Le prix Nobel de la paix 2010 vient d’être attribué à Liu Xiaobo, un dissident chinois condamné récemment à 11 ans de prison pour subversion du pouvoir de l’Etat. La décision du jury d’Oslo, accompagnée des félicitations des principaux dirigeants occidentaux, a bien évidemment provoqué l’ire des autorités chinoises qui y voient une grave ingérence dans leurs affaires intérieures.
Cette affaire et la polémique qui l’entoure, nous amène à nous interroger sérieusement sur l’institution prix Nobel mais surtout sur le sens que veulent prendre les décisions du jury d’Oslo, lesquelles suscitent de plus en plus de la controverse. C’est quoi le prix Nobel ? L’esprit du Nobel a-t-il été dévoyé ? Le Nobel tel que pensé par Alfred avait-il vocation à devenir une arme de propagande géopolitique occidentale et d’assimilation des autres peuples ? Doit-on croire en la sincérité des membres du jury d’Oslo qui disent ne se battre que pour la promotion des droits de l’homme et de la démocratie dans le monde ? Leur combat n’est-il pas à tête chercheuse ?
Le prix Nobel est né de la seule volonté du Suédois Alfred Bernhard Nobel, chimiste, fabricant d’armes et inventeur de la dynamite. A l’échelle de son époque, on pouvait présenter Alfred Nobel comme le concepteur d’une arme de destruction massive. Au soir de sa vie, certainement pour se soulager la conscience du « marchand de la mort » qu’il était, Alfred Nobel a décidé de léguer l’intégralité de sa fortune, estimée à 32 millions de couronnes, pour la création du prix Nobel.
D’après les volontés d’Alfred Nobel, décédé le 10 décembre 1896, « l’institution se chargera de récompenser des personnes qui ont rendu de grands services à l’humanité, permettant l’amélioration ou un progrès considérable dans les domaines des savoirs et de la culture dans les cinq disciplines différentes : paix ou diplomatie, littérature, chimie, physiologie ou médecine, physique ». Et de préciser – détail important - que « la nationalité des savants ne doit jouer aucun rôle dans l’attribution du prix ».
Le premier prix Nobel a été attribué en 1901. Mais si l’unanimité est souvent faite autour des autres prix, force est de reconnaître que le prix Nobel de la paix nourrit la polémique chaque fois que le nom de l’heureux récipiendaire est publié. Ceci provient du fait que le jury d’Oslo, pour des raisons qui restent encore inconnues, a souvent décidé de faire du prix Nobel de la paix une sorte de moyen de pression en direction des régimes qui ne veulent pas se plier au modèle occidental de gouvernement et de gestion de la Cité. Cela passe concrètement par la distinction des dissidents qui, dans leurs pays, passent pour des chantres de la démocratie et des droits de l’homme.
L'ultime provocation
Une posture qui trahit l’esprit même du prix par rapport au rôle que ne doit pas jouer la nationalité du récipiendaire et qui découlerait de l’unique volonté des occidentaux de tailler le monde à leur mesure. C’est dans cette optique qu’il faut comprendre les prix attribués à Tensin Gyatso, le 14e Dalaï Lama en 1989 ; à la Birmane Aung San Suu Kyi en 1991 ; à l’Iranienne Cherine Ebadi en 2003 et aujourd’hui au Chinois Liu Xiaobo. Tous sont en rupture, pour une raison ou pour une autre, avec le système politique en cours dans leurs pays et font la promotion de la démocratie et des droits de l’homme tels que conçu et vulgarisé en Occident.
Ainsi transformé en arme de propagande, que ses détenteurs croient redoutable, le prix Nobel a été mis au service d’une volonté d’occidentalisation du monde par l’imposition, parfois aux forceps, de certaines valeurs chères à l’Occident : la démocratie, les droits de l’homme, le marché, la liberté… Par la seule volonté des occidentaux, détenant des positions de puissance, le modèle occidental, le mode de vie de l’Occident, est devenu le modèle universel par lequel tous les autres peuples doivent passer pour accéder à la vraie civilisation. L’Occident et ses valeurs sont ainsi considérés comme le modèle standard sur lequel il faut aligner toutes les autres cultures. Ainsi, il suffit pour un écrivain parfois médiocre ou à tout autre activiste de dénigrer sa propre culture et/ou encenser la culture occidentale pour se voir attribuer le Nobel ou tout autre prix de même acabit.
