mardi 26 octobre 2010

Où VA LA COTE D'IVOIRE?

Le 31 octobre prochain se tient en Côte d’Ivoire une élection présidentielle cruciale pour l’avenir de ce pays, poumon de l’Afrique de l’Ouest. Cette élection, plusieurs fois reportée, s’annonce plutôt sous de bons auspices et finit par déjouer tous les pronostics de ceux qui croyaient la Côte d’Ivoire frappée de quelque malédiction. La campagne électorale ouverte le 15 octobre dernier voit 14 candidats sur le starting block. Le représentant du secrétaire général des Nations Unies parle « d’un bon début de campagne électorale qui se déroule dans le calme et la sérénité ».

http://www.triparvisor.fr/
Cette élection ivoirienne recouvre un enjeu à la fois sous régional, africain et même mondial. Et pour cause, la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial du cacao, matière première essentielle à la base de la fabrication du chocolat. « Si les élections se passent mal, vous paierez un peu plus cher votre chocolat », prévient le professeur Malick Ndiaye lors d’une conférence à Paris.

Au lendemain du 31 octobre prochain, la Côte d’Ivoire saura si oui ou non elle est définitivement sortie de la crise dans laquelle l’a plongée le coup d’Etat du 19 septembre 2002 qui a vu une tentative de partition du pays : « on verrait bientôt la fin du Western. Est-ce le jeune homme qui va triompher des bandits ou ce sont ces derniers qui vont l’emporter », s’interroge Malick Ndiaye, un rien sibyllin.

C’est vrai, aujourd’hui, le désir du peuple ivoirien de confondre ceux qui ont conduit la déstabilisation de leur pays, est plutôt grand. Ce désir, on le relève souvent dans les refrains des chansons à succès : « la guerre, on est fatigué ». Demain sans doute, la Côte d’Ivoire retrouvera une paix durable après une sortie de crise honorable. Et l’histoire retiendra qu’un homme, Laurent Koudou Gbagbo, aura pesé de tout son poids afin que cela soit.

Jeune enseignant, Laurent Gbagbo s’est longuement opposé, parfois au péril de sa vie, au « concierge » de l’immeuble Côte d’Ivoire qu’était Félix Houphouët Boigny. Mais, historien de son état et fils d’ancien combattant, Gbagbo a aussi compris qu’il doit résister au détenteur du titre foncier de cet immeuble, la France en l’occurrence. Sinon, même après avoir franchi l’obstacle Houphouët, il se trouvera confronté à un autre obstacle encore plus redoutable : la Françafrique.

En s’opposant à une certaine France de manière parfois violente, une fois aux affaires, le président Laurent Gbagbo a montré qu’il appréhende parfaitement les deux dimensions qui caractérisent le combat de tout Africain issu d’un pays anciennement colonisé : la dimension interne dirigée contre le concierge et la dimension extérieure devant conduire au démantèlement du vaste complot international conduit parfois par ce qu’on qualifie de communauté internationale. Sans l’intégration de cette double dimension, l’opposant africain n’est souvent qu’une marionnette, jouant des partitions écrites par des « maîtres » dissimulés.

En refusant de se plier au diktat de l’administration Chirac au plus fort de la crise en Côte d’ivoire, notamment en repoussant les accords dit de Marcoussis, sans que pour autant le ciel lui tombe sur la tête, le président Laurent Gbagbo a fait un apport psychologique déterminant aux autres chefs d’Etat africains qui peuvent désormais s’adresser à la France, non point comme un élève parle à son maître, mais comme représentants d’Etats souverains, en la mettant devant ses responsabilités. L’audace de Laurent Gbagbo a apporté à l’Afrique de quoi faire reculer la Françafrique et toutes les autres perversions diplomatiques.

L’intérêt supérieur de la Côte d’Ivoire

Ce que le président Gbagbo a subi en 8 ans de trouble en Côte d’Ivoire est insupportable d’un point de vue politique et même humain. Etre président de la république et se voir traiter d’égal à égal avec des rebelles qui ont pris des armes contre les institutions républicaines. Etre chef d’Etat et voir une partie de son pays lui échapper pour se retrouver entre les mains des groupes qui y organisent un pillage systématique de ses ressources. Avoir une armée nationale et se voir imposer un embargo sur les armes alors même que les rebelles sont puissamment armés. Par-dessus tout, Gbagbo a affronté un mépris parfois grossier des autorités françaises et de la communauté internationale qui n’ont même pas mis un voile sur leur volonté de leur débarquer.

Et pourtant, puisant au fonds de lui-même, cette humilité qui est aussi et surtout une valeur africaine, et certainement, mettant la paix en Côte d’Ivoire au dessus de toutes les autres considérations, Laurent Gbagbo a tout accepté, même de partager le pouvoir avec ceux qui avaient pris les armes contre lui et qui aujourd’hui, organisent le dépeçage de la Côte d’Ivoire après avoir tenté de la diviser. Pendant la crise ivoirienne, Laurent Gbagbo a posé un certain nombre d’actes politiques sur lesquels il convient de revenir pour mieux appréhender et apprécier son positionnement dans le jeu des acteurs de la scène politique ivoirienne.

