Il est des moments où dans la vie de l’humanité, certains événements surviennent, ouvrent une sorte de feuilleton planétaire et amènent les peuples de la planète vers une envie inextinguible d’atteinte d’un type particulier d’orgasme collectif. La mort de Michael Jackson est de ces événements là.
Face à un tel événement, le journaliste a le choix entre plusieurs angles d’attaque. J’ai décidé dans la présente réflexion d’approcher l’événement sous l’angle de l’assomption ou de la non assomption identitaire qui aura été celle de Michael Jackson tout au long de sa vie.
Depuis sa mort par arrêt cardiaque dans sa résidence de Los Angeles, Michael Jackson a donné le la d'une médiatisation monstrueuse. Désormais, ce qui convient d’appeler le feuilleton Michael Jackson occupe au moins les ¾ des journaux des principales chaînes de télévision dans le monde, sans compter les émissions spécialisées. De leur coté, la radio et la presse écrite rivalisent d’adresse, de superlatifs et d’émotion pour rendre un hommage toujours appuyé à l’illustre disparu. Bien entendu, de temps à autre, un scandale sera débusqué pour agrémenter le feuilleton et peut-être offrir ainsi un sens à certaines vies. Dans ce jeu, les moyens cde communication moderne jouent un rôle de premier de plan.
Selon Alain Lancelot, le rôle des moyens de communication de masse, qui sont utilisé aujourd’hui de façon massive pour rendre compte du décès de Michael Jackson, « est la structuration des normes de la perception et de diffusion des schémas culturels d’interprétation de la situation ». C’est à dire que dans vingt ans, lorsque les chercheurs et autres documentaristes, s’y seront eux aussi mis pour décortiquer la vie de Michael Jackson, elle influencera les modes de vie des générations entières. A ce moment là, que sera le monde ? Peut-être un lieu où du lever au coucher du soleil, hommes et femmes et peut-être même les animaux aussi, danseront à longueur de journée dans un air de ré-enchantement retrouvé.
Mais en attendant cet âge d’or, nous devons regarder notre monde d’aujourd’hui, celui que Michael Jackson nous laisse. Un monde en total perte de repères. Un monde à la dérive, dans lequel, selon Roland Carol, « les idéologies tendent à décliner, les affiliations partisanes à se relâcher, l’intérêt pour la politique à faiblir ». Un monde dans lequel, sans pour autant que le vocabulaire ait été révisé, les mots, dans les discours des hommes, glissent sur eux mêmes et finissent par désigner le contraire de ce qu’ils sont en réalité. Un monde dans lequel, la fiction et la réalité se discute la vedette.
C’est donc en pensant à ce monde là et peut-être en ramant complètement à contre courant de la pensée dominante par rapport au traitement de cet événement, que je m’efforcerai de poser les trois questions que m’inspire la disparition de Michael Jackson. Mon souci n'est point d'engager une polémique sur une affaire déjà suffisamment embrouillée mais d'essayer de démêler l'écheveau pour séparer la bonne graine de l'ivraie et aider peut-être la postérité à mieux appréhender le sens de l'histoire : Qu’a t-il fait Michael Jackson de sa vie, surtout de son destin de noir et de l’immense talent que le créateur a placé en lui ? Qu’aurait-il pu faire ? En quoi pourra t-il inspirer positivement les générations futures ?
