mardi 30 octobre 2007

REVOLUTION : AU SECOURS LES FEMMES ARRIVENT!

Contrairement à ce qu'on pourrait penser en le lisant, ce titre n'a rien de machiste. Au contraire, il pose plutôt un regard admiratif en même temps qu'il mesure le chemin parcouru par le sexe dit faible depuis la nuit des temps. Mais aussi les défis qui l'attendent.

"En 1954, j'ai enfin pu m'inscrire au parquet général comme attachée stagiaire, à l'issue d'une nouvelle discussion émaillée d'arguments qui se voulaient dissuasifs. Le secrétaire général du parquet de Paris et son adjoint, qui m'ont reçue, n'en revenaient pas : "Mais vous êtes mariée! Vous avez trois enfants, dont un nourrisson! En plus votre mari va sortir de l'Ena! Pourquoi voulez-vous travailler?". Je leur ai expliqué que cela ne regardait que moi. (…) Devant ma résolution inébranlable, ils ont fini par accepter ma candidature. (…)"
Ainsi s'exprime Simone Veil dans une œuvre autobiographique qu'elle vient de commettre (Ma vie, par Simon Veil. Stock, 399p). La jeune Simone Jacob faisait ainsi ses premiers pas dans le combat pour la reconnaissance des droits de la femme. Combat dont l'acquis majeur aura été le vote de cette loi sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG). Elle se souvient du conservatisme ringard de la France et du machisme bon teint et presque natuel de l'époque : "Je me rappelle ma première rencontre avec le groupe de médecins conseillers que Robert Boulin avait constitué quelques années plus tôt. Je crois bien que, s'ils avaient pu m'assassiner, ils l'auraient fait…" dit-elle.
A l'époque, la France, berceau des Droits de l'Homme mais étranglé par son conservatisme, ne voyait que des obligations aux femmes : Faire des enfants, les garder et bien tenir sa maison : "Sois belle et tais-toi", disait-on à l'époque. D'où l'exclamation sans fin des deux magistrats hommes qui avaient reçu la jeune Simone Veil. Ils ne comprenaient pas qu'une femme aspire à autre chose que d'être femme au foyer. Et il faut dire qu'à l'époque, en 1954, c'est-à-dire 165 ans après la révolution française et la déclaration universelle des Droits de l'Homme, ces deux messieurs n'étaient pas du tout une curiosité en France. Ils rentraient parfaitement dans le format de l'homme français moderne, évolué et tout ce que vous pouvez imaginer.
Même les premières dames, c'est-à-dire les femmes des chefs d'Etats ou de gouvernement étaient réduites à jouer les figuratives auprès de leurs présidents de maris. Elles aussi devaient montrer qu'elles peuvent faire des enfants et bien tenir un foyer. Dans le décor présidentiel tel qu'on pouvait l'admirer chez beaucoup de présidents à cette époque là, la femme apparaissait au même titre que le chien du président ou tout autre relique que celui aimait bien avoir avec lui lors de ses apparitions.
53 ans après l'audace de Simone Veil, les femmes ont fait un pas de géant. Non seulement dans l'acquisition de leurs droits fondamentaux mais aussi dans la marche vers l'égalité totale et parfaite avec l'homme. Après avoir acquis le droit de travailler à leur coté, les femmes ont gravi des échelons pour occuper des postes de responsabilités jusqu'aux fonctions suprêmes.
Le 28 octobre 2007, Cristina Elisabeth Fernandez de Kirchner a été élue Présidente de la Nation Argentine. Elle entrera en fonction le 10 décembre 2007, succédant à son mari Nestor Kirchner. Elle inaugure ainsi une forme d'accession au pouvoir des premières dames : c'est-à-dire en passant par le pantalon de son mari de président.
Déjà dans les années 40 en Argentine, une autre première dame d'Argentine, Maria Eva Duarte de Peron dit Evita exerça presque le pouvoir en sous main de son mari Juan Peron. Populaire jusqu'à la caricature, Evita était presque vénérée par le peuple d'Argentine. Consciente du fait qu'elle était devenue une béquille pour son mari, elle avait même demandé à être nommée vice présidente avant d'essuyer le refus catégorique des militaires. Elle mourut quelques temps après d'un cancer de l'utérus mais restera comme la première dame la plus populaire de l'Argentine.
FILLE OU FEMME DE...
