mardi 27 décembre 2011

LE PARADIS C'EST L'AILLEURS

Lorsqu'au bout de quelques semaines de mon séjour au pays, j'ai compris enfin ce que, pris dans la spirale de la mondialisation et d’une démocratisation emballée, le Cameroun était en train d'endurer, les rêves, parfois insensés, que le peuple camerounais était en train de se construire; lorsque j'ai analysé tous ces regards admirateurs de ceux – pourtant détenteurs de situations confortables - qui, les posant sur moi, semblaient me faire comprendre que j'avais réussi ma vie tout simplement parce que je vis en Europe. Lorsque j'ai perçu le rapport que les Camerounais entretiennent désormais avec la vie, la mort, l’amour, l'argent; lorsque j'ai compris que dans leur immense majorité, les jeunes du Cameroun, « bien que frustrés mais ne parvenant pas à l’expression politique de leur mécontentement », étaient désormais confortement installés dans la sublimation de l'ailleurs, l’adoration du Dieu Argent exacerbé par le phénomène de « feymania », je me suis assigné au moins trois missions.

J'ai voulu faire comprendre, en tentant de les décourager ou du moins de leur donner suffisamment d’éléments de discernement par rapport à leur projet d’émigration, à ceux qui le croient fermement, que l'Europe n'est nullement un paradis et y élire domicile pour un immigré, surtout après un certain âge, est plus un signe d'échec de la vie que de réussite. Et pour donner du contenu à ce que je dis, je leur citai un certain nombre de métier de merde que les immigrés sont parfois obligés d’accomplir par des temps effroyables : veilleur de nuit, ouvrier de chantier, cireur de carreaux, éboueur… Je leur rappelai les images des hôtels brûlant en plein Paris emportant dans l’au-delà leur locataire, en général des immigrés qui y étaient entassés. Les images qu’ils ont d’ailleurs l’habitude de voir aussi car, malgré leur apparent dénuement, ils sont tous câblés aux chaînes de télévision étrangères.

J'ai voulu aussi faire comprendre que, malgré le semblant de bonheur qu'il semble nous combler, l’argent est un moyen et non une fin. Il sert certes à réussir une vie mais ne remplace pas la vie elle-même, ni ne favorise l’accès au bonheur. A mon sens, je pense qu’il doit exister un point d’inflexion dans l’accumulation à partir duquel l’argent devient nuisible à son détenteur. Il suffit juste de tendre l’oreille pour suivre certaines affaires qui illustrent bien cette sorte d’overdose de l’argent.

Et pour étayer mon propos, je fis accompagner mes sermons de cette pensée d'Epicure : "La pauvreté, mesurée aux besoins de notre nature est une grande richesse. La richesse pour qui ne connaît pas de bornes est une grande pauvreté". Je voulais faire comprendre à tous ceux qui se sont installés confortablement dans la posture de pauvre qu’ils étaient en réalité très riches. C’est vrai que, confronté à la réalité, mon propos n’avait au mieux que la valeur d’un prêche de prélat illuminé, au pire des entourloupes d’une personne égoïste qui ne veut pas partager le bonheur que représente pour eux l’émigration.

J'ai voulu enfin faire comprendre, au vu du faste qui entourait désormais le deuil et la banalisation qui touche finalement ce moment pénible, que dans aucune civilisation on ne peut transformer la mort, le deuil en occasion déguisée de fête, tout simplement parce que cela heurte la décence. Le deuil est d’abord une occasion de recueillement qui doit préserver l’intimité des personnes éplorées.

A mon grand étonnement, j’ai eu l’impression qu’au Cameroun des deuils étaient désormais programmés comme des anniversaires. Comme toutes ces maladies de la pauvreté ont fait beaucoup de morts-vivants, c'est-à-dire des hommes et femmes ayant déjà un pied dans l’au-delà, les gens ne s’embarrassent plus, en voyant passer une de ces personnes, d’affirmer que son enterrement aura lieu dans deux ou trois semaines. Et comme par enchantement, ces prévisions tombent souvent juste. Je pensais et je le faisais comprendre aux autres que tout cela n’est pas normal.

Mais, très vite, au bout de quelque temps, j'ai compris que si je continuais à prêcher ces idées très déconnectées de la réalité selon plusieurs personnes, je courais le risque d'un lynchage public en règle. Alors, j'ai décidé à mon corps défendant de ne plus heurter des convictions aussi ancrées. Je leur disais désormais que l'Europe est un vrai paradis sur terre et malheur à celui qui mourra sans y avoir mis les pieds. Sur la mort et sa célébration, ce que j'appelle la civilisation de la morgue et du service traiteur, je leur disais désormais que peut-être un homme qui n'a pas réussi la vie sur terre peut ainsi s'atteler à réussir sa mort.



Etienne de Tayo

Promoteur « Afrique Intègre »

mercredi 21 décembre 2011

DU MARCHE POLITIQUE A LA POLITIQUE DE MARCHE

A l’origine, le mot marché est d’essence économique à tel point qu’il serait redondant de parler de marché économique. L’évolution de la société marquée par l’adoption des modèles démocratiques nous impose aujourd’hui d’explorer un autre marché : le marché politique.

Dans un marché ordinaire, virtuel ou physique, se rencontre l’offre et la demande d’un ou de plusieurs biens. C’est aussi le lieu de rencontre de plusieurs offreurs et plusieurs demandeurs. Au marché, on rencontre d’un coté des offreurs et de l’autre les demandeurs mais on rencontre aussi ceux qui sont à la fois demandeurs et offreurs d’où le terme de Bayam Sellam bien connu au Cameroun. A la différence d’un marché ordinaire, le marché politique est beaucoup plus complexe. Ceci, en raison de son caractère essentiellement étagé. On parlerait d’ailleurs mieux des marchés politiques.

Le premier marché qui se situe au sommet de la pyramide est celui de l’offre du pouvoir politique suprême par l’Etat à travers la programmation de l’élection présidentielle par exemple. Dans ce marché monopolistique à offre unique, l’Etat offreur a en face plusieurs demandeurs que sont les entrepreneurs politiques connus sous le vocable de hommes ou femmes politiques. La monnaie utilisée dans ce marché se décline en voix d’électeurs détenues par le peuple. Lesquelles voix se fructifient au travers du suffrage électoral. Le pouvoir suprême est ainsi servi à l’entrepreneur politique qui fait le meilleur score en voix d’électeurs. Lesquelles voix il doit acquérir en accédant au second marché.

Dans ce deuxième marché, l’entrepreneur politique tente d’acquérir les voix d’électeurs en offrant des programmes politiques dans lesquels il essaye d’intégrer les promesses de réalisation dont le peuple, offreur de voix, est demandeur. Dans un marché de concurrence pure et parfaite qu’on qualifierait dans le contexte politique de cadre démocratique, les offreurs de voix que sont le peuple, doivent disposer de capacités leur permettant d’évaluer les offres de programme des entrepreneurs politiques en vue de leur accorder le juste prix le jour du marché symbolisé ici par le jour du scrutin. Lorsque cette condition de clairvoyance et de transparence n’est pas remplie, nous assistons à une sorte de marché pervers, dissimulant des sous marchés où l’entrepreneur politique est tout sauf un honnête homme et où le peuple est une sorte de dindon de la farce consentant.

L’analyse d’un marché électoral à la lumière de l’élection présidentielle passée au Cameroun peut nous permettre de confronter la théorie développée plus haut. Dans le cadre de l’élection présidentielle justement, le premier marché est une sorte de marché sélectif à l’entrée duquel s’élèvent d’énormes barrières sous forme de caution à payer et de pièces à fournir en vue de l’étude du dossier d’acceptation de candidature. Cette caution s’élève à 5 millions de F CFA (7 500 euros). Une somme suffisamment élevée pour un pays où le revenu moyen dépasse à peine les 150 000 F CFA (225 euros). En bout de chaîne se trouve une sorte d’agrément permettant aux heureux élus d’accéder au second marché, celui de l’acquisition de voix d’électeurs nécessaires à la conquête du pouvoir suprême. Cet agrément est délivré par Elecam, l’organe en charge de l’organisation des élections au Cameroun.

Au Cameroun, l’ouverture du premier marché s’est faite par la convocation du corps électoral. Aussitôt, plusieurs entrepreneurs politiques, cinquante deux au total, se sont bousculé aux portes du marché. La sélection faite aussi bien au niveau de « Elections cameroon » que de la cour suprême a finalement ouvert les portes du marché à 23 entrepreneurs politiques seuls habileté à solliciter les voix d’électeurs. Pendant la campagne électorale qui s’est étalée du 24 septembre au 8 octobre 2011, les médias ont rendu compte des véritables parties de chasse qu’organisent les différents états major de partis politiques engagés dans la compétition. Chacun des hommes et femmes politiques y allait de son génie propre.

Mais, la nature du champ politique camerounais, les logiques et les jeux des acteurs, les stratégies qu’ils déploient donnent à voir un marché particulier qui découle de la spécificité du Cameroun. C’est la présence de ce marché souterrain qui offre à l’élection présidentielle l’allure d’une affaire économique au sens le plus mercantile du terme. Il s’agit d’un marché de placement et de fructification des fonds. A l’origine, la décision de l’Etat d’offrir gracieusement et sans condition de rentabilité électorale, la somme de 30 millions de F cfa (50 mille euros) à chaque candidat sélectionné qui aura conduit sa campagne électorale jusqu’au bout. Nous avons vu que pour accéder au statut de candidat, il faut disposer d’un peu de courage, payer une caution de 5 millions de F cfa et justifier d’un certain nombre de pièces attestant de la nationalité camerounaise et de la qualité de citoyen et justifier d’une résidence permanente depuis au moins un an.

