samedi 9 juin 2007

G8 : PEUT-ON ENFIN LAISSER L'AFRIQUE TRANQUILLE?




C'est l'histoire d'une imposture qui se marrie à la naïveté pour donner naissance à une supercherie à grande échelle. Si on n'y prend garde, les dirigeants du G8 réussiraont à tromper tout le peuple, tout le temps.




J’avais personnellement espéré que, pris en flagrant délit de mensonge par rapport à ses promesses à l’Afrique, les dirigeants du G8 éviteraient d’évoquer le continent dans leur communiqué du présent sommet à Heligendamm en Allemagne. C’était compter sans le cynisme et le sans gêne qui caractérise le comportement de ces dirigeants qui se prennent pour les plus puissants du monde.
C’est donc reparti dans les grands médias avec des gros titres ronflants comme il y a deux ans à l’issue du sommet de glenneagles en Angleterre, connu pour être celui des promesses fallacieuses. Aujourd’hui, le G8 a remis çà et les médias complices se sont chargés de relayer : « 60 milliards de dollars pour l’Afrique ». Il est dit que le G8 débloque 60 milliards de dollars pour combattre le Sida, la malaria et la tuberculose en Afrique. Dans cette somme, les Etats-Unis apporte la moitié.
Au-delà de la volonté morbide de renforcer un cliché qui consiste à présenter l’Afrique comme le continent de la maladie, la déclaration des membres du G8 n’a rien d’innovant. Cette promesse avait déjà été faite à Glenneagles et il était question d’un accès universel aux soins pour tous les malades du Sida. Ces derniers continuent d’attendre et au lieu de la gratuité, ce sont plutôt les groupes pharmaceutiques occidentaux qui portent plainte contre les pays qui, comme l’Afrique du Sud, ont osé fabriquer les génériques question de soulager les malades. Toujours dans ce registre de promesses les dirigeants du G8 s’étaient engagés en 2005 à « doubler leur aide à 50 milliards de dollars par an d’ici à 2010, dont 25 milliards à l’Afrique ». Beaucoup ne veulent plus en entendre parler parce que c’est après cette promesse que les aides ont commencé à dégringoler.
Aujourd’hui, même les fervents défenseurs du G8 hier comme le chanteur Bono sont fatigués par les mensonges du G8 : « Je suis fatigué. Je crois qu’ils ont délibérément adopté le langage de l’ambiguïté. C’est délibérément trompeur », avoue t-il. L’autre cynisme doublé d’ailleurs d’escroquerie morale qui se dégage de la promesse des 60 milliards, c’est que plus de 60% de ce montant représente des remises de dette et d’autres mécanismes compensatoires et l’argent frais ne dépasseraient pas les 3 milliards de dollars.
Il faut dire que le mur du mensonge du G8 commence à se fissurer et d’ailleurs de l’intérieur. En effet, les dirigeants moins cyniques tels le canadien, le japonais et l’Italien, n’ont pas souhaité d’objectifs chiffrés sur l’aide à l’Afrique. Très futés, ils comprennent qu’il serait plus facile de détecter leurs mensonges si les objectifs sont chiffrés. Ils préfèrent donc qu’on les noie dans un communiqué vague avec au bout du compte le même résultat : la supercherie.
J’avais espéré que les dirigeants du G8 laisseront l’Afrique tranquille à cause de leur agenda particulièrement surchargé : le Kosovo, les tensions Russo-américaines, le réchauffement climatique.
Sur le Kosovo, les géants se sont neutralisés. La Russie ne souhaitant pas que l’indépendance du Kosovo donne des idées au Tchétchènes par exemple.
Sur les tensions Russo-américaines, la Russie qui ressent déjà ses couilles et dont Angela Merkel dit « qu’elle fait peur », a réussi à imposer ses vues aux Etats-Unis en l’invitant à venir louer les services de ses stations radars basées en Azerbaïdjan.
Sur le réchauffement climatique enfin, les dirigeants du G8 ont littéralement déçu ceux qui attendaient encore quelque chose d’eux. Ils sont parvenu finalement à un compromis non contraignant de la réduction de 50% d’émission des gaz à effet de serre.
Je ne comprendrais jamais comment une organisation aux résultats aussi minables réussi quand même à attirer certains dirigeants africains qui, depuis quelques années viennent offrir leur caution pour ces mensonges en direction de l’Afrique. A Heligendamm, Abdelaziz Bouteflika de l’Algérie, John Kuifor du Ghana, Yara Duar du Nigeria, Thabo Mbeki de l’Afrique du Sud et Abdoulaye Wade du Sénégal sont venus « boire » les nouvelles promesses des dirigeants du G8 sans exiger de faire l’état de réalisation de celles passées. Ils cautionnent le fait qu’on présente l’Afrique comme le continent de la maladie et de la mort. Que ramènent ces chefs d’Etats à leurs peuples qui souffrent si ce n’est les photos pris avec George Bush et autres Poutine.

