Avec sa disparition, Aimé Césaire, l'un des plus grands poètes de tous les temps, ouvre la saison des nécromancies parfois ridicules. Des nécromants de tout bord s'alignent pour réclamer tous les honneurs de la Nation et solliciter le Panthéon pour le repos du poète rebelle. En a-t-il vraiment besoin? En a-t-il jamais eu besoin? Peut-être! Je sais que des lobbies se sont formés à un moment pour solliciter pour lui le prix Nobel de la paix. Mais je sais d'expérience que les grands hommes et les grands esprits de la dimension de Césaire répugnent souvent les honneurs parce qu'en fin de compte, ils ne servent que l'hypocrisie et la comédie humaines. Pour rester dans le cadre français, je pense à Jean Paul Sartre qui repoussa le prix Nobel de littérature en 1964.
Mais si d'aventure, Césaire finit par entrer au Panthéon, il y pénétrera après avoir fait un grand détour par son univers nègre. Il y fera entrer plus que Alexandre Dumas l'a fait, sa négritude. La patrie récompensera en lui, non pas la soumission et la collaboration mais plutôt l'insoumission et la rébellion. Tout au long de sa vie, Césaire a pris des risques. Il a secoué le cocotier occidental. Et s'il a survécu et finit par faire l'unanimité autour de sa grandeur d'âme, c'est surtout grâce à la profondeur de sa conviction, à la grandeur de son humanisme et à la prophétie de son propos. Car en fait, Césaire était avant tout un visionnaire.
Le mérite de Césaire le visionnaire, c'est d'avoir diagnostiqué le germe de la destruction de la civilisation occidentale alors même que celle-ci était au sommet de sa puissance. En 1955, s'élevant contre la colonisation et ses destructions, il écrit en ouverture de son ouvrage fondateur "Discours sur le colonialisme" publié chez Présence Africaine : "Une civilisation qui s'avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente. Une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte. Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde. Le fait est que la civilisation dite européenne, la civilisation occidentale, telle que l'ont façonnée deux siècles de régime bourgeois, est incapable de résoudre les deux problèmes majeurs auxquels son existence a donné naissance : le problème du prolétariat et le problème colonial; que, déféré à la barre de la raison comme à la barre de la conscience, cette Europe là est impuissante à se justifier; et que, de plus en plus, elle se réfugie dans une hypocrisie d'autant plus odieuse qu'elle a de moins en moins chance de tromper". Ces propos sont d'une telle fraîcheur qu'on croirait qu'ils ont été rédigés au petit matin de ce jour. Et pourtant ils sont vieux de 53 ans.
Un visionnaire humaniste :
Nègre et chantre de la négritude, Césaire aurait pu se réjouir de ce déclin. Ce d'autant plus que le nègre, esclavagisé et colonisé avait des choses à reprocher à l'empire occidental. Non, humaniste, il n'a pas voulu s'installer dans cette posture revancharde. Il a voulu tirer la sonnette d'alarme en disant : "attention, vous êtes en train de foncer dans un mur. Et si vous ne ressaisissez pas, votre attitude vous perdra". Il l'a fait parce qu'il établit clairement une différence entre le peuple souvent embrigadé, désinformé et manipulé par la propagande d'Etat et les dirigeants souvent mus par des intérêts égoïstes. Par exemple, pour envahir l'Irak dans le seul but de s'assurer les revenus pétroliers, les néo-conservateurs américains réunis autour de Georges Bush n'ont pas hésité à user d'un gros mensonge à savoir que l'Irak de Saddam Hussein détenait les armes de destruction massive. Et pour mieux dissimuler la manipulation, ils ont parlé d'une volonté de semer la graine de la démocratie dans ce pays disaient-ils miné par la dictature de Saddam Hussein. Ce à quoi Jacques Chirac avait répondu en disant "qu'on n'exporte pas la démocratie dans un fourgon blindé".
Dans ce jeu de mensonge, les dirigeants occidentaux, qui se gargarisaient d'être à la tête d'un empire, avaient toutefois oublié de dire à leur peuple que le destin d'un empire c'est de décliner à un moment donné et de laisser la place à d'autres empires émergents. L'histoire et surtout le cimetière de l'histoire porte les noms des empires qui, à un moment donné, ont dominé le monde et dont les deux plus récents sont : l'empire Romain et l'empire Hottoman. Ils ont oublié de dire à leur peuple qu'ils n'étaient plus le centre de l'empire mondial. Ce faisant on ne les avait pas préparé à la venue d'un autre géant mondial puisque la propagande était chargée de leur dire qu'ils sont les plus forts et le resteront éternellement.
