samedi 5 mars 2022

 


CONTRE LE CHINA BASHING, POUR LA COEXISTENCE PACIFIQUE ET PROSPERITE PARTAGEE

Le 8ème sommet de la coopération sino-africaine s’est tenu à Dakar du 28  au 30 novembre 2021. Centré sur le commerce et la sécurité, ce sommet a été l’occasion d’annonces fortes de la part du partenaire chinois qui revendique 200 milliards de dollars d’échanges directs en 2019 avec l’Afrique. Ainsi, Pékin annonce  60 milliards de dollar d’aide au continent  et un don d’un milliard de doses de vaccin anti-Covid.

Comme toujours, ces noces sino-africaines ont déclenché de la part de certains médias occidentaux, de véritables envolées de bois vert. Avec des Africains comme cible, ces médias tentent un dénigrement systématique de tout ce que la Chine entreprend en Afrique. Voici du reste quelques titres de cette véritable tentative de déconstruction de la dialectique sino-africaine :

-          « Entre l’Afrique et la Chine, est-ce le temps des désillusions ? » (TV5 Monde) ;

-          « L’illusion de la recette magique des prêts chinois » (www.DW.com)

-          « Chine-Afrique : un bénéfice mutuel ? » (TV5 Monde) ;

-          « Forum Chine-Afrique : l’heure des vérités à Dakar ? » (Le Point)

Sans attendre les conclusions et sans évaluation aucune, ces médias ont qualifié la rencontre de Dakar de « Forum de la désillusion ». Ils le disent en actionnant le levier du China bashing connu comme une campagne de dénigrement et d’accusation de la Chine dans le but de la couper de l’Afrique et des Africains. Cette Afrique là toujours infantilisée, est considérée comme une chasse gardée des anciennes puissances coloniales qui vivent très mal la croissance qualifiée d’insolente et la pleine intégration de la Chine dans le circuit économique mondialisé.

Dans cette étude, nous irons aux fondements du China Bashing tels qu’ils apparaissent  aux nations occidentales, à leur presse et à leurs intellectuels. Nous visiterons ensuite les clichés qu’ils actionnent pour justifier leurs attitudes  mais surtout pour manipuler la cible africaine. Enfin, au travers d’une sorte de kaléidoscope des ressentis et d’une analyse sémantique de cette campagne de dénigrement, nous tenterons de révéler de quoi le China bashing est réellement le nom. En conclusion, nous dirons pourquoi, la voie de la Chine, à savoir celle de la coexistence pacifique et de la prospérité partagée est la meilleure pour l’Afrique et pour l’humanité.

Loin d’être un jeu d’enfants, le China Bashing est une vraie stratégie de guerre, un construit idéologique aux fondements historiques bien établis. Ses piliers reposent sur un socle granitique construit depuis des siècles par les intellectuels occidentaux. Ceux là même qui avaient accompagné et justifié la colonisation ainsi que toutes les injustices qui l’ont caractérisée. Il en est ainsi du philosophe Ernest Renan, adepte de suprématie raciale qui, dans son ouvrage : « La réforme intellectuelle et morale » publié en 1871 et parlant des chinois déclare : « La nature a fait une race d’ouvriers, c’est la race chinoise d’une dextérité de mains merveilleuse, sans presque aucun sentiment d’honneur ».

Mais au contraire de l’arrogance et de la suffisance qui caractérisaient la génération des Renan,  les fondements contemporains du China Bashing s’énoncent sous la forme d’une peur à peine voilée d’un occident qui doute face à une Chine désormais éveillée et sûre d’elle. Dès lors, ces fondements apparaissent sous des figures métaphoriques diverses : une supercherie, une manipulation avec l’Afrique comme cible, un racisme,  un tacle arrière, une manifestation de l’inquiétude, une lâcheté, un fantasme, une légende, une ingratitude, un néocolonialisme, un thème de campagne électorale, un enjeu de politique étrangère.

LA CHINE PEUT TOUT

A l’origine de cette campagne sinophobe, il y a le dépassement concurrentiel de la Chine sur le terrain économico-commercial. En occident on ne voit plus qu’une « Chine destructrice des emplois du fait de sa capacité à capter les délocalisations des chaînes des productions d’entreprises étrangères en quête d’une main d’œuvre moins coûteuse et d’une fiscalité plus avantageuse » ; une Chine qui est à l’origine de la crise  des dettes souveraines et qui tend à faire pencher la balance du coté des pays émergents ; une Chine accusée d’orchestration d’un établissement hégémonique de ses entreprises sur le continent africain ; une Chine soupçonnée d’opacité de ses financements surtout en direction de l’Afrique ; une Chine qui est sur le point de s’offrir l’Afrique grâce à ses financements et ses réalisations.