ET SI ON ENVISAGEAIT LE PROCHAIN SOMMET SUR LA LUNE
Le sommet de Heligendamm a surtout montré la volonté des manifestants venus de par le monde de faire sauter les barrières et perturber le sommeil des puissants. Malgré l’isolement de la station choisie par Angela Merkel pour accueillir ses hôtes, les manifestants ont défié les forces de l’ordre. Que ce soit dans la forêt, dans la prairie, en haute mer on a aperçu des manifestants déterminés et bien organiser donner du fil à retordre aux forces de l’ordre. Ce qui montre bien que, comme je l’ai toujours dit, on ne peut pas se cacher pour être heureux. Et si les dirigeants du G8 ne veulent pas comprendre cette vérité pourtant simple, c’est prochainement des millions de manifestants qui déferleront dans leur prochain lieu de réunion. Et je crains qu’avec le temps, il n’existe plus de lieu sécurisé sur terre pour les accueillir. Alors, pourquoi ne pas penser qu’ils finiront par aller dans une station spatiale ou tout simplement sur la lune ou encore sur Mars pour tenir leur réunion en toute quiétude. Alors, il faudra pour cela, lancer plusieurs navettes : celle des dirigeants du G8, celle de leurs journalistes, relayeurs de leurs promesses fallacieuses et une dernières pour les présidents africains qui ont choisi de participer à cette danse macabre pour leur peuple.