En repoussant les accords dit de Marcoussis, Laurent Gbagbo a offert une chance à une solution africano-africaine au conflit ivoirien. Ce faisant, il a donné un contenu et un sens à la quête et à la conquête de la vraie souveraineté qui devrait habiter tout dirigeant africain. Il a rendu concrète, la volonté selon laquelle, les problèmes africains doivent être résolus par des Africains. Depuis, le président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, a pris en main le dossier ivoirien qui pourrait, avec les élections du 31 octobre, connaître une fin heureuse.

En refusant d’engager les troupes de son pays et de se prêter au jeu de la France en participant au défilé des troupes africaines sur les Champs Elysées le 14 juillet 2010, le président Gbagbo s’est une fois de plus mis du bon coté de l’histoire. Il eût été d’ailleurs assez surprenant et regrettable qu’un pays qui se voit aujourd’hui privé d’un des éléments majeurs de la protection de la souveraineté nationale, à savoir l’armée, du fait de la France et de la communauté internationale, accepte de participer à l’exposition des Champs Elysées. Laurent Gbagbo a invité le France à réparer le différend qui les oppose.

Au plan de la politique intérieure, le président Gbagbo est devenu le plus modéré de son camp et finalement le modérateur de la scène politique en général. Il n’y a qu’à relever ses visites de travail à ses principaux rivaux que sont Alassane Dramane Ouattara et Henri Konan Bedié, pour comprendre la volonté du président sortant de se mettre au dessus du lot pour sauver la maison Côte d’ivoire.

En confiant l’organisation des élections au premier ministre Guillaume Soro, l’ancien secrétaire général des forces nouvelles et en nommant à la commission électorale indépendante (CEI), Youssouf Bakayoko, un militant du parti démocratique de côte d’ivoire de Henri Konan Bedié, le président Gbagbo montre aux yeux des observateurs, un certain détachement par rapport à une certaine volonté des dirigeants africains à la conservation du pouvoir par tous les moyens.

Le 31 octobre, le scrutin opposera en fait 3 candidats avec 11 autres candidats animant le décor. Au bout du compte on pourrait d’ailleurs parler de deux camps : le Front patriotique ivoirien de Laurent Gbagbo et ses patriotes contre le Front houphouëtistes formé par le parti démocratique de Côte d’Ivoire et le Rassemblement des républicains d’Allasane Dramane Ouattara. Il sera surtout question, soit de consolider la libération de la Côte d’ivoire qui a été amorcée par Laurent Gbagbo ou alors remettre les compteurs à zéro par rapport à la souveraineté de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique en général. On espère que les électeurs, au-delà de toutes les contingences électorales, verront bien le sens du vent qui souffle et doit souffler sur l’Afrique.



Etienne de Tayo

Promoteur « Afrique Intègre »

www.edetayo.blogspot.com



ENTRETIEN

Pour décrypter la situation en Côte d’Ivoire et envisager l’avenir de l’Eléphant d’Afrique, nous avons rencontré le professeur Malick Ndiaye, sociologue, enseignant à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Suivons son éclairage.

« Ce vote ne peut être morale, acceptable pour la morale universelle que s’il revêt un coté référendaire »


En tant qu’observateur, comment envisagez-vous la sortie de crise en Côte d’Ivoire à travers l’élection présidentielle du 31 octobre ?

Pr Malick Ndiaye : La trame de la crise ivoirienne est constituée par l’émergence en face de l’Etat légal et légitime, d’une force armée qui par le jeu de la communauté internationale est devenu un Etat dans la pure tradition sociologique édictée par Max Weber. A savoir que l’Etat constitue le monopole de la violence légitime à partir du moment où on lève les impôts, qu’on crée une administration avec des comzone ou des gouverneurs, à partir du moment où on érige une économie plus ou moins informelle et qu’il y a des transactions sur les produits vivriers ou de rente. A partir de cet instant, il s’érige, quelqu’en soit la définition, un pouvoir de fait qui est devenu un pouvoir de droit.

Dès ce moment là, le pronostic concernant la Côte d’Ivoire a un caractère alternatif : ou bien l’Etat légal et légitime dirigé par Gbagbo, au-delà des élections calamiteuses – qui n’en a pas en Afrique – soit rétabli dans ses fonctions avec l’aide morale, matérielle de la communauté internationale ou bien, les mêmes causes produisant les mêmes effets, les forces qui ont aidé le second Etat à se mettre en place, vont cristalliser à l’issue de ces élections et instrumentaliser les enjeux véritables qui ne sont pas le choix des ivoiriens entre 14 candidats. Pour moi, les élections ce n’est pas une affaires des 14 candidats mais c’est la réponse à la question suivante : est ce que c’est la guerre qui a amené la crise ou bien c’est la crise qui a amené la guerre ?

