L'autre jour, je discutais avec une personnalité camerounaise de passage à Paris. Nous évoquions alors la campagne présidentielle américaine marquée par le triomphe du candidat Barack Obama. Soudain, prenant un ton particulièrement enjoué et rassurant, il m'informe que le Sénateur de l'Illinois est un Camerounais. Connaissant son niveau de culture générale et sachant qu'il a l'habitude de mettre à jour ses connaissances, je n'ose donc pas l'insulter en me lançant dans une explication des origines du probable futur président des Etats-Unis. D'ailleurs, il sait que je sais et moi aussi je sais qu'il sait que Barack Obama est kenyan par son père.
Lorsque la personnalité camerounaise me dit que Obama est camerounais, même si je ne veux pas le froisser, je ne manque quand même pas d'écarquiller les yeux. Alors, il insiste et précise : "Mais je te dis qu'il est Camerounais. Il doit même être des environs de Yaoundé là. Souviens-toi du professeur Jean Baptiste Obama", précise t-il. Le professeur Jean Baptiste Obama est un brillant historien camerounais à la mémoire d'éléphant qui depuis a emporté son savoir au fond d'une tombe, comme d'ailleurs récemment son cadet, l'anthropologue Séverin Cecil Abéga.
Prenant du recul, je comprends finalement que cette personnalité camerounaise là émet, par son affirmation, à sa manière, le vœu de voir chaque Africain et au-delà, chaque Noir s'approprier Obama. Non pas dans l'exclusion des autres comme le monde avait fonctionné jusqu'à ce jour mais plutôt dans une sorte de symbiose arc-en-ciel. Parce que Barack Obama lui-même n'est pas le fruit de l'exclusion. Il n'est pas le produit de la division. Il symbolise la synthèse. Il est le pont, il est la passerelle. Il est le média par lequel, la puissance régénératrice de l'humanité veut s'exprimer aux hommes, à tous les hommes quel qu'en soit la couleur le leur peau et de leurs yeux, leur continent d'origine, leur religion, leurs opinions politiques. Et il suffit de jeter un regard dans sa généalogie pour comprendre que c'est l'humanité toute entière qui devrait se l'approprier.
Barack Hussein Obama Sr, le père de l'actuel candidat démocrate, est né en 1936 au Kenya. Fils d'un guérisseur de l'ethnie Luo, il a été éduqué à la religion musulmane mais il est néanmoins sans religion. Après de brillantes études d'économie à Havard aux Etats-Unis, il rentre au Kenya et intègre le gouvernement de Jomo Kenyatta dont il était l'un des piliers. Tombé en disgrâce, il sombre dans l'alcool et se tue dans un accident de circulation en 1982. Il faut précisé qu'il avait divorcé de la mère de Obama Junior et avait fondé une nouvelle famille au Kenya.
Quant à la mère du Sénateur de l'Illinois, Shirley Ann Dunham, morte en 1995, elle est une descendante de Jefferson Davis, le président des Etats confédérés d'Amérique. D'origine modeste et chrétienne, elle est néanmoins Agnostique. Elle était d'origine Cherokee par son père. Elle a fait des études en Anthropologie.
Selon certains témoignages, Barack Obama aurait une ancêtre commune, une française, avec l'ancien vice président américain Dick Cheney. On lui reconnaîtrait aussi des ascendances, anglaise, néerlandaises, allemandes et Irlandaises. Son nom signifie en hébreu "béni". Suivant sa mère dans un second mariage après le divorce avec son père, Barack Obama a vécu pendant 4 ans à Jakarta en Indonésie où il a assisté à la naissance de sa demi sœur Maya.
Comme on le voit donc, Obama est une synthèse : il n'est pas issu de l'esclave ou du potentiel esclave exclusivement, ni du maître totalement; il est issu des deux. Il n'est pas uniquement descendant de l'opprimé indien Cherokee, il est aussi de l'oppresseur Européen; il n'est ni exclusivement noir, ni totalement blanc, il est le métissage des deux; il n'est ni musulman, ni juif mais il est un peu de tout çà à la fois; il n'est ni d'Orient, ni d'occident, il a jeté un pont entre les deux; il n'est ni africain exclusivement, ni américain uniquement, il est l'ambassadeur des deux régions. Avec Barack Obama, tout semble se neutraliser.
Le Messie
Le fait pour l'Africain, pour le Noir de se sentir plus concerné que les autres dans l'ascension de Barack Obama ne participe du tout pas aux combats antérieurs ayant opposé ce peuple aux autres peuples du monde. Non, cela vient de très loin. Il suffit pour cela de lire entre les lignes du message de félicitation de la secrétaire d'Etat américaine Condolezza Rice, qui trouve que "Obama est un candidat attractif et et quelqu'un d'extraordinaire" pour comprendre que cette ultra conservatrice, très proche de Georges Bush, n'a pas pu dominer ce frisson racial qui l'a parcouru à l'annonce de la nomination de Brack Obama par les électeurs. Un frisson qu'il faut être noir ou d'ascendance, pour ressentir et dont l'explication rationnelle n'est pas toujours facile à donner. C'est que en moins de 50 ans, Barack Obama a multiplié dans la réalité cette fois ci, par 5 voire par 10 et peut-être même par l'infini, le rêve du pasteur Martin Luther lorsque le 23 août 1963, il prononça à Washington son fameux discours : "I have a dream", devant 250 000 personnes. Ce jour là, le rêve du pasteur King était celui d'une Amérique où ses enfants noirs marcheront un jour à coté des enfants blancs. Même dans ses rêves les plus fous et à l'échelle des siècles, King n'aurait jamais vu un noir aussi proche de la Maison blanche. Et pourtant, Obama n'est plus qu'à quelques mètres.