Etienne de Tayo

mercredi 6 juin 2007

VOICI POURQUOI LA GAUCHE DOIT FAIRE SA MUE



Le troisième échec consécutif du parti socialiste, parti leader de la gauche française est un signe qui ne trompe pas. L’élite politique de gauche n’a pas perçu et n’a donc pas tenu compte des profondes mutations qui se sont opérées au sein de la société française ces vingt dernières années. Et ce n’est d’ailleurs pas une spécificité française puisque le même recul des gauches est perçu dans d’autres pays. La montée du capitalisme parfois brutal, le recul de l’Etat à la faveur de l’intégration du libéralisme économique ont contribué à affamer les peuples et les ont réduit à l’exaltation de l’utilitaire et à plus de pragmatisme. Le socialisme partout est en peine alors que paradoxalement les organisations de lutte contre la mondialisation par exemple, d’obédiences gauchistes, recrutent mais sont de plus en plus apolitique. Il reste que les idées de gauche restent vivaces au sein de la société mais fondent comme neige au soleil au contact de la réalité politique que sont les élections par exemple.
Les forces de gauche ont fini par se couper de la réalité simple qui est que les dirigeants d’un pays démocratique doivent se faire élire au cours d’un scrutin. Et pour y participer, il faut s’inscrire sur les listes électorales et avoir une carte de vote. C’est à la limite banal mais devient capital lorsqu’il faut conquérir le pouvoir par des voies démocratiques. Les masses populaires, majoritairement de gauche, continuent à croire qu’elles peuvent faire tomber un régime ou porter leur candidat au pouvoir en comptant sur les manifestations de rue, certes efficaces uniquement aux mains des syndicats, pour imposer des orientations à un gouvernement mais totalement inefficace pour prendre le pouvoir. C’est pourquoi, malgré les manifestations parfois monstres contre George Bush et sa guerre d’Irak, ce dernier s’est fait élire en 2004. On a l’impression que les peuples ont des conduites auto flagellatoires et, à la limite, masochistes qui consistent à se donner des dirigeants décrier par ailleurs dans les manifestations. Ces peuples sont aussi marqués par un dualisme qui fait qu’on peut admirer Hugo Chavez et voter quand même pour George Bush.
La réalité c’est que, lorsqu’on regarde la structure du corps des intellectuels en France aujourd’hui, on constate qu’elle a subi de profondes mutations. Le groupe formé de philosophes, sociologue, écrivains de renom, artistes s’est progressivement effrité avec le temps. C’est ce groupe qui entretenait l’idéalisme politique et donnait sa force à la gauche. On est bien loin des attaques en règle de Jean Paul Sartre qui n’hésitait pas à dire : « Tout anti-communiste est un chien ». Cette phrase à elle seule suffisait pour tenir en respect certains intellectuels qui pouvaient se laisser tenter par le réalisme politique. Le groupe animé jadis par Sartre et les autres a été tout simplement remplacé par des technocrates dotés d’un pragmatisme à tout rompre.
Contrairement à ceux qui couraient après un monde idéal qu’ils veulent inventer en recommandant la destruction du monde réel, les seconds s’accommodent du monde réel et s’affairent à y apporter des réformes par petites touches. Et si parfois ils parlent de rupture, c’est tout simplement pour couper l’herbe sous les pieds des intellectuels de gauche et des anarchistes. Les deux visions du monde évoquées ici se résument bien dans cette phrase célèbre de Bernard Shaw, rendue encore plus célèbre par son emploi dans le film à succès « I comme Icare » : « Il y a ceux qui regardent les choses telles qu’elles sont et se demandent pourquoi. Il y a ceux qui imaginent les choses telles qu’elles pourraient être et se disent pourquoi pas ».
