jeudi 19 mai 2011

AFFAIRE DSK OU LA REVANCHE DES PAUVRES


Dans cette réflexion, pour des raisons de démonstration, je retiens du concept de pauvreté, la définition découlant du modèle occidental de développement. Une définition que je récuse évidemment.

Le combat aux griffes, pour le sexe, qu’ont livré dans la suite 2806 du Sofitel Manhattan de New York, le directeur Général du FMI, Dominique Strauss Khan et la femme de chambre, Safiatou Diallo, du fait de l’identité et des trajectoires des personnes qu’il met en scène, constitue finalement un épisode majeur dans la résistance africaine contre l’impérialisme, tant ce combat est chargé de symboles.

Après son arrestation, DSK, l’homme à la braguette facile, a été gardé à vue dans un commissariat du quartier de Harlem à New York. C’est de ce commissariat qu’il sortira menottes aux poings. Harlem symbolise le plus grand ghetto des noires aux Etats Unis.

Directeur Général du FMI, Dominique Strauss Khan symbolise le capitalisme sauvage, celui des hedge funds et des subprimes, qui a précipité le monde dans la crise économique et financière depuis bientôt trois ans. Cette crise a eu pour conséquence de faire basculer le centre de gravité économique du monde vers les pays émergents, provoquant ipso facto un appauvrissement et un endettement sans précédent des pays occidentaux.

En réaction à ces contre performances économiques, les dirigeants de ces pays, transformés en néo conquistadores, ont décidé de remettre au goût du jour, l’économie politique de la prédation, celle là même qui, du temps de l’esclavage et de la colonisation, avait permis le pillage des ressources du reste du monde. Le résultat, nous le voyons aujourd’hui dans la déstabilisation programmée de la Côte d’Ivoire et de la Libye avec un seul et même objectif : faire main basse sur les ressources de ces deux pays.

Dominique Strauss Khan symbolise la réussite et le bonheur version occidental : un compte bancaire bien fourni ; des hôtels à 3000 dollars us la nuit ; des costumes à 10 000 euros pièce ; des voitures de luxe… Il symbolise aussi la puissance tous azimuts de la France qu’il allait bientôt gouverner.

Safiatou Diallo dont le nom sonne les tréfonds de l’Afrique éternelle, symbolise de par sa résidence dans le quartier de Harlem, l’immigration, la pauvreté, la misère mais surtout le cri de révolte des Africains déportés aux Etats Unis dans le cadre de l’esclavage.

Safiatou est originaire de la Guinée et plus précisément du Fouta Djalon. La Guinée de Sékou Touré, auteur du mémorable « non » au Général de Gaulle, symbolise la résistance active de l’Afrique contre le colonialisme français. Mais ce pays symbolise aussi le martyr du panafricanisme du fait de la vengeance et de la haine de la France et, de tout le monde occidental, qu’il a subi.

L’issue du combat de la suite 2806, on le connaît aujourd’hui. Safiatou qui symbolise aussi David a terrassé DSK qui n’est autre que Goliath. L’enseignement qu’on peut en tirer, c’est que le concept de puissance sur lequel s’appuient les pays occidentaux pour dominer le monde et s’offrir tous les excès, ce concept doit être révisé de fonds en comble.

Le combat qui a opposé DSK à Safiatou était en réalité une guerre symbolique qui oppose l’Afrique résistante au capitalisme sauvage. Dans ce combat, les Africains savent que Dieu dont tous ceux qui ne croient plus qu’à leur puissance de feu, n’ont plus la crainte, que ce Dieu là leur viendra en aide.

Deux poids deux mesures

Une des choses qui m’ont frappé dans cette affaire DSK, c’est l’émotion qui s’est saisi de la classe politique française toute tendance confondue face à l’image de Dominique Strauss Khan menotté et sortant du commissariat de Harlem.

Beaucoup ont tenu à dénoncer le traitement humiliant et dégradant infligé celui qui était encore directeur Général du FMI. On parle d’ailleurs aujourd’hui d’une montée d’un sentiment anti-américain en France. Et pourtant on a bine vu les Français faire l’économie de leur émotion face à d’autres actes similaires de barbarie.