Le débat que personne ne veut engager sur le problème d'identité qu'a eu Michael Jackson aura pourtant bel et bien lieu en dépit et certainement grâce à son caractère non conformiste. Ce débat se réduit à une question simple : Michael Jackson a-t-il renié son identité noire? A-t-il poussé l'autoflagellation au point d'atteindre le niveau de la haine de soi? Sous prétexte qu'il charrie un tabou racial et risque de ce fait de conduire aux questions indécentes, certains procèdent par évitement par rapport à ce débat. Si de temps en temps, certaines personnes acceptent de s'intéresser à la transformation identitaire de Michael Jackson, c'est surtout pour la justifier ou pour mieux l'enrober dans des formules alambiquées. Ils s'engouffrent dans une faille ouverte par l'intéressé lui-même dans un déni d'assomption spectaculaire. En effet, Michael Jackson explique la blancheur progressive de sa peau par une maladie nommée « vertiligo ». Une maladie qui, selon ceux qui veulent y croire, provoquerait des tâches de blancheur sur sa peau, un peu comme un appel à se décaper. D'autres personnes affirment que c'est une opération marketing qui a poussé Michael Jackson à vouloir se transformer en blanc pour mieux coller au pop, une musique blanche. Et pour mettre un peu de bémol ces personnes affirment que "Elvis Presley était un blanc qui avait voulu devenir noir" pour chanter une musique attribuée aux noirs. D'autres encore, veulent voir dans l'attitude de Michael Jackson, une volonté de combattre le racisme et toutes les autres formes de discriminations qui caractérisent souvent l'espèce humaine : il a voulu ne plus "être noir, ni blanc, ni jeune, ni adulte, ni homme, ni femme", disent-ils. Ceux qui approchent de plus près l'aveu de transformation accablent aussitôt le père de Michael Jackson que ce dernier accuse de l'avoir trop rudoyé pendant son enfance, notamment en insultant son nez épaté.
Un simple prisonnier du système
Mais force est de reconnaître que toutes ces justifications plus ou moins convaincantes, ne sont qu'un verni, malheureusement bien mince, que les uns et les autres veulent poser sur la vie de la star pour mieux entretenir le mystère et continuer à gruger le public. La vérité est pourtant simple et crue : Michael Jackson est un noir qui, comme beaucoup d'autres qui croupissent encore dans l'enfer de l'aliénation et de la haine de soi, n'a pas pu assumer son destin de noir, n'a pas accepté sa couleur noire et son nez épaté. Il est même allé au-delà du simple reniement de sa peau pour embrasser une sorte de détestation de cette peau cramée. En effet, Michael Jackson déteste tellement les peaux noires que les enfants qu'il présente aujourd'hui comme le fruit de ses œuvres sont tout simplement blonds. Or, on sait qu'on peut s'éclaircir la peau, mais éclaircir le gène et plus tard le spermatozoïde, est certainement une trouvaille à venir pour les scientifiques.
Et chez Michael Jackson d'ailleurs, le "crime" de non assomption identitaire est double : non seulement il a refusé d'assumer son destin de noir, mais il a aussi manqué d'assumer le déni d'assomption. Autrement dit, il lui a manqué le courage pour avouer qu'il n'est qu'un noir complexé qui veut devenir blanc. Ce qui, du coup, jette un trouble grave sur sa personnalité. Un homme qui ne s'assume pas est dangereux pour lui-même et pour la multitude. C'est sans doute cette image trop controversée, cette personnalité très superficielle et trop artificielle qui avait amené l'état major du candidat Obama à le maintenir éloigné de sa campagne. Ceci parce que au contraire de Michael Jackson, Barack Obama est métis qui s'assume et assume son destin : il assume autant le coté noir de son père que celui blanc de sa mère.
Vouloir justifier l'attitude de Michael Jackson par une quelconque opération de communication manque totalement d'efficacité, car, comme l'affirme Roland Cayrol, "on ne communique bien que si l'on s'assume et si l'on sait d'où on parle". En la matière, poursuit-il, "il faut amener l'homme public à s'accepter avec ses défauts, qu'il doit finir par considérer comme des qualités". Or, certainement conseillé par son entourage professionnel, Michael Jackson a préféré gommer jusqu'à la caricature, ce qu'il considérait comme des défauts de sa créature : sa peau noire et son nez de nègre. Il a préféré devenir la personne qu'il n'a jamais été et ne sera jamais. Parti pour être blanc, il n'a pu que devenir gris ou quelque chose d'inqualifiable. Ce n'était pas de la communication, mais de l'anti communication, celle qui a tout de même permis de créer un "monstre" générateur des plus grosses ventes de disque dans le monde. C'est ce "monstre" que les Américains ont dénommé "wacko Jacko", c'est-à-dire Jackson le dingue.
