lundi 9 avril 2007

ET SI LES FRANCAIS AVAIT BESOIN D'UN ROI?


ET SI LES FRANÇAIS AVAIENT BESOIN D’UN ROI !

L’idée d’une sixième République a fini par faire irruption dans la campagne électorale française, portée par Ségolène Royal. La candidate du parti socialiste n’en fini plus de courir après les idées de Nicolas Sarkozy, candidat de la droite qui lui-même marche sur les plates bandes de Jean Marie Le Pen de l’extrême droite.
En proposant une sixième République, Ségolène Royal exprime en d’autres termes l’idée de rupture que porte Nicolas Sarkozy depuis le début de la campagne. Ainsi, les deux candidats se retrouvent sur la problématique de la rupture comme ils se sont retrouvés cette semaine sur le thème de l’identité nationale. Un thème sur lequel Ségolène Royal a défrayé la chronique au point de vexer certaines personnes dans son entourage notamment en proposant que chaque Français accroche un drapeau bleu blanc rouge à sa fenêtre comme si la République courait un danger certain.
Comme on peut le constater, la gauche française n’a jamais été aussi proche de la droite et même de l’extrême droite. Et du coup, tout le monde donne raison à François Bayrou qui propose que tous abandonnent leurs hypocrisies et se retrouvent dans un gouvernement d’union nationale de transition peut-être. Puisque tant de chose les rapproche déjà.
Mais ce qu’il faut voir de la France et de son peuple aujourd’hui, c’est l’image d’un pays et d’un peuple qui cherche ses repères. Les discours politiques et les titres de certains ouvrages n’ont jamais été aussi pessimistes même catastrophistes sur le devenir de la France et des Français. La France n’a jamais été autant insulté et piétinée par ses propres fils qui ne se reconnaissent plus en elle. Du coup, une bonne frange des Français ont besoin qu’on leur redonne espoir. Ils ont besoin d’un discours enjoliveur sur leur avenir même s’il est artificiel et irréel. Ils ont besoin de quelqu’un qui leur dise que ce n’est pas vrai cette image loqueteuse que leur renvoie leur pays chéri. C’est sans doute pourquoi certains auteurs qui font plutôt dans la « francoptimisme » ont un réel succès auprès des français dits de souche. C’est le cas de l’écrivain Max Gallo qui s’est découvert les talents de véritable coach de la société française. En février, il a publié « L’âme de la France : une histoire de la nation des origines à nos jours » chez Fayard. En décembre 2006 déjà, il avait publié « Fier d’être français » chez LGF. On peut aussi citer l’écrivain d’origine russe Andreï Makine qui a publié en mars 2006 chez Flammarion l’ouvrage intitulé : « Cette France qu’on oublie d’aimer ». Toujours dans le même registre, un jeune des banlieues, Abdel Malik, qui dit avoir pris conscience du mal français vient de publier aux éditions Albin Michel, un ouvrage au titre évocateur : « Qu’Allah bénisse la France ». J’étais au salon du livre de la porte de Versailles cette semaine et le rang de toutes ces personnes qui étaient alignées pour une dédicace m’a conforté dans l’idée selon laquelle, la France de 2007 n’est pas si éloignée de la grande peur qu’avaient expérimenté la France pré révolution française de 1789 et qu’on a retrouvé à la veille de la seconde guerre mondiale. Il faut relever le fait que la plupart des personnes qui veulent ainsi redonner l’espoir aux Français ont la particularité d’être des Français d’adoption. Que disent donc les Français de souche ? C’est un autre débat.
Les Français ont besoin d’un guide, d’une figure emblématique qui s’impose à eux et leur redonne confiance. Mais il y a quelque chose de contradictoire dans leur démarche. Lorsqu’on a vu Jean Marie Le Pen qu’il avait envoyé au second tour en 2002 et qu’il plébiscitent encore à près de 15% pour la future présidentielle, lorsqu’on a vu ce leader d’extrême droite descendre en flamme et de façon tout à fait méprisante, Jacques Chirac qui venait de faire un discours pathétique et un rien rassembleur de fin de règne. J’ai eu envie de dire qu’il faut être déboussolé quelque part pour tirer ainsi à bout portant sur un corbillard qui fonce tout droit au cimetière. Ceux qui avaient quelque chose à tort ou à raison à reprocher à Chirac pouvaient se satisfaire. Mais à travers Jacques Chirac, c’est la fonction présidentielle donc quelque part l’âme dont parlait Max Gallo qui est ainsi traîné dans la boue. Après, les mêmes se demanderont pourquoi la France se dévalorise aux yeux de son peuple et aux yeux des autres peuples.
En 2005, toujours dans cette recherche de son identité et dans cette manifestation du mal être, les Français ont liquidé l’Europe à travers le non massif au referendum sur la constitution européenne. Aujourd’hui, au travers de leurs leaders, certains, en liant l’immigration à l’identité nationale, veulent s’élever contre l’immigré dans un amalgame spectaculaire et toujours dans cette posture de recherche effrénée de bouc émissaire. Les récents événements de la gare du Nord à Paris, où un simple contrôle de billet a dégénéré en affrontement violent de plusieurs heures entre la police et les jeunes, montre bien qu’une simple étincelle peut faire partir le brasier français.
Lorsqu’on scrute la France, les Français et leurs leaders en prenant une posture panoramique, on a l’impression d’un troupeau dont les bergers sont devenus de simples vaches. On a l’impression d’un bateau à la dérive sur lequel le capitaine et son équipage se chamaillent sans cesse et plus personne pour tenir le gouvernail. Au plan économique, la France ploie sous le poids d’une dette évaluée ce jour à près de 2000 milliards d’euros représentant parfois jusqu’à 60% du PIB. Elle ne subit plus que des délocalisations et des OPA avec leur pendant qui est le chômage. Les jeunes quittent de plus en plus le pays pour s’employer ailleurs : en Angleterre, aux Etats-Unis ou même en Asie. Pendant ce temps, les retraités, papy boomers embourgeoisés et particulièrement radins ont créé et entretiennent la civilisation du plaisir et de la jouissance.
Finalement, je pense modestement que les Français doivent enfin franchir le rubicon. La France et les Français ont besoin d’un repère, ils ont besoin d’un guide, ils ont besoin d’une image sur laquelle tous s’accordent. Bref, ils ont besoin d’un Roi qu’ils n’auraient jamais dû décapiter peut-être. Mais l’heure n’est pas aux regrets. D’avoir guillotiné le Roi Louis XVI en 1793 dans la foulée de la révolution de 1789, avait permis à la France de se présenter aux yeux du monde comme une terre de liberté, de l’égalité et de la fraternité. Il y a quelques années encore, elle pouvait pavoiser au milieu des monarchies européennes avec son statut de République républicaine. Mais, tout cela a vécu. Elle doit se rendre à l’évidence aujourd’hui de ce qu’elle est désormais moins qu’une « Républiquette ». Et du coup, ce sont les monarchies, économiquement, socialement et psychologiquement plus viables qui lui dame le pion sur tous les plans. Il n’y a qu’à voir la confrontation perdue contre la Grande Bretagne pour l’organisation des jeux olympiques de 2012.
Alors, s’il n’était pas déjà un peuple happé par toutes ces religions monéthéistes et par le rationalisme cartésien, les Français iraient en masse chez le duc d’Orléans, descendant du dernier Roi de France, pour lui demander pardon et l’introniser comme Charles De Gaulle n’avait pas su le faire en 1958 lorsqu’il fit son coup d’Etat constitutionnel.

