Je m’interrogeais déjà dans ma dernière réflexion sur les causes profondes de la haine concertée, communicative, suggérée et presque recommandée contre Laurent Gbagbo par la communauté internationale. En lisant quelques réactions à mon analyse sur le devenir de la Côte d’Ivoire, analyse dans laquelle je mets en doute la capacité de Alassane Dramane Ouattara à conduire avec bonheur le destin de la Côte d’ivoire, j’ai compris que la haine et le mépris contre Laurent Gbagbo, cultivé de manière presque viscérale au sein de la communauté internationale, s’est donnée les moyens de son assouvissement dans une partie de la population ivoirienne.
Le crime souvent avancé pour soutenir cette haine contre Gbagbo est celui de gangster électoral récidiviste. Un crime devenu pourtant presque banal en Afrique où ces mêmes membres de la communauté internationale ont soutenu et soutiendront encore contre leurs peuples, plusieurs dictateurs ayant opéré des hold-up électoraux. Aujourd’hui, ces chefs d’Etats continuent d’être reçus dans les palais en occident.
Mais le plus important pour moi, c’est que je commence à avoir un début de réponse aux raisons de cette haine contre Gbagbo. Il se trouve que cet enseignant d’histoire qui a sans doute trop lu et assimilé les textes sur l’esclavage, le colonialisme et le néo-colonialisme est un insoumis par rapport à l’impérialisme. Et c’est le sous secrétaire d’Etat américain adjoint aux affaires africaines qui, enfin lève un pan de voile sur ce conflit qui oppose les membres de la fameuse communauté internationale et en particulier la France et les Etats Unis à Laurent Gbagbo.
Dans une interview accordée à Christophe Boisbouvier de RFI, William Fitzgerald révèle qu’au début de la crise ivoirienne en début décembre, « à deux reprises et à quelques semaines d’intervalle, le président Barack Obama a essayé de parler au téléphone avec M. Gbagbo mais ce dernier a refusé de le prendre au téléphone ». Et le diplomate américain de dire par deux fois : « ce n’est pas sérieux ».
Voilà donc où meurt Laurent Gbagbo. Selon toute vraisemblance, il aurait infligé la même humiliation au président français Nicolas Sarkozy. Résumons : un chef d’Etat africain refuse de prendre par deux fois au téléphone, le président de la nation la plus puissante du monde. Cela a un nom ; crime de lèse impérialiste mais je préfère parler de délit de non génuflexion.
Alors que certains chefs d’Etat africains se décoifferaient et se mettraient presque à genoux pour parler au téléphone avec Obama ou Sarkozy, et garderaient ensuite précieusement la bande sonore de cet échange comme preuve de leur véritable entrée dans l’humanité, voilà que Laurent Gbagbo crache dans le plat et envoie balader Obama. Il a semé le vent et mérite de récolter la tempête, me diriez-vous. Mais faut-il encore que ses contempteurs aient le courage de révéler les raisons pour lesquelles ils lui vouent cette haine. Au lieu de quoi, ils louvoient, ils parlent d’autres choses, vendent des illusions aux ivoiriens et tentent d’intimider tous ceux qui ne les accompagneraient pas dans leur haine contre Gbagbo.
J’aurai bien pu, comme font d’autres africains – malheureusement se présentant comme défenseurs des droits humains et parfois de l’Afrique – me joindre à cette caravane de haine sans en comprendre les tenants et les aboutissants, juste pour me mettre du bon coté et par conséquent à l’abri du besoin. Mais contre l’arrogance et l’impartialité de la communauté internationale, je suis obligé de choisir le parti de Laurent Gbagbo non pas parce qu’il est un saint ou qu’il est forcément le type de dirigeant dont rêve l’Afrique de demain, mais parce que la haine des autres a fait de lui un pestiféré, un mollusque, une vermine qu’on veut écraser. C’est donc mon humanisme qui me pousse vers lui.
Je comprends les ivoiriens qui ont vu leur pays se déliter au cours de ces dix dernières années et qui veulent faire porter la responsabilité à Laurent Gbagbo. Selon eux, il n’aurait pas dû résister à ceux qui depuis 2002 avaient décidé de le débarquer parce qu’il a perdu la confiance des maîtres. C’est dans ce piège de l’alimentaire et du tube digestif que la communauté internationale tient certains ivoiriens. Pendant 10 ans, ce qui prend aujourd’hui le nom de communauté internationale a étranglé la Côte d’ivoire. Ensuite, il était plus facile de dire aux ivoiriens de se débarrasser de cet homme qui ne leur a apporté que malheur.
On leur dit que Ouattara leur apportera la prospérité puisqu’il a des connexions dans le système international surtout occidental qui l’aime bien, au contraire de Laurent Gbagbo qui s’est enfermé dans un nationalisme rétrograde. Mais depuis 50 ans qu’elle est indépendante, la Côte d’ivoire aurait dû accéder à cette prospérité sans attendre Ouattara. Qu’est ce qui montre qu’aujourd’hui, ce qui n’a pas été possible sous le charismatique et non moins collabo Félix Houphouet Boigny le sera sous Ouattara ?
Etienne de Tayo
Promoteur « Afrique intègre »
1 commentaire:
Ave Simone !
Résister à un prix,
elle a conjugué ce défi,
Refuser de dire OUI
à l'exception de l'histoire
aujourd'hui ivoirienne
demain panafricaine...
Le roseau plit mais ne rompt pas
Frère africain que faisons-nous de la fraternité et de notre humanité, du consensus !!!
Respect et honoreure à Simone!
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