Depuis près d'une vingtaine d'années, l'église catholique au Cameroun est aux avant poste du combat contre les maux que sont la corruption et le détournement des deniers publics. Et pourtant le phénomène n'a jamais été aussi en santé qu'aujourd'hui. Pourquoi?
Mgr Philipe Stevens, évêque de Maroua-Mokolo au Cameroun, a profité de la tenue des travaux de la conférence épiscopale du Cameroun, pour tancer, dans une homélie haut en couleur, tous ceux qui anime au Cameroun, les réseaux de corruptions ainsi que ceux qui se livrent au détournement des deniers publics. Mais les propos de l'évêque, rapportés par le journal camerounais "Mutations", sont surtout marqués par un vœu d'impuissance face à ces fléaux : "Qui écoutent les évêques? Où sont les cadres chrétiens", a-t-il déclaré. Et de répondre : "Ce sont eux malheureusement qui se retrouvent dans les détournements des fonds consacrés aux écoles, aux hôpitaux. Ils sont dans les chaînes de corruption pour les marchés publics. Ce n'est pas juste".
Le propos de Mgr Stevens recèle quelque chose de très grave pour le Cameroun. Cette chose, c'est que les corrompus et les détourneurs de deniers publics ont réussi à avoir le dessus et sur l'Etat qui a depuis longtemps avoué son impuissance malgré l'opération épervier, et sur l'autorité morale qu'est l'église. Et ce serait injuste que de dire que les évêques du Cameroun n'ont rien fait pour combattre le phénomène. Depuis près de 20 ans en effet, les prélats dénoncent à longueur des lettres pastorales ce qu'ils qualifient de structures du péché. On se souvient de la lettre des évêques de 1990, celle qui avait fait le plus de vagues, au moment où le parti au pouvoir, à son corps défendant bien sûr, niait l'existence dans ses rangs des braqueurs à col blanc de la fortune publique.
On peut aussi citer la lettre des évêques de 2000 sur la corruption au Cameroun qui corroborait déjà le constat des organisations indépendantes comme transparency International. Il faut aussi relever le fait que dans toutes leurs lettres et même dans des homélies individuelles, les évêques du Cameroun ont toujours tiré la sonnette d'alarme par rapport à la dérive de la société camerounaise surtout pour ce qui est de la gestion du bien public par ceux qui en ont la charge. Les sorties du cardinal Christian Tumi, archevêque de Douala, marquées notamment par leur caractère prophétiques, illustrent parfaitement ce combat de l'église catholique au Cameroun.
Comme on peut le voir, les évêques du Cameroun semble convaincu d'avoir payé leur tribut moral par rapport au combat pour une société camerounaise plus moralisée et mieux gérée. Ils l'ont même parfois fait au péril de leur quiétude et même de leurs vies. Mais pour autant, peuvent-ils avoir la conscience totalement tranquille quant à la mission qui est la leur en tant que autorité morale? L'église catholique au Cameroun est-elle vraiment impuissante face au phénomène comme a semblé l'avouer Mgr Stevens ou s'est-elle accommodée de la situation? Si oui, pourquoi? Ceux que l'évêque de Maroua Mokolo appelle "les cadres de l'église" se sentent-ils vraiment mis à l'index par l'église lorsqu'ils sont convaincu de péché par rapport au bien de l'Etat?
Le dire et le faire
Le constat est que, depuis près d'une vingtaine d'années que l'église catholique qui est au Cameroun fustige des comportements déviants de certains de ses fidèles, tout se passe comme si ces critiques donnaient plus de vigueur à l'action prédatrices de ces derniers. Ceci s'explique au moins par deux faiblesses dans la démarche de l'église catholique : la posture de combat qui semble porter les germes de son inefficacité et une certaine garantie de l'impunité dont bénéficient les mis en cause au sein de leur église.
En privilégiant la posture tribunicienne et l'effet d'annonce au détriment de la posture de l'action, l'église catholique semble avoir contribué, peut-être malgré elle, à la banalisation du fait corruptionnel et du braquage de la fortune publique. Ceux des braqueurs à col blanc de la fortune publique qui lisent les lettres des évêques ou écoutent les homélies des hommes d'église semblent dire ceci : "Parlez toujours, cela ne nous atteindra pas. L'œil n'a jamais tué l'oiseau". Et dans un pays où le ridicule ne tue pas et n'a jamais d'ailleurs tué, ils se secouent comme des canards sauvages et laissent tomber l'accusation comme ces derniers laissent tomber les gouttes d'eau après s'être trempé dans la marre. Cette posture de l'église catholique est voulue et semble être adoptée à dessein parce que d'autres communautés chrétiennes parfois plus petites et moins influentes qu'elle, sont plus dans l'action. Elles sont ainsi en mesure de mettre en quarantaine un de leur membre si jamais celui-ci est pris en flagrant délit de corruption et de braquage de la fortune publique. Et elles n'ont même pas souvent besoin de faire un communiqué pour cela.