Mais ce qui est intéressant à observer en France, c’est qu’il n’y a pas seulement l’élite qui est désormais attaché à la réalité. Le petit peuple s’y est mis et trouve de plus en plus ringards les discours sur un monde idéal qu’il faut construire. Il se pose des questions plus utilitaires : Combien je gagne d’argent ? Quel est mon pouvoir d’achat ? Que faire pour me loger ou pour accéder à la propriété immobilière ? Dans les réponses qu’il tente d’apporter à ces questions, une autre innovation s’observe dans le comportement des citoyens. Jadis et face à ces questions, la gauche conviait les militants à la table de l’Etat providence, seul selon elle, capable d’apporter des solutions concrètes. Aujourd’hui, beaucoup de personnes veulent tourner le dos à cette forme d’assistanat, qui ont-elles compris heurte leur dignité et écorne leur fierté. Et c’est les bases même du modèle français qui risque ainsi être sapées. Ce regain de fierté et de dignité constaté chez les masses populaires montre bien pourquoi le message dit de rupture de Nicolas Sarkozy qui demandait de « travailler plus pour gagner plus » a eu un succès considérable même dans les rangs des masses ouvrières jadis acquises à la gauche plurielle. C’est également cette mutation dans la perception de la vie que Nicolas Sarkozy pouvait piétiner les valeurs de mai 68 et se faire élire président de la République française. Même si après, il devait s’attacher les services d’un mai soixante huitards pour amortir le choc.
Au cours de la campagne pour la présidentielle, Ségolène Royal a bien perçu cette mutation dans le peuple français. C’est pourquoi elle a tenté de se démarquer du discours du parti socialiste en recommandant notamment de tourner le dos à l’assistanat.
Une autre menace qui guette les gauches, c’est l’indiscipline qui est certes la manifestation de la démocratie mais qui ne cesse de les fragiliser. Contrairement à la gauche où les combats des chefs empêchent très souvent l’émergence d’une personnalité consensuelle, la droite présente un modèle proche de celui des bandes. Lorsque le chef est choisi, tout le monde lui fait allégeance au risque de se voir broyer. Les combats peuvent se dérouler au niveau des lieutenants et ne doivent à aucun cas atteindre le chef. La dernière élection présidentielle française peut servir de cas d’école pour l’observation de cette démarcation entre la gauche et la droite.
Lorsqu’ j’étais aux Etats-Unis en novembre dernier, je me suis retrouvé au Texas (Austin) dans une famille bien américaine. Je venais d’assister à Washington au triomphe des démocrates au Sénat et à la chambre des représentants. Nous évoquions l’élection présidentielle américaine de 2008 et nous laissions aller dans un optimisme béat quant à ce qui est de la victoire des démocrates. Alors une dame nous a arrêté net : « Be carreful ! Les démocrates ont un péché mignon qui est le désordre, l’indiscipline. Pendant qu’ils seront en train de tergiverser ou de se taper dessus, les républicains vont se relever et peut-être l’emporter. Tout est possible », avait-elle dit. A l’époque, on parlait à peine de Barack Obama qui aujourd’hui lui discute sérieusement le leadership à Hilary Clinton. La récente courte victoire de George Bush, sur les démocrates sans veto, dans le financement de la guerre en Irak contribue t-elle à valider l’hypothèse de la dame du Texas ?