Face à une telle offre, l’entrepreneur politique rationnel pense à un investissement de départ de 5 millions qu’il peut obtenir auprès d’une banque ou d’une tontine. Après quoi, il s’arrange pour être présent sur le terrain pendant la campagne électorale. S’appuyant sur la pauvreté ambiante, il lui suffit de donner la somme de 1000 F cfa ou l’équivalent d’une bière aux personnes qui viendront chaque fois meubler ses meetings, de payer 2000 F cfa à chacun de la dizaine des motos taxi qui l’accompagneront dans ses tournées urbaines en faisant le plus de bruits possible. Comme tout entrepreneur rationnel, il a une gestion rigoureuse de ses fonds avec le souci de la réalisation du plus grand profit. Après l’élection présidentielle, s’il a pu dépenser 10 millions, il s’en tirera avec un bénéfice net de 20 millions qu’il investira dans un vrai marché économique. Ainsi va la politique au Cameroun.



Par Etienne de Tayo

Promoteur « Afrique intègre »

jeudi 15 décembre 2011

LES SYMBOLES DE POUVOIR

L’image avait été furtive voire subliminale à la télévision mais assez significative du rapport que le président Paul Biya a au pouvoir politique. Nous sommes le 03 novembre 2004, jour de sa prestation de serment à l’Assemblée nationale ouvrant ainsi l’ère du Cameroun des « grandes ambitions ». Après avoir apposé sa signature sur le document de prestation de serment, le président de la République se lève et se saisi de la serviette contenant le précieux sésame. Machinalement, son aide de camp s’avance pour le soulager de cette charge. Mais l’homme du 6 novembre refuse ostensiblement de lui donner le document. Mieux il le serre fortement sous son aisselle et l’emporte avec lui jusque dans sa limousine.

Pour un monsieur, adepte de la représentation politique, qui n’a que tant côtoyé le pouvoir dans sa vie avant d’en faire finalement son objet de compagnie, cela n’a rien d’anodin. Paul Biya sait plus que quiconque, que cette serviette dans laquelle est logé la preuve de sa prestation de serment est un symbole de pouvoir autant que sa limousine, son palais, son bureau, son avion… Il sait qu’en laissant cette serviette à son aide de camp, même seulement pour quelques minutes, il lui concède ainsi, symboliquement, la jouissance d’une partie du pouvoir. L’appétit venant en mangeant, celui-ci peut se faire des idées par rapport à la possession du pouvoir.

Il sait surtout qu’au-delà des définitions savantes présentant le pouvoir à la fois comme contenant et contenu, le pouvoir n’est finalement qu’une somme de prérogatives disséminées dans les actes de la vie quotidienne. Il sait par ailleurs que ces prorogatives, symboliques ou réelles, sont susceptibles d’une appropriation frauduleuse de la part des personnes plus futées que le détenteur officiel du pouvoir. Il sait aussi que le pouvoir ne se partage pas, qu’il n’y a pas de canapé mais de fauteuil présidentiel dans lequel il faut se visser pleinement pour ne pas donner l’occasion à un autre de tenter de le partager. Il sait enfin que, plus que tous les autres biens précieux, le pouvoir ne saurait être laissé à la garde de quelqu’un d’autre.

En 1982, Ahidjo cède le pouvoir à son successeur constitutionnel Paul Biya dans les conditions que tout le monde sait. Une transmission plutôt élégante du pouvoir saluée à l’époque par tous les observateurs. La démission du premier et le discours chargé d’émotion qui l’accompagne, la prestation de serment du second et le vœu de fidélité qui la caractérise laisse penser qu’entre les deux protagonistes le ciel est sans nuage. Et pourtant un soupçon de tentative de subtilisation de pouvoir de l’un par l’autre va tout faire basculer.

En effet, quelques temps après sa démission, l’ancien président Ahmadou Ahidjo doit aller en Europe pour son contrôle de santé. C’est tout naturellement qu’il sollicite du nouveau président Paul Biya l’avion présidentiel pour l’accompagner dans son voyage. Après avoir cogité pendant longtemps, le président Paul Biya ou son entourage décide de lui envoyer un lot de billet d’avion de la Camair. Ahidjo pique une colère noire et le fait savoir à son successeur. Le feu qui finira par embraser leur relation vient ainsi d’être allumé.

Dans ce conflit, l’ancien président Ahidjo avait été un peu court. Malgré la connaissance qu’il avait du pouvoir du fait de ses origines peuls, le « grand camarade » n’était pas parvenu à la compréhension de cette vérité presque sacré qui voudrait qu’un pouvoir ne valle que par ses symboles. Il n’a pas compris qu’en sollicitant l’avion, il se comportait comme s’il avait juste gardé le pouvoir chez son dauphin et qu’il reviendra de temps à autre faire un emprunt de pouvoir. Il n’a pas compris qu’en embarquant à Yaoundé et en débarquant à Paris de l’avion présidentiel, il risquait de créer une certaine confusion diplomatique et de fragiliser le pouvoir de son successeur. Dans l’entourage du nouveau président, cette tentative de subtilisation, peut-être involontaire et inconsciente, de pouvoir avait été très vite repérée et interprétée.

La prise de conscience du fait que le pouvoir est un objet susceptible de vol intégral ou de vol partiel oblige malheureusement ses détenteurs à développer toutes sortes de technologies pour le protéger et le conserver. La plupart des critiques portée au système du président Paul Biya portent sur sa propension à la protection et à la conservation du pouvoir au point de sacrifier plusieurs autres missions attachées à sa fonction de président de la République. Dans l’entourage du président, on ne se gène pas pour faire observer que : moins il y aura des voleurs de pouvoir, moins de temps sera consacré à sa protection et plus consistant sera le temps mis pour la réalisation de la vision du président de la République. Argument valable ou simple pirouette de politique ?



Etienne de Tayo


Promoteur « Afrique Intègre »

dimanche 12 juin 2011

2012 : JACQUES CHIRAC VOTERA VILLAGE

Entre Corréziens, on se comprend
Même s’il n’a plus qu’une apparence d’un petit vieux qui avance en traînant les pieds comme ses congénères des maisons de retraite ; même si pour l’enterrer politiquement, certains avaient voulu lui attribuer la maladie d’Alzheimer, l’ancien président de la République française, Jacques Chirac dispose quand même d’assez de lucidité pour savoir qu’il est un homme de droite et qu’à ce titre, il doit travailler à faire gagner le candidat de son camp à la prochaine élection présidentielle quel qu’en soit le candidat.

Et pourtant, celui qui reste l’une des personnalités politiques les plus populaires auprès des Français a dit, lors de la visite d’un Musée à lui dédiée à Saran en Corrèze, qu’il votera pour François Hollande, son compatriote de Corrèze à la prochaine présidentielle.

Cette déclaration venait compléter l’affirmation dans le dernier tome de ses mémoires, selon laquelle le président du conseil général de Corrèze a la stature d’un homme d’Etat. A contrario, Jacques Chirac fait un portrait moins reluisant de l’actuel président de la République. Sous la plume de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy est décrit comme un homme « nerveux, impétueux, débordant d’ambition ne doutant de rien et surtout pas de lui-même ».

Contre cette prise de position claire, ni les dénégations de François Hollande qui préfère parler de « plaisanterie lancée juste pour énerver ses amis, sur un mode de sourire » ; ni les mises au point de Bernadette Chirac plus portée au soutien à Nicolas Sarkozy dont l’épouse, Carla est sa filleule, n’y feront rien.

Un animal politique de la stature de Jacques Chirac ne parle jamais pour ne rien dire ou pour amuser la galerie. Et puis, à la veille d’une élection présidentielle comme c’est le cas en France, toutes les sorties médiatiques des hommes politiques ont un sens.

En appelant à voter François Hollande, l’ancien président français, en plus du fait qu’il laisse penser que l’élection de 2012 se jouera sur le registre du terroir, envoie au moins trois messages :

- Il règle un vieux compte personnel à Nicolas Sarkozy et tous les Balladuriens qui l’avaient trahi en 1995. Depuis 2007, à la faveur de l’élection de Nicolas Sarkozy, ils sont revenus aux affaires et ne manquent pas de le narguer et même de le tourmenter avec des affaires judiciaires ;

- Il fait primer la préférence territoriale sur l’appartenance politique, démontrant ainsi que les attaches territoriales ou villageoises ont encore en France une force que les siècles de construction nationale n’ont pas réussi à effacer. Ce faisant, il lance un réel défi au modèle politique français ;

- Il montre enfin que par delà les camps et les appareils politiques, la politique n’est qu’un jeu de don et de retour d’ascenseur.

En 1981, c’est Jacques Chirac, un leader pur jus de droite qui avait fait élire François Mitterrand contre Valery Giscard d’Estaing, un homme du centre droit. Un ascenseur que Mitterrand a tenu à lui retourner en 1995. En 2012, un François peut-il cacher un autre ?

PS : Aux dernières nouvelles un communiqué émanant de Jacques Chirac est venu mettre du bémol à sa déclaration : « C’était simplement un trait d’humour corrézien entre républicains qui se connaissent de longue date », déclare Jacques Chirac



Etienne de Tayo


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mardi 7 juin 2011

CANCER POUR TOUS EN 2050


En septembre 1978, 134 pays réunis dans le cadre de la conférence de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), ont signé la déclaration dite d’Alma Ata. Ce plan définit la stratégie mondiale de la santé pour tous en l’an 2000. La santé étant appréhendée ici, selon la déclaration, comme ressource de la vie quotidienne et non comme le but de la vie.

Très vite transformé en slogan presque structurant pour l’OMS, cette stratégie a nourri par endroit dans le monde, bien d’espoirs et englouti des budgets parfois faramineux. C’est vrai qu’un slogan est par essence un artifice publicitaire servant à mobiliser les ressources pour atteindre des objectifs situés bien en deçà de ce qu’il proclame.

L’année 2000 est finalement arrivée et a coïncidé avec le paroxysme de la propagation du vih Sida dans le monde. Depuis près d’une décennie maintenant, cette maladie dite du siècle, procède au prélèvement d’un nombre impressionnant de jeunes de par le monde. Ils n’ont pas eu la santé pour tous promise en l’an 2000.