Ni Césaire en 1955, ni nous même aujourd'hui, personne ne se réjouit du déclin de l'empire occidental. Ceci parce que, d'un point de vue purement humaniste, sa disparition n'apporte rien de substantiel au reste de l'humanité au contraire; le fonctionnement du monde n'étant pas absolument un jeu de sommes nulles. Si nous sommes obligés de dénoncer, c'est parce qu'un petit groupe de privilégiés, semblable à l'aristocratie des siècles passés, est en train d'embrigader tout un peuple; c'est parce que le prolétariat urbain est en train de s'installer en Occident; c'est parce que sous le couvert de la démocratie, les formes les plus pernicieuses de la dictature et du totalitarisme sont en train de prendre corps dans des pays occidentaux. Et les populations sont d'autant plus vulnérables qu'elles croient être immunisés contre.
Aujourd'hui, surpris par l'irruption de la Chine sur la scène mondiale, les dirigeants occidentaux, pour la contrer, recourent une fois de plus aux vieilles recettes faites de désinformation, instrumentalisation et manipulation. Et çà, Aimé Césaire le percevait déjà 53 ans plus tôt lorsqu'il déclarait : " cette Europe là est impuissante à se justifier; et que, de plus en plus, elle se réfugie dans une hypocrisie d'autant plus odieuse qu'elle a de moins en moins chance de tromper". Après l'instrumentalisation ridicule du Darfour où on donne l'impression de vouloir défendre le petit peuple Africain alors même qu'on se moque bien de son sort, l'occident se saisit du Tibet sous le couvert de la violation des droits de l'homme par la Chine en attendant demain de continuer la provocation par Taïwan. Mais tout cela est enrobé dans un mensonge qui parfois révolte.
Mais si d'aventure, Césaire finit par entrer au Panthéon, il y pénétrera après avoir fait un grand détour par son univers nègre. Il y fera entrer plus que Alexandre Dumas l'a fait, sa négritude. La patrie récompensera en lui, non pas la soumission et la collaboration mais plutôt l'insoumission et la rébellion. Tout au long de sa vie, Césaire a pris des risques. Il a secoué le cocotier occidental. Et s'il a survécu et finit par faire l'unanimité autour de sa grandeur d'âme, c'est surtout grâce à la profondeur de sa conviction, à la grandeur de son humanisme et à la prophétie de son propos. Car en fait, Césaire était avant tout un visionnaire.
Le mérite de Césaire le visionnaire, c'est d'avoir diagnostiqué le germe de la destruction de la civilisation occidentale alors même que celle-ci était au sommet de sa puissance. En 1955, s'élevant contre la colonisation et ses destructions, il écrit en ouverture de son ouvrage fondateur "Discours sur le colonialisme" publié chez Présence Africaine : "Une civilisation qui s'avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente. Une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte. Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde. Le fait est que la civilisation dite européenne, la civilisation occidentale, telle que l'ont façonnée deux siècles de régime bourgeois, est incapable de résoudre les deux problèmes majeurs auxquels son existence a donné naissance : le problème du prolétariat et le problème colonial; que, déféré à la barre de la raison comme à la barre de la conscience, cette Europe là est impuissante à se justifier; et que, de plus en plus, elle se réfugie dans une hypocrisie d'autant plus odieuse qu'elle a de moins en moins chance de tromper". Ces propos sont d'une telle fraîcheur qu'on croirait qu'ils ont été rédigés au petit matin de ce jour. Et pourtant ils sont vieux de 53 ans.