Par Etienne de Tayo
Coordonnateur du réseau « Afrique Intègre »

lundi 4 juin 2007

LES ETATS-UNIS EN AFRIQUE : "J'AI CHANGE"!

Si les Etats-Unis étaient une personne physique, ils diraient devant un parterre d’Africains : « J’ai changé », un peu comme Nicolas Sarkozy le dirait aux militants de son parti. Tant l’approche du pays de George Bush dans sa coopération avec l’Afrique a connu de profondes mutations.
Le 08 novembre 2006, le président George Bush a nommé Mme Cindy Courville, représentante des Etats-Unis auprès de l’union africaine. Et pour mesurer l’importance stratégique croissante que revêt désormais l’Afrique dans la politique étrangère américaine, il est intéressant de savoir que Mme Courville a été « la principale conseillère du président George Bush en matière d’affaires africaines au sein du conseil national de sécurité ».
Cette nomination, doublée d’un renforcement significatif de la présence militaire américaine en Afrique montre bien que les Etats-Unis ne veulent plus rester en marge du festin africain. Elle marque aussi un changement radical dans la politique africaine des Etats-Unis.
Pendant longtemps, les Etats-Unis fonctionnaient en Afrique selon cette vieille règle édictée par George Washington : « Notre grande règle de conduite envers les nations étrangères est d’étendre les relations commerciales afin de n’avoir avec elles qu’aussi peu de liens politique qu’il est possible ». Cette philosophie, connue sous le nom de l’isolationnisme connaîtra ses heures de gloire sous le président James Monroe. Cette philosophie tenait à marquer sa spécificité par rapport à ce qui se passait en Europe et qu’on n’hésitait pas outre atlantique de n’y voir rien moins qu’une pure barbarie : « Le mode d’impérialisme américain diffère du mode européen. Il est fondé sur l’exportation des valeurs aussi bien marchandes que culturelles et ne provoqua pas la perte de souveraineté des pays. Sa mission est de civiliser le monde et de le rendre à son image ».
Toutes ces contraintes avaient fait que la politique américaine en Afrique soit par moment teinté d’une prudence incompréhensible. Tout se passait comme s’il leur fallait obtenir l’autorisation des pays colonialistes pour réellement s’impliquer. En novembre dernier, j’avais eu l’occasion de poser la question à un responsable du département d’Etat, si les Etats-Unis avaient besoin de la permission de la France par exemple pour prendre pied fermement dans un pays francophone. Il a eu cette réponse un peu irritée : « Nous n’avons aucune permission à obtenir de la France. Lorsque nous jugeons l’intervention nécessaire, nous y allons. Nos services ont toujours eu la peine à travailler avec les services français parce qu’ils sont trop cachottiers, trop mystérieux là où les problèmes peuvent être traités ouvertement. Nous avons du mal à fonctionner dans cet environnement de tout secret là ».
Mais ce qu’il faut savoir, c’est que, jusque là, les interventions américaines en Afrique étaient tout sauf une entreprise empreinte de cohérence et de suivi. Cette démarche était marquée par une insuffisance grave : l’incapacité à gagner la paix après avoir gagné la guerre. Lorsque ses intérêts le lui dictaient, les Etats-Unis renversaient un régime mais était incapable de conduire le pays sur la voie de la réconciliation par exemple.
Dans les années 60 et 70 les interventions américaines en Afrique étaient essentiellement guidées par les préoccupations d’ordre géostratégiques liées à la guerre froide. Il fallait à chaque fois soutenir l’adversaire de l’union soviétique, qu’il soit le régime en place ou l’opposition armée. Mais ces interventions dégageaient déjà une forte odeur de fuel. C’étaie en Angola où ils soutenaient le rebelle Jonas Savimbi contre le régime communiste d’Agostino Neto et de José Edouardo Dos Santos. C’était en Afrique du Sud où ils soutenaient le régime d’apartheid contre l’African National Congress (ANC) jugée trop à gauche. C’était au Zaïre où ils participèrent du reste de manière passive à l’élimination de Patrice Lumumba, jugé radical communiste pour le remplacer par Joseph Désiré Mobutu. C’était au Soudan où ils soutenaient déjà John Garang contre les régimes de Khartoum soupçonnés d’islamisme. C’était enfin dans la corne de l’Afrique où il fallait sécuriser la voie de passage du pétrole du golfe persique.
Mais jusque là, les Etats-Unis avaient une approche par trop pragmatique de leur politique étrangère. C’était la real politik à l’état pur. En effet, lorsque les intérêts ayant présidés à l’intervention n’étaient plus en jeu, ils pliaient tout simplement bagages et n’hésitaient pas à sacrifier les personnes qu’ils avaient soutenu contre les régimes en place ou celles qu’ils avaient réussi à placer au pouvoir. C’est ainsi qu’avec la fin de la guerre à l’aube des années 90 et alors qu’ils ne voyaient plus d’intérêt à soutenir des rébellions contre des régimes qui ne constituaient plus une menace communiste, la plupart des protégés des Etats-Unis ont été tout simplement liquidés. C’est le cas de Jonas Savimbi en Angola abattu dans son fief de Ouambo, c’est aussi le cas de John Garand tué dans son Sud Soudan. Par ailleurs, les régimes soutenus par les Etats-Unis pour contrer le communisme avaient été eux aussi lâché. C’est pourquoi le régime d’apartheid d’Afrique du Sud est tombé comme un fruit mûr et que, ironie du sort, Joseph Désiré Mobutu, placé au pouvoir au début des années 60 en récompense de son rôle joué dans l’assassinat de Patrice Lumumba, a été chassé du pouvoir par une colonne venue du Rwanda, présenté comme le nouveau point d’appuie des Etats-Unis en Afrique centrale : « Les Etats-Unis savent développer des stratégies guerrières pour chasser des régimes qu’ils jugent non démocratiques. Et ils peuvent le faire parfois en toute bonne foi. Mais ne leur demandez pas de mettre en place une stratégie pour gérer la paix. Là, ils sont carrément inaptes », rapporte un expert. Selon lui d’ailleurs, c’est cette démarche un peu cavalière en Afghanistan qui aurait retourné Oussama Ben Laden pour en faire le terroriste anti-américain qu’on connaît aujourd’hui. Il n’aurait pas apprécié le désengagement américain de l’Afghanistan après la chute du communisme.
Aujourd’hui, avec son implication directe par la nomination d’une représentante auprès de l’union africaine, les Etats-Unis changent certainement de cap et on veut croire que rien ne sera plus comme avant en Afrique.