L’an 2000 a aussi coïncidé avec la vulgarisation du téléphone portable présenté par la publicité comme l’une des révolutions du 21e siècle qui aura facilité non seulement la vie des hommes dans la monde mais aussi leur communication. Sauf que, comme le Sida, le téléphone portable risque conduire au cancer qui lui-même conduit à la mort.

Se défaisant de la pression des lobbies de l’industrie téléphonique, l’OMS a décidé de jeter un pavé dans la marre par rapport au danger que ferai courir le téléphone portable à la santé des hommes. En effet, le 31 mai dernier, 31 experts de 14 pays, réunis depuis une semaine à l’OMS et après avoir passé en revue des centaines de pages des articles scientifiques, sont parvenus à la conclusion selon laquelle « les téléphones portables sont considérés comme pouvant entrainer des cancers ».

Une information d’une gravité certaine quand on sait que, d’après le journal « Le Monde », on compte aujourd’hui 5 milliards d’abonnement à la téléphonie mobile dans le monde. Et pourtant la nouvelle a été accueillie par les utilisateurs du téléphone portable dans une indifférence presque suicidaire. Et tout laisse croire, au vu de cette insouciance, que l’OMS devrait concocter un autre slogan pour promouvoir, non plus la santé pour tous mais le cancer pour tous en 2050.



Etienne de Tayo


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dimanche 5 juin 2011

LE SPORT NATIONAL

"Présentez-la à DSK..."

L’affaire DSK est en train de devenir un véritable révélateur de ce qu’est réellement la société française, du moins, son cercle des politiques. Après Tristane Banon qui a menacé un temps d’enfoncer DSK avant de se rétracter ; après les deux ex-employées de Mairie dont les révélations ont finalement fait tomber le Tronc de Draveille, plusieurs chaumières en France bruissent d’autres histoires de sexe au sujet des hommes politiques français.

Alors qu’on espérait l’accalmie, l’ancien ministre de l’éducation Luc Ferry est sorti des placards pour relater ce que la presse qualifie de « scandale à tiroirs ». En effet, dans le grand journal de Canal+, Luc Ferry lève le voile sur l’histoire d’un « ministre qui s’est fait poisser dans une partouze avec des petits garçons ». Et de préciser que l’affaire lui a été racontée par les plus hautes autorités de l’Etat dont le premier ministre.

Si on ne ferme pas très vite ce robinet de toutes ces affaires de dessous de ceinture, bientôt toute la classe politique française sera noyée de dénonciations politico-sexuelles. Et cela risque même devenir une arme politique redoutable. Mais dans tout çà, c’est le modèle social et politique français qui est mis à l’épreuve et l’exception française sérieusement écornée.

En effet, l’arrestation de DSK et la campagne anti-française entamée par les tabloïds de Rupert Murdock est une grosse agression contre le modèle social et politique français. Ce modèle comprend dans sa dimension sociale, le partage, le fromage, la baguette, le vin et dans son volet politique, le sexe. On a ainsi pu dire de la pratique politique en France que si on lui enlevait le sexe, elle perdrait de toute sa saveur.

Du chauffeur de François Mitterrand qui poireautait des heures sur les Champs- Elysées parce que son patron a disparu dans les feuillages avec une compagnie galante à Bernadette Chirac qui passait son temps à ameuter le tout Paris politique avec cette phrase : « n’as-tu pas vu Jacques ? », le gotha politique français a toujours trouvé dans le sexe le réconfort que nulle autre pratique ne peut procurer.

En France, on ne voit aucun drame dans le fait qu’en fin de journée, pour se débarrasser du stress inhérent à sa fonction, un Maire, un député, un ministre convoque sa collaboratrice pour la soumettre à une séance de mammographie. Après tout, se dit la société, il ne les lui prélève pas ses seins. Aux Etats –Unis, si vous rêvez d’être un jour président, il faut tenir votre sexe dès l’adolescence. En France par contre, il faut le plus le laisser balader.

C’est ainsi qu’en France, DSK, un redoutable prédateur était présenté par des journalistes comme un séducteur. Or, les deux postures n’ont rien de commun. Si toutes les deux auraient quelque chose à se reprocher dans une société puritaine, l’une diffère nettement de l’autre. Le séducteur fait de la femme un jouet de ses fantasmes alors que le prédateur transforme la femme en proie sur laquelle il se jette pour satisfaire ses désirs bestiaux.

Au moment où ils sont à la recherche des arguments pour tenter de l’innocenter, les avocats de DSK n’ont qu’à plaider le fait qu’en France, le sexe en politique est un sport national. Et au nom de l’exception française qui voudrait que le modèle social et politique français ne devienne  jamais l’American way of live, demander sa relaxe pure et simple.

Etienne de Tayo


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vendredi 3 juin 2011

LE TESTAMENT DU COLONEL MOUAMMAR KADHAFI, GUIDE DE LA JAMAHIRIYA ARABE LIBYENNE DEMOCRATIQUE ET SOCIALISTE



Cela fait deux mois que la Libye subit l’agression de quelques pays occidentaux revanchards qui veulent se débarrasser du colonel Kadhafi et faire main basse sur les fonds souverains de la Libye estimés aujourd’hui à près de 175 milliards de dollars.

Mesurant la taille, l’état d’esprit et la férocité des agresseurs, le guide de la Jamahiriya arabe libyenne démocratique et socialiste sait que tout peut arriver y compris pour lui-même le sacrifice suprême. C’est pourquoi, dans une lettre émouvante, il a décidé de saisir ses frères africains pour donner sa version des faits devant le tribunal de l’opinion, avant de continuer le combat jusqu’au dernier souffle comme il le dit lui-même.

Demain, lorsqu’il sera exécuté ou capturé et humilié comme le président Laurent Gbagbo, ces mots seront déjà là pour interpeller notre conscience d’Africain sur ce que nous voulons pour notre continent.


Traduit de l’arabe en anglais par le professeur Sam Hamod.


Au nom d'Allah, le Clément, le Miséricordieux...


Depuis 40 ans, à moins que ce ne soit plus, je ne me souviens pas, j'ai fait

tout mon possible pour donner aux gens des maisons, des hôpitaux, des

écoles, et, quand ils avaient faim, je leur ai donné à manger. À Benghazi,

j'ai même transformé le désert en terres arables, j’ai tenu tête aux

attaques de ce cow-boy, Reagan, quand il a tué ma fille adoptive orpheline.

Essayant de me tuer, il a tué à la place cette pauvre enfant innocente.

Ensuite, j'ai épaulé mes frères et sœurs d'Afrique avec de l'argent pour

l'Union africaine.

J'ai fait tout mon possible pour aider les gens à comprendre le vrai concept

de démocratie, qui consiste en des comités populaires dirigeant leur pays.

Mais ce n'était jamais assez, comme me l'ont dit certains. Même ceux qui

possédaient une maison de 10 chambres, des costumes et du mobilier neufs,

n'étaient jamais satisfaits. Ils étaient si égoïstes qu’ils en voulaient

toujours plus. Ils ont dit aux Zuniens et aux autres visiteurs qu'ils

avaient besoin de « liberté » de « démocratie » et n’ont jamais réalisé

qu'il s'agit d'un système de panier de crabes, où le plus gros bouffe les

autres. Ils étaient seulement ensorcelés par ces mots, sans réaliser jamais

qu’en Zunie, il n’y a pas de médicaments gratuits, ni d'hôpitaux gratuits,

ni de logement gratuit, ni d'enseignement gratuit, ni non plus de nourriture

gratuite, sauf quand les gens sont obligés de mendier ou de faire longtemps

la queue pour avoir de la soupe.

Non, peu importe ce que j'ai réalisé ! Pour certains ce n'était jamais

assez. Mais les autres savaient que j'étais le fils de Gamal Abdel Nasser,

le seul vrai leader musulman arabe que nous avons eu depuis Salah-al-Din.

Nasser était sur ses traces quand il a exigé le canal de Suez pour son

peuple, tout comme j'ai réclamé la Libye pour mon peuple. J'ai essayé de

l’imiter pour garder mon peuple libre de la domination coloniale, des

voleurs qui nous détroussent.

Maintenant, je suis attaqué par la plus grande force de l'histoire

militaire. Obama, mon petit-fils africain, veut me tuer, priver notre pays

de liberté, nous priver de la gratuité de nos biens : logements, médecine,

éducation, nourriture, et remplacer tout ça par la grivèlerie à la zunienne

appelée « capitalisme. » Or, nous tous, dans le tiers monde, savons ce que

cela veut dire. Cela signifie que les multinationales dirigeront le pays,

dirigeront le monde, et le peuple souffrira. Voilà pourquoi il n'y a pas

d'autre solution pour moi, je dois prendre mes dispositions. Et si Allah le

veut, je mourrai en suivant Sa Voie, la voie qui a rendu notre pays riche en

terres arables, avec de quoi manger et la santé, et nous a même permis

d'aider nos frères et sœurs africains et arabes en les faisant travailler

ici avec nous, dans le Jamahiriya libyen.
Je ne désire pas mourir, mais si cela devait advenir, pour sauver cette

terre, mon peuple, tous ces milliers de gens qui sont tous mes enfants,

alors qu'il en soit ainsi.

Que ce testament soit ma voix dans le monde. J’ai tenu tête à l’agression

des croisés de l'OTAN, résisté à la cruauté, contrecarré la trahison ; je me

suis élevé contre l'Occident et ses ambitions colonialistes, et, avec mes

frères africains, mes vrais frères arabes et musulmans, je suis dressé comme

un phare de lumière. Quand d'autres construisaient des châteaux, je vivais

dans une maison modeste et dans

une tente. Je n'ai jamais oublié ma jeunesse à Syrte, je n’ai pas

stupidement dépensé notre trésor national, et comme Salah-al-Din, notre

grand leader musulman qui sauva Jérusalem pour l'Islam, je n’ai guère pris

pour moi-même...

