourse. En regardant ces images, je me suis rappelé le titre du livre de Marc Fiorentino : « un trader ne meurt jamais ». Il est en fait le héros d’un dessin animé qui est finalement l’illustration du monde que nous vivons aujourd’hui. L’autre image ou d’autres images, celles des présentateurs des journaux télévisés en France annonçant le suicide du 25eme employé de France télécoms pour cause de stress au travail, conséquence directe de la crise financière provoquée depuis plus d’un an par les spéculateur de Wall Street entre autres.
A coté, d’autres suicides moins médiatisés se consomment tranquillement dans l’intimité des ménages déstabilisés, d’autres organismes, fragilisés par le même stress se laissent gagner par des maladies opportunistes. L’autre stress, celui qu’on ressent au chômage guette ceux qui par centaine de milliers sont déversés dans la nature par des entreprises qui soit délocalisent ou tout simplement ferment boutique. Ruiné parce qu’il a mis tout l’argent pour sauver les banques, les Etats n’ont plus rien pour soutenir leur secteur agricole par exemple. Et les banques radines rechignent à accorder des crédits. Conséquences, des agriculteurs, devenus fous, arrosent les champs, en guise de protestation, du lait qu'ils ont obtenu de leurs vaches.
C'est plus qu'une crise que les banques vivent aujourd'hui avec leurs clients en particulier et la société en général. Ceci vient de ce que les deux groupes ne vivent plus dans la même planète. Les banques ont depuis quitté les sphères de l'économie réelle pour s'envoler les sphères des spéculations et des paradis fiscaux. Tant qu'il n'y aura pas une action des Etats pour obliger les banques à revenir sur terre financer l'économie réelle comme c'est inscrit dans ses attributions premières, les crises se succéderont et se ressembleront.

Etienne de Tayo
Promoteur "Afrique Intègre"
www.edetayo.blogspot.com

2 commentaires:

Unknown a dit…

Bonjour Etienne,

Une analyse pertinente et des conclusions partagées. Toutefois, il y a lieu de se "mefier aussi de l'Etat"...En réalité, c'est l'organisation des contre-pouvoirs dans la finance et la "fin de la "dérégulation" qui pourront conduire à une solution pérenne et peut-être stopper le retour "systémique" des crises financières... Merci pour la réflexion.

Oui, il fallait sauver des banques... mais en fait pourquoi pas le système productif et surtout peut-on parler de sauver alors que les actifs financiers toxiques sont toujours irrécouvrables et "mis entre parenthèses"...
Yves Ekoué Amaïzo
1 nov 2009
www.amaizo.info et www.afrology.com

Anonyme a dit…

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