Pour ramener le problème à la France par exemple, il suffit de faire l’étude des trajectoires de deux écrivains noirs qui ont marqué leur temps : Léopold Sédar Senghor et Aimé Césaire. Pour avoir été particulièrement complaisant vis-à-vis de la France colonisatrice et de l’Occident en général et, en ridiculisant le nègre, le réduisant à sa dimension émotionnelle, le premier s’est vu couvrir d’innombrables prix et même que les portes de l’académie française lui ont été ouverte. Quant au second, malgré son immense œuvre littéraire et même son action politique, les prix se sont détournés de lui. Ainsi vont les prix.
La vision d’un Occident qui serait la lumière devant briller pour effacer les dernières poches de ténèbres encore présentes dans d’autres contrées du monde, cette vision portée aujourd’hui malheureusement par le jury du prix Nobel, sans doute en parfaite trahison de l’esprit d’Alfred Nobel, est une vision à la fois prétentieuse et mégalomaniaque. Elle est même anachronique et irresponsable si l’on tient compte du niveau des rapports de force aujourd’hui dans le monde.
Le problème est ailleurs
L’affaire Xiaobo remet au goût du jour l’affrontement politico-économique qui oppose depuis quelques années l’Occident et la Chine, présentée comme le chef de file des pays émergents qui menacent le leadership de l’Occident aujourd’hui. Cela coule de source que dans cette affaire, il y a une volonté de déstabilisation du régime chinois et de freiner par la même occasion son essor économique, seul vrai crime pour lequel l’Occident condamne la Chine aujourd’hui. Autrement dit, si la Chine n’était pas devenue la deuxième puissance économique du monde, on pourrait continuer à y violer les droits de l’homme sans que cela émeuvent les pays occidentaux. Il suffit juste de voir ce qui se passe en Afrique par exemple où ces mêmes pays occidentaux, ardents défenseurs des droits de l’homme lorsqu’il s’agit de la Chine, soutiennent des dictatures sanglantes.
Le déclin économique de l’Occident est aujourd’hui un fait avéré et le mal est profond. D’ailleurs, la crise grecque qu’on pourrait aussi qualifier de tragédie grecque est en fait une tragédie occidentale si l’on sait ce que la Grèce représente pour l’Occident. Ce constat, l’éditorialiste des « Enjeux les Echos » le perçoit avec une inégalable lucidité et l’exprime avec clarté et courage : « Il y a trois ans Alan Greenspan découvrait, comme il l’avouera penaud devant le Sénat américain que le monde auquel il accordait foi était bâti sur une erreur intellectuelle : la finance est stable et toujours efficace », soutient Eric le Boucher. L’aveu d’Alan Greenspan, ancien patron de la Fed et considéré comme le gourou des marchés, semble sonner une remise en cause fondamentale du modèle occidental de développement ou du moins, révèle la profondeur de la trahison qu’a subi le capitalisme.
Parallèlement à cette morosité du monde occidental, la montée en puissance de la Chine, dans le domaine économique, n’est pas toujours bien vue dans les milieux occidentaux. En fait, cela montre que la crise est bien le résultat d’une mauvaise gestion, d’une prise de risque irresponsable et non point une malédiction. Comme le soutient Jean Marc Vittori dans « Enjeux les Echos », « la réussite de la Chine constitue pour nos vieilles démocraties le plus grand défi qu’elles ont jamais eu à relever ». Un défi qui est essentiellement économique mais qui pourrait devenir civilisationnel. Mais au lieu de regarder la réalité en face pour y apporter une réponse adéquate en réorganisant leur propre système, les dirigeants occidentaux louvoient et procèdent comme à leur habitude par le dénigrement systématique de l’empire du milieu, présenté comme un enfer du point de vue de la promotion des droits de l’homme. Aussi transportent-ils le problème sur le terrain des droits de l’homme et promettent de civiliser la Chine. Or, en matière des droits de l’homme, tout le monde a quelque chose à apprendre ou à se reprocher. Les Etats Unis, champion toutes catégories pour les libertés, selon la conception occidentale, viennent d’ôter la vie à une femme atteinte de démence.
Pour expliquer leur acharnement contre la Chine, les membres du jury du Nobel soutiennent que l’empire du milieu étant entré dans le cercle des grandes puissances, elle a l’obligation de respecter un certain nombre de codes propres à cette nouvelle classe. Mais cela ne suffit pas pour éloigner le sentiment d’une opération à tête chercheuse, destinée à mettre les bâtons dans les roues d’un concurrent. En Russie par exemple, les journalistes sont souvent emprisonnés et même tués. Mais la Russie ne représentant plus une menace économique pour l’Occident aujourd’hui, le jury d’Oslo ferme les yeux sur ces autres droits de l’homme violés.