Aujourd'hui, une femme qui accède à la magistrature suprême ne fait plus rougir personne et on peut même dire que c'est devenu la mode. Seules les Français, conservatisme obligeant sans doute sont restés insensibles devant la beauté naturelle et les beaux tailleurs de Ségolène Royal. Partout ailleurs, qu'on soit au Liberia, au Chili, en Allemagne des femmes ont été propulsé à la tête des Etats ou des gouvernements. Mais une constante reste : la majorité des femmes élues à la têtes des Etats ou des gouvernements l'ont été parce qu'elle ont réussi à capitaliser un malheur : le père ou le mari avait été assassiné par le pouvoir. Elle ont donc joué de la nécromancie.
Le 26 septembre 1959, Solomon Bandaranaike, premier ministre du Ceylan (actuel Sri Lanka) est assassiné par un homme déguisé en moine. En 1960, son épouse, Sirimavo Bandaranaike remporte les élections et devient premier ministre. Elle devenait ainsi la première femme du monde chef du gouvernement. Elle le sera jusqu'en 1965. Puis de 1970 à 1977 et de 1994 à 2000. Lors de son troisième mandat, elle exerça sous la présidence de sa fille Chandrika Kumara.
Dans les années 40, on remarque dans l'entourage du premier ministre indien Jawaharlal Nehru, la présence d'une jeune femme qui l'accompagne dans les voyages officiels et l'assiste dans les fonctions officielles. Cette jeune femme n'est autre que Indira Gandhi qui deviendra après la mort de son père, premier ministre de l'union indienne de 1966 à 1977 et de 1980 au 31 octobre 1984, date de son assassinat.
Le 21 août 1983, Benigno Simeon Aquino Jr, un leader de l'opposition, revient aux Philipines – où sévit la dictature de Ferdinand Marcos - après avoir interrompu son exil aux Etats-Unis. Mais il est assassiné dès son arrivée à l’aéroport de Manille. Sa femme Maria Corazon Sumulong Coquangco Aquino "devint le centre de l’opposition contre le régime et devint présidente après la chute de Marcos en 1986".
Le 4 avril 1979, une jeune femme, Benazir Bhutto, diplômée de Oxford, revenue dans son pays le Pakistan où gouverne son père Zulfikar Ali Bhutto, assiste à la pendaison de ce dernier par les soins de Zia Ul haq qui vient de commettre un coup d'Etat. Après avoir connue la prison et l'exil, elle devient le 1er décembre 1988, la première femme premier ministre dans un pays musulman.
Le 11 mars 2006, Véronica Michelle Bachelet Jeria est élue première femme Présidente de la République du Chili. Elle vit seule et est mère de trois enfants nés de deux pères différents. Elle est la fille du Général Alberto Bachelet, un compagnon du président Salvador Allende. Après la chute de ce dernier, Alberto Bachelet fut arrêté par Pinochet, accusé de trahison, il faut détenu et torturé. Il mourut en mars 1974 d'un arrêt cardiaque.
D'autres femmes, Margaret Thatcher, Ellen Johnson Sirleaf ou encore Angela Merkel n'ont pas eu besoin de coup de pouce nécromancien et ont prouvé ou sont en train de prouver qu'une femme est d'abord un homme et vis versa. Mais un dernier écueil reste à surmonter qui là ne dépend plus des hommes mais plutôt une affaire de femmes. Il est encore loin le jour où les femmes se mettront en bloc pour voter une femme parce qu'elle est leur semblable. Et je crois que c'est plutôt tant mieux pour la démocratie.
Demain, d'autres femmes : Ségolène Royal, Hilary Clinton, Simone Gbagbo, Aung San Suu Kyi ou encore Ingrid Betancourt parviendront elles aussi au pouvoir dans leur pays. Elles y parviendront d'autant plus facilement que la plupart des tabous concernant les femmes ont été tout simplement battu en brèche. Et c'est pourquoi, une célibataire ou une presque polyandre telle Michelle Bachelet peut se faire élire sans encombre. Au rythme où vont les choses, parions que dans un siècle, c'est plutôt la présence d'un homme à la tête d'un Etat qui sera une curiosité. De quoi redonner de l'espoir à tous ces groupes exclus dans le monde et dans les pays et qui se croyaient à jamais condamnés à ne jouer que des seconds rôles.

Etienne de Tayo
Promoteur de "Afrique Intègre"


Source principale :
http://fr.wikipedia.org

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