Obama, et cela, je voudrais rester dans des proportions humaines, est le Messie qui est venu enlever le péché du monde. Il est venu pour réconcilier, non pas seulement les Etats-Unis mais le monde entier avec lui-même. Il est venu pour rappeler que ceux qui avaient un jour pensé, pour des raisons bassement matérielles, à transformer des êtres humains en bête de somme, en objet de traite étaient dans l'erreur totale. Que ceux qui avaient pensé et qui pensent encore qu'ils pouvaient formater la mémoire des autres hommes pour mieux les dominer commettaient ou commettent un crime contre l'humanité. Que ceux qui, malheureusement aujourd'hui, pensent que la couleur de la peau et des yeux peut être des critères objectifs de distinction des individus, continuent de se tromper.
Mais si j'admets que Barack Obama est le Messie, qu'il est "l'agneau de Dieu qui enlève le péché du monde", je n'emprunte tout de même pas les mêmes voies sacrificielles que la prix Nobel Doris Lessing, encore Hillary Clinton ou bien d'autres qui n'ose pas réfléchir à haute voix et qui, bien que reconnaissant implicitement le statut de Messie de Barack Obama, préfèrent procéder par adaptations conservatrices pour voir et souhaiter son assassinat, son sacrifice. Bien qu'elles aient eu le mérite de dire tout haut ce que les autres pensent tout bas, mesdames Lessing et Clinton - et pour Hilary Clinton particulièrement ne sont pas neutres dans le jugement - pêchent quand même par cet appel à peine voilé au meurtre dans une Amérique où on connaît la gâchette facile et où des meurtres similaires avaient déjà eu lieu par le passé. Mais ce qu'elles doivent savoir, c'est que, contrairement à Jésus Christ dont le Royaume n'était pas de ce monde, le Royaume de Barack Obama est bien de ce monde. Ce Royaume là se trouve à la Maison Blanche à Washington. Il doit donc vivre, pour accéder à son Royaume terrestre.
Etienne de tayo
Promoteur "Afrique Intègre"
http://www.edetayo.blogspot.com/
Auteur de l'ouvrage : "Pour la Dignité de l'Afrique, Laissez-nous crever"
Lorsque la personnalité camerounaise me dit que Obama est camerounais, même si je ne veux pas le froisser, je ne manque quand même pas d'écarquiller les yeux. Alors, il insiste et précise : "Mais je te dis qu'il est Camerounais. Il doit même être des environs de Yaoundé là. Souviens-toi du professeur Jean Baptiste Obama", précise t-il. Le professeur Jean Baptiste Obama est un brillant historien camerounais à la mémoire d'éléphant qui depuis a emporté son savoir au fond d'une tombe, comme d'ailleurs récemment son cadet, l'anthropologue Séverin Cecil Abéga.
Prenant du recul, je comprends finalement que cette personnalité camerounaise là émet, par son affirmation, à sa manière, le vœu de voir chaque Africain et au-delà, chaque Noir s'approprier Obama. Non pas dans l'exclusion des autres comme le monde avait fonctionné jusqu'à ce jour mais plutôt dans une sorte de symbiose arc-en-ciel. Parce que Barack Obama lui-même n'est pas le fruit de l'exclusion. Il n'est pas le produit de la division. Il symbolise la synthèse. Il est le pont, il est la passerelle. Il est le média par lequel, la puissance régénératrice de l'humanité veut s'exprimer aux hommes, à tous les hommes quel qu'en soit la couleur le leur peau et de leurs yeux, leur continent d'origine, leur religion, leurs opinions politiques. Et il suffit de jeter un regard dans sa généalogie pour comprendre que c'est l'humanité toute entière qui devrait se l'approprier.
Barack Hussein Obama Sr, le père de l'actuel candidat démocrate, est né en 1936 au Kenya. Fils d'un guérisseur de l'ethnie Luo, il a été éduqué à la religion musulmane mais il est néanmoins sans religion. Après de brillantes études d'économie à Havard aux Etats-Unis, il rentre au Kenya et intègre le gouvernement de Jomo Kenyatta dont il était l'un des piliers. Tombé en disgrâce, il sombre dans l'alcool et se tue dans un accident de circulation en 1982. Il faut précisé qu'il avait divorcé de la mère de Obama Junior et avait fondé une nouvelle famille au Kenya.