Tout chemin mène en Chine
Tout le problème est que, pour réussir son décollage économique, et au contraire du Japon et d’autres petits dragons d’Asie du sud Est, la Chine n’a pas eu besoin des théories et des experts de Wall Street. Puisant sa force dans sa culture séculaire, le pays de Mao Tse Toung et de Deng Xiao Ping a montré que « tout chemin mène en Chine » sans passer par l’occident. Et c’est là tout le désarroi des occidentaux que Jean Marc Vittori exprime en ces termes en les conseillant de mettre un peu d’eau dans leur vin : « Dans les années à venir, les vieilles démocraties devront retrouver leur capacité à faire rimer liberté et efficacité économique, à se lancer à la recherche du temps long perdu. Sinon, les électeurs finiront par se lasser. Ils seront de plus en plus nombreux à se laisser tenter par de nouvelles formes d’autoritarisme que l’on sent prête à fleurir ici et là, par l’idée qu’ils auraient intérêt à abandonner un peu de liberté pour un bon steak ». En d’autres termes, lorsque les usines auront tous fermés en occident pour suivre les bas salaires dans les pays émergents, on aimerait voir les chantres des libertés, mettre un peu de cette liberté à bouillir pour nourrir leurs familles.
Selon toute vraisemblance, la Chine aurait des choses à apprendre au reste de l’humanité et plus encore à l’Occident : « L’action politique et économique des pays industrialisés est soumise au diktat du court terme. Un seul pays échappe à cette course folle : la Chine », nous révèle Jean Marc Vittori. Le secret du « fantastique succès chinois » qu’il verrait dans ce qu’il appelle « le consensus de Pékin », tiendrait dans « sa capacité à s’inscrire dans le temps » : « il n’est pas question de maximiser le taux de croissance du prochain trimestre mais de faire accéder des centaines de millions de personnes à la prospérité en une ou deux générations. Il ne s’agit pas de gagner la prochaine élection mais de perpétuer le pouvoir du parti ». Voilà autant d’avance que la Chine a prise sur ses concurrents occidentaux. Mais au lieu de se mettre à son école, ils procèdent par tacle irrégulier. Seulement, l’occident a-t-il aujourd’hui les moyens de faire plier la Chine ?
Face à la puissance de la Chine qui, avec ses 2500 milliards de dollars des réserves de change est considérée comme la banque du monde, la manœuvre du Nobel est rétrogradée au simple rang de gesticulation sans conséquence un peu comme un cyclone est rétrogradé au rang de vulgaire tempête tropicale. Ce n’est pas parce qu’il reçoit le prix Nobel de la paix ou encore parce que les leaders politiques occidentaux exigent sa libération, que le dissident Liu, présenté par les officiels chinois comme « un criminel ayant transgressé les lois chinoises », pourra recouvrer la liberté. A ce jour, le régime Birman, moins puissant économiquement que la Chine continue de maintenir en détention 20 ans après l’opposante Aung San Suu Kyi, lauréate du Nobel en 1991.
Il y a aussi que pour plusieurs pays occidentaux, contrairement aux apparences, la Chine détient l’arme alimentaire au sens le plus trivial du terme. Elle suscite une concurrence parfois féroce entre les Etats Unis et l’union européenne pour l’obtention des contrats. C’est pourquoi, certains gouvernements ne condamnent la Chine qu’à voix basse et même lorsqu’ils l’ont fait, des émissaires sont rapidement envoyés à Pékin pour arrondir les angles. Tout ceci parce que des gros intérêts sont en jeu. A la même Chine, l’Europe veut vendre ses Airbus, cependant que les Etats-Unis proposent leurs Boeings. Des actions comme celles des membres du Nobel ne visent qu’à contenter des opinions publiques qui sont pour la plupart en retard de plusieurs combats.