Une des questions, certainement dérangeante, est de savoir si Michael Jackson aurait pu atteindre la dimension planétaire qui est la sienne et atteindre le niveau de vente de disques qu'il a atteint, à savoir plus de 750 millions de titres, s'il était resté lui-même, s'il avait gardé sa peau noire, ses cheveux crépus à la mode afro et son nez épaté? C'est vrai, nul ne peut répondre à cette question, à moins de vouloir faire dans la science fiction. Mais la vérité qui s'offre à nous aujourd'hui est celle d'un homme qui s'est laissé dépasser par les événements, un homme qui, comme l'affirme Manu Dibango, "n'était pas à la hauteur de l'artiste en lui".
Mais à sa décharge, il faut reconnaître que Michael Jackson s'est laissé voler son destin. Le système lui a tout volé : son enfance, sa célébrité, sa fortune. Il n'a jamais eu d'enfance. Transporté dès sa tendre jeunesse dans le monde impitoyable de la "star system", il n'a jamais eu suffisamment de lucidité pouvant lui permettre de conduire sa vie comme un être humain au sens où nous voulons l'entendre. Les enquêtes qui sont encore en cours sur les causes de sa mort, montre que Michael Jackson est mort presque à l'œuvre, bourré de médicaments et de drogues par ceux qui voulaient une fois de plus s'enrichir au travers de la tournée mondiale qu'il s'apprêtait à entamer et pour laquelle la bagatelle somme de près de 450 millions de dollars était attendue. A sa décharge aussi, il faut savoir que Michael Jackson est né dans les années 50 lorsque l'Amérique était encore plongé dans la nuit noire de la discrimination raciale la plus agressive. Il est possible qu'il ait pu voir certains noirs pendus par le Ku Klux Klan au simple motif qu'ils sont noirs. Il est possible qu'il ait pu croire à la malédiction de Cham, celle qui voudrait que cet ancêtre des noirs ait subi la malédiction de Dieu pour avoir vu son père nu.
Je pense qu'en donnant le dernier soupir, et contrairement à ce que beaucoup de personnes pensent, Michael Jackson a plutôt échappé à une sorte d'enfer sur terre imposé par le système criminel qu'engendre souvent le capitalisme sauvage. Il suffit juste d'attendre et on verra comment ce système transformé en vautour s'acharnera sur ses restes. Aux dernières nouvelles, des gorges profondes ont déjà commencé à vendre des informations à prix d’or à la presse depuis l’entourage de Michael Jackson. Ce sont des crocs-morts d’une autre espèce. Demain, c’est sûr, lorsque s’ouvrira la bataille pour la garde des enfants, en fait pour la garde de la fortune léguée à ces enfants, un autre spectacle honteux se déroulera aux yeux du monde.
Finalement, plus qu'à Michael Jackson, c'est au système qui lui a tout volé qu'il faut jeter la pierre. Comment comprendre qu'un homme qui a vendu le plus d'album dans le monde et qui bénéficie de ce fait des droits d'auteur les plus faramineux ait été ruiné au point de mourir sur les planches parce qu'il tentait d'organiser une dernière série de concerts pour dit-on rembourser ses dettes? Il n'y a que le système qui peut répondre à une telle question. En échappant au système, Michael Jackson va enfin se reposer en paix. Et je joins ma voix à celle de tous ses fans pour lui souhaiter un repos éternel à l'immense artiste qu'il a été, malgré tout.
Etienne de Tayo
Promoteur de "Afrique Intègre"
www.edetayo.blogspot.com
Face à un tel événement, le journaliste a le choix entre plusieurs angles d’attaque. J’ai décidé dans la présente réflexion d’approcher l’événement sous l’angle de l’assomption ou de la non assomption identitaire qui aura été celle de Michael Jackson tout au long de sa vie.