En Occident, sachant pourtant la vérité, certains me qualifient de «fou» de

«bizarre», ils continuent de mentir, ils savent que notre pays est

indépendant et libre, et non pas sous emprise coloniale, que ma vision, ma

conduite, est et a été sincère et pour

mon peuple, et que je me battrai jusqu'à mon dernier souffle pour garder

notre liberté. Puisse Allah Tout-Puissant nous aider à rester fidèles et

libres.

mercredi 1 juin 2011

L'AFRIQUE TRAHIE, L'AFRIQUE VIOLEE, L'AFRIQUE HUMILIEE


L’organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan) a continué et même intensifié ses frappes sur Tripoli quelques heures seulement après la visite de l’émissaire de l’union africaine, Jacob Zuma.

En lançant ainsi ses raids meurtriers – le fils cadet de Kadhafi, sa femme et leurs trois enfants ont déjà été tués dans ces raids - le bras armé de l’Occident, donne un message clair sur sa volonté de saper, jusqu’à l’humiliation, les efforts de la médiation africaine préparée par l’Union africaine et conduite par le président sud africain.

Les effets dévastateurs de la crise financière de 2008 et la concurrence féroce des pays émergents sur le continent africain sont les deux raisons qui ont détraqué l’Occident en transformant certains de ses leaders en véritables conquistadors du 21e siècle.

Pendant quelques années - et malheureusement, cela pourra encore durer bien longtemps – cet Occident là errera comme une bête féroce blessée en semant la mort et la désolation à son passage. Et comme dans un documentaire animalier, l’Afrique reste l’endroit idéal où le gibier sans défense foisonne.

Nul n’a le droit de se réjouir du sort qui s’abat sur l’Occident et le pousse au crime. Mais nous avons l’obligation et le devoir d’éclairer la lanterne des populations aussi bien africaines qu’occidentales afin de prévenir les dérives de certains Etats désormais pilotés par « des voyous et des assassins », comme l’ont souligné les avocats français Jacques Verges et Roland Dumas. Ce dont ces Français accusent Nicolas Sarkosy qu’ils poursuivent désormais en justice pour « crimes contre l’humanité », c’est d’avoir entraîné la France dans la politique du colt et de la gâchette facile. Une posture propre aux américains et aux anglo-saxons qu’en leur temps, Jacques Chirac et Dominique de Villepin, au nom d’une certaine exception française, avaient rejeté avec une élégance certaine.

De la criminalisation de l’Otan et de l’ONU

Pour ceux qui ne le savent pas ou qui l’aurait oublié, l’Otan est le dernier vestige d’un Occident belliqueux et meurtrier. La conjoncture internationale défavorable, pousse les dirigeants occidentaux à mettre l’Otan au service de l’économie politique de la prédation. Celle qui aidera un occident en déclin économique à se refaire une santé en faisant main basse sur les ressources des nations faibles ou fragiles de préférence dirigées par des éléments infiltrés.

La même conjoncture internationale difficile pousse l’occident à dégager le verni du droit international qui naguère recouvrait certaines de ses actions. C’est ainsi que les missions de l’ONU sont dévoyées à coup de mensonges infantilisants. La « protection des civils » a pris en Libye et en Côte d’Ivoire la place des « armes de destruction massives » utilisés contre l’Irak de Saddam Hussein.

Une résolution de l’ONU censée d’isolement de l’espace aérien de la Libye devient un prétexte à un coup de force visant à renverser le régime de Kadhafi et à placer au pouvoir de Libye des hommes sûrs et dévoués au service de l’Occident : « il pourrait falloir déployer, à un certain stade, une petite force (…) pour aider les insurgés », soutient Samuel Lockear, chef du commandement conjoint des opérations de l’Otan à Naples.

Les infiltrés

Au lendemain des indépendances africaines, les Etats colonialistes avaient réussi à perpétrer des coups d’Etat en Afrique en utilisant leurs services secrets. Mais, avec ce qui s’est passé en Côte d’ivoire et est en train de se passer en Libye, c’est la première fois que, depuis l’opération Barracuda commanditée par Valery Giscard D’Estaing et ayant servi à déposer son « frère », l’empereur de Centrafrique Jean Bedel Bokassa, la France et les autres nations occidentales osent violer aussi grossièrement le continent africain avec la caution à peine voilée de l’ONU.

Et si l’Occident réussi une telle prouesse avec tant d’aisance et d’assurance, c’est qu’il compte sur la traitrise active de ses éléments infiltrés qui ont été placé et continuent d’être placé, à la tête de certains Etats africains. En effet, dans la perspective de la recolonisation du continent africain, l’Occident a tenu à réveiller tous ses réseaux dormant sur le continent africain. Les éléments infiltrés pour servir le colonialisme sont entrés en action avec Abdoulaye Wade comme le commandant en chef. Les infiltrés prennent leurs ordres à Paris, Londres ou Washington. Par contre, ils ignorent l’instance africaine qu’est l’union africaine qu’ils s’arrangent d’ailleurs à humilier au passage.

Quand Abdoulaye Wade tombe le masque

Je m’étais toujours opposé à ses compatriotes qui, à Paris, tentaient de me faire comprendre que Wade n’est autre qu’un dangereux infiltré de l’Occident en service à la tête du Sénégal. Je mettais cela dans le compte de simples jérémiades des déçus du Wadisme.

Je me laissais naïvement séduire par les sorties coup de gueule de Abdoulaye Wade contre l’Occident sans savoir que cela n’était qu’une pirouette destinée à perdre les patriotes africains et tenter d’effacer les traces de sa traitrise.

Aujourd’hui, avec le braquage de l’Occident sur l’Afrique, Wade ne pouvait plus se cacher. On l’a ainsi vu à l’œuvre dans la presque initiation du nouvel infiltré qu’est Alassane Ouattara. Celui que la France venait de placer en Côte d’Ivoire au prix des charniers géants a réservé sa première visite officielle au patriarche de Dakar. Avec Wade, le Sénégal a été le premier pays africain à reconnaître le CNT libyen, autre appellation des insurgés qui sont prêts à livrer tous les richesses de la Libye ainsi que ses fonds souverains pour se faire porter au pouvoir de Tripoli par l’Otan.

Et pourquoi Abdoulaye Wade livre t-il ainsi l’Afrique à l’Occident ? Pour une bouchée de pain pour ainsi dire et pour des intérêts égoïstes. En effet, les services occidentaux ont promis la présidence à vie à Wade ainsi que l’intronisation de son fils Karim au pouvoir de Dakar après sa mort.

Et pour agrémenter ces promesses, les dirigeants du G8 invitent très souvent Abdoulaye Wade à venir faire de la figuration lors de leurs sommets et se prendre aussi, le temps d’un sommet, pour un grand de ce monde à la tête d’un petit Etat.

Depuis la mort de Omar Bongo, le camerounais Paul Biya est très souvent utilisé à titre décoratif lors des cérémonies par Nicolas Sarkosy. On la vu à Yamoussokro à l’intronisation d’Alassane Dramane Ouattara. Toutefois, le président français se garde toutefois bien d’en faire une pièce maîtresse de son système de recolonisation. Et les journaux camerounais se sont étonnés de ce que Sarkosy n’ai pas invité Paul Biya au dernier sommet du G8 de Deauville en France.

Sans doute le sphinx de Yaoundé n’offre pas les gages nécessaires pour remplir cette fonction. Auquel cas, le système serait en train d’œuvrer à son remplacement lors de la présidentielle d’octobre prochain par une personne plus soumise et moins usée politiquement. Mais contrairement à ce que laissent entendre les communiqués de Barack Obama et d’Hilary Clinton adressés au peuple Camerounais à l’occasion de la fête nationale du Cameroun, un tel changement ne sera pas fait dans l’intérêt de ce peuple mais bien dans celui de l’Occident.

Obama, toi aussi mon frère !

Naïvement, les Africains avaient vu en l’arrivée de Barack Obama à la tête des Etats Unis comme une chance pour l’Afrique. Naïvement parce qu’ils croyaient qu’à ce niveau de responsabilité, la couleur de la peau et la texture des cheveux pouvaient avoir quelque impact sur la prise de décision.

Prudent, j’avais tenu à commettre à l’époque une réflexion au titre suivant : « PRUDENCE : CE N'EST PAS OBAMA QUI DEVELOPPERA L'AFRIQUE! » Dans cette réflexion, je soutenais que, parce qu’il a été élu à la tête des Etats Unis dont les intérêts peuvent être divergents de ceux de l’Afrique, Obama ne se saborderait pas pour les beaux yeux des Africains.

Je ne m’y suis pas trompé. Ce qui vient de se passer en Côte d’ivoire, ce qui se passe aujourd’hui en Libye et ce qui se prépare dans d’autres pays africains pour les mois et les années à venir, me confortent pleinement dans cette prudence par rapport à une certaine idée d’ Obama l’Africain.

Entre participer à une opération de « braquage » du continent africain pour tenter de combler le déficit abyssal des Etats-Unis, espérer une relance de son économie et aider les peuples d’Afrique à parvenir à la maîtrise de leurs libertés et au contrôle des ressources de leur continent, s’offrir des dirigeants patriotes qui pensent d’abord aux intérêts de l’Afrique, Obama a fait son choix. Un choix dramatique pour l’Afrique.

L’union africaine des patriotes

Maintenant que les ennemis de l’Afrique sont repérés, que les infiltrés sont démasqués, l’union africaine doit prendre ses responsabilités et prendre date devant les peuples d’Afrique. Elle peut pour cela compter sur le volontarisme de l’actuel président de la commission Jean Ping. Il est question de construire un noyau autour de quelques chefs d’Etats restés fidèle à la ligne tracée par les pères fondateurs de l’organisation de l’unité africaine (OUA) et dont le colonel Mouammar Kadhafi était l’un des fervent défenseurs.