Par Etienne de Tayo
Journaliste

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LE RÈGNE DE L’INFORMEL

En 1956, l’Argentine est étranglée par les dettes. Elle demande à connaître ses créanciers. Le ministre français des Finances s’étant proposé comme intermédiaire, la première réunion se tint à Paris le 16 mai de la même année. Le Club de Paris était ainsi né dans l’informel. Aujourd’hui, plus de 50 ans après sa création, ce groupe informel qui se présente comme une "non institution" et qui tient des sessions mensuelles, n’a ni existence légale ni statuts. "Son secrétaire général a dit un jour que quand les délégués des différents Etats étaient sur le chemin de retour, le Club de Paris cessait d’exister". Et pourtant, le Club de Paris trône sur le toit du monde et n’hésite pas, quand il le faut, à faire sentir le mors aux pays en développement qui traînent les pattes par rapport au remboursement des dettes.

Le Club de Paris est formé par 19 Etats créanciers dont les membres du G8 auxquels il faut ajouter : Australie, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, Irlande, Norvège, Pays- Bas, Suède, Suisse. Par l’objectif qu’il s’est fixé, ce Club des créanciers montre qu’il n’est ni une instance de négociation encore moins un groupe philanthropique mais plutôt une agence de recouvrement forcé et une trappe sur laquelle viennent échouer tous les pays pauvres très endettés et en difficulté de remboursement : "Les créanciers du Club de Paris souhaitent recouvrer au maximum leurs créances. Ainsi, ils demandent le paiement immédiat d’un montant aussi élevé que possible. Les montants qui ne peuvent pas être payés sont rééchelonnés dans des conditions qui équilibrent les paiements futurs et dans l’objectif de minimiser la chance que le débiteur doive retourner dans le futur devant les créanciers du Club de Paris avec une requête additionnelle".

Dans sa démarche, le Club de Paris qui pourtant se situe dans la continuité de la politique de gestion de la dette du FMI et de la Banque Mondiale, se moque parfaitement de l’état de santé économique des Etats débiteurs : "Il ne s’agit pas de libérer les capacités de financement du développement de ces pays, ni de les soulager du fardeau insupportable de la dette mais de leur faire payer au maximum de leurs capacités. Desserrer l’étau de la dette juste assez pour qu’ils soient en mesure de rembourser". Les chiffres sont d’ailleurs édifiants à cet effet. De 7 à 10 pays endettés auditionnés de 1997 et 1999, le Club de Paris est passé à 20 pays en 2000 et à 18 pays en 2001, "ce qui est un signe inquiétant de l’inefficacité des mesures imposées".