Depuis sa mort par arrêt cardiaque dans sa résidence de Los Angeles, Michael Jackson a donné le la d'une médiatisation monstrueuse. Désormais, ce qui convient d’appeler le feuilleton Michael Jackson occupe au moins les ¾ des journaux des principales chaînes de télévision dans le monde, sans compter les émissions spécialisées. De leur coté, la radio et la presse écrite rivalisent d’adresse, de superlatifs et d’émotion pour rendre un hommage toujours appuyé à l’illustre disparu. Bien entendu, de temps à autre, un scandale sera débusqué pour agrémenter le feuilleton et peut-être offrir ainsi un sens à certaines vies. Dans ce jeu, les moyens cde communication moderne jouent un rôle de premier de plan.
Selon Alain Lancelot, le rôle des moyens de communication de masse, qui sont utilisé aujourd’hui de façon massive pour rendre compte du décès de Michael Jackson, « est la structuration des normes de la perception et de diffusion des schémas culturels d’interprétation de la situation ». C’est à dire que dans vingt ans, lorsque les chercheurs et autres documentaristes, s’y seront eux aussi mis pour décortiquer la vie de Michael Jackson, elle influencera les modes de vie des générations entières. A ce moment là, que sera le monde ? Peut-être un lieu où du lever au coucher du soleil, hommes et femmes et peut-être même les animaux aussi, danseront à longueur de journée dans un air de ré-enchantement retrouvé.
Mais en attendant cet âge d’or, nous devons regarder notre monde d’aujourd’hui, celui que Michael Jackson nous laisse. Un monde en total perte de repères. Un monde à la dérive, dans lequel, selon Roland Carol, « les idéologies tendent à décliner, les affiliations partisanes à se relâcher, l’intérêt pour la politique à faiblir ». Un monde dans lequel, sans pour autant que le vocabulaire ait été révisé, les mots, dans les discours des hommes, glissent sur eux mêmes et finissent par désigner le contraire de ce qu’ils sont en réalité. Un monde dans lequel, la fiction et la réalité se discute la vedette.
C’est donc en pensant à ce monde là et peut-être en ramant complètement à contre courant de la pensée dominante par rapport au traitement de cet événement, que je m’efforcerai de poser les trois questions que m’inspire la disparition de Michael Jackson. Mon souci n'est point d'engager une polémique sur une affaire déjà suffisamment embrouillée mais d'essayer de démêler l'écheveau pour séparer la bonne graine de l'ivraie et aider peut-être la postérité à mieux appréhender le sens de l'histoire : Qu’a t-il fait Michael Jackson de sa vie, surtout de son destin de noir et de l’immense talent que le créateur a placé en lui ? Qu’aurait-il pu faire ? En quoi pourra t-il inspirer positivement les générations futures ?
Le débat que personne ne veut engager sur le problème d'identité qu'a eu Michael Jackson aura pourtant bel et bien lieu en dépit et certainement grâce à son caractère non conformiste. Ce débat se réduit à une question simple : Michael Jackson a-t-il renié son identité noire? A-t-il poussé l'autoflagellation au point d'atteindre le niveau de la haine de soi? Sous prétexte qu'il charrie un tabou racial et risque de ce fait de conduire aux questions indécentes, certains procèdent par évitement par rapport à ce débat. Si de temps en temps, certaines personnes acceptent de s'intéresser à la transformation identitaire de Michael Jackson, c'est surtout pour la justifier ou pour mieux l'enrober dans des formules alambiquées. Ils s'engouffrent dans une faille ouverte par l'intéressé lui-même dans un déni d'assomption spectaculaire. En effet, Michael Jackson explique la blancheur progressive de sa peau par une maladie nommée « vertiligo ». Une maladie qui, selon ceux qui veulent y croire, provoquerait des tâches de blancheur sur sa peau, un peu comme un appel à se décaper. D'autres personnes affirment que c'est une opération marketing qui a poussé Michael Jackson à vouloir se transformer en blanc pour mieux coller au pop, une musique blanche. Et pour mettre un peu de bémol ces personnes affirment que "Elvis Presley était un blanc qui avait voulu devenir noir" pour chanter une musique attribuée aux noirs. D'autres encore, veulent voir dans l'attitude de Michael Jackson, une volonté de combattre le racisme et toutes les autres formes de discriminations qui caractérisent souvent l'espèce humaine : il a voulu ne plus "être noir, ni blanc, ni jeune, ni adulte, ni homme, ni femme", disent-ils. Ceux qui approchent de plus près l'aveu de transformation accablent aussitôt le père de Michael Jackson que ce dernier accuse de l'avoir trop rudoyé pendant son enfance, notamment en insultant son nez épaté.