Ce noyau doit se construire autour des leaders tels Jacob Zuma, Abdelaziz Bouteflika. Ensuite il faudra travailler pour redonner confiance à tous les autres chefs d’Etats apeurés par la terreur de l’Occident. Il suffit de leur faire comprendre que la meilleure façon de se protéger de l’Occident n’est pas de jouer les poules mouillées mais de lui tenir tête car, dans son univers, l’Occident n’entend que le langage de la force et de la brutalité.

Pour ceux qui se laissent encore berner par les promesses du G8, il suffit de leur dérouler le tapis des promesses antérieures non tenues tout simplement parce que l’Occident, étranglé par la crise, n’a plus les moyens de ses promesses. Tel de l’eau remontant un morceau de sucre la contestation du Maghreb, au lieu de descendre vers le Sud du continent, est en train de remonter vers le cœur de l’Europe. Les indignés font le siège de Madrid et de Paris. Personne n’en parle, c’est contre nature.

Pour ceux des chefs d’Etats qui continuent à aller jouer les animaux de zoo dans les fora du G8, il suffit de leur demander d’établir eux-mêmes, pour leur peuple, le bilan de leur villégiature. Pour le sommet de Deauville, le président Sarkosy a invité les nouveaux chefs d’Etats élus de Guinée et du Niger ainsi que le putschiste de Yamoussokro. Les « puissants du monde » n’ont même pas eu l’élégance de leur faire des promesses. Ils sont rentrés bredouille.

Et enfin, pour les Africains qui s’étranglent à cause du viol de leur continent par des forces étrangères, il suffit de leur rappeler un autre viol qui défraie la chronique mondiale depuis quelques temps et au centre duquel se trouve un occidental et une Africaine. Lorsque la justice américaine aura démontré sa culpabilité, l’affaire Strauss Khan épousera parfaitement les contours symboliques du viol actuel de l’Afrique. Alors, rira bien qui rira le dernier.



Etienne de Tayo


Promoteur « Afrique Intègre »


www.edetayo.blogspot.com


Auteur de l’ouvrage : « Pour la Dignité de l’Afrique, laissez-nous crever : coup de gueule au G8 »

jeudi 19 mai 2011

AFFAIRE DSK OU LA REVANCHE DES PAUVRES


Dans cette réflexion, pour des raisons de démonstration, je retiens du concept de pauvreté, la définition découlant du modèle occidental de développement. Une définition que je récuse évidemment.

Le combat aux griffes, pour le sexe, qu’ont livré dans la suite 2806 du Sofitel Manhattan de New York, le directeur Général du FMI, Dominique Strauss Khan et la femme de chambre, Safiatou Diallo, du fait de l’identité et des trajectoires des personnes qu’il met en scène, constitue finalement un épisode majeur dans la résistance africaine contre l’impérialisme, tant ce combat est chargé de symboles.

Après son arrestation, DSK, l’homme à la braguette facile, a été gardé à vue dans un commissariat du quartier de Harlem à New York. C’est de ce commissariat qu’il sortira menottes aux poings. Harlem symbolise le plus grand ghetto des noires aux Etats Unis.

Directeur Général du FMI, Dominique Strauss Khan symbolise le capitalisme sauvage, celui des hedge funds et des subprimes, qui a précipité le monde dans la crise économique et financière depuis bientôt trois ans. Cette crise a eu pour conséquence de faire basculer le centre de gravité économique du monde vers les pays émergents, provoquant ipso facto un appauvrissement et un endettement sans précédent des pays occidentaux.

En réaction à ces contre performances économiques, les dirigeants de ces pays, transformés en néo conquistadores, ont décidé de remettre au goût du jour, l’économie politique de la prédation, celle là même qui, du temps de l’esclavage et de la colonisation, avait permis le pillage des ressources du reste du monde. Le résultat, nous le voyons aujourd’hui dans la déstabilisation programmée de la Côte d’Ivoire et de la Libye avec un seul et même objectif : faire main basse sur les ressources de ces deux pays.

Dominique Strauss Khan symbolise la réussite et le bonheur version occidental : un compte bancaire bien fourni ; des hôtels à 3000 dollars us la nuit ; des costumes à 10 000 euros pièce ; des voitures de luxe… Il symbolise aussi la puissance tous azimuts de la France qu’il allait bientôt gouverner.

Safiatou Diallo dont le nom sonne les tréfonds de l’Afrique éternelle, symbolise de par sa résidence dans le quartier de Harlem, l’immigration, la pauvreté, la misère mais surtout le cri de révolte des Africains déportés aux Etats Unis dans le cadre de l’esclavage.

Safiatou est originaire de la Guinée et plus précisément du Fouta Djalon. La Guinée de Sékou Touré, auteur du mémorable « non » au Général de Gaulle, symbolise la résistance active de l’Afrique contre le colonialisme français. Mais ce pays symbolise aussi le martyr du panafricanisme du fait de la vengeance et de la haine de la France et, de tout le monde occidental, qu’il a subi.

L’issue du combat de la suite 2806, on le connaît aujourd’hui. Safiatou qui symbolise aussi David a terrassé DSK qui n’est autre que Goliath. L’enseignement qu’on peut en tirer, c’est que le concept de puissance sur lequel s’appuient les pays occidentaux pour dominer le monde et s’offrir tous les excès, ce concept doit être révisé de fonds en comble.

Le combat qui a opposé DSK à Safiatou était en réalité une guerre symbolique qui oppose l’Afrique résistante au capitalisme sauvage. Dans ce combat, les Africains savent que Dieu dont tous ceux qui ne croient plus qu’à leur puissance de feu, n’ont plus la crainte, que ce Dieu là leur viendra en aide.

Deux poids deux mesures

Une des choses qui m’ont frappé dans cette affaire DSK, c’est l’émotion qui s’est saisi de la classe politique française toute tendance confondue face à l’image de Dominique Strauss Khan menotté et sortant du commissariat de Harlem.

Beaucoup ont tenu à dénoncer le traitement humiliant et dégradant infligé celui qui était encore directeur Général du FMI. On parle d’ailleurs aujourd’hui d’une montée d’un sentiment anti-américain en France. Et pourtant on a bine vu les Français faire l’économie de leur émotion face à d’autres actes similaires de barbarie.

Le 11 avril 2011, après avoir pilonné et détruit le palais présidentiel et la résidence du président de Côte d’Ivoire, l’armée française a permis l’arrestation du couple présidentiel Laurent et Simone Gbagbo.

Livrés à leurs pires ennemis qu’étaient les rebelles de Ouattara, ils ont été torturés et c’est dans un état piteux qu’ils ont été présenté aux médias. Mme Gbagbo par exemple a eu les cheveux arrachés à la racine. Laurent Gbagbo a été présenté en petite tenue.

Les photos et vidéos de ce mélodrame ont fait le tour du monde et n’ont suscité en France qu’indifférence et mépris de la part des politiques, des journalistes et même d’une partie du peuple.

Le 1er mai 2011, le jeune fils de Mouammar Khadafi, Saïf al Arab, âgé de 29 ans, sa belle fille et ses trois petits enfants ont été tués dans les bombardements de l’Otan auxquels participe la France dans une guerre injuste où il est tout simplement question pour les pays occidentaux de déstabiliser la Libye pour faire main basse sur ses fonds souverains.

Cette information n’a suscité aucune émotion de la part des politiques en France malgré le fait qu’une femme et trois enfants ont été tués. Comment donc comprendre que l’image de DSK menotté choque plus que des humaines qu’on supprime.

L’argument avancé pour humilier et tuer ainsi en Afrique sans susciter l’émotion en France, c’est de présenter les victimes comme des criminels ou des proches des criminels qui tuent leur peuple. A supposer que cela soit vrai.

Mais le FMI que dirigeait Strauss Khan est, toute proportion gardée, une organisation criminelle. Chaque jour dans le monde – et ce ne sont pas les Grecs ou les portugais qui nous démentiraient – des hommes et des femmes meurent parce que les mesures iniques imposées par le FMI visant à favoriser l’essor du capitalisme sauvage, les appauvri toujours plus.

Aujourd’hui, Dominique Strauss Khan est inculpé pour crime sexuel. Et lorsque sa culpabilité aura été démontrée, il ne sera plus qu’un criminel sexuel. Le criminel ordinaire supprime la vie à ses victimes. Le criminel sexuel leur supprime leur dignité qui est une composante essentielle de la vie.

Il faut d’ailleurs dire que dans le cas de DSK et tous leurs semblables qui sont engagés dans les luttes de pouvoir, ces actes vont bien au-delà de la simple satisfaction du désir sexuel pour englober des pratiques que la décence et la pudeur nous empêchent d’évoquer.



Etienne de Tayo


Promoteur Afrique intègre


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mardi 17 mai 2011

STRAUSS KHAN : CASTRATION EN HAUTE ALTITUDE

Strauss Khan Show
N’eût été la spectacularisation médiatique dont les américains ont seuls le secret et qu’ils qualifient souvent de Show, l’affaire Dominique Strauss Khan s’apparenterait à une simple castration politique. Cette opération à laquelle les politiciens sont souvent soumis soit à l’entrée au club, soit lorsqu’ils veulent gravir des échelons.

La castration consiste à amener le postulant, au travers d’un scandale, à tremper profondément ses mains dans du sang, de la boue et toutes les autres merdes dont exhale le politique. Car, comme le soutient souvent l’historien Jean Charles Gomez, « la politique est d’abord une affaire de salauds et de criminels à col blanc ».

Il s’agit pour la castration, d’une opération de l’indignité et de retrait de l’honorabilité, parfois très violente et spectaculaire où beaucoup de politiciens laissent leur vie politique. Mais comme le dit le vieil adage que je me permets de paraphraser, si la castration ne vous tue pas, elle vous rend plus fort.

