Faire de la politique, officiellement, c'est poser un certains nombre d'actions de représentation susceptibles d'offrir une visibilité institutionnelle. C'est, comme le définit Bernard Lamizet, parvenir à une sorte "d'articulation entre la représentation et l'action dont sont porteurs les acteurs de la sociabilité". Mais c'est aussi des passes douloureuses où l'acteur politique doit constamment composer avec sa conscience pour poser un certain nombre d'actes plus ou moins répréhensibles, plus ou moins délictueux, au vu des normes sociales requises.
Ainsi, faire la politique, c'est parfois accepter de remplir son placard de "cadavres", c'est accepter de trahir une amitié de 30 ans, c'est parfois exécuter des cruautés que Machiavel trouve nécessaire dans toute phase inaugurale de l'usurpation politique, c'est parfois tremper les mains dans le sang jusqu'aux coudes comme le disait Jean Paul Sartre, c'est côtoyer le scandale en permanence, c'est parfois se faire rattraper par lui, c'est finalement vivre avec le scandale et s'en accommoder. Le scandale n'est donc pas une donnée extérieure à la politique, il est consubstantiel à la pratique politique. On peut dès lors dire que faire de la politique, c'est poser constamment un certain nombre d'actes plus ou moins scandaleux.
Le scandale est un acte qui transgresse parfois de façon violente la morale humaine. Ce sont des actes qui sont susceptibles d'être retenus dans le tamis du contrôle social. Mais tout se passe comme si la société leur connaît des circonstances atténuantes et leur accorde un niveau incompressible de scandales à tous ceux qui se présentent sous la figure du politique. Ainsi, la société pardonnerait facilement à un homme politique, des actes qu'elle condamnerait avec véhémence si ils étaient posés par un religieux par exemple.
Ces actes scandaleux tournent souvent autour du sexe, de l'argent et du pouvoir qui, sont, en fait, les trois fleurs du mal pour lesquelles on va en politique. Très souvent, l'argent et le pouvoir vont ensemble. Ceci en raison de la collusion de plus en plus marquée entre politique et business. En parcourant quelques grands scandales dans l'histoire récente de la politique, on classe Bill Clinton et l'affaire Monica Lewinsky ou encore Paul Wolfowitz et l'affaire Shaha Riza dans la catégorie de sexe. On classe Giscard D'Estaing et l'affaire des diamants de Bokassa ou encore Charles Pasqua, Jean Charles Marchiani, Roland Dumas et l'affaire Elf dans la catégorie argent. On classe enfin Richard Nixon et le Watergate, Jacques Chirac et l'affaire des emplois fictifs de la Mairie de Paris ou encore Jean et Xavière Tibéri et l'affaire des faux électeurs de Paris, dans la catégorie du pouvoir.
Mais un homme ou une femme politique peut aussi bien être victime d'une cabale, c'est-à-dire que ses adversaires peuvent monter des histoires de toutes pièces et parfaitement vraisemblables dans le but de lui nuire. Ce qui rentre parfaitement dans le jeu politique. Et le ridicule est plutôt du coté de l'homme politique qui ose s'en plaindre. Ici, la politique, qui est d'abord un jeu mais un jeu parfois dangereux, peut être comparé à une sorte de combat de boxe pratiqué dans une pièce hermétiquement fermée et où règne l'obscurité totale. Le jeu consiste à donner des coups et à en recevoir. Il lui faudra alors, à l'homme politique, trouver le moyen de s'en sortir sans trop de casse. Et c'est d'ailleurs de cette capacité à surmonter les épreuves que pose la révélation d'un scandale que se mesure la grandeur d'un homme politique. Autrement dit, le charisme d'un homme politique se mesure, non pas à sa capacité à éviter ou à contourner les difficultés mais bien de son aptitude à les affronter et à les surmonter. Comme à la forge, c'est en accumulant des expériences plus ou moins malheureuses que l'homme politique acquiert sa stature.