N’avez-vous pas l’impression que la communauté internationale accompagne plutôt la partition de la Côte d’Ivoire, et même l’utilise comme chantage à l’endroit du pouvoir en place ?

Pr Malick Ndiaye : Dans un livre à paraître que je rédige avec d’autres confrères africains depuis plus de deux ans, nous avons défini un corpus et élaboré des textes qui vont paraître. Nous ne voulions pas gêner le processus électoral mais ces textes là précisent bien une dualité du pouvoir en Côte d’Ivoire vis-à-vis de laquelle la communauté internationale n’a pas répondu aux attentes : comment peut-on mettre sur le même pied d’égalité un Etat envahi par des corps expéditionnaires bien identifiés et ceux qui ont organisé cette déstabilisation sont reçus partout avec des honneurs dus à des chefs d’Etat.

A ce moment là c’est la morale universelle qui a été bafouée. Dès lors, il est indécent de considérer que cette élection ivoirienne a pour but de désigner le président de la République. Pour moi, l’enjeu réel de l’élection c’est de savoir si oui ou non la légalité ivoirienne va être confirmée ou dénigrée.

Sans tomber dans les travers de la théorie du complot, plusieurs personnes font observer le cas de la déstabilisation de la République démocratique du Congo dans l’unique but de piller ses ressources du sous sol. Avez-vous l’impression que c’est le même schéma qui se met en place en Côte d’Ivoire. Si oui, à qui profite le crime ?

Pr Malick Ndiaye : La grande innovation stratégique du Congo qui est passée dans les annales depuis l’intervention des différentes forces des Nations Unies dans la crise des années 61, 62, c’est que aujourd’hui, c’est que nous sommes tenté de faire la comparaison entre les deux situations. C’est facile de parler de Lumumba parce que la haute figure de Lumumba dominait l’Afrique nouvelle.

Il y a une relation avec une crise qui continue de perdurer au Congo, notamment à l’Est du Congo. Nous avons vu comment des pays comme le Rwanda sont devenus exportateurs d’un certain nombre de ressources dont ils ne sont pas producteurs. Au nord de la Côte d’Ivoire, nous avons un certain pays qui, par le jeu de l’informel qui s’est installé dans la région, est devenu un exportateur de cacao.

Dans ces conditions là, il y a une analogie vers laquelle, la pensée pousse tout élément qui réfléchi à aller. C’est vrai, comparaison n’est pas raison mais pouvons-nous refuser l’hypothèse à vérifier que la communauté internationale ou une partie de celle-ci est en train d’accompagner le processus de partition de la Côte d’ivoire en utilisant les élections comme faire valoir pour qu’on voit au grand jour que ce que la rébellion armée n’a pas pu faire, que les circonstances électorales vont enfin permettre.

Alors, à qui profite le crime ?

Pr Malick Ndiaye : En tout cas, il ne profitera pas à l’Afrique. Parce que les pays qui dépendent de la Côte d’Ivoire pour l’approvisionnement, ces pays là attendent de la Côte d’Ivoire nouvelle que la croissance y continue et que les circonstance apaisée s’y installe afin que l’Eléphant d’Afrique puisse donner le message de paix que nous attendons de cette Côte d’ivoire fraternelle, cosmopolite qui est en train de surmonter les écueils du racisme, du régionalisme, des différences d’ethnies et autres au profit de la construction de l’identité nouvelle que tout le monde attend, c'est-à-dire, une Côte d’ivoire ivoirienne dans une Afrique nouvelle.

Si vous aviez des pronostics par rapport à l’élection qui arrive, le profil de celui qui peut gagner et dont la victoire ferait du bien à la Côte d’ivoire ?

Pr Malick Ndiaye : Ce vote ne peut être morale, acceptable pour la morale universelle que s’il revêt un coté référendaire. A savoir qOùue la mémoire historique de la Côte d’Ivoire, battue en brèche par des corps expéditionnaires, faut-il oui ou non rétablir cette mémoire, cette légalité, au quel cas, la force restera à la loi et à la République ou alors, va-t-on favoriser l’émergence en Côte d’ivoire des contre modèle et des contre valeurs, signifiant que finalement en Afrique, on peut parfaitement chercher à prendre le pouvoir par tous les moyens y compris les armes avec l’aval d’une communauté internationale qui aujourd’hui a de la peine à expliquer pourquoi l’Etat légal a été désarmé face à l’envahissement de son territoire par des corps expéditionnaires dont on sait d’où ils viennent.

Propos recueillis à paris par : Etienne de Tayo

mardi 19 octobre 2010

Grèves : Quand l'arrogance du pouvoir et l'impatience de l'opposition prennent la France en Otage

Depuis 3 semaines, la France est prise dans une spirale de grèves à répétitions, suite à la volonté du gouvernement de faire voter la loi sur la réforme des retraites. Chaque soir des manifestations, gouvernement et syndicats avec l’opposition en embuscade, l’opinion publique tribunalisée et l’élection présidentielle de 2012 en ligne de mire, font un décompte du nombre de manifestants pour voir celui qui a gagné.