Un simple prisonnier du système
Mais force est de reconnaître que toutes ces justifications plus ou moins convaincantes, ne sont qu'un verni, malheureusement bien mince, que les uns et les autres veulent poser sur la vie de la star pour mieux entretenir le mystère et continuer à gruger le public. La vérité est pourtant simple et crue : Michael Jackson est un noir qui, comme beaucoup d'autres qui croupissent encore dans l'enfer de l'aliénation et de la haine de soi, n'a pas pu assumer son destin de noir, n'a pas accepté sa couleur noire et son nez épaté. Il est même allé au-delà du simple reniement de sa peau pour embrasser une sorte de détestation de cette peau cramée. En effet, Michael Jackson déteste tellement les peaux noires que les enfants qu'il présente aujourd'hui comme le fruit de ses œuvres sont tout simplement blonds. Or, on sait qu'on peut s'éclaircir la peau, mais éclaircir le gène et plus tard le spermatozoïde, est certainement une trouvaille à venir pour les scientifiques.
Et chez Michael Jackson d'ailleurs, le "crime" de non assomption identitaire est double : non seulement il a refusé d'assumer son destin de noir, mais il a aussi manqué d'assumer le déni d'assomption. Autrement dit, il lui a manqué le courage pour avouer qu'il n'est qu'un noir complexé qui veut devenir blanc. Ce qui, du coup, jette un trouble grave sur sa personnalité. Un homme qui ne s'assume pas est dangereux pour lui-même et pour la multitude. C'est sans doute cette image trop controversée, cette personnalité très superficielle et trop artificielle qui avait amené l'état major du candidat Obama à le maintenir éloigné de sa campagne. Ceci parce que au contraire de Michael Jackson, Barack Obama est métis qui s'assume et assume son destin : il assume autant le coté noir de son père que celui blanc de sa mère.
Vouloir justifier l'attitude de Michael Jackson par une quelconque opération de communication manque totalement d'efficacité, car, comme l'affirme Roland Cayrol, "on ne communique bien que si l'on s'assume et si l'on sait d'où on parle". En la matière, poursuit-il, "il faut amener l'homme public à s'accepter avec ses défauts, qu'il doit finir par considérer comme des qualités". Or, certainement conseillé par son entourage professionnel, Michael Jackson a préféré gommer jusqu'à la caricature, ce qu'il considérait comme des défauts de sa créature : sa peau noire et son nez de nègre. Il a préféré devenir la personne qu'il n'a jamais été et ne sera jamais. Parti pour être blanc, il n'a pu que devenir gris ou quelque chose d'inqualifiable. Ce n'était pas de la communication, mais de l'anti communication, celle qui a tout de même permis de créer un "monstre" générateur des plus grosses ventes de disque dans le monde. C'est ce "monstre" que les Américains ont dénommé "wacko Jacko", c'est-à-dire Jackson le dingue.
Une des questions, certainement dérangeante, est de savoir si Michael Jackson aurait pu atteindre la dimension planétaire qui est la sienne et atteindre le niveau de vente de disques qu'il a atteint, à savoir plus de 750 millions de titres, s'il était resté lui-même, s'il avait gardé sa peau noire, ses cheveux crépus à la mode afro et son nez épaté? C'est vrai, nul ne peut répondre à cette question, à moins de vouloir faire dans la science fiction. Mais la vérité qui s'offre à nous aujourd'hui est celle d'un homme qui s'est laissé dépasser par les événements, un homme qui, comme l'affirme Manu Dibango, "n'était pas à la hauteur de l'artiste en lui".