Depuis l’ère Sarkozy en France marqué par l’extrême médiatisation du champ politique, nous avons assisté à un certain nombre d’opérations de castration. On peut ainsi citer l’affaire Bernard Kouchner, déclenchée par le livre de Pierre Péan, « Le monde selon K. » dont le journal Marianne disait qu’il peut « ruiner Kouchner ». On peut citer aussi la castration de Frédéric Mitterrand dont les meurs ont été étalées dans la presse et qui a eu une défense très émue sur les plateaux de télévision. Il y a la castration d’Eric Woerth et de Michel Alliot Marie qui a fini par les emporter. Il y a enfin celles de Dominique de Villepin et de Christine Lagarde qui sont en cours.

La castration vise à rendre le politicien semblable à ses congénères, question d’éviter les phénomènes de rejet souvent préjudiciable à l’harmonie du champ politique. Tout ce qui s’assemble doit forcément se ressembler. Comme je l’ai appris chez les bergers de Malombo du Nord du Cameroun, pour rentrer dans l’enclos des bœufs sans courir le risque de se faire agresser, il suffit de s’oindre avec les bouses de ces mammifères.

L’affaire Strauss Khan qui tient en haleine tous les médias du monde – et qui semble avoir détrôné Ben Laden – va bien au-delà de la simple castration pour tourner au lynchage médiatique en règle. Et le statut d’icône médiatique qui lui collait à la peau de Strauss Khan ne semble rien arranger. Car, comme on le sait, en situation de surexposition médiatique, un simple faux pas est de nature à prendre des proportions incalculables. Pour autant, le patron du FMI est-il excusable ?

Le piège et la politique

L’argument de Dominique Strauss khan et des strausskhaniens selon lequel il aurait été piégé est aussi léger qu’une plume d’oiseau. Et si c’est le seul qu’ils détiennent pour sa défense, autant jeter l’éponge et accepter le verdict du destin. On en vient à se demander si Strauss Khan était prêt pour un combat politique ou se laissait-il tout simplement porter par les sondages.

Faire de la politique c’est d’abord être capable de poser et d’éviter les pièges si bien que celui qui se surprend face aux pièges ne fait pas encore la politique. C’est un peu comme si, en voulant cueillir les roses, on se montrait surpris voire outré par les piqures des épines qui sont le moyen naturel de défense du rosier.

Parlant de pièges en politique, l’ancienne secrétaire d’Etat Rama Yade m’avouait ceci au cours d’une rencontre : « Lorsque j’arrive au bureau tous les matins, je me demande de quel coté viendra le piège du jour. En regardant la moquette de mon bureau, je me dis qu’il peut dissimuler des chausse trappe ». C’est cette prise de conscience qui lui permettait d’éviter les pièges.

Dominique Strauss Khan, candidat favori à la présidentielle française de 2012 d’après tous les sondages, aurait dû lui aussi prendre conscience de ce qu’il était désormais la cible privilégiée de toute la classe politique française aussi bien de gauche que naturellement de droite. Autant que ses adversaires de tout bord, Strauss Khan connaissait son péché mignon dont le terrain de satisfaction se situe bien en deçà de la ceinture. Il savait que c’est sur ce terrain qu’on finira par le piéger comme il l’a déclaré au journal Libération.

Ce qu’il aurait dû faire, au lieu de crier au complot aujourd’hui comme si faire la politique était autre chose que fomenter des complots, c’était d’observer un certain nombre de règles jusqu’à la présidentielle.

Dans un premier temps, il devait s’imposer une sorte de ramadan sexuel quoi que cela lui coûte. Et comme mesures d’accompagnement, il devait :

- Faire déjà venir sa femme Anne Sainclair à ses cotés à Washington pour le soutenir dans cette épreuve ;

- Mettre une sorte de tampon masculin entre lui et toutes ses collaboratrices directes au FMI ;

- Eviter systématiquement tous les lieux de tentation que sont les hôtels et les restaurants. Ce qui veut qu’à New York, il aurait dû coucher dans un canapé chez sa fille qu’il était censé venu voir selon sa défense. Un sacrifice n’est jamais assez grand pour celui qui veut être président de la France ;

Le jeûne sexuel de Dominique Strauss Khan aurait ainsi duré jusqu’à la présidentielle française de mai 2012. Et une fois élu président, il aurait pu tout simplement proposer à l’Assemblée nationale de voter un droit officiel de cuissage pour le président de la République, question de rattraper le temps perdu. Cela est tout à fait possible en France.

Mais faute d’avoir su se retenir ou d’avoir pu éviter les pièges, Dominique Strauss Khan, désormais entre les griffes acérés de la justice impitoyable des Etats Unis, pourrait subir une petite castration chimique qui l’éloignerait définitivement de la recherche effrénée de ces petites secondes de plaisir qui lui coûtent finalement trop cher.


Etienne de Tayo

Promoteur « Afrique intègre »

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mardi 12 avril 2011

COTE D'IVOIRE : QUI GOUVERNE?


Le Boulanger et le greffon

J’étais en train de mettre la dernière main sur cette réflexion lorsque, comme je le pressentais déjà, la France et l’ONU ont aidé Alassane Ouattara et Guillaume Soro à conclure, par l’arrestation de Laurent Gbagbo et de ses proches, un coup d’Etat engagé le 19 septembre 2002. Près de 10 ans pour réussir un coup d’Etat !

Qui gouverne en Côte d’Ivoire ? La question peut paraître superflue pour ceux qui veulent aller vite en besogne en prenant des raccourcis anti-démocratiques pour imposer Ouattara à la tête de la Côte d’Ivoire. Et pourtant, la réponse n’est pas aussi évidente.

Qu’est ce qui s’est passé et se passe réellement en Côte d’Ivoire ? Aidés par l’armée française et l’ONU, des miliciens pro-Ouattara ont arrêté le chef de l’Etat sortant, Laurent Gbagbo et l’ont livré à Alassane Ouattara, qui s’était auto proclamé vainqueur de la présidentielle de novembre 2010.

On constate que certaines personnes dont la communauté internationale en tête veulent transformer cette victoire militaire en triomphe politique. Un amalgame qui risque nous faire passer d’un hold-up électoral dont était accusé Laurent Gbagbo à une sorte de mise entre parenthèse de la démocratie du fait de la prise du pouvoir par les armes et d’une tentative de sa légitimation par les médias.

Le greffon de Côte d’Ivoire

La Côte d’Ivoire souffrait donc depuis la dernière élection présidentielle, d’un mal de cœur, la France et l’ONU viennent de lui placer un greffon en la personne de Alassane Ouattara. Maintenant, il faut que le greffon prenne et qu’on prévienne tout problème de rejet. Car, malgré les apparences et la volonté de ses maîtres de l’imposer comme président de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara souffre d’un réel problème de légitimité. Cela se voit qu’il a un problème de mobilisation de la population. La chute de son adversaire, pourtant l’événement majeur, n’a pas provoqué des liesses populaires comme cela aurait pu être le cas. La peur ne justifie pas tout.

Au lendemain du deuxième tour de la présidentielle controversée, Alassane Ouattara « s’est présenté comme président élu de la Côte d’Ivoire s’appuyant sur les résultats provisoires de la commission électorale indépendante (CEI) qui le créditait de 54,1% ». Résultats proclamés, le 02 décembre 2010 par le président de la CEI, acquis à sa cause, hors délai, dans l’enceinte du Golfe Hôtel, QG de campagne du candidat Ouattara. Résultats néanmoins certifiés par la mission des Nations Unies en Côte d’Ivoire comme le prévoit les accords de Ouagadougou. Après la proclamation et la certification des résultats, Ouattara « a prêté serment au travers d’un courrier envoyé au président de la cour constitutionnelle de Côte d’Ivoire ».

Les sorties de Alassane Dramane Ouattara en Côte d’ivoire dans la TCI, une télévision privée qui lui est très proche, outre le fait qu’elles participent d’une volonté de privatisation du pouvoir, montre bien sa volonté d’enfiler la toge de président de la République. Mais suffit t-il de déclamer des discours en adoptant un ton présidentiel, le drapeau de Côte d’ivoire hissé en arrière plan, pour recevoir ipso facto l’onction du pouvoir ?

En procédant à l’arrestation de son adversaire, ou en se le faisant livrer par la France, selon les versions, Alassane Ouattara a réussi à faire main basse sur l’un des symboles du pouvoir ivoirien qu’est le président de la République. Mais pour n’avoir pas encore été déclaré vainqueur par la cour constitutionnelle et pour n’avoir pas prêté serment devant une institution ivoirienne, son pouvoir reste à construire. Sauf à penser qu’ayant pris le pouvoir par la force comme n’importe quel chef de guerre, il devra rapidement organiser une élection présidentielle pour se légitimer.

Que de questions !

Finalement, au lieu d’une sortie de crise, l’arrestation de Laurent Gbagbo malheureusement entachée d’une volonté d’humiliation par ses adversaires et, le revirement stratégique de Alassane Ouattara visant à faire à son tour une sorte de hold-up électoral, en rajoute à la panoplie de questions en même temps qu’ils donneront du grain à moudre aux juristes et autres politologues : c’est quoi le pouvoir ? Comment se présente t-il physiquement et symboliquement ? Comment se matérialise t-il ? Peut-on le dissocier des symboles qui le caractérisent ? Peut-on s’octroyer un pouvoir sans faire main basse sur ses symboles ? En renonçant à donner une dimension symbolique à son du pouvoir, notamment par une prestation de serment en bonne et due forme, Alassane Ouattara ne renonce t-il pas tout simplement à la réalité de ce pouvoir ? Suffit-il de prononcer un discours dans un ton à la fois martial, emphatique et émotionnel en érigeant le drapeau de la Côte d’ivoire derrière soi et en adoptant l’attitude d’un homme d’Etat, pour recevoir le pouvoir comme d’autres reçoivent le Saint Esprit ? Le faisant, en quoi diffère t-on du comédien qui joue la représentation du président de la République ? Faut-il comme pensent certains faire du président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Mamadou Koulibaly, le président de la République par intérim qui organisera la transition jusqu’à éventuellement l’investiture de Alassane Ouattara s’il est démontré que ce dernier a été effectivement élu ou à une reprise des élections si les parties n’arrivent pas à se départager ? Comme on le voit, le chemin est encore long pour répondre sereinement à la question de la légitimité du pouvoir actuel en Côte d’Ivoire.

