Entre Corréziens, on se comprend |
Même s’il n’a plus qu’une apparence d’un petit vieux qui avance en traînant les pieds comme ses congénères des maisons de retraite ; même si pour l’enterrer politiquement, certains avaient voulu lui attribuer la maladie d’Alzheimer, l’ancien président de la République française, Jacques Chirac dispose quand même d’assez de lucidité pour savoir qu’il est un homme de droite et qu’à ce titre, il doit travailler à faire gagner le candidat de son camp à la prochaine élection présidentielle quel qu’en soit le candidat.
Et pourtant, celui qui reste l’une des personnalités politiques les plus populaires auprès des Français a dit, lors de la visite d’un Musée à lui dédiée à Saran en Corrèze, qu’il votera pour François Hollande, son compatriote de Corrèze à la prochaine présidentielle.
Cette déclaration venait compléter l’affirmation dans le dernier tome de ses mémoires, selon laquelle le président du conseil général de Corrèze a la stature d’un homme d’Etat. A contrario, Jacques Chirac fait un portrait moins reluisant de l’actuel président de la République. Sous la plume de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy est décrit comme un homme « nerveux, impétueux, débordant d’ambition ne doutant de rien et surtout pas de lui-même ».
Contre cette prise de position claire, ni les dénégations de François Hollande qui préfère parler de « plaisanterie lancée juste pour énerver ses amis, sur un mode de sourire » ; ni les mises au point de Bernadette Chirac plus portée au soutien à Nicolas Sarkozy dont l’épouse, Carla est sa filleule, n’y feront rien.
Un animal politique de la stature de Jacques Chirac ne parle jamais pour ne rien dire ou pour amuser la galerie. Et puis, à la veille d’une élection présidentielle comme c’est le cas en France, toutes les sorties médiatiques des hommes politiques ont un sens.
En appelant à voter François Hollande, l’ancien président français, en plus du fait qu’il laisse penser que l’élection de 2012 se jouera sur le registre du terroir, envoie au moins trois messages :
- Il règle un vieux compte personnel à Nicolas Sarkozy et tous les Balladuriens qui l’avaient trahi en 1995. Depuis 2007, à la faveur de l’élection de Nicolas Sarkozy, ils sont revenus aux affaires et ne manquent pas de le narguer et même de le tourmenter avec des affaires judiciaires ;
- Il fait primer la préférence territoriale sur l’appartenance politique, démontrant ainsi que les attaches territoriales ou villageoises ont encore en France une force que les siècles de construction nationale n’ont pas réussi à effacer. Ce faisant, il lance un réel défi au modèle politique français ;
- Il montre enfin que par delà les camps et les appareils politiques, la politique n’est qu’un jeu de don et de retour d’ascenseur.
En 1981, c’est Jacques Chirac, un leader pur jus de droite qui avait fait élire François Mitterrand contre Valery Giscard d’Estaing, un homme du centre droit. Un ascenseur que Mitterrand a tenu à lui retourner en 1995. En 2012, un François peut-il cacher un autre ?
PS : Aux dernières nouvelles un communiqué émanant de Jacques Chirac est venu mettre du bémol à sa déclaration : « C’était simplement un trait d’humour corrézien entre républicains qui se connaissent de longue date », déclare Jacques Chirac
Etienne de Tayo
Promoteur « Afrique Intègre »
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