Mais à sa décharge, il faut reconnaître que Michael Jackson s'est laissé voler son destin. Le système lui a tout volé : son enfance, sa célébrité, sa fortune. Il n'a jamais eu d'enfance. Transporté dès sa tendre jeunesse dans le monde impitoyable de la "star system", il n'a jamais eu suffisamment de lucidité pouvant lui permettre de conduire sa vie comme un être humain au sens où nous voulons l'entendre. Les enquêtes qui sont encore en cours sur les causes de sa mort, montre que Michael Jackson est mort presque à l'œuvre, bourré de médicaments et de drogues par ceux qui voulaient une fois de plus s'enrichir au travers de la tournée mondiale qu'il s'apprêtait à entamer et pour laquelle la bagatelle somme de près de 450 millions de dollars était attendue. A sa décharge aussi, il faut savoir que Michael Jackson est né dans les années 50 lorsque l'Amérique était encore plongé dans la nuit noire de la discrimination raciale la plus agressive. Il est possible qu'il ait pu voir certains noirs pendus par le Ku Klux Klan au simple motif qu'ils sont noirs. Il est possible qu'il ait pu croire à la malédiction de Cham, celle qui voudrait que cet ancêtre des noirs ait subi la malédiction de Dieu pour avoir vu son père nu.
Je pense qu'en donnant le dernier soupir, et contrairement à ce que beaucoup de personnes pensent, Michael Jackson a plutôt échappé à une sorte d'enfer sur terre imposé par le système criminel qu'engendre souvent le capitalisme sauvage. Il suffit juste d'attendre et on verra comment ce système transformé en vautour s'acharnera sur ses restes. Aux dernières nouvelles, des gorges profondes ont déjà commencé à vendre des informations à prix d’or à la presse depuis l’entourage de Michael Jackson. Ce sont des crocs-morts d’une autre espèce. Demain, c’est sûr, lorsque s’ouvrira la bataille pour la garde des enfants, en fait pour la garde de la fortune léguée à ces enfants, un autre spectacle honteux se déroulera aux yeux du monde.
Finalement, plus qu'à Michael Jackson, c'est au système qui lui a tout volé qu'il faut jeter la pierre. Comment comprendre qu'un homme qui a vendu le plus d'album dans le monde et qui bénéficie de ce fait des droits d'auteur les plus faramineux ait été ruiné au point de mourir sur les planches parce qu'il tentait d'organiser une dernière série de concerts pour dit-on rembourser ses dettes? Il n'y a que le système qui peut répondre à une telle question. En échappant au système, Michael Jackson va enfin se reposer en paix. Et je joins ma voix à celle de tous ses fans pour lui souhaiter un repos éternel à l'immense artiste qu'il a été, malgré tout.
Etienne de Tayo
Promoteur de "Afrique Intègre"
www.edetayo.blogspot.com
1 commentaire:
Bonjour
J'ai lu votre article avec attention et je ne suis pas tout à fait convaincue par le portrait psy de Michael Jackson que vous établissez.
De plus la maladie de la peau dont il etait en effet atteint,se nomme le "vitiligo" et non le "vertiligo" .
Certes ce blanchiment total et uniforme n'est pas entièrement le résultat de sa maladie.
Votre article était tout de même très intéressant et n'étant pas spécialement fan de Michael Jackson,je pense avoir les idées bien rangées pour pouvoir exposer un point de vue relativement posé et concret sur le King of pop. (néanmoins humble point de vue n'ayant pas la prétention de science infuse)
Je trouve dommage que l'aspect très (trop) humain de sa personnalité ai été complètement occulté dans votre article et je pense au contraire de vous,qu'il etait indéniablement trop a la hauteur,artistiquement et humainement.
Par rapport a bon nombres de nos concitoyens sa sensibilité éxacerbée était rare et n'a souvent pas été comprise. Ce qui l'aura en partie perdu à mon humble avis.
Il était incompris et inconforme ,ces gens la dérangent,d'autant plus lorsqu'ils sont des personnages publics .
Je ne pense pas que son parcours psychologique difficile ne se résume qu'a "un noir qui voulait devenir blanc".
Sincérement je pense que ce n'est qu'une visse du rouage infernal qui l'a amené à finir sa vie si aimé mais si seul.
Au plaisir de vous relire.
Cordialement
Lisa O.
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