Source : Le Parisien du 17 octobre 2010

Le soir du lundi 18 octobre 2010, le conseiller social du président avance le chiffre de 825 000 manifestants et « crie presque victoire en pensant que le souffle de mobilisation est en train de tomber », d’après le Parisien. Cependant que les syndicats revendiquent 3 millions de manifestants. En fait chacun voit midi à sa porte. Le soir du mardi 19 octobre, la même surenchère continue dans la comptabilité des manifestants. 3,5 millions selon les syndicats et 1,1 million d’après les chiffres du ministère de l’intérieur. Chaque jour néanmoins, la grève gagne en violence et on parle déjà de blocage du pays.

Jouant la montre à fond, le gouvernement ne compte rien céder et sombre même parfois dans ce que l’opposition qualifie d’arrogance : « plus qu’une semaine à tenir avant les vacances », annonce-t-on du coté de l’Elysée. De son coté, l’opposition trépigne et voudrait user de tous les moyens – y compris l’utilisation des lycéens comme bouclier dans les manifestations - pour capitaliser l’anti sarkozisme ambiant afin de lui ravir son trône à Nicolas en 2012. Le comportement des principaux acteurs politiques français aujourd’hui recèle un certain nombre de tares et est caractéristique de ce que le philosophe Cornelius Castoriadis qualifie d’insignifiance : « ce ne sont pas des politiques, mais des politiciens au sens de micropoliticiens. Ils n’ont aucun programme. Leur but est de rester au pouvoir ou de revenir au pouvoir, et pour cela, ils sont capables de tout », s’indigne Castoriadis. Pendant ce temps, la France court tranquillement vers l’asphyxie.

Comme c’est souvent le cas, déclencher un mouvement de grève, c’est parfois mettre le doigt dans un engrenage, sans assurance d’en maîtriser tous les effets. Les syndicats ont appelé les Français à manifester pour amener le gouvernement à retirer son projet ou du moins à y apporter des amendements substantiels. Mais le plus gros danger qui guette la France aujourd’hui et, qui a pour nom la pénurie d’essence, a toute une autre origine située bien loin de la réforme des retraites : « huit cent stations d’essence à sec », annonce le Parisien alors que toujours ce journal, « les compagnies aériennes vont faire le plein en Suisse ou en Libye ». Des rangs s’allongent à la pompe même si ce n’est pas encore la grande panique.

L’effet papillon

Il s’agissait à l’origine, « du refus de la CGT du port de Marseille et des terminaux pétroliers de Fos d’appliquer la loi visant à mettre la France en phase avec la concurrence internationale ». Mais l’antisarkozisme aid ant, la réforme des retraites peut devenir un bon prétexte pour fédérer les mécontentements et faire descendre le maximum de Français dans la rue dans l’optique d’obliger le gouvernement à reculer. Car, il faut se le dire, très peu de manifestants dans les cortèges peuvent soutenir une discussion sur la réforme des retraites, trop alambiquées, mais ils ont tous en commun cette dent qu’ils gardent contre Nicolas Sarkozy, auteur de plusieurs autres réformes qui troublent leur tranquillité et bouscule l’exception française. On en veut pour preuve le sens des slogans scandés pendant les manifestations et qui brocardent systématiquement le président de la République : « Sarko = Louis XVI, qu’on lui coupe la tête » ; « Sarkozy abat les retraites, il doit battre en retraite » ; « Quel rabot dans les niches pour le nabot des riches ».

On ne saura jamais si l’attitude du gouvernement est une conséquence du manque de considération que la presse et les Français en général mettent dans le traitement de l’institution présidentielle ou en est-elle plutôt la conséquence. En tout cas, Nicolas Sarkozy et les siens ne font rien qui aille dans le sens de vouloir redorer leur blason auprès de leurs contempteurs. On a même l’impression qu’ils s’arrangent pour mériter tous les qualificatifs déshonorants que leurs adversaires leur lancent.

C’est d’ailleurs Sarkozy qui le premier a tiré le vocabulaire vers le bas, notamment en tenant ces propos restés célèbres à l’endroit d’une personne qui a refusé de lui serrer la main : « casse-toi pauvre con », lui avait lancé le président de la République. En se comportant comme çà, pensent les observateurs, il abaissait du même coup la fonction présidentielle qu’il incarne. Mais d’autres observateurs y voient non sans admiration, la nature d’un homme entier qui est dans le réel du politique au lieu d’être constamment dans la représentation comme ses prédécesseurs. Toujours est-il que les adversaires de Nicolas Sarkozy ne l’ont pas raté en soutenant qu’il n’aura récolté que ce qu’il aura semé. Un journal, Marianne en l’occurrence, l’a quand même qualifié de « voyou de la République » parce qu’il dit exactement le contraire de ce qu’il pense, d’après Jean François Khan, l’auteur de l’article. Alors qu’un prêtre, au sujet des Roms, disait prier afin que « Nicolas Sarkozy ait une crise cardiaque ». Tout çà est assez violent. Sachant que tout ce qui est excessif est insignifiant et ayant appris chez les Georges Bush et autres Donald Rumsfeld l’art de se faire détester pour mieux rebondir, Nicolas Sarkozy accuse d’abord le coup, joue ensuite la victime mais n’hésite pas à faire dans de la provocation bien maîtrisée. Il lui arrive aussi de donner de violents coups de griffe lorsque sa victime est à sa portée. Certains journalistes s’en souviendront longtemps. Mais ce que d’aucuns qualifient d’arrogance plonge certainement ses racines dans un certain nombre de certitudes.