Le pouvoir et ses symboles

Dans la perspective du traitement de cette problématique, nous pouvons émettre l’hypothèse selon la quelle, un pouvoir ne vaut que par ses symboles. Et en décryptant le cours de la crise post électorale depuis le lendemain de l’élection présidentielle du 28 novembre 2010, nous pourrons répondre à la question que certains semblent ne plus vouloir entendre : qui gouverne en Côte d’ivoire ?
Le pouvoir politique est celui qu’on reconnaît à une personne ou à un groupe de fixer les règles qui s’appliquent à la population sur un territoire donné. « Traditionnellement, d’après le site wikipédia, le pouvoir politique se fonde et se maintient au moyen de la puissance militaire, en accumulant les richesses et en acquérant la connaissance ». Mais le pouvoir vaut aussi et surtout par ses symboles qui, pour le cas d’un pays, sont les institutions dont le président de la République en est, l’armée, les médias d’Etat, les monuments et bien d’autres.

D’après notre hypothèse, les symboles sont le révélateur du pouvoir. C’est uniquement à leur contact que celui-ci se révèle et prend réellement corps. Or, on constate que depuis l’éclatement de crise post électorale, jusqu’à ce qu’il se présente, dans son adresse à la nation comme le président de tous les ivoiriens, Alassane Dramane Ouattara a toujours évolué en dehors des symboles du pouvoir ivoirien. C’est vrai qu’il peut arguer le fait qu’il en était tenu hors par le président sortant qui refusait de lui céder le pouvoir. Alors, ne fallait-il pas attendre de se saisir de l’entièreté de ces symboles et se faire investir pour se proclamer président de tous les ivoiriens ?

Les voies de traverse

Il faut relever ici le fait que le Golf Hôtel où Ouattara a construit son pouvoir, malgré sa stature majestueuse, n’a rien d’un symbole du pouvoir. C’est vrai que Ouattara peut se prévaloir des circonstances atténuantes en présentant le fait pour le Golf Hôtel d’être sous blocus des forces de son rival Laurent Gbagbo comme une entorse à sa liberté de circulation et à sa capacité à accéder aux lieux du pouvoir. Mais ces circonstances atténuantes ne transforment pas un lieu privé en symbole du pouvoir. De même son discours de président a été prononcé et diffusé par une télévision privée qui elle aussi est loin d’être un symbole du pouvoir.

Comme on le voit, la France et l’ONU se sont donné pour mission d’hisser Ouattara au trône de Côte d’ivoire par tous les moyens. Ils y sont parvenus parce que cela devenait un problème d’orgueil. Néanmoins, on constate qu’une certaine précipitation, qui ne s’explique pas uniquement par le souci de sauver des vies humaines, risque entacher cette mission d’énormes irrégularités de même que cela créera un précédent grave pour le droit international.

Et demain la Côte d'Ivoire

De même, de son coté, Ouattara doit se retrouver dans une position très ambigüe et très inconfortable. Jusqu’à bout, Ouattara a voulu éviter au moins deux choses : ne pas apparaître comme un chef de guerre, tâche confiée à Guillaume Soro depuis 2002. Ne pas apparaître comme l’homme de la France et des puissances étrangères qui tentent la recolonisation de la Côte d’Ivoire à travers lui.

Et pourtant, c’est l’image qui lui va aujourd’hui comme un gant. Ouattara voulait, comme le lui recommandent ses maîtres, être le modèle de démocrate arrivant au pouvoir au travers des élections, l’histoire risque ne retenir de lui que l’image d’un putschiste qui a utilisé les armes pour parvenir au pouvoir en enjambant des montagnes de cadavres et en humiliant son adversaire.

Maintenant que l’homme le plus haï du monde a été arrêté, humilié, que va-t-il se passer en Côte d’Ivoire ? Pour le moment, parce qu’il est le vainqueur de la partie, toutes les cartes sont entre les mains d’Alassane Ouattara. Il peut décider d’être le démocrate et le réconciliateur. Pour cela, il faudra qu’il mette un peu d’eau dans son vin notamment en engageant des discussions politiques relatives à la dernière présidentielle comme le lui recommande le président sortant Laurent Gbagbo.

Il peut aussi être tenté par le machiavélisme consistant à liquider systématiquement ses adversaires et même certains de ses partisans. Ainsi, Gbagbo pourra être rapidement jugé et condamné ou contraint à l’exil. Après quoi, il se retournera dans son propre camp pour livrer à la justice internationale Guillaume Soro, le chef de la milice sur laquelle pèsent de forts soupçons de massacres à Duekoué. Il restera le cas de Bedié, le père de l’ivoirité sans qui peut-être le chemin de Alassane Ouattara vers le pouvoir n’aura pas été aussi long. Dans ce cas, la vengeance est un plat qui se mange froid. Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire.

Etienne de Tayo

Promoteur Afrique intègre
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vendredi 8 avril 2011

POURQUOI TANT DE HAINE CONTRE LAURENT GBAGBO?

Je m’interrogeais déjà dans ma dernière réflexion sur les causes profondes de la haine concertée, communicative, suggérée et presque recommandée contre Laurent Gbagbo par la communauté internationale. En lisant quelques réactions à mon analyse sur le devenir de la Côte d’Ivoire, analyse dans laquelle je mets en doute la capacité de Alassane Dramane Ouattara à conduire avec bonheur le destin de la Côte d’ivoire, j’ai compris que la haine et le mépris contre Laurent Gbagbo, cultivé de manière presque viscérale au sein de la communauté internationale, s’est donnée les moyens de son assouvissement dans une partie de la population ivoirienne.

Le crime souvent avancé pour soutenir cette haine contre Gbagbo est celui de gangster électoral récidiviste. Un crime devenu pourtant presque banal en Afrique où ces mêmes membres de la communauté internationale ont soutenu et soutiendront encore contre leurs peuples, plusieurs dictateurs ayant opéré des hold-up électoraux. Aujourd’hui, ces chefs d’Etats continuent d’être reçus dans les palais en occident.

Mais le plus important pour moi, c’est que je commence à avoir un début de réponse aux raisons de cette haine contre Gbagbo. Il se trouve que cet enseignant d’histoire qui a sans doute trop lu et assimilé les textes sur l’esclavage, le colonialisme et le néo-colonialisme est un insoumis par rapport à l’impérialisme. Et c’est le sous secrétaire d’Etat américain adjoint aux affaires africaines qui, enfin lève un pan de voile sur ce conflit qui oppose les membres de la fameuse communauté internationale et en particulier la France et les Etats Unis à Laurent Gbagbo.

Dans une interview accordée à Christophe Boisbouvier de RFI, William Fitzgerald révèle qu’au début de la crise ivoirienne en début décembre, « à deux reprises et à quelques semaines d’intervalle, le président Barack Obama a essayé de parler au téléphone avec M. Gbagbo mais ce dernier a refusé de le prendre au téléphone ». Et le diplomate américain de dire par deux fois : « ce n’est pas sérieux ».

Voilà donc où meurt Laurent Gbagbo. Selon toute vraisemblance, il aurait infligé la même humiliation au président français Nicolas Sarkozy. Résumons : un chef d’Etat africain refuse de prendre par deux fois au téléphone, le président de la nation la plus puissante du monde. Cela a un nom ; crime de lèse impérialiste mais je préfère parler de délit de non génuflexion.

Alors que certains chefs d’Etat africains se décoifferaient et se mettraient presque à genoux pour parler au téléphone avec Obama ou Sarkozy, et garderaient ensuite précieusement la bande sonore de cet échange comme preuve de leur véritable entrée dans l’humanité, voilà que Laurent Gbagbo crache dans le plat et envoie balader Obama. Il a semé le vent et mérite de récolter la tempête, me diriez-vous. Mais faut-il encore que ses contempteurs aient le courage de révéler les raisons pour lesquelles ils lui vouent cette haine. Au lieu de quoi, ils louvoient, ils parlent d’autres choses, vendent des illusions aux ivoiriens et tentent d’intimider tous ceux qui ne les accompagneraient pas dans leur haine contre Gbagbo.

J’aurai bien pu, comme font d’autres africains – malheureusement se présentant comme défenseurs des droits humains et parfois de l’Afrique – me joindre à cette caravane de haine sans en comprendre les tenants et les aboutissants, juste pour me mettre du bon coté et par conséquent à l’abri du besoin. Mais contre l’arrogance et l’impartialité de la communauté internationale, je suis obligé de choisir le parti de Laurent Gbagbo non pas parce qu’il est un saint ou qu’il est forcément le type de dirigeant dont rêve l’Afrique de demain, mais parce que la haine des autres a fait de lui un pestiféré, un mollusque, une vermine qu’on veut écraser. C’est donc mon humanisme qui me pousse vers lui.

Je comprends les ivoiriens qui ont vu leur pays se déliter au cours de ces dix dernières années et qui veulent faire porter la responsabilité à Laurent Gbagbo. Selon eux, il n’aurait pas dû résister à ceux qui depuis 2002 avaient décidé de le débarquer parce qu’il a perdu la confiance des maîtres. C’est dans ce piège de l’alimentaire et du tube digestif que la communauté internationale tient certains ivoiriens. Pendant 10 ans, ce qui prend aujourd’hui le nom de communauté internationale a étranglé la Côte d’ivoire. Ensuite, il était plus facile de dire aux ivoiriens de se débarrasser de cet homme qui ne leur a apporté que malheur.