Mais sous le registre de la manipulation, ces fondements du China Bashing ont été réduits à quelques clichés qui visent à construire pour la Chine l’image d’une sorte d’ogre mangeur d’enfants en Afrique. Et dans ce jeu, l’occident n’hésite pas à enfiler le manteau d’une mère protectrice de l’Afrique.  Ainsi, la présence chinoise en Afrique est réduite en trois plaies majeures comme le souligne l’éditorialiste de Jeune Afrique, François Soudan. Pour lui, les fondements du China Bashing selon les occidentaux sont : « les traités inégaux entre la Chine et les pays africains ; le pillage des ressources de l’Afrique par la Chine ; l’occupation coloniale des terres africaines par la Chine ». C’est sur ces trois accusations laconiques que repose en réalité le China Bashing définit à juste titre par Jean Joseph Boilot comme « le miroir de la faiblesse des occidentaux en Afrique »

Maintenant que nous avons saisi la vacuité du concept du China Bashing, la Chine imperturbable nous propose la coexistence pacifique et une prospérité partagée. Et l’Afrique le perçoit déjà dans l’acquisition de toutes les infrastructures dans les domaines routiers, énergétiques, portuaires, aéroportuaires, immobiliers… Cette approche chinoise portée aujourd’hui par le Président Xi Jinping, a été façonnée à partir des 5 événements qui ont marqué historiquement la marche de la Chine et qui ont façonné sa propre vision du monde. Ces événements sont : « les idées confucéennes ; le siècle des humiliations ; un allié oublié ; le Marxisme ; l’histoire de Taiwan ». Les fondements de cette politique non interventionniste de la Chine se trouve dans les « 5 principes de la coexistence pacifique » présenté par le Premier ministre Zhou Enlai lors de la conférence de Bandung en 1955. A savoir : « respect mutuel de l’intégrité territorial et de la souveraineté ; non agression mutuelle ; non ingérence mutuelle ; bénéfices mutuels ; coexistence pacifique ».

Comme nous le voyons, l’approche chinoise qui a mis l’occident sur la défensive, constitue un changement fondamental de paradigme dans la gouvernance mondiale. Conçu historiquement et mis en œuvre par les puissances occidentales, le monde était une sorte de marre dans laquelle les gros poissons se nourrissaient des petits ; où certains États se prévalant du droit divin de domination et d’exploitation des autres œuvraient à les maintenir dans la misère par les mécanismes iniques conçus et mis en œuvre au sein des organisations internationales aux ordres  censées pourtant œuvrer pour la paix et la prospérité.

L’irruption de la Chine et des pays émergents en général a réussi à faire de l’Afrique un véritable enjeu géostratégique. Aujourd’hui, cette Afrique là est placée au milieu du guet avec d’un coté comme de l’autre la proposition de deux visions du monde. Une première vision, celle des occidentaux qu’elle a expérimentée depuis des siècles et de laquelle elle tire son état d’aujourd’hui c'est-à-dire celui d’un continent en retard sur plusieurs domaines. Une deuxième vision, celle de la Chine qui s’exprime en actions et en réalisations et au miroir de laquelle l’Afrique voit sa physionomie se transformer et se bonifier. En d’autres temps, observant le potentiel et le réel de la coopération sino-africaine, nous avons pu dire que « Tout chemin mène en Chine » c'est-à-dire qu’il existerait une autre voie du développement de l’Afrique en dehors de ce que nous propose les occidentaux. Aujourd’hui, plus que jamais, il s’agit d’une piste à creuser par l’Afrique et les Africains.