Arrogance contre impatience

Cette arrogance est celle d’un gouvernement qui, sachant qu’ayant maîtrisé les techniques modernes de manipulation communicationnelle, n’éprouve aucune crainte de voir le contrôle du peuple lui échapper. Lorsqu’on lit « les stratégies et les techniques des maîtres du monde pour la manipulation de l’opinion publique et de la société », extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles » et présenté en 10 point par Sylvain Timsit, on comprend qu’au moins une personne dans l’entourage proche de Nicolas Sarkozy, si ce n’est lui-même, en a fait son livre de chevet. L’anticipation sur un certain nombre de situations fait que l’effet de surprise est presque effacé. Tout se passe comme si au gouvernement ils écrivent et mettent en musique des partitions que se contentent de jouer leurs adversaires. Ils sont seuls à savoir à quel moment elles peuvent s’arrêter.

Cette arrogance est celle d’un gouvernement hyper sécuritaire à la tête duquel trône un super flic, en la personne de Nicolas Sarkozy. Par ses deux passages au ministère de l’Intérieur, il a prouvé qu’il était imbattable sur le thème de la sécurité et la gauche lui rend d’ailleurs un précieux service en l’entrainant sur ce terrain. Ce qui va se passer c’est que, si la manifestation se mue en insurrection avec le blocage du pays comme cela se dessine en faisant bondir de joie l’extrême gauche, Nicolas Sarkozy va durcir son gouvernement. Il va s’entourer des durs et d’hommes à poigne capables de répondre du tic au tac, tels Brice Hortefeux qui pourra à l’occasion hériter de la primature. Il n’hésitera pas à se séparer des collaborateurs tièdes et mous. Et pour le reste, il fera du temps son précieux allié. Surtout quand il sait qu’en face, il a des adversaires particulièrement impatients d’en découdre.

L’impatience est celle d’une opposition qui, portée par les sondages qui lui sont favorables depuis plusieurs mois, n’en peut plus d’être privé du pouvoir suprême. Elle se comporte à deux ans de l’élection présidentielle comme si elle avait déjà entamé la dernière ligne droite menant à l’Elysée. Autant on doit se réjouir de voir dans les manifestations une reprise des mobilisations sociales seules à même de soutenir la démocratie, autant l’opposition doit être assez lucide pour reconnaître qu’elle accompagne, certes en spectateur engagé mais en spectateur quand même, des manifestations dont le maître d’œuvre reste le mouvement syndical. De même, l’impression de racolage qui teinte l’attitude des partis de l’opposition n’est pas de nature à leur assurer une meilleure capitalisation du mécontentement général.

L’impatience est aussi celle d’une opposition qui veut avoir la peau du gouvernement par tous les moyens y compris en encourageant l’engagement des lycéens dans les rues. Un pari très risqué quand on sait que cette opposition surfe sur un fil de rasoir avec pour partenaire un mouvement syndical qui en d’autres circonstance qu’il pouvait être complaisant vis-à-vis du gouvernement dès que celui-ci lui assure un certain nombre de garanties pas toujours transparentes. Au finish, si çà tourne mal ou si le gouvernement parvient à résister et à prendre le dessus, cette épisode permettra plutôt au gouvernement de renforcer le régime sécuritaire et durcir son discours pour capter encore plus l’électorat de l’extrême droite qui en France est plus large que l’on ne laisse croire.

Entre ces deux tares que trainent les deux pôles du champ politique français, le problème des Français est réel et reste entier. Il peut se résumer dans cette question générique : pour un pays qui est réduit à raboter les niches fiscales pour combler le déficit comment continuer à assurer un niveau de vie décent à la population ? Face à cette question la droite et la gauche ont deux approches divergentes.

La gauche a une approche de partage du gâteau national sans se soucier de la constitution de ce gâteau. Elle ne croit pas à l’idée d’une France pauvre et pense plutôt à une mauvaise répartition de la richesse. C’est pourquoi elle propose de taxer la fortune et mettre sur pieds des mécanismes pour mieux rémunérer le travail au détriment du capital.

La droite a une approche de la constitution du gâteau national en vue de son partage. Prenant en compte la volatilité des capitaux aujourd’hui, elle pense qu’il faut leur cirer la patte aux détenteurs des capitaux afin qu’ils investissent en France et augmente ainsi le gâteau à partager. D’où l’idée du bouclier fiscal que condamne la gauche.