Le 11 avril 2011, après avoir pilonné et détruit le palais présidentiel et la résidence du président de Côte d’Ivoire, l’armée française a permis l’arrestation du couple présidentiel Laurent et Simone Gbagbo.

Livrés à leurs pires ennemis qu’étaient les rebelles de Ouattara, ils ont été torturés et c’est dans un état piteux qu’ils ont été présenté aux médias. Mme Gbagbo par exemple a eu les cheveux arrachés à la racine. Laurent Gbagbo a été présenté en petite tenue.

Les photos et vidéos de ce mélodrame ont fait le tour du monde et n’ont suscité en France qu’indifférence et mépris de la part des politiques, des journalistes et même d’une partie du peuple.

Le 1er mai 2011, le jeune fils de Mouammar Khadafi, Saïf al Arab, âgé de 29 ans, sa belle fille et ses trois petits enfants ont été tués dans les bombardements de l’Otan auxquels participe la France dans une guerre injuste où il est tout simplement question pour les pays occidentaux de déstabiliser la Libye pour faire main basse sur ses fonds souverains.

Cette information n’a suscité aucune émotion de la part des politiques en France malgré le fait qu’une femme et trois enfants ont été tués. Comment donc comprendre que l’image de DSK menotté choque plus que des humaines qu’on supprime.

L’argument avancé pour humilier et tuer ainsi en Afrique sans susciter l’émotion en France, c’est de présenter les victimes comme des criminels ou des proches des criminels qui tuent leur peuple. A supposer que cela soit vrai.

Mais le FMI que dirigeait Strauss Khan est, toute proportion gardée, une organisation criminelle. Chaque jour dans le monde – et ce ne sont pas les Grecs ou les portugais qui nous démentiraient – des hommes et des femmes meurent parce que les mesures iniques imposées par le FMI visant à favoriser l’essor du capitalisme sauvage, les appauvri toujours plus.

Aujourd’hui, Dominique Strauss Khan est inculpé pour crime sexuel. Et lorsque sa culpabilité aura été démontrée, il ne sera plus qu’un criminel sexuel. Le criminel ordinaire supprime la vie à ses victimes. Le criminel sexuel leur supprime leur dignité qui est une composante essentielle de la vie.

Il faut d’ailleurs dire que dans le cas de DSK et tous leurs semblables qui sont engagés dans les luttes de pouvoir, ces actes vont bien au-delà de la simple satisfaction du désir sexuel pour englober des pratiques que la décence et la pudeur nous empêchent d’évoquer.



Etienne de Tayo


Promoteur Afrique intègre


www.edetayo.blogspot.com

mardi 17 mai 2011

STRAUSS KHAN : CASTRATION EN HAUTE ALTITUDE

Strauss Khan Show
N’eût été la spectacularisation médiatique dont les américains ont seuls le secret et qu’ils qualifient souvent de Show, l’affaire Dominique Strauss Khan s’apparenterait à une simple castration politique. Cette opération à laquelle les politiciens sont souvent soumis soit à l’entrée au club, soit lorsqu’ils veulent gravir des échelons.

La castration consiste à amener le postulant, au travers d’un scandale, à tremper profondément ses mains dans du sang, de la boue et toutes les autres merdes dont exhale le politique. Car, comme le soutient souvent l’historien Jean Charles Gomez, « la politique est d’abord une affaire de salauds et de criminels à col blanc ».

Il s’agit pour la castration, d’une opération de l’indignité et de retrait de l’honorabilité, parfois très violente et spectaculaire où beaucoup de politiciens laissent leur vie politique. Mais comme le dit le vieil adage que je me permets de paraphraser, si la castration ne vous tue pas, elle vous rend plus fort.

Depuis l’ère Sarkozy en France marqué par l’extrême médiatisation du champ politique, nous avons assisté à un certain nombre d’opérations de castration. On peut ainsi citer l’affaire Bernard Kouchner, déclenchée par le livre de Pierre Péan, « Le monde selon K. » dont le journal Marianne disait qu’il peut « ruiner Kouchner ». On peut citer aussi la castration de Frédéric Mitterrand dont les meurs ont été étalées dans la presse et qui a eu une défense très émue sur les plateaux de télévision. Il y a la castration d’Eric Woerth et de Michel Alliot Marie qui a fini par les emporter. Il y a enfin celles de Dominique de Villepin et de Christine Lagarde qui sont en cours.