On leur dit que Ouattara leur apportera la prospérité puisqu’il a des connexions dans le système international surtout occidental qui l’aime bien, au contraire de Laurent Gbagbo qui s’est enfermé dans un nationalisme rétrograde. Mais depuis 50 ans qu’elle est indépendante, la Côte d’ivoire aurait dû accéder à cette prospérité sans attendre Ouattara. Qu’est ce qui montre qu’aujourd’hui, ce qui n’a pas été possible sous le charismatique et non moins collabo Félix Houphouet Boigny le sera sous Ouattara ?



Etienne de Tayo


Promoteur « Afrique intègre »

jeudi 7 avril 2011

COTE D'IVOIRE : DIGNITE DE L'UN, LA HAUTE TRAHISON DE L'AUTRE

Le drame qui enserre et étouffe la Côte d’Ivoire aujourd’hui dégage deux images fortes dans lesquelles se reconnaît chacun des protagonistes : la dignité et la haute trahison.


La dignité est celle de Laurent Gbagbo, l’homme haï par tous qui, après avoir subi jusqu’au bout les assauts de l’impérialisme, refuse l’humiliation de ceux qui veulent lui faire avaler ses convictions. En indiquant clairement sa position à ses adversaires dont il sait qu’ils ont hâte de l’éliminer, Gbagbo fait montre d’un courage qui déroute ses ennemis. En l’écoutant répondre aux questions des journalistes avec une sérénité à toute épreuve, on a de la peine à croire qu’il est assiégé. De même que son propos laisse penser qu’en vrai chef militaire, il a parfaitement le feedback de ses hommes sur le terrain. Il n’est donc pas enfermé dans un bunker en tentant de sauver sa peau. Cette élégance dans l’affrontement de la mort et du péril qui est celle de Laurent Gbagbo aujourd’hui est une démarche tout en dignité.

Usant de la désinformation et de la manipulation, la communauté internationale a voulu faire croire que Laurent Gbagbo a abdiqué en demandant de se mettre sous la protection de l’ONU. Ce qui revenait à faire croire qu’il a accepté de se mettre sous la protection du diable qui est la source de tous ses malheurs. Ses adversaires l’ont annoncé en route pour l’exil, refugié dans une ambassade, question de créer la débandade dans ses rangs. De son coté, la France, par la voix de son ministre de affaires étrangères voulait faire croire que Gbagbo était sur le point de signer un document renonçant au pouvoir et reconnaissant la victoire d’Alassane Ouattatra.

Mais rien de tout çà. Dans une interview de Laurent Gbagbo diffusée sous les antennes de RFI et certainement reprise par plusieurs autres canaux, nous fait comprendre que non seulement Gbagbo a contourné le piège mais qu’il est plus que jamais combatif. Répondant à Norbert Navarro au sujet de son éventuelle reddition, le président Gbagbo dit ceci : « On n’est pas encore au stade des négociations. Et puis mon départ d’où, mon départ pour où ? Les militaires sont en train de discuter de la cessation des hostilités. Après, je souhaite que les civils, les politiques prennent le relais et discute de la sortie de crise. A ce moment là, on pourra me poser des questions. Pour le moment, ce n’est pas encore le cas (…) Il n’y a pas de jusqu’où. Je dis, j’ai gagné les élections. Mon adversaire dit qu’il a gagné les élections. Je dis, OK asseyons-nous et discutons, sortons les arguments. C’est tout ce que je demande. Mais on ne m’écoute pas. Il s’agit d’élections. Or, quand à la fin d’un processus électoral, deux candidats se déclarent vainqueurs, il y en a un forcément qui a été élu. Et l’autre se trompe de bonne foi ou alors il ment. Il faut régler cela. »



Peut-être dans quelques minutes ou dans quelques heures, une balle assassine de la légion étrangère d’Alassane Dramane Ouattara viendra arracher la vie à Laurent Gbagbo comme cela a été le cas des pauvres victimes de Duekoué. Alors, il mourra dans la dignité.
En Côte d’Ivoire, la haute trahison est justement celle de Alassane Dramane Ouattara. Un ancien cadre du FMI, assoiffé de pouvoir – il suffit de scruter son visage à Ouattara pour comprendre que l’homme est mortellement marqué par le recherche obsessionnelle du pouvoir au point qu’il en est devenu l’otage. Officiellement, depuis 4 mois, Ouattara tient en Côte d’Ivoire, l’autre bout de la corde qu’a déployé la communauté internationale pour étrangler le pays de Felix Houphouet Boigny. Officiellement parce qu’en fait, c’est depuis 2002 que Ouattara et ses complices avaient décidé de lancer l’OPA sur la Côte d’Ivoire tenue alors selon eux par un insoumis. C’est ainsi que la rébellion des forces dites nouvelles a été lancée et que la partition du pays a été opérée. Pendant près de 10 ans Ouattara et ses complices ont mis la zone occupée sous coupe réglée pour la constitution du trésor de guerre. Lequel est utilisé aujourd’hui pour massacrer les ivoiriens.

Même s’il ne semble pas vouloir y parvenir ou que cela se sache, il devient évident aujourd’hui que le trône sur lequel s’apprête à s’asseoir Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire et la couronne qu’il portera sur la tête seront confectionnés à partir des cadavres d’hommes fraîchement assassinés. Ce qui veut dire que, lorsqu’on le verra assis sur son trône, on verra en même temps du sang dégouliner sur le visage du roi Ouattara alors qu’un autre petit ruisseau de sang partira de ses pieds et dessinera une sorte de tapis rouge de sang.

Malgré les accointances et les liaisons dangereuses qui le lient à la communauté internationale, cette dernière a été obligée d’imputer aux hommes d’Alassane Ouattara, donc à ce dernier, les massacres de Duékoué où un millier d’ivoiriens ont été massacrés à cause de leurs opinions par les hommes d’un homme censé venir instaurer la démocratie. En acceptant que l’armée française bombarde la Côte d’Ivoire, détruise le matériel militaire et tue les ivoiriens, Alassane Ouattara a certainement ruiné toutes ses chances de se faire accepter des ivoiriens.

De quelque bout qu’on le prenne, le dénouement de la crise de Côte d’Ivoire et l’avenir même de ce pays ne pose que des questions supplémentaires qui sont autant de défis pour la Côte d’ivoire et pour l’Afrique toute entière : Pourquoi cette haine concertée et presque communicative contre Laurent Gbagbo ? Qu’a-t-il fait de pire que ne l’ont fait et ne feront d’autres chefs d’Etats en Afrique ? Les histoire de hold up électoral soutenue et presque supervisée par la France ne sont-elle pas légion en Afrique ? Et pourtant, on n’a pas vu la communauté internationale aussi active dans l’amplification de la haine meurtrière envers les auteurs comme c’est le cas aujourd’hui contre Gbagbo. Serait-il donc d’un problème de refus d’allégeance à la puissance coloniale dont serait victime Laurent Gbagbo ? Pour qui et au nom de qui demain, Alassane Ouattara gouvernera la Côte d’Ivoire ? Comment ce monsieur qui n’a jamais pu se démarquer un seul jour des positions de la fameuse communauté internationale devra t-il demain s’affranchir de la volonté de la France, des États-Unis, de la Grande Bretagne et de tous les lobbies criminels qui les parasitent d’obtenir de lui la braderie de la Côte d’Ivoire ? Quels pactes secrets Ouattara a-t-il signé avec les lobbies du cacao et les autres et à quel niveau se situe l’intérêt de la Côte d’ivoire ?

Au-delà des subtilités du droit international, l’image sombre que laisse l’arrivée de Ouattara au pouvoir en Côte d’ivoire, porté à bout de bras par une communauté internationale partiale jusqu’à la caricature, l’image est celle d’une personne sur qui pèse déjà de forts soupçons d’étranger à la Côte d’Ivoire, installé au pouvoir par les puissances étrangères. Il aura donc beaucoup de problèmes avec sa légion étrangère à véritablement s’ancrer en Côte d’Ivoire.. Demain, le premier contrat que Ouattara signera avec la France, sera celui de l’approvisionnement de la Côte d’Ivoire en armes et en munitions. Les mêmes armes et munitions que l’armée française a détruite avec l’aval d’Alassane Ouattara. Cela se voit que la connivence est trop grossière. Avec ce contrat, la France profitera pour écouler son stock d’arme et de munitions et se refaire une santé financière sur le dos du contribuable ivoirien.

Face à tout ce qui précède, un seul conseil à Alassane Ouattara : il faut que, une fois qu’il aura prêté serment, réussissant ainsi à étancher sa soif inextinguible du pouvoir, et qu’il aura fait inscrire pour l’histoire son nom sur la liste des présidents de Côte d’Ivoire, qu’il rende aussitôt son tablier ou qu’il se suicide. Car, il aura de la peine à s’imposer en Côte d’Ivoire où on a constaté son incapacité à mobiliser le peuple. Sans oublier que ses maîtres d’aujourd’hui lui mettront une pression parfois insupportable pour lui faire tenir les accords des pactes secrets. Déjà, en lui faisant porter la responsabilité du massacre de Duekoué, ils préparent le terrain du chantage à travers les multinationales des droits de l’homme qu’ils contrôlent parfois ou encore les tribunaux internationaux sous leurs ordres. Déjà le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno-Ocampo, dit son intention d’enquêter sur les « massacres commis de façon systématique ou généralisée » en Côte d'Ivoire. Face à cette annonce, Alassane Ouattara éprouve plus de peur que Laurent Gbagbo car, comme le dit un adage africain, « le cadavre n’a pas peur du cercueil ».



Etienne de Tayo


Promoteur Afrique Intègre


Auteur de l’ouvrage : « Pour la dignité de l’Afrique, laissez-nous crever »