Mais l’urgence aujourd’hui est d’éviter à la France une asphyxie qui l’empêcherait elle-même de s’assumer. Et la responsabilité incombe au premier chef aux deux principaux acteurs que sont le pouvoir et l’opposition.



Etienne de Tayo


Promoteur Afrique Intègre


www.edetayo.blogspot.com


Les stratégies et les techniques des maîtres du monde pour la manipulation de l’opinion publique et de la société

1 – La stratégie de la diversion

2 – Créer des problèmes puis offrir des solutions

3 – La stratégie du dégradé

4 – La stratégie du différé

5 – S’adresser au public comme à des enfants de bas âge

6 – Faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion

7 – Maintenir le public dans l’ignorance et la bêtise

8 – Encourager le public à se complaire dans la médiocrité

9 – Remplacer la révolte par la culpabilité

10 – Connaître les individus mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes






dimanche 10 octobre 2010

C'EST QUOI LE PRIX NOBEL?

Le prix Nobel de la paix 2010 vient d’être attribué à Liu Xiaobo, un dissident chinois condamné récemment à 11 ans de prison pour subversion du pouvoir de l’Etat. La décision du jury d’Oslo, accompagnée des félicitations des principaux dirigeants occidentaux, a bien évidemment provoqué l’ire des autorités chinoises qui y voient une grave ingérence dans leurs affaires intérieures.

Cette affaire et la polémique qui l’entoure, nous amène à nous interroger sérieusement sur l’institution prix Nobel mais surtout sur le sens que veulent prendre les décisions du jury d’Oslo, lesquelles suscitent de plus en plus de la controverse. C’est quoi le prix Nobel ? L’esprit du Nobel a-t-il été dévoyé ? Le Nobel tel que pensé par Alfred avait-il vocation à devenir une arme de propagande géopolitique occidentale et d’assimilation des autres peuples ? Doit-on croire en la sincérité des membres du jury d’Oslo qui disent ne se battre que pour la promotion des droits de l’homme et de la démocratie dans le monde ? Leur combat n’est-il pas à tête chercheuse ?

Le prix Nobel est né de la seule volonté du Suédois Alfred Bernhard Nobel, chimiste, fabricant d’armes et inventeur de la dynamite. A l’échelle de son époque, on pouvait présenter Alfred Nobel comme le concepteur d’une arme de destruction massive. Au soir de sa vie, certainement pour se soulager la conscience du « marchand de la mort » qu’il était, Alfred Nobel a décidé de léguer l’intégralité de sa fortune, estimée à 32 millions de couronnes, pour la création du prix Nobel.

D’après les volontés d’Alfred Nobel, décédé le 10 décembre 1896, « l’institution se chargera de récompenser des personnes qui ont rendu de grands services à l’humanité, permettant l’amélioration ou un progrès considérable dans les domaines des savoirs et de la culture dans les cinq disciplines différentes : paix ou diplomatie, littérature, chimie, physiologie ou médecine, physique ». Et de préciser – détail important - que « la nationalité des savants ne doit jouer aucun rôle dans l’attribution du prix ».

Le premier prix Nobel a été attribué en 1901. Mais si l’unanimité est souvent faite autour des autres prix, force est de reconnaître que le prix Nobel de la paix nourrit la polémique chaque fois que le nom de l’heureux récipiendaire est publié. Ceci provient du fait que le jury d’Oslo, pour des raisons qui restent encore inconnues, a souvent décidé de faire du prix Nobel de la paix une sorte de moyen de pression en direction des régimes qui ne veulent pas se plier au modèle occidental de gouvernement et de gestion de la Cité. Cela passe concrètement par la distinction des dissidents qui, dans leurs pays, passent pour des chantres de la démocratie et des droits de l’homme.

L'ultime provocation

Une posture qui trahit l’esprit même du prix par rapport au rôle que ne doit pas jouer la nationalité du récipiendaire et qui découlerait de l’unique volonté des occidentaux de tailler le monde à leur mesure. C’est dans cette optique qu’il faut comprendre les prix attribués à Tensin Gyatso, le 14e Dalaï Lama en 1989 ; à la Birmane Aung San Suu Kyi en 1991 ; à l’Iranienne Cherine Ebadi en 2003 et aujourd’hui au Chinois Liu Xiaobo. Tous sont en rupture, pour une raison ou pour une autre, avec le système politique en cours dans leurs pays et font la promotion de la démocratie et des droits de l’homme tels que conçu et vulgarisé en Occident.

Ainsi transformé en arme de propagande, que ses détenteurs croient redoutable, le prix Nobel a été mis au service d’une volonté d’occidentalisation du monde par l’imposition, parfois aux forceps, de certaines valeurs chères à l’Occident : la démocratie, les droits de l’homme, le marché, la liberté… Par la seule volonté des occidentaux, détenant des positions de puissance, le modèle occidental, le mode de vie de l’Occident, est devenu le modèle universel par lequel tous les autres peuples doivent passer pour accéder à la vraie civilisation. L’Occident et ses valeurs sont ainsi considérés comme le modèle standard sur lequel il faut aligner toutes les autres cultures. Ainsi, il suffit pour un écrivain parfois médiocre ou à tout autre activiste de dénigrer sa propre culture et/ou encenser la culture occidentale pour se voir attribuer le Nobel ou tout autre prix de même acabit.