Alors, si l’on s’accorde sur le fait que l’arme du Nobel s’avère finalement un pétard mouillé, c’est qu’il existe une autre raison qui pousse néanmoins les dirigeants occidentaux à la soutenir. Cette raison, c’est la volonté de ces dirigeants de défiler systématiquement devant leurs responsabilités par rapport aux défis qui se posent aujourd’hui aux pays occidentaux. Comment des pays surendettés, qui ont atteint la saturation, réduits à raboter les niches fiscales pour combler les déficits et qui ne pourront que difficilement atteindre un taux de croissance supérieur à 5%, comment ces pays parviendront-ils à créer la richesse nécessaire au soutien du pouvoir d’achat d’une population dont le niveau de consommation donne le vertige ? Voilà l’un des défis majeurs dont la posture de vendeur des valeurs de droits de l’homme, de liberté ou tout simplement de civilisation permet au moins de dissimuler sinon de botter en touche. C’est plus facile de taper sur la Chine qui ne respecterait pas les droits de l’homme que d’offrir des emplois décents à son propre peuple. Que le jury du prix Nobel soit rentré dans ce jeu est tout simplement dommage.
Etienne de Tayo
Promoteur « Afrique Intègre »
www.edetayo.blogspot.com
4 commentaires:
Cher Etienne,
Je tiens à te féliciter pour une très bonne analyse transversale du prix Nobel de la paix décerné sur plus sur une base politique. Les questions que tu poses sont toutes pertinentes. Il me semble néanmoins que la vraie question qui résume toutes les autres est la suivante : Peut-on parler de liberté et démocratie pour les pays émergents ou en développement s'ils n'arrivent pas à endiguer les tentatives de contrôle économique tous azimuts que véhicule le système néolibéral ? Avec la crise financière de 2008, l'équation "donneur de leçon de démocratie et de liberté" n'arrive plus à s'ajuster avec influence, ni même bonne gouvernance. Il suffit de voir le déficit sans précédent des Etats-Unis, du Royaume Uni, de la France... sans parler de la Grèce que la Chine vient de soutenir massivement pour comprendre que celui qui donne le "la" n'est plus à OSLO.
Mon deuxième point porte sur la conception occidento-centriste des concepts de la démocratie et des libertés. A force de refuser de comprendre le concept sous-jacent à la liberté et à la démocratie qu'est la solidarité et la vie harmonieuse en société introduite depuis l'Egypte antique au royaume des Kamites, il est difficile aujourd'hui pour certains d'envisager même une négociation, voire un changement de paradigme. Donc, les approches chinocentristes et afrocentristes ou latinocentristes sont en train d'émerger. Ce n'est pas un "choc de civilisation" mais simplement un rééquilibrage du monde. La Banque mondiale et le FMI l'ont compris... tu liras avec intérêt mon papier édito sur www.afrology.com d'ici le 14 octobre 2010.
Encore une fois, félicitations et si cela ne te dérange pas, ton papier sera posté sur www.afrology.com. Bonne journée
11 octobre 2010
Dr Yves Ekoué Amaïzo
Directeur du groupe de réflexion, d'action et d'influence "Afrology"
yeamaizo@afrology.com
Bonjour,
nous avons repris cet article ici, une toile germanophone, en précisant le titre.
LIBERTÉ ou GUERRE CULTURELLE - C'EST QUOI LE PRIX NOBEL?*
http://www.facebook.com/notes/bois-caiman-1791-club/liberte-ou-guerre-culturelle-cest-quoi-le-prix-nobel/449927717104
Merci
La Redaction
Réponse à Yanos qui a dit en substance dans son commentaire sur afrique.actu.com
"Moi, je ne vendrai pas ma liberté d'opinion même si j'ai faim. Mes ancêtres sont morts pour l'avoir"
Yanos,
Votre propos transpire de dignité, sauf que je ne suis pas sûr que vous soyez capable aujourd'hui de nous décliner le contenu du contenant que vous avez et que vous appelez liberté. J'ai bien peur que ce ne soit plus qu'une coquille vide après que toutes les petites lois insignifiantes limitant les libertés individuelles soient passées par là. Vous connaissez au moins les caméras de surveillance et tout le système électronique mis sur pieds pour vous surveiller en permanence. Si vous êtes travailleur, vous devez savoir que même les syndicats ont été infiltrés et travaillent pour le patronat. Souvenez-vous du scandale de l'uimm, ce fonds secret mis en place par les patrons pour soudoyer les syndicats.
Vous devez malheureusement avoir le courage de reconnaitre que ce que vous appelez liberté aujourd'hui et pour laquelle vous dites être prêt à mourir n'est pas du tout ce pourquoi vos ancêtres sont morts.