Ce qui caractérise les braqueurs à col blanc de la fortune publique, c'est leur propension à la générosité subite. Et en général, l'église, qu'elle soit catholique ou autre est souvent le principal bénéficiaire de ces largesses. Regardez autour de vous et vous verrez qu'un cadre de la fonction publique ou un homme d'affaire devenu subitement riche a tendance à construire une chapelle dans son village ou son quartier, à tout le moins, à contribuer à sa rénovation. Ceci voudrait dire au moins une chose : à savoir que les braqueurs à col blanc de la fortune publique ou comme d'ailleurs les braqueurs ordinaires ont la peur de Dieu. Et s'ils ont la peur de Dieu, c'est qu'ils ont la peur, à tout le moins, le respect des messagers de Dieu que sont les hommes d'église au premier rang desquels les évêques. Que font donc souvent les hommes d'église de cette ascendance qu'ils ont sur leurs fidèles y compris les plus riches?
Que l'évêque de Maroua Mokolo, parlant du peuple de Dieu s'exclame, "qui écoute les évêques, où sont les cadres chrétiens!", en tentant de montrer l'impuissance de l'église, me laisse dubitatif. Mgr Stevens reconnaît que les cadres chrétiens se retrouvent dans les détournements de fonds publics et dans les chaînes de corruption pour les marchés publics. Joli constat, mais lorsqu'ils reviennent à l'église, comment les accueille t-on? On leur déroule le tapis rouge, et les dispose très souvent aux premières loges en espérant qu'ils soulagent leur porte monnaie de leur plus gros billet de banque. On a souvent vu des feymen - ces nouveaux riches à la moralité particulièrement douteuse - reconnus de tous, être aussi des membres influents et pourvoyeurs de fonds de l'église. On serait friand de connaître ce que ces bienfaiteurs disent souvent dans le creux de l'oreille du prélat lorsqu'ils viennent se confesser après leurs multiples forfaits.
Lorsqu'on se retrouve ainsi dans une société où on s'intéresse, pour la promotion sociale, uniquement à la fortune de l'individu sans se préoccuper des moyens mis en œuvre pour l'accumuler, les échelles de valeur s'inverse. Au Cameroun, l'église en général et l'église catholique en particulier, n'a rien fait pour inverser la tendance.
Par Etienne de Tayo
Promoteur de "Afrique Intègre"
www.edetayo.blogspot.com
Mgr Philipe Stevens, évêque de Maroua-Mokolo au Cameroun, a profité de la tenue des travaux de la conférence épiscopale du Cameroun, pour tancer, dans une homélie haut en couleur, tous ceux qui anime au Cameroun, les réseaux de corruptions ainsi que ceux qui se livrent au détournement des deniers publics. Mais les propos de l'évêque, rapportés par le journal camerounais "Mutations", sont surtout marqués par un vœu d'impuissance face à ces fléaux : "Qui écoutent les évêques? Où sont les cadres chrétiens", a-t-il déclaré. Et de répondre : "Ce sont eux malheureusement qui se retrouvent dans les détournements des fonds consacrés aux écoles, aux hôpitaux. Ils sont dans les chaînes de corruption pour les marchés publics. Ce n'est pas juste".
Le propos de Mgr Stevens recèle quelque chose de très grave pour le Cameroun. Cette chose, c'est que les corrompus et les détourneurs de deniers publics ont réussi à avoir le dessus et sur l'Etat qui a depuis longtemps avoué son impuissance malgré l'opération épervier, et sur l'autorité morale qu'est l'église. Et ce serait injuste que de dire que les évêques du Cameroun n'ont rien fait pour combattre le phénomène. Depuis près de 20 ans en effet, les prélats dénoncent à longueur des lettres pastorales ce qu'ils qualifient de structures du péché. On se souvient de la lettre des évêques de 1990, celle qui avait fait le plus de vagues, au moment où le parti au pouvoir, à son corps défendant bien sûr, niait l'existence dans ses rangs des braqueurs à col blanc de la fortune publique.
On peut aussi citer la lettre des évêques de 2000 sur la corruption au Cameroun qui corroborait déjà le constat des organisations indépendantes comme transparency International. Il faut aussi relever le fait que dans toutes leurs lettres et même dans des homélies individuelles, les évêques du Cameroun ont toujours tiré la sonnette d'alarme par rapport à la dérive de la société camerounaise surtout pour ce qui est de la gestion du bien public par ceux qui en ont la charge. Les sorties du cardinal Christian Tumi, archevêque de Douala, marquées notamment par leur caractère prophétiques, illustrent parfaitement ce combat de l'église catholique au Cameroun.