La castration vise à rendre le politicien semblable à ses congénères, question d’éviter les phénomènes de rejet souvent préjudiciable à l’harmonie du champ politique. Tout ce qui s’assemble doit forcément se ressembler. Comme je l’ai appris chez les bergers de Malombo du Nord du Cameroun, pour rentrer dans l’enclos des bœufs sans courir le risque de se faire agresser, il suffit de s’oindre avec les bouses de ces mammifères.

L’affaire Strauss Khan qui tient en haleine tous les médias du monde – et qui semble avoir détrôné Ben Laden – va bien au-delà de la simple castration pour tourner au lynchage médiatique en règle. Et le statut d’icône médiatique qui lui collait à la peau de Strauss Khan ne semble rien arranger. Car, comme on le sait, en situation de surexposition médiatique, un simple faux pas est de nature à prendre des proportions incalculables. Pour autant, le patron du FMI est-il excusable ?

Le piège et la politique

L’argument de Dominique Strauss khan et des strausskhaniens selon lequel il aurait été piégé est aussi léger qu’une plume d’oiseau. Et si c’est le seul qu’ils détiennent pour sa défense, autant jeter l’éponge et accepter le verdict du destin. On en vient à se demander si Strauss Khan était prêt pour un combat politique ou se laissait-il tout simplement porter par les sondages.

Faire de la politique c’est d’abord être capable de poser et d’éviter les pièges si bien que celui qui se surprend face aux pièges ne fait pas encore la politique. C’est un peu comme si, en voulant cueillir les roses, on se montrait surpris voire outré par les piqures des épines qui sont le moyen naturel de défense du rosier.

Parlant de pièges en politique, l’ancienne secrétaire d’Etat Rama Yade m’avouait ceci au cours d’une rencontre : « Lorsque j’arrive au bureau tous les matins, je me demande de quel coté viendra le piège du jour. En regardant la moquette de mon bureau, je me dis qu’il peut dissimuler des chausse trappe ». C’est cette prise de conscience qui lui permettait d’éviter les pièges.

Dominique Strauss Khan, candidat favori à la présidentielle française de 2012 d’après tous les sondages, aurait dû lui aussi prendre conscience de ce qu’il était désormais la cible privilégiée de toute la classe politique française aussi bien de gauche que naturellement de droite. Autant que ses adversaires de tout bord, Strauss Khan connaissait son péché mignon dont le terrain de satisfaction se situe bien en deçà de la ceinture. Il savait que c’est sur ce terrain qu’on finira par le piéger comme il l’a déclaré au journal Libération.

Ce qu’il aurait dû faire, au lieu de crier au complot aujourd’hui comme si faire la politique était autre chose que fomenter des complots, c’était d’observer un certain nombre de règles jusqu’à la présidentielle.

Dans un premier temps, il devait s’imposer une sorte de ramadan sexuel quoi que cela lui coûte. Et comme mesures d’accompagnement, il devait :

- Faire déjà venir sa femme Anne Sainclair à ses cotés à Washington pour le soutenir dans cette épreuve ;

- Mettre une sorte de tampon masculin entre lui et toutes ses collaboratrices directes au FMI ;

- Eviter systématiquement tous les lieux de tentation que sont les hôtels et les restaurants. Ce qui veut qu’à New York, il aurait dû coucher dans un canapé chez sa fille qu’il était censé venu voir selon sa défense. Un sacrifice n’est jamais assez grand pour celui qui veut être président de la France ;

Le jeûne sexuel de Dominique Strauss Khan aurait ainsi duré jusqu’à la présidentielle française de mai 2012. Et une fois élu président, il aurait pu tout simplement proposer à l’Assemblée nationale de voter un droit officiel de cuissage pour le président de la République, question de rattraper le temps perdu. Cela est tout à fait possible en France.

Mais faute d’avoir su se retenir ou d’avoir pu éviter les pièges, Dominique Strauss Khan, désormais entre les griffes acérés de la justice impitoyable des Etats Unis, pourrait subir une petite castration chimique qui l’éloignerait définitivement de la recherche effrénée de ces petites secondes de plaisir qui lui coûtent finalement trop cher.


Etienne de Tayo

Promoteur « Afrique intègre »

www.edetayo.blogspot.com