Incapable de surveiller cet héritage vous l'avez laissé être grignoté par les puissants jusqu'à ce que vous ne déteniez qu'une coquille vide. Vous parlez de faim. Avez-vous jamais eu faim de votre vie? Je ne connais pas votre âge mais je pari que vous êtes un de ces européen qui est né dans l'abondance et l'opulence des années de boom économique. Vos ancêtres dont vous parlez eux ont connu la famine et c'est pour cela qu'ils ont su défendre et obtenir des espaces de liberté que vous avez malheureusement laissé s'évaporer.
Lorsque vous parlez de la liberté d'opinion en donnant l'impression qu'elle est plus protégée en France qu'en Chine par exemple, j'aimerai vous envoyer discuter un peu avec Patrick Poivre d'Avor et tous les autres journalistes français qui comme lui ont cru qu'ils étaient détenteurs. Ils l'ont très vite regretté. Et pour PPDA qui était l'une des plus grandes vedettes du journalisme français, la série noire continue puisqu'il vient de divorcer d'avec sa femme après plus de 30 ans de mariage. Je suis sûr que c'est toujours les conséquences de son éviction de TF1 parce que se croyant dans un monde libre et non en Chine comme vous le direz, il s'est adressé au président de la République en prenant quelque liberté.
Au lieu donc d'avoir un regard condescendant sur les autres peuples du monde et sur les autres régimes, ouvrez l'œil et protégez votre propre démocratie de la dérive fasciste. Au moins, votre descendance parlera de vous non pas comme ceux qui ont grillé leurs libertés mais comme ceux qui ont combattu pour comme vos ancêtres que vous citez aujourd'hui.
Bien à vous.
Etienne de Tayo
Réponse à Yanos qui a dit en substance dans son commentaire sur afrique.actu.com
"Moi, je ne vendrai pas ma liberté d'opinion même si j'ai faim. Mes ancêtres sont morts pour l'avoir"
Yanos,
Votre propos transpire de dignité, sauf que je ne suis pas sûr que vous soyez capable aujourd'hui de nous décliner le contenu du contenant que vous avez et que vous appelez liberté. J'ai bien peur que ce ne soit plus qu'une coquille vide après que toutes les petites lois insignifiantes limitant les libertés individuelles soient passées par là. Vous connaissez au moins les caméras de surveillance et tout le système électronique mis sur pieds pour vous surveiller en permanence. Si vous êtes travailleur, vous devez savoir que même les syndicats ont été infiltrés et travaillent pour le patronat. Souvenez-vous du scandale de l'uimm, ce fonds secret mis en place par les patrons pour soudoyer les syndicats.
Vous devez malheureusement avoir le courage de reconnaitre que ce que vous appelez liberté aujourd'hui et pour laquelle vous dites être prêt à mourir n'est pas du tout ce pourquoi vos ancêtres sont morts.
Incapable de surveiller cet héritage vous l'avez laissé être grignoté par les puissants jusqu'à ce que vous ne déteniez qu'une coquille vide. Vous parlez de faim. Avez-vous jamais eu faim de votre vie? Je ne connais pas votre âge mais je pari que vous êtes un de ces européen qui est né dans l'abondance et l'opulence des années de boom économique. Vos ancêtres dont vous parlez eux ont connu la famine et c'est pour cela qu'ils ont su défendre et obtenir des espaces de liberté que vous avez malheureusement laissé s'évaporer.
Lorsque vous parlez de la liberté d'opinion en donnant l'impression qu'elle est plus protégée en France qu'en Chine par exemple, j'aimerai vous envoyer discuter un peu avec Patrick Poivre d'Avor et tous les autres journalistes français qui comme lui ont cru qu'ils étaient détenteurs. Ils l'ont très vite regretté. Et pour PPDA qui était l'une des plus grandes vedettes du journalisme français, la série noire continue puisqu'il vient de divorcer d'avec sa femme après plus de 30 ans de mariage. Je suis sûr que c'est toujours les conséquences de son éviction de TF1 parce que se croyant dans un monde libre et non en Chine comme vous le direz, il s'est adressé au président de la République en prenant quelque liberté.
Au lieu donc d'avoir un regard condescendant sur les autres peuples du monde et sur les autres régimes, ouvrez l'œil et protégez votre propre démocratie de la dérive fasciste. Au moins, votre descendance parlera de vous non pas comme ceux qui ont grillé leurs libertés mais comme ceux qui ont combattu pour comme vos ancêtres que vous citez aujourd'hui.
Bien à vous.
Etienne de Tayo
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