En général, lorsqu'il est rattrapé par un scandale ou tout simplement victime d'une cabale, le politique se bat souvent tel un rat pris dans un piège. L'objectif de ce combat étant moins de soulager sa conscience – en politique on ne s'en préoccupe pas particulièrement – mais de rassurer son électorat et son entourage proche par rapport à son innocence. Bien entendu, dans sa défense, tout lui est permis même le mensonge. Le tout c'est de montrer un peu de bonne foi et un peu de cohérence. L'exercice se passe souvent dans les médias où le mis en cause affronte les journalistes et ceux qu'ils croit voir derrière eux et qu'il repère comme étant des commanditaires. Le jeu se réduit souvent à une sorte de tribunalisation de l'opinion publique. Chacun voulant se voir innocenter auprès d'elle en raison de son influence dans le jeu politique. La défense du politique incriminé se passe aussi à l'Assemblée nationale si le mis en cause est membre du gouvernement ou député. Cette épreuve tourne souvent au pugilat lorsque le problème évoqué soulève trop de passions.
Le dernier scandale en date en France est celui de l'icône médiatique et de l'humanitaire Bernard Kouchner que son ami Pierre Péan a décidé d'étaler dans l'affaire de collusion des intérêts au sujet de certaines sommes d'argent versées au ministre des affaires étrangères en rémunération des consultations qu'il a faites auprès de certains pays africains. Un scandale qui a été révélé sous la forme d'un livre intitulé : "Le Monde selon K.". Cet ouvrage de plus de 300 pages ressemble, selon certains témoignages, à un règlement de comptes entre deux personnes qui ne se connaissent que trop bien. Certains observateurs y voient un conflit né de la gestion de l'après génocide du Rwanda.
Depuis, on a l'impression que l'affaire qui a quand même fait sortir de ses gongs, le très médiatique french doctor, et qui pour certains était de nature à précipiter sa chute, a fait Pschitt soit à cause du charisme propre du mis en cause qui a réussi à convaincre l'opinion de son innocence, soit aussi parce que la société française s'accommode déjà de ce genre d'affaire et ne lui trouve que difficilement un caractère scandaleux. Nous avons vu plus haut qu'un peuple reconnaissait au politique une dose incompressible de scandale. Tout compte fait, on sort rarement d'un scandale sans séquelles. Sauf dans de rares cas où le mis en cause réussi à démontrer qu'il s'agit plutôt d'une cabale. Ce qui permet très souvent à l'homme politique de gagner l'estime de l'opinion ou à tout le moins de garder sa confiance.
Au Cameroun, le scandale le plus récent est ce qu'on a appelé, l'affaire Biyiti bi Essam et l'argent de la visite du Pape Benoît XVI. Les fonds débloqués pour cette visite se seraient retrouvés dans un compte bancaire au nom de celui qui est ministre de la communication. En droit camerounais, cela s'appelle, tentative de détournement de deniers publics. Convaincu des faits, Jean Pierre Biyiti bi Essam préfère, dans l'organisation de sa défense, convoquer un certain environnement particulier ayant entouré la gestion de ces fonds pour enfin solliciter le bénéfice des circonstances atténuantes. Il évoque notamment l'insécurité ambiante au Cameroun pour justifier sa décision de mettre l'argent en sécurité même en violant une des règles élémentaire de la gestion de la fortune publique. Apparemment, la défense du ministre de la communication, qui a été entendu à la police judiciaire, souffre de l'évidence des faits qu'il ne nie pas. Il peine à convaincre, même dans son entourage proche. Du pain béni pour la presse qui se jette sur lui et le soumet à un lynchage en règle. Acculé, le ministre aurait adressé une lettre de demande de grâce présidentielle alors qu'il n'est même pas condamné, à moins qu'il ne confonde la condamnation médiatique et publique à la condamnation judiciaire.