Un visionnaire humaniste :
Nègre et chantre de la négritude, Césaire aurait pu se réjouir de ce déclin. Ce d'autant plus que le nègre, esclavagisé et colonisé avait des choses à reprocher à l'empire occidental. Non, humaniste, il n'a pas voulu s'installer dans cette posture revancharde. Il a voulu tirer la sonnette d'alarme en disant : "attention, vous êtes en train de foncer dans un mur. Et si vous ne ressaisissez pas, votre attitude vous perdra". Il l'a fait parce qu'il établit clairement une différence entre le peuple souvent embrigadé, désinformé et manipulé par la propagande d'Etat et les dirigeants souvent mus par des intérêts égoïstes. Par exemple, pour envahir l'Irak dans le seul but de s'assurer les revenus pétroliers, les néo-conservateurs américains réunis autour de Georges Bush n'ont pas hésité à user d'un gros mensonge à savoir que l'Irak de Saddam Hussein détenait les armes de destruction massive. Et pour mieux dissimuler la manipulation, ils ont parlé d'une volonté de semer la graine de la démocratie dans ce pays disaient-ils miné par la dictature de Saddam Hussein. Ce à quoi Jacques Chirac avait répondu en disant "qu'on n'exporte pas la démocratie dans un fourgon blindé".
Dans ce jeu de mensonge, les dirigeants occidentaux, qui se gargarisaient d'être à la tête d'un empire, avaient toutefois oublié de dire à leur peuple que le destin d'un empire c'est de décliner à un moment donné et de laisser la place à d'autres empires émergents. L'histoire et surtout le cimetière de l'histoire porte les noms des empires qui, à un moment donné, ont dominé le monde et dont les deux plus récents sont : l'empire Romain et l'empire Hottoman. Ils ont oublié de dire à leur peuple qu'ils n'étaient plus le centre de l'empire mondial. Ce faisant on ne les avait pas préparé à la venue d'un autre géant mondial puisque la propagande était chargée de leur dire qu'ils sont les plus forts et le resteront éternellement.
Ni Césaire en 1955, ni nous même aujourd'hui, personne ne se réjouit du déclin de l'empire occidental. Ceci parce que, d'un point de vue purement humaniste, sa disparition n'apporte rien de substantiel au reste de l'humanité au contraire; le fonctionnement du monde n'étant pas absolument un jeu de sommes nulles. Si nous sommes obligés de dénoncer, c'est parce qu'un petit groupe de privilégiés, semblable à l'aristocratie des siècles passés, est en train d'embrigader tout un peuple; c'est parce que le prolétariat urbain est en train de s'installer en Occident; c'est parce que sous le couvert de la démocratie, les formes les plus pernicieuses de la dictature et du totalitarisme sont en train de prendre corps dans des pays occidentaux. Et les populations sont d'autant plus vulnérables qu'elles croient être immunisés contre.
Aujourd'hui, surpris par l'irruption de la Chine sur la scène mondiale, les dirigeants occidentaux, pour la contrer, recourent une fois de plus aux vieilles recettes faites de désinformation, instrumentalisation et manipulation. Et çà, Aimé Césaire le percevait déjà 53 ans plus tôt lorsqu'il déclarait : " cette Europe là est impuissante à se justifier; et que, de plus en plus, elle se réfugie dans une hypocrisie d'autant plus odieuse qu'elle a de moins en moins chance de tromper". Après l'instrumentalisation ridicule du Darfour où on donne l'impression de vouloir défendre le petit peuple Africain alors même qu'on se moque bien de son sort, l'occident se saisit du Tibet sous le couvert de la violation des droits de l'homme par la Chine en attendant demain de continuer la provocation par Taïwan. Mais tout cela est enrobé dans un mensonge qui parfois révolte.
L'instrumentalisation du Tibet :
A Londres, à Paris ou à San Fransisco, la propagande a lancé des hommes et des femmes parfois de bonne foi dans les rues pour, disent-ils défendre le peuple tibétains en brandissant la menace du boycott des jeux olympique alors même que le Dalaï Lama, le premier des Tibétains désapprouve une telle démarche. Plus tibétain que le Dalaï Lama! Le problème c'est que les dirigeants occidentaux, dans une démarche européocentriste, pensent que leur modèle civilisationnel – la démocratie et l'économie de marché - est le meilleur qu'il faille imposer à tous les peuples de la planète et qu'en dehors il n'y a que déperdition. A ce niveau, il n'y a même pas de problème puisque chaque commerçant sur la place du marché, est libre de faire la promotion des produits présents sur son étal. Seulement, ils oublient de dire à leurs peuples qu'ils les embarquent dans une bataille géopolitique et géostratégique visant à discréditer la Chine et tenter de la contenir afin de rester les maîtres du monde. Et pour le faire, il faut trouver un ventre mou à l'empire du milieu. Et ce ventre mou, ils l'ont trouvé au Tibet.