Comme on peut le voir, les évêques du Cameroun semble convaincu d'avoir payé leur tribut moral par rapport au combat pour une société camerounaise plus moralisée et mieux gérée. Ils l'ont même parfois fait au péril de leur quiétude et même de leurs vies. Mais pour autant, peuvent-ils avoir la conscience totalement tranquille quant à la mission qui est la leur en tant que autorité morale? L'église catholique au Cameroun est-elle vraiment impuissante face au phénomène comme a semblé l'avouer Mgr Stevens ou s'est-elle accommodée de la situation? Si oui, pourquoi? Ceux que l'évêque de Maroua Mokolo appelle "les cadres de l'église" se sentent-ils vraiment mis à l'index par l'église lorsqu'ils sont convaincu de péché par rapport au bien de l'Etat?
Le dire et le faire
Le constat est que, depuis près d'une vingtaine d'années que l'église catholique qui est au Cameroun fustige des comportements déviants de certains de ses fidèles, tout se passe comme si ces critiques donnaient plus de vigueur à l'action prédatrices de ces derniers. Ceci s'explique au moins par deux faiblesses dans la démarche de l'église catholique : la posture de combat qui semble porter les germes de son inefficacité et une certaine garantie de l'impunité dont bénéficient les mis en cause au sein de leur église.
En privilégiant la posture tribunicienne et l'effet d'annonce au détriment de la posture de l'action, l'église catholique semble avoir contribué, peut-être malgré elle, à la banalisation du fait corruptionnel et du braquage de la fortune publique. Ceux des braqueurs à col blanc de la fortune publique qui lisent les lettres des évêques ou écoutent les homélies des hommes d'église semblent dire ceci : "Parlez toujours, cela ne nous atteindra pas. L'œil n'a jamais tué l'oiseau". Et dans un pays où le ridicule ne tue pas et n'a jamais d'ailleurs tué, ils se secouent comme des canards sauvages et laissent tomber l'accusation comme ces derniers laissent tomber les gouttes d'eau après s'être trempé dans la marre. Cette posture de l'église catholique est voulue et semble être adoptée à dessein parce que d'autres communautés chrétiennes parfois plus petites et moins influentes qu'elle, sont plus dans l'action. Elles sont ainsi en mesure de mettre en quarantaine un de leur membre si jamais celui-ci est pris en flagrant délit de corruption et de braquage de la fortune publique. Et elles n'ont même pas souvent besoin de faire un communiqué pour cela.
Ce qui caractérise les braqueurs à col blanc de la fortune publique, c'est leur propension à la générosité subite. Et en général, l'église, qu'elle soit catholique ou autre est souvent le principal bénéficiaire de ces largesses. Regardez autour de vous et vous verrez qu'un cadre de la fonction publique ou un homme d'affaire devenu subitement riche a tendance à construire une chapelle dans son village ou son quartier, à tout le moins, à contribuer à sa rénovation. Ceci voudrait dire au moins une chose : à savoir que les braqueurs à col blanc de la fortune publique ou comme d'ailleurs les braqueurs ordinaires ont la peur de Dieu. Et s'ils ont la peur de Dieu, c'est qu'ils ont la peur, à tout le moins, le respect des messagers de Dieu que sont les hommes d'église au premier rang desquels les évêques. Que font donc souvent les hommes d'église de cette ascendance qu'ils ont sur leurs fidèles y compris les plus riches?
Que l'évêque de Maroua Mokolo, parlant du peuple de Dieu s'exclame, "qui écoute les évêques, où sont les cadres chrétiens!", en tentant de montrer l'impuissance de l'église, me laisse dubitatif. Mgr Stevens reconnaît que les cadres chrétiens se retrouvent dans les détournements de fonds publics et dans les chaînes de corruption pour les marchés publics. Joli constat, mais lorsqu'ils reviennent à l'église, comment les accueille t-on? On leur déroule le tapis rouge, et les dispose très souvent aux premières loges en espérant qu'ils soulagent leur porte monnaie de leur plus gros billet de banque. On a souvent vu des feymen - ces nouveaux riches à la moralité particulièrement douteuse - reconnus de tous, être aussi des membres influents et pourvoyeurs de fonds de l'église. On serait friand de connaître ce que ces bienfaiteurs disent souvent dans le creux de l'oreille du prélat lorsqu'ils viennent se confesser après leurs multiples forfaits.
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7 commentaires:
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