Le 14 juin 2006, le Club de Paris a organisé à Paris justement, une conférence à l’occasion de son cinquantième anniversaire. Ce forum qui a réuni environ 400 participants a permis des échanges fructueux mais rien n’a été dit sur le caractère informel de ce groupe qui pourtant est devenu un acteur majeur de la coopération et le développement dans le monde.

En 1975, au lendemain du conflit Israélo arabe, une crise pétrolière sans précédent menace le monde. Valery Giscard d’Estaing, qui vient d’être élu président en France, prend l’initiative de réunir de façon tout à fait informelle à Rambouillet, non loin de Paris, les chefs d’Etats et de gouvernement de l’Allemagne, Etats Unis, Royaume Uni, Italie et Japon en vue de trouver une réponse commune à cette menace. Le G7 qui deviendra G8 avec l’admission de la Russie venait ainsi de voir le jour au terme d’une anecdote. Il est constitué de nations industrielles situées pour la plupart à l’hémisphère nord. De proche en proche, et profitant de l’apathie des institutions chargées de la régulation économique dans le monde, et de la montée du nombre d’Etats clochardisés dans le monde, le G8 - qui forme en fait la nervure central de l’ossature du Club de Paris - a pris le pouvoir et domine littéralement le monde. Ses sommets, particulièrement courus ces derniers temps, accouche souvent des décisions sensés s’imposer sur l’ensemble de la planète au travers du système international qu’il a fini par phagocyter.

En 1996, réunis à Lyon, le G7 décide de lancer l’initiative Pays Pauvres Très Endettés (Ppte) afin de rendre soutenable la dette de pays en situation très difficile. Aussitôt, le concept est adopté par l’ensemble du système financier et monétaire mondial. Dans la gestion de l’industrie de la pauvreté, le G8 est devenu le maître d’ouvrage tandis que les institutions de Brettons Wood, le FMI et la Banque Mondiale, et les autres instruments du système des Nations Unies sont réduits au simple rôle de maître d’oeuvre. Et pourtant, comme le Club de Paris, le G8 n’a aucune existence juridique et comme lui, se complait dans l’informel.

Dans la répartition du travail qu’ils se sont donnée, les deux institutions ci-dessus tendent à se rendre indispensables et incontournables pour les pays en développement. Le Club de Paris, sous les apparences de session de "négociation", traque, de façon impitoyable, les débiteurs constitués essentiellement des pays pauvres. De son coté, le G8 s’évertue à tenir un discours humaniste et à faire des promesses toujours plus mirobolantes les unes que les autres, en vue du développement de ces mêmes pays. Le Club de Pais et le G8 agissent ainsi comme deux bestioles dont l’un est chargé de mordre sa victime et l’autre, de souffler sur la blessure, question d’atténuer la douleur.

Ce qui nous a interpellé dans ce travail, ce n’est nullement la richesse des riches qui en principe ne devrait gêner personne, sauf les jaloux. C’est :

- d’un coté, la roublardise insupportable des dirigeants du G8 qui oublient souvent leurs promesses dès qu’ils les ont annoncées au cours de leur sommet et qu’ils ont pris soin de les faire relayer par les médias ;

- et d’un autre coté, la relative naïveté, pour ne pas dire plus, de certains dirigeants africains qui pensent que le G8, présenté comme le groupe des "puissants du monde" - qui est du reste fier et jaloux de sa puissance - effacera sans condition la dette des pays africains et fournira ensuite des moyens nécessaires au financement des projets devant favoriser le décollage économique du continent africains. Ce qui serait trop beau dans un monde dominé par l’indifférence, l’égoïsme et le cynisme. Dans ce travail, nous affirmons que cette politique de mendicité fait courir un péril grave à la dignité et à la fierté de l’Afrique et des Africains. Nous avons pensé que, sans vouloir s’enfermer dans une sorte d’autarcie qui n’est plus possible dans ce monde mondialisé, l’Afrique doit, pour son développement, tourner le dos à tous les "marchands des promesses trompeuses". Elle doit compter d’abord sur elle-même et sur toutes les bonnes volontés que recèle heureusement la coopération citoyenne. Elle doit ensuite :

- Abandonner sans délai, la culture des produits agricoles qu’elle ne transforme, ni ne consomme, ni même ne maîtrise la fixation des prix sur le marché mondial. Elle doit ainsi tirer les leçons de la faillite de ces produits d’exportation et revenir aux cultures vivrières pour nourrir ses fils et filles ;

- Trouver les moyens de fructifier plus que par le passé les transferts des migrants qui dans certains cas, doublent l’aide publique au développement dont les effets négatifs sur la fierté et la dignité de l’Afrique sont incalculables ;

- Mobiliser la diaspora en vue de tirer le meilleur de sa contribution pour le développement du continent. Bien entendu, l’approche proposée dans ce travail marque la rupture par rapport au passé. Et tout processus de rupture autoentretenu nécessite la transformation de l’Homme, d’abord pour le couper de la nostalgie et l’installer dans la perspective des nouveaux enjeux.


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