Quant à la mère du Sénateur de l'Illinois, Shirley Ann Dunham, morte en 1995, elle est une descendante de Jefferson Davis, le président des Etats confédérés d'Amérique. D'origine modeste et chrétienne, elle est néanmoins Agnostique. Elle était d'origine Cherokee par son père. Elle a fait des études en Anthropologie.
Selon certains témoignages, Barack Obama aurait une ancêtre commune, une française, avec l'ancien vice président américain Dick Cheney. On lui reconnaîtrait aussi des ascendances, anglaise, néerlandaises, allemandes et Irlandaises. Son nom signifie en hébreu "béni". Suivant sa mère dans un second mariage après le divorce avec son père, Barack Obama a vécu pendant 4 ans à Jakarta en Indonésie où il a assisté à la naissance de sa demi sœur Maya.
Comme on le voit donc, Obama est une synthèse : il n'est pas issu de l'esclave ou du potentiel esclave exclusivement, ni du maître totalement; il est issu des deux. Il n'est pas uniquement descendant de l'opprimé indien Cherokee, il est aussi de l'oppresseur Européen; il n'est ni exclusivement noir, ni totalement blanc, il est le métissage des deux; il n'est ni musulman, ni juif mais il est un peu de tout çà à la fois; il n'est ni d'Orient, ni d'occident, il a jeté un pont entre les deux; il n'est ni africain exclusivement, ni américain uniquement, il est l'ambassadeur des deux régions. Avec Barack Obama, tout semble se neutraliser.
Le Messie
Le fait pour l'Africain, pour le Noir de se sentir plus concerné que les autres dans l'ascension de Barack Obama ne participe du tout pas aux combats antérieurs ayant opposé ce peuple aux autres peuples du monde. Non, cela vient de très loin. Il suffit pour cela de lire entre les lignes du message de félicitation de la secrétaire d'Etat américaine Condolezza Rice, qui trouve que "Obama est un candidat attractif et et quelqu'un d'extraordinaire" pour comprendre que cette ultra conservatrice, très proche de Georges Bush, n'a pas pu dominer ce frisson racial qui l'a parcouru à l'annonce de la nomination de Brack Obama par les électeurs. Un frisson qu'il faut être noir ou d'ascendance, pour ressentir et dont l'explication rationnelle n'est pas toujours facile à donner. C'est que en moins de 50 ans, Barack Obama a multiplié dans la réalité cette fois ci, par 5 voire par 10 et peut-être même par l'infini, le rêve du pasteur Martin Luther lorsque le 23 août 1963, il prononça à Washington son fameux discours : "I have a dream", devant 250 000 personnes. Ce jour là, le rêve du pasteur King était celui d'une Amérique où ses enfants noirs marcheront un jour à coté des enfants blancs. Même dans ses rêves les plus fous et à l'échelle des siècles, King n'aurait jamais vu un noir aussi proche de la Maison blanche. Et pourtant, Obama n'est plus qu'à quelques mètres.
Obama, et cela, je voudrais rester dans des proportions humaines, est le Messie qui est venu enlever le péché du monde. Il est venu pour réconcilier, non pas seulement les Etats-Unis mais le monde entier avec lui-même. Il est venu pour rappeler que ceux qui avaient un jour pensé, pour des raisons bassement matérielles, à transformer des êtres humains en bête de somme, en objet de traite étaient dans l'erreur totale. Que ceux qui avaient pensé et qui pensent encore qu'ils pouvaient formater la mémoire des autres hommes pour mieux les dominer commettaient ou commettent un crime contre l'humanité. Que ceux qui, malheureusement aujourd'hui, pensent que la couleur de la peau et des yeux peut être des critères objectifs de distinction des individus, continuent de se tromper.
Mais si j'admets que Barack Obama est le Messie, qu'il est "l'agneau de Dieu qui enlève le péché du monde", je n'emprunte tout de même pas les mêmes voies sacrificielles que la prix Nobel Doris Lessing, encore Hillary Clinton ou bien d'autres qui n'ose pas réfléchir à haute voix et qui, bien que reconnaissant implicitement le statut de Messie de Barack Obama, préfèrent procéder par adaptations conservatrices pour voir et souhaiter son assassinat, son sacrifice. Bien qu'elles aient eu le mérite de dire tout haut ce que les autres pensent tout bas, mesdames Lessing et Clinton - et pour Hilary Clinton particulièrement ne sont pas neutres dans le jugement - pêchent quand même par cet appel à peine voilé au meurtre dans une Amérique où on connaît la gâchette facile et où des meurtres similaires avaient déjà eu lieu par le passé. Mais ce qu'elles doivent savoir, c'est que, contrairement à Jésus Christ dont le Royaume n'était pas de ce monde, le Royaume de Barack Obama est bien de ce monde. Ce Royaume là se trouve à la Maison Blanche à Washington. Il doit donc vivre, pour accéder à son Royaume terrestre.
Etienne de tayo
Promoteur "Afrique Intègre"
http://www.edetayo.blogspot.com/
Auteur de l'ouvrage : "Pour la Dignité de l'Afrique, Laissez-nous crever"