Il y a quand même des curiosités curieuses dans la démarche de l'Occident par rapport au Tibet. Malgré la sympathie que l'on peut éprouver pour le Dalaï Lama qui symbolise la non violence, il ne faut pas perdre de vue que le système qu'il revendique pour le Tibet est à la fois archaïque et rétrograde parce que marqué par une absence de scolarisation et un intégrisme religieux. Il est donc curieux que ce soit dans l'Europe des lumières et dans les franges les plus éclairées de sa population qu'on retrouve les défenseurs d'un retour à un tel système. Lorsqu'on mesure une telle incohérence, on se dit que le Tibet n'est qu'un prétexte et que le problème est ailleurs. En fait, jusqu'à une date récente, les stratèges occidentaux savaient qu'ils ont verrouillé les chemins de la croissance et du développement à tel point qu'aucune autre puissance ne puisse émerger. Ou bien, si elle devait le faire, ce serait dans le strict canevas tracé par l'Occident. Un peu comme le Japon ou encore ce qu'on avait appelé les dragons d'Asie du Sud Est. En réalité des sortes de bulles que l'Occident pouvait faire pousser grâce aux fonds spéculatifs et qu'il pouvait aussi faire exploser à sa guise, question de démontrer sa puissance. Or, la Chine a évolué complètement en dehors de ce canevas. Et si elle a pu le faire, c'est parce qu'elle est allée aux tréfonds d'elle-même pour rechercher le substrat culturel qui aujourd'hui lui offre le différentiel gagnant sur l'Occident. C'est exactement ce que je recommande toujours à l'Afrique.
La Chine qui est consciente du fait que son système est à parfaire, est devenue un géant qu'on ne peut plus effrayer par quelques manifestations de rue à des milliers de kilomètres. Il se trouve que les "petites mains de la grande usine du monde" comme on disait en occident des ouvriers chinois, ont réussi à bâtir un empire économique qui a envie de se faire respecter. Aujourd'hui, la Chine possède 1 650 milliards de dollars de devises. Elle détient par exemple "21% de la totalité des titres émis par les autorités américaines". Pour rester simplement dans ses relations avec les Etats-Unis qui est la tête de pont de l'occident, il rappeler que le pays de George Bush "finance sa gigantesque dette publique grâce aux achats chinois de bons de Trésor américain. Une créance qui s'élevait début 2008 à 492 milliards de dollars". Et un expert de Natixis de prédire que "Pékin a les moyens de faire dégringoler encore un peu plus le billet vert". A ceux qui, en Occident, réclament le boycott des jeux olympiques et même des brouilles diplomatiques avec la Chine, Jean Pierre Petit, chef économiste à Exane BNP Paribas brandit cet avertissement : "L'Occident n'a jamais été aussi dépendant de la manne financière de la Chine du fait de l'énormité de nos déficits, de l'endettement des ménages, de la crise immobilière… Nous avons besoin de leur argent", tranche t-il.
Le parcours de la flamme olympique et les incidents qui l'émaillent montrent bien les lignes de fracture du monde. Elle montre de façon grossière bien sûr qu'il y a d'un coté l'Occident qui continue à se comporter en donneur de leçon alors que les moyens pour le faire n'existe plus et de l'autre les pays émergents au rang desquels la Chine qui veulent prendre le pouvoir. C'est dire si demain les batailles seront rudes. Et déjà la Chine prend de l'avance comme le note Olivier Guillard : "Sur les 192 Etats membres de l'ONU, la Chine peut compter sur près d'un quart des membres au cas où elle voudrait soumettre une résolution ou s'opposer à une autre".
Par Etienne de Tayo
Promoteur "Afrique Intègre"
www.edetayo.blogspot.com
A Londres, à Paris ou à San Fransisco, la propagande a lancé des hommes et des femmes parfois de bonne foi dans les rues pour, disent-ils défendre le peuple tibétains en brandissant la menace du boycott des jeux olympique alors même que le Dalaï Lama, le premier des Tibétains désapprouve une telle démarche. Plus tibétain que le Dalaï Lama! Le problème c'est que les dirigeants occidentaux, dans une démarche européocentriste, pensent que leur modèle civilisationnel – la démocratie et l'économie de marché - est le meilleur qu'il faille imposer à tous les peuples de la planète et qu'en dehors il n'y a que déperdition. A ce niveau, il n'y a même pas de problème puisque chaque commerçant sur la place du marché, est libre de faire la promotion des produits présents sur son étal. Seulement, ils oublient de dire à leurs peuples qu'ils les embarquent dans une bataille géopolitique et géostratégique visant à discréditer la Chine et tenter de la contenir afin de rester les maîtres du monde. Et pour le faire, il faut trouver un ventre mou à l'empire du milieu. Et ce ventre mou, ils l'ont trouvé au Tibet.