Pour ramener le problème à la France par exemple, il suffit de faire l’étude des trajectoires de deux écrivains noirs qui ont marqué leur temps : Léopold Sédar Senghor et Aimé Césaire. Pour avoir été particulièrement complaisant vis-à-vis de la France colonisatrice et de l’Occident en général et, en ridiculisant le nègre, le réduisant à sa dimension émotionnelle, le premier s’est vu couvrir d’innombrables prix et même que les portes de l’académie française lui ont été ouverte. Quant au second, malgré son immense œuvre littéraire et même son action politique, les prix se sont détournés de lui. Ainsi vont les prix.

La vision d’un Occident qui serait la lumière devant briller pour effacer les dernières poches de ténèbres encore présentes dans d’autres contrées du monde, cette vision portée aujourd’hui malheureusement par le jury du prix Nobel, sans doute en parfaite trahison de l’esprit d’Alfred Nobel, est une vision à la fois prétentieuse et mégalomaniaque. Elle est même anachronique et irresponsable si l’on tient compte du niveau des rapports de force aujourd’hui dans le monde.

Le problème est ailleurs

L’affaire Xiaobo remet au goût du jour l’affrontement politico-économique qui oppose depuis quelques années l’Occident et la Chine, présentée comme le chef de file des pays émergents qui menacent le leadership de l’Occident aujourd’hui. Cela coule de source que dans cette affaire, il y a une volonté de déstabilisation du régime chinois et de freiner par la même occasion son essor économique, seul vrai crime pour lequel l’Occident condamne la Chine aujourd’hui. Autrement dit, si la Chine n’était pas devenue la deuxième puissance économique du monde, on pourrait continuer à y violer les droits de l’homme sans que cela émeuvent les pays occidentaux. Il suffit juste de voir ce qui se passe en Afrique par exemple où ces mêmes pays occidentaux, ardents défenseurs des droits de l’homme lorsqu’il s’agit de la Chine, soutiennent des dictatures sanglantes.

Le déclin économique de l’Occident est aujourd’hui un fait avéré et le mal est profond. D’ailleurs, la crise grecque qu’on pourrait aussi qualifier de tragédie grecque est en fait une tragédie occidentale si l’on sait ce que la Grèce représente pour l’Occident. Ce constat, l’éditorialiste des « Enjeux les Echos » le perçoit avec une inégalable lucidité et l’exprime avec clarté et courage : « Il y a trois ans Alan Greenspan découvrait, comme il l’avouera penaud devant le Sénat américain que le monde auquel il accordait foi était bâti sur une erreur intellectuelle : la finance est stable et toujours efficace », soutient Eric le Boucher. L’aveu d’Alan Greenspan, ancien patron de la Fed et considéré comme le gourou des marchés, semble sonner une remise en cause fondamentale du modèle occidental de développement ou du moins, révèle la profondeur de la trahison qu’a subi le capitalisme.

Parallèlement à cette morosité du monde occidental, la montée en puissance de la Chine, dans le domaine économique, n’est pas toujours bien vue dans les milieux occidentaux. En fait, cela montre que la crise est bien le résultat d’une mauvaise gestion, d’une prise de risque irresponsable et non point une malédiction. Comme le soutient Jean Marc Vittori dans « Enjeux les Echos », « la réussite de la Chine constitue pour nos vieilles démocraties le plus grand défi qu’elles ont jamais eu à relever ». Un défi qui est essentiellement économique mais qui pourrait devenir civilisationnel. Mais au lieu de regarder la réalité en face pour y apporter une réponse adéquate en réorganisant leur propre système, les dirigeants occidentaux louvoient et procèdent comme à leur habitude par le dénigrement systématique de l’empire du milieu, présenté comme un enfer du point de vue de la promotion des droits de l’homme. Aussi transportent-ils le problème sur le terrain des droits de l’homme et promettent de civiliser la Chine. Or, en matière des droits de l’homme, tout le monde a quelque chose à apprendre ou à se reprocher. Les Etats Unis, champion toutes catégories pour les libertés, selon la conception occidentale, viennent d’ôter la vie à une femme atteinte de démence.

Pour expliquer leur acharnement contre la Chine, les membres du jury du Nobel soutiennent que l’empire du milieu étant entré dans le cercle des grandes puissances, elle a l’obligation de respecter un certain nombre de codes propres à cette nouvelle classe. Mais cela ne suffit pas pour éloigner le sentiment d’une opération à tête chercheuse, destinée à mettre les bâtons dans les roues d’un concurrent. En Russie par exemple, les journalistes sont souvent emprisonnés et même tués. Mais la Russie ne représentant plus une menace économique pour l’Occident aujourd’hui, le jury d’Oslo ferme les yeux sur ces autres droits de l’homme violés.