Mais ce qui est intéressant dans cette affaire, c'est de voir comment le ministre Biyiti bi Essam a déployé sa stratégie de défense en direction de l'opinion. Il a notamment essayé de récupérer un autre scandale pour tenter d'étouffer le sien. Et cet autre scandale, c'est ce que le correspondant du journal Le Messager à New-York, Ngoa Balla a qualifié de "mauvaises fréquentations de Chantal Biya" en rendant compte d'une rencontre entre la sulfureuse Paris Hilton et la première dame du Cameroun. Mme Chantal Biya prenait part à New-York, pour le compte de son association "Synergies africaines" à une rencontre internationale. Le ton de l'article de Ngoa Balla a provoqué une réaction en chaîne du coté du pouvoir dont celle du ministre Biyiti bi Essam qui a même été plus rapide que le cabinet civil. A la fois professeur de journalisme et de sémantique en direction du journal le Messager et son correspondant et avocat défenseur en direction de la première dame, le ministre Biyiti bi Essam a commis un article dans le journal gouvernemental Cameroun Tribune. Mais l'opinion ne s'est pas laissée prendre à ce jeu. Elle a décrypté très vite dans la manœuvre du Ministre Biyiti bi Essam, une tentative de rechercher la protection auprès du couple présidentiel. Il faut trouver autre chose.
En dehors de quelques cas où les mis en cause ont été emporté par les scandales tels ces "moutons" livrés au sacrifice par le journal "Canard Enchaîné" en France - les cas du ministre Hervé Gueymard ou encore de Jean Paul Bolufer, directeur de cabinet de Christine Boutin, ministre du logement, sont édifiant à ce titre - l'homme politique se défend souvent plutôt bien. Surtout lorsqu'il reste dans l'arène politique où donner des coups et en recevoir relève de la stricte normalité. Mais là où il est souvent le plus mal à l'aise et où il craque souvent, c'est lorsqu'il revient en famille et doit affronter les regards interrogateurs ou non de sa femme et des enfants, lesquels sont évidemment exposés autant que lui à la campagne médiatique qui tourne parfois au lynchage. Dans le cadre d'une cabale, ses détracteurs n'hésitent souvent pas à utiliser les appels téléphoniques pour déstabiliser les membres de sa famille.
Revenu à la maison, l'homme politique se voit souvent obligé d'anticiper sur la réaction de sa femme en posant la question de confiance : "pourquoi tu me regarde comme çà? J'espère que tu ne vas quand même pas croire que c'est vrai cette monstrueuse histoire?". Et même si cette dernière lui répond avec une pointe de sincérité qu'elle n'y croit pas, lui-même ne la croit pas. Parfois il fait des cauchemars dans la nuit et on l'entend dire à sa femme : "je te jure que ce n'est pas vrai. C'est de la pure calomnie". L'homme politique est d'autant plus gêné que c'est souvent vrai. Avec les enfants, c'est plus délicat. Il sait qu'ils suivent aussi la télévision et même les commentaires à l'école. Mais comment leur dire que ce n'est pas vrai? Et surtout si c'est vrai. Parfois il pense que la solution consiste à réunir toute la famille pour une sorte de plaide non coupable global dans une sorte de conférence familiale souveraine. Là encore on se demande si on ne va pas donner trop d'importances à un événement et réveiller par le fait même la curiosité des enfants qui autrement n'y auraient accordé qu'une importance mineure.
Il arrive que l'homme politique ou la femme politique se retrouve emballé dans les mêmes sales draps que son conjoint, soit parce que celui-ci ou celle-ci veut lui apporter son soutien indéfectible – c'est par exemple le cas de Hilary Clinton qui, dans l'affaire Monika Lewinsky, a souffert le martyr jusqu'au bout en soutenant son Bill de mari - soit parce qu'ils ont vraiment fait le coup ensemble. Et c'est le cas de l'ancien Maire de Paris Jean Tiberi et son épouse Xavière. Le couple vient d'écoper des peines de prison avec sursis et d'être frappé au d'inéligibilité, reconnus qu'il est, de fraude électorale à Paris. Etant tous deux dans le coup, on pense que, le politicien Tiberi serait moins gêné. Mais lorsque à table par exemple les deux doivent se regarder, il s'instaure une sorte de métadialogue muet et qui peut se présenter ainsi :
- Dans quelle merde m'as-tu entraîné comme çà Jean?
- Tu n'avais qu'à jouer ton rôle de femme. C'est-à-dire une conseillère avisée capable de dissuader son conjoint lorsqu'il s'engage dans une voie politiquement impure.