Il y a quand même des curiosités curieuses dans la démarche de l'Occident par rapport au Tibet. Malgré la sympathie que l'on peut éprouver pour le Dalaï Lama qui symbolise la non violence, il ne faut pas perdre de vue que le système qu'il revendique pour le Tibet est à la fois archaïque et rétrograde parce que marqué par une absence de scolarisation et un intégrisme religieux. Il est donc curieux que ce soit dans l'Europe des lumières et dans les franges les plus éclairées de sa population qu'on retrouve les défenseurs d'un retour à un tel système. Lorsqu'on mesure une telle incohérence, on se dit que le Tibet n'est qu'un prétexte et que le problème est ailleurs. En fait, jusqu'à une date récente, les stratèges occidentaux savaient qu'ils ont verrouillé les chemins de la croissance et du développement à tel point qu'aucune autre puissance ne puisse émerger. Ou bien, si elle devait le faire, ce serait dans le strict canevas tracé par l'Occident. Un peu comme le Japon ou encore ce qu'on avait appelé les dragons d'Asie du Sud Est. En réalité des sortes de bulles que l'Occident pouvait faire pousser grâce aux fonds spéculatifs et qu'il pouvait aussi faire exploser à sa guise, question de démontrer sa puissance. Or, la Chine a évolué complètement en dehors de ce canevas. Et si elle a pu le faire, c'est parce qu'elle est allée aux tréfonds d'elle-même pour rechercher le substrat culturel qui aujourd'hui lui offre le différentiel gagnant sur l'Occident. C'est exactement ce que je recommande toujours à l'Afrique.
La Chine qui est consciente du fait que son système est à parfaire, est devenue un géant qu'on ne peut plus effrayer par quelques manifestations de rue à des milliers de kilomètres. Il se trouve que les "petites mains de la grande usine du monde" comme on disait en occident des ouvriers chinois, ont réussi à bâtir un empire économique qui a envie de se faire respecter. Aujourd'hui, la Chine possède 1 650 milliards de dollars de devises. Elle détient par exemple "21% de la totalité des titres émis par les autorités américaines". Pour rester simplement dans ses relations avec les Etats-Unis qui est la tête de pont de l'occident, il rappeler que le pays de George Bush "finance sa gigantesque dette publique grâce aux achats chinois de bons de Trésor américain. Une créance qui s'élevait début 2008 à 492 milliards de dollars". Et un expert de Natixis de prédire que "Pékin a les moyens de faire dégringoler encore un peu plus le billet vert". A ceux qui, en Occident, réclament le boycott des jeux olympiques et même des brouilles diplomatiques avec la Chine, Jean Pierre Petit, chef économiste à Exane BNP Paribas brandit cet avertissement : "L'Occident n'a jamais été aussi dépendant de la manne financière de la Chine du fait de l'énormité de nos déficits, de l'endettement des ménages, de la crise immobilière… Nous avons besoin de leur argent", tranche t-il.
Le parcours de la flamme olympique et les incidents qui l'émaillent montrent bien les lignes de fracture du monde. Elle montre de façon grossière bien sûr qu'il y a d'un coté l'Occident qui continue à se comporter en donneur de leçon alors que les moyens pour le faire n'existe plus et de l'autre les pays émergents au rang desquels la Chine qui veulent prendre le pouvoir. C'est dire si demain les batailles seront rudes. Et déjà la Chine prend de l'avance comme le note Olivier Guillard : "Sur les 192 Etats membres de l'ONU, la Chine peut compter sur près d'un quart des membres au cas où elle voudrait soumettre une résolution ou s'opposer à une autre".
Par Etienne de Tayo
Promoteur "Afrique Intègre"
www.edetayo.blogspot.com