Tout chemin mène en Chine

Tout le problème est que, pour réussir son décollage économique, et au contraire du Japon et d’autres petits dragons d’Asie du sud Est, la Chine n’a pas eu besoin des théories et des experts de Wall Street. Puisant sa force dans sa culture séculaire, le pays de Mao Tse Toung et de Deng Xiao Ping a montré que « tout chemin mène en Chine » sans passer par l’occident. Et c’est là tout le désarroi des occidentaux que Jean Marc Vittori exprime en ces termes en les conseillant de mettre un peu d’eau dans leur vin : « Dans les années à venir, les vieilles démocraties devront retrouver leur capacité à faire rimer liberté et efficacité économique, à se lancer à la recherche du temps long perdu. Sinon, les électeurs finiront par se lasser. Ils seront de plus en plus nombreux à se laisser tenter par de nouvelles formes d’autoritarisme que l’on sent prête à fleurir ici et là, par l’idée qu’ils auraient intérêt à abandonner un peu de liberté pour un bon steak ». En d’autres termes, lorsque les usines auront tous fermés en occident pour suivre les bas salaires dans les pays émergents, on aimerait voir les chantres des libertés, mettre un peu de cette liberté à bouillir pour nourrir leurs familles.

Selon toute vraisemblance, la Chine aurait des choses à apprendre au reste de l’humanité et plus encore à l’Occident : « L’action politique et économique des pays industrialisés est soumise au diktat du court terme. Un seul pays échappe à cette course folle : la Chine », nous révèle Jean Marc Vittori. Le secret du « fantastique succès chinois » qu’il verrait dans ce qu’il appelle « le consensus de Pékin », tiendrait dans « sa capacité à s’inscrire dans le temps » : « il n’est pas question de maximiser le taux de croissance du prochain trimestre mais de faire accéder des centaines de millions de personnes à la prospérité en une ou deux générations. Il ne s’agit pas de gagner la prochaine élection mais de perpétuer le pouvoir du parti ». Voilà autant d’avance que la Chine a prise sur ses concurrents occidentaux. Mais au lieu de se mettre à son école, ils procèdent par tacle irrégulier. Seulement, l’occident a-t-il aujourd’hui les moyens de faire plier la Chine ?

Face à la puissance de la Chine qui, avec ses 2500 milliards de dollars des réserves de change est considérée comme la banque du monde, la manœuvre du Nobel est rétrogradée au simple rang de gesticulation sans conséquence un peu comme un cyclone est rétrogradé au rang de vulgaire tempête tropicale. Ce n’est pas parce qu’il reçoit le prix Nobel de la paix ou encore parce que les leaders politiques occidentaux exigent sa libération, que le dissident Liu, présenté par les officiels chinois comme « un criminel ayant transgressé les lois chinoises », pourra recouvrer la liberté. A ce jour, le régime Birman, moins puissant économiquement que la Chine continue de maintenir en détention 20 ans après l’opposante Aung San Suu Kyi, lauréate du Nobel en 1991.

Il y a aussi que pour plusieurs pays occidentaux, contrairement aux apparences, la Chine détient l’arme alimentaire au sens le plus trivial du terme. Elle suscite une concurrence parfois féroce entre les Etats Unis et l’union européenne pour l’obtention des contrats. C’est pourquoi, certains gouvernements ne condamnent la Chine qu’à voix basse et même lorsqu’ils l’ont fait, des émissaires sont rapidement envoyés à Pékin pour arrondir les angles. Tout ceci parce que des gros intérêts sont en jeu. A la même Chine, l’Europe veut vendre ses Airbus, cependant que les Etats-Unis proposent leurs Boeings. Des actions comme celles des membres du Nobel ne visent qu’à contenter des opinions publiques qui sont pour la plupart en retard de plusieurs combats.

Alors, si l’on s’accorde sur le fait que l’arme du Nobel s’avère finalement un pétard mouillé, c’est qu’il existe une autre raison qui pousse néanmoins les dirigeants occidentaux à la soutenir. Cette raison, c’est la volonté de ces dirigeants de défiler systématiquement devant leurs responsabilités par rapport aux défis qui se posent aujourd’hui aux pays occidentaux. Comment des pays surendettés, qui ont atteint la saturation, réduits à raboter les niches fiscales pour combler les déficits et qui ne pourront que difficilement atteindre un taux de croissance supérieur à 5%, comment ces pays parviendront-ils à créer la richesse nécessaire au soutien du pouvoir d’achat d’une population dont le niveau de consommation donne le vertige ? Voilà l’un des défis majeurs dont la posture de vendeur des valeurs de droits de l’homme, de liberté ou tout simplement de civilisation permet au moins de dissimuler sinon de botter en touche. C’est plus facile de taper sur la Chine qui ne respecterait pas les droits de l’homme que d’offrir des emplois décents à son propre peuple. Que le jury du prix Nobel soit rentré dans ce jeu est tout simplement dommage.



Etienne de Tayo

Promoteur « Afrique Intègre »

www.edetayo.blogspot.com