- Parce que tu crois que nous sommes mariés pour le meilleur et pour le pur?
Comme on le voit, les épreuves les plus difficiles pour un homme politique ne sont pas toujours là où on le croit.
Etienne de Tayo
Promotion "Afrique Intègre"
http://www.edetayo.blogspot.com/
Ainsi, faire la politique, c'est parfois accepter de remplir son placard de "cadavres", c'est accepter de trahir une amitié de 30 ans, c'est parfois exécuter des cruautés que Machiavel trouve nécessaire dans toute phase inaugurale de l'usurpation politique, c'est parfois tremper les mains dans le sang jusqu'aux coudes comme le disait Jean Paul Sartre, c'est côtoyer le scandale en permanence, c'est parfois se faire rattraper par lui, c'est finalement vivre avec le scandale et s'en accommoder. Le scandale n'est donc pas une donnée extérieure à la politique, il est consubstantiel à la pratique politique. On peut dès lors dire que faire de la politique, c'est poser constamment un certain nombre d'actes plus ou moins scandaleux.
Le scandale est un acte qui transgresse parfois de façon violente la morale humaine. Ce sont des actes qui sont susceptibles d'être retenus dans le tamis du contrôle social. Mais tout se passe comme si la société leur connaît des circonstances atténuantes et leur accorde un niveau incompressible de scandales à tous ceux qui se présentent sous la figure du politique. Ainsi, la société pardonnerait facilement à un homme politique, des actes qu'elle condamnerait avec véhémence si ils étaient posés par un religieux par exemple.
Ces actes scandaleux tournent souvent autour du sexe, de l'argent et du pouvoir qui, sont, en fait, les trois fleurs du mal pour lesquelles on va en politique. Très souvent, l'argent et le pouvoir vont ensemble. Ceci en raison de la collusion de plus en plus marquée entre politique et business. En parcourant quelques grands scandales dans l'histoire récente de la politique, on classe Bill Clinton et l'affaire Monica Lewinsky ou encore Paul Wolfowitz et l'affaire Shaha Riza dans la catégorie de sexe. On classe Giscard D'Estaing et l'affaire des diamants de Bokassa ou encore Charles Pasqua, Jean Charles Marchiani, Roland Dumas et l'affaire Elf dans la catégorie argent. On classe enfin Richard Nixon et le Watergate, Jacques Chirac et l'affaire des emplois fictifs de la Mairie de Paris ou encore Jean et Xavière Tibéri et l'affaire des faux électeurs de Paris, dans la catégorie du pouvoir.
Mais un homme ou une femme politique peut aussi bien être victime d'une cabale, c'est-à-dire que ses adversaires peuvent monter des histoires de toutes pièces et parfaitement vraisemblables dans le but de lui nuire. Ce qui rentre parfaitement dans le jeu politique. Et le ridicule est plutôt du coté de l'homme politique qui ose s'en plaindre. Ici, la politique, qui est d'abord un jeu mais un jeu parfois dangereux, peut être comparé à une sorte de combat de boxe pratiqué dans une pièce hermétiquement fermée et où règne l'obscurité totale. Le jeu consiste à donner des coups et à en recevoir. Il lui faudra alors, à l'homme politique, trouver le moyen de s'en sortir sans trop de casse. Et c'est d'ailleurs de cette capacité à surmonter les épreuves que pose la révélation d'un scandale que se mesure la grandeur d'un homme politique. Autrement dit, le charisme d'un homme politique se mesure, non pas à sa capacité à éviter ou à contourner les difficultés mais bien de son aptitude à les affronter et à les surmonter. Comme à la forge, c'est en accumulant des expériences plus ou moins malheureuses que l'homme politique acquiert sa stature.