Par Etienne de Tayo

samedi 2 juin 2007

DESTIN : LE G8 VA-T-IL IMPLOSER?


Les ultranationalistes et néo-libéraux aux commandes des Etats-Unis devraient revenir sur terre et vivre une réalité qui n’est plus du tout le fruit de leur volonté. Eux qui, au sommet de leur puissance déclaraient ceci à tous ceux qui les accusaient de vivre en dehors de la réalité : «Vous êtes une communauté basée sur la réalité. Nous sommes un empire maintenant. Et en tant que empire, c’est nous qui créerons la réalité ».

A une semaine du sommet de G8 de Heiligendamm (Allemagne), les relations entre les deux membres majeurs du G8 que sont les Etats-Unis et la Russie sont de plus en plus électriques. L’échange pas toujours catholique a d’abord eu lieu lors du sommet des ministres des affaires étrangères de Postdam où la secrétaire d’Etat américaine Condoleeza Rice et le ministre des affaires étrangères russe Sergueï Lavrov ont étalé leurs divergences sur plus d’un sujet. Et puis, prenant la posture d’un chef du kremlin du temps de l’union soviétique, le président Vladimir Poutine a dénoncé ce qu’il qualifie de « diktat et d’impérialisme » des Etats-Unis qu’il ne nomme pas mais dont l’évidence crève les yeux : « Le monde a changé et il y a des tentatives de le rendre unipolaire. Certains acteurs des affaires internationales ont voulu dicter leur volonté à tout le monde », a déclaré le chef du Kremlin. Une telle sortie de Poutine nous replonge certainement en pleine guerre froide et montre bien que la Russie, qui vient de faire « un essai de missile intercontinental à têtes multiples » en réponse au projet américain de bouclier anti-missile en Europe de l’Est, semble avoir repris ses forces.
Du coté de la Maison Blanche, on préfère temporiser le jeu et jouer l’apaisement : « Nous avons certes des différends, mais ils ne sont rien d’autre que des problèmes pouvant être réglés par le dialogue continu que nous avons face à face », souligne le porte parole de la Maison Blanche Gordon Johndroe. Mais pareille esquive diplomatique ne trompe personne quand on sait que depuis au moins une vingtaine d’années, notamment avec la disparition de l’union soviétique, les Etats-Unis avait enfilé l’uniforme du gendarme du monde.
Avec toutes ces tensions en perspective il coule de source que le G8 n’est plus un long fleuve tranquille. Il est même en passe de devenir une marre à canard où les combats les plus féroces risquent se dérouler. Je pense que ceux qui avaient décidé l’admission de la Russie au sein du G8, croyant l’avoir complètement apprivoiser et comptant le convertir à l’économie de marché et au libéralisme, doivent bien s’en mordre les doigts.
Au sommet de Heiligendamm, les membres du G8 doivent se déchirer sur au moins 4 sujets sensibles. Deux opposent les Etats-Unis à la Russie. Il s’agit :
- Le projet du bouclier américain anti-missile en Europe de l’Est : Les Russes considère ce projet comme un affront sans précédent et d’ailleurs la phase la plus achevée de l’impérialisme américain. Ils ne s’y opposent pas seulement mais ils montrent qu’ils sont capables de donner du change nucléaire.
- Le statut final du Kosovo : Les occidentaux prévoient une « indépendance supervisée » et les Etats-Unis pressent au niveau du conseil de sécurité pour qu’une résolution soit adoptée dans ce sens. Un projet auquel les Russes s’opposent avec violence. Et l’on peut comprendre que la Russie ne souhaite pas voir demain une même approche adoptée par les occidentaux pour ce qui est du statut de la Tchétchénie par exemple.
D’autres divergences s’observent cette fois entre les autres membres du G8 et les Etats-Unis :
- Le réchauffement climatique : Les Etats-Unis qui n’ont jamais ratifié le protocole de Kyoto, préfèrent renvoyer les discussions sur le réchauffement climatique à fin 2008. Ce que les autres membres du G8 considèrent comme une sorte de fuite en avant.
- Les fonds d’investissement : récemment, les ministres des Finances du G8, réunis à Berlin, se sont inquiétés face à la montée en puissance de ces fonds et surtout d’une sorte d’opacité qui entoure leur gestion. Ils ont donc souhaité y mettre plus de lumière. Mais opposition farouche des Etats-Unis et de son allié naturel la Grande Bretagne.
Plusieurs autres divergences, de taille plus ou moins importante traversent le G8 et un gros risque d’implosion pèse sur le prochain sommet de Heiligendamm. Maintenant que les paillettes d’un semblant de cohésion sont tombées pour dévoiler le panier à crabes qu’est en réalité le G8, nous pouvons nous permettre un certain nombre de questions : le G8 a-t-il pu s’adapter à l’évolution du monde ou s’est-il laisser doubler par elle ? Que vaut le G8 aujourd’hui sans le Chine, l’Inde et tous les autres pays émergents ? Ces questions et bien d’autres serraient les vraies causes du malaise qui secoue actuellement le club des pays dits les plus riches du monde et dont les divergences observées ces derniers temps ne seraient que des manifestations. Ce qui veut dire qu’à force de luire ses muscles pour faire peur à la communauté internationale et tenter de diligenter le monde, le G8 avait négligé la gangrène qui le rongeait de l’intérieur. Maintenant que le complot des promesses fallacieuses en direction de l’Afrique a été dénoncé, que les divergences au sein du G8 sont remontées en surface, on espère que les membres du G8, revenus sur terre pourraient enfin se regarder dans un miroir, pour se refaire ou pour se défaire.

Par Etienne de Tayo
Les Sites consultés :
http://www.lemende.fr/
http://www.lalibre.be/
http://www.angolapress.angop.ao/
http://www.lematin.ch/
fr.news.yahoo.com