En général, lorsqu'il est rattrapé par un scandale ou tout simplement victime d'une cabale, le politique se bat souvent tel un rat pris dans un piège. L'objectif de ce combat étant moins de soulager sa conscience – en politique on ne s'en préoccupe pas particulièrement – mais de rassurer son électorat et son entourage proche par rapport à son innocence. Bien entendu, dans sa défense, tout lui est permis même le mensonge. Le tout c'est de montrer un peu de bonne foi et un peu de cohérence. L'exercice se passe souvent dans les médias où le mis en cause affronte les journalistes et ceux qu'ils croit voir derrière eux et qu'il repère comme étant des commanditaires. Le jeu se réduit souvent à une sorte de tribunalisation de l'opinion publique. Chacun voulant se voir innocenter auprès d'elle en raison de son influence dans le jeu politique. La défense du politique incriminé se passe aussi à l'Assemblée nationale si le mis en cause est membre du gouvernement ou député. Cette épreuve tourne souvent au pugilat lorsque le problème évoqué soulève trop de passions.
Le dernier scandale en date en France est celui de l'icône médiatique et de l'humanitaire Bernard Kouchner que son ami Pierre Péan a décidé d'étaler dans l'affaire de collusion des intérêts au sujet de certaines sommes d'argent versées au ministre des affaires étrangères en rémunération des consultations qu'il a faites auprès de certains pays africains. Un scandale qui a été révélé sous la forme d'un livre intitulé : "Le Monde selon K.". Cet ouvrage de plus de 300 pages ressemble, selon certains témoignages, à un règlement de comptes entre deux personnes qui ne se connaissent que trop bien. Certains observateurs y voient un conflit né de la gestion de l'après génocide du Rwanda.
Depuis, on a l'impression que l'affaire qui a quand même fait sortir de ses gongs, le très médiatique french doctor, et qui pour certains était de nature à précipiter sa chute, a fait Pschitt soit à cause du charisme propre du mis en cause qui a réussi à convaincre l'opinion de son innocence, soit aussi parce que la société française s'accommode déjà de ce genre d'affaire et ne lui trouve que difficilement un caractère scandaleux. Nous avons vu plus haut qu'un peuple reconnaissait au politique une dose incompressible de scandale. Tout compte fait, on sort rarement d'un scandale sans séquelles. Sauf dans de rares cas où le mis en cause réussi à démontrer qu'il s'agit plutôt d'une cabale. Ce qui permet très souvent à l'homme politique de gagner l'estime de l'opinion ou à tout le moins de garder sa confiance.
Au Cameroun, le scandale le plus récent est ce qu'on a appelé, l'affaire Biyiti bi Essam et l'argent de la visite du Pape Benoît XVI. Les fonds débloqués pour cette visite se seraient retrouvés dans un compte bancaire au nom de celui qui est ministre de la communication. En droit camerounais, cela s'appelle, tentative de détournement de deniers publics. Convaincu des faits, Jean Pierre Biyiti bi Essam préfère, dans l'organisation de sa défense, convoquer un certain environnement particulier ayant entouré la gestion de ces fonds pour enfin solliciter le bénéfice des circonstances atténuantes. Il évoque notamment l'insécurité ambiante au Cameroun pour justifier sa décision de mettre l'argent en sécurité même en violant une des règles élémentaire de la gestion de la fortune publique. Apparemment, la défense du ministre de la communication, qui a été entendu à la police judiciaire, souffre de l'évidence des faits qu'il ne nie pas. Il peine à convaincre, même dans son entourage proche. Du pain béni pour la presse qui se jette sur lui et le soumet à un lynchage en règle. Acculé, le ministre aurait adressé une lettre de demande de grâce présidentielle alors qu'il n'est même pas condamné, à moins qu'il ne confonde la condamnation médiatique et publique à la condamnation judiciaire.
Mais ce qui est intéressant dans cette affaire, c'est de voir comment le ministre Biyiti bi Essam a déployé sa stratégie de défense en direction de l'opinion. Il a notamment essayé de récupérer un autre scandale pour tenter d'étouffer le sien. Et cet autre scandale, c'est ce que le correspondant du journal Le Messager à New-York, Ngoa Balla a qualifié de "mauvaises fréquentations de Chantal Biya" en rendant compte d'une rencontre entre la sulfureuse Paris Hilton et la première dame du Cameroun. Mme Chantal Biya prenait part à New-York, pour le compte de son association "Synergies africaines" à une rencontre internationale. Le ton de l'article de Ngoa Balla a provoqué une réaction en chaîne du coté du pouvoir dont celle du ministre Biyiti bi Essam qui a même été plus rapide que le cabinet civil. A la fois professeur de journalisme et de sémantique en direction du journal le Messager et son correspondant et avocat défenseur en direction de la première dame, le ministre Biyiti bi Essam a commis un article dans le journal gouvernemental Cameroun Tribune. Mais l'opinion ne s'est pas laissée prendre à ce jeu. Elle a décrypté très vite dans la manœuvre du Ministre Biyiti bi Essam, une tentative de rechercher la protection auprès du couple présidentiel. Il faut trouver autre chose.
En dehors de quelques cas où les mis en cause ont été emporté par les scandales tels ces "moutons" livrés au sacrifice par le journal "Canard Enchaîné" en France - les cas du ministre Hervé Gueymard ou encore de Jean Paul Bolufer, directeur de cabinet de Christine Boutin, ministre du logement, sont édifiant à ce titre - l'homme politique se défend souvent plutôt bien. Surtout lorsqu'il reste dans l'arène politique où donner des coups et en recevoir relève de la stricte normalité. Mais là où il est souvent le plus mal à l'aise et où il craque souvent, c'est lorsqu'il revient en famille et doit affronter les regards interrogateurs ou non de sa femme et des enfants, lesquels sont évidemment exposés autant que lui à la campagne médiatique qui tourne parfois au lynchage. Dans le cadre d'une cabale, ses détracteurs n'hésitent souvent pas à utiliser les appels téléphoniques pour déstabiliser les membres de sa famille.
Revenu à la maison, l'homme politique se voit souvent obligé d'anticiper sur la réaction de sa femme en posant la question de confiance : "pourquoi tu me regarde comme çà? J'espère que tu ne vas quand même pas croire que c'est vrai cette monstrueuse histoire?". Et même si cette dernière lui répond avec une pointe de sincérité qu'elle n'y croit pas, lui-même ne la croit pas. Parfois il fait des cauchemars dans la nuit et on l'entend dire à sa femme : "je te jure que ce n'est pas vrai. C'est de la pure calomnie". L'homme politique est d'autant plus gêné que c'est souvent vrai. Avec les enfants, c'est plus délicat. Il sait qu'ils suivent aussi la télévision et même les commentaires à l'école. Mais comment leur dire que ce n'est pas vrai? Et surtout si c'est vrai. Parfois il pense que la solution consiste à réunir toute la famille pour une sorte de plaide non coupable global dans une sorte de conférence familiale souveraine. Là encore on se demande si on ne va pas donner trop d'importances à un événement et réveiller par le fait même la curiosité des enfants qui autrement n'y auraient accordé qu'une importance mineure.
Il arrive que l'homme politique ou la femme politique se retrouve emballé dans les mêmes sales draps que son conjoint, soit parce que celui-ci ou celle-ci veut lui apporter son soutien indéfectible – c'est par exemple le cas de Hilary Clinton qui, dans l'affaire Monika Lewinsky, a souffert le martyr jusqu'au bout en soutenant son Bill de mari - soit parce qu'ils ont vraiment fait le coup ensemble. Et c'est le cas de l'ancien Maire de Paris Jean Tiberi et son épouse Xavière. Le couple vient d'écoper des peines de prison avec sursis et d'être frappé au d'inéligibilité, reconnus qu'il est, de fraude électorale à Paris. Etant tous deux dans le coup, on pense que, le politicien Tiberi serait moins gêné. Mais lorsque à table par exemple les deux doivent se regarder, il s'instaure une sorte de métadialogue muet et qui peut se présenter ainsi :
- Dans quelle merde m'as-tu entraîné comme çà Jean?
- Tu n'avais qu'à jouer ton rôle de femme. C'est-à-dire une conseillère avisée capable de dissuader son conjoint lorsqu'il s'engage dans une voie politiquement impure.
- Parce que tu crois que nous sommes mariés pour le meilleur et pour le pur?
Comme on le voit, les épreuves les plus difficiles pour un homme politique ne sont pas toujours là où on le croit.
Etienne de Tayo
Promotion "Afrique Intègre"
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