Dr Etienne Tayo Demanou

Promoteur du réseau « Afrique intègre »

Auteur du livre : « Tout chemin mène en Chine »

 


FOCAC : LA CHINE TIENT TOUJOURS SES PROMESSES ENVERS L’AFRIQUE

La Chine dit : « les  bons amis se sentent proches bien qu’ils soient  séparés par des milliers de kilomètres ». L’Afrique rétorque : « un vrai ami vaut plus qu’un frère »

La Chine et l’Afrique, c’est réellement la rencontre de deux visions partagées du monde et surtout de deux opportunités. D’un coté, la Chine, « le plus grand pays en développement dans le monde » très attachée à la paix et au développement dans le monde. Elle affiche la plus grosse croissance mondiale et « souhaite développer des relations amicales avec tous les pays et intensifier la coopération avec eux dans l’intérêt de la prospérité commune, afin de promouvoir la paix et la stabilité dans le monde ».  De l’autre, l’Afrique éternelle qui affiche sa jeunesse, ses ressources et surtout son désir de développement tel que porté par le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD), un projet de développement à l’échelle continentale qui trace de magnifiques perspectives pour le Renouveau et de le développement de l’Afrique. Entre les deux, une volonté commune de bâtir un partenariat mutuellement bénéfique comme le propose la Chine dans sa coopération avec l’Afrique.

La rencontre s’est finalement matérialisée au cours d’une conférence ministérielle tenue du 10 au 12 octobre 2000 à Pékin. La toute première du genre entre les Ministres des Affaires étrangères et les Ministres chargés de la coopération économique de Chine et ceux d’Afrique. C’est au cours de cette première rencontre qu’ont été créé le conseil économique conjoint Chine-Afrique  et le Fonds de mise en valeur des ressources humaines en Afrique. Bien que « l’amitié sino-africaine remonte loin dans l’histoire et repose sur un socle solide », cette conférence avait l’avantage de formaliser le cadre de coopération et donner ses lettres de noblesse à la coopération Sud-sud. Il était ainsi question de créer une « plateforme de coopération et de renforcement des liens d’amitié ». Ainsi venait de naître le Forum de la coopération entre l’Afrique et la Chine (FOCAC) qui est devenu au fil des années et des rencontres, l’une des plateformes les plus influentes du monde et dont le dernier sommet  tenu à Beijing du 3 au 4 septembre 2018 a donné à voir des principes et des objectifs majeurs de la « Politique de la Chine sur l’Afrique ».

Pour aller à la rencontre d’ l’Afrique et pour plus d’efficacité, la Chine a dû se réformer. Ainsi a-t-on assisté à la fusion entre le Ministère du Commerce extérieur et de la coopération (MOFTEC) avec le Ministère du Commerce (MOFCOM). Dès la première rencontre de Pékin, la Chine et ses partenaires africains ont compris l’importance du suivi dans les processus d’implémentation des résolutions des différents Fora. C’est pourquoi il a été institué un mécanisme de suivi du Forum afin d’évaluer la mise en œuvre des résolutions arrêtées. Ce qui cadre bien avec les principes du nouveau type de partenariat stratégique de la Chine avec l’Afrique et qui se caractérise par : « l’égalité et la confiance réciproque sur la plan politique ; la coopération conduite dans l’esprit gagnant-gagnant sur le plan économique et enfin le renforcement des échanges sur le plan culturel ». Du 24 au 25 juin 2019, se tiendra à Beijing, la réunion des coordonnateurs pour l’implémentation des résolutions du FOCAC. Comme l’indique le communiqué y afférent, « les officiels au niveau ministériel de la Chine et 54 pays africains membres prendront part à cette réunion ». Plus que jamais, « la coopération Chine Afrique vient remettre l’Afrique au centre des enjeux géostratégiques internationaux ».

Au sommet de Beijing de septembre 2018, les observateurs ont confirmé le fait que réellement, le Focac est « une plateforme favorisant ce jeu à somme positive entre les multiples partenaires inhérents et y participant ». Ce jour là en effet, le président Xi Jinping a dit que la Chine a honoré ses promesses faites au sommet de Johannesburg en 2015 en fournissant un financement de 60 milliards de dollars à l’Afrique. Sur cette somme figure 15 milliards d’aide gratuite et de prêts sans intérêts ; des lignes de crédit de 20 milliards ; deux fonds consacrés à la Finance du développement et au financement des importations des biens africains de 15 milliards ; enfin les entreprises chinoises seront encouragées à investir au moins 10 milliards en Afrique au cours des 3 prochaines années. Il a aussi assuré que la Chine annulerait une partie de la dette des pays les moins développés du continent africain

Comme l’avait souligné le Président Xi Jinping dans son discours, « depuis le sommet de Johannesburg, la Chine a pleinement mis en place les 10 plans de coopération avec un nombre énorme de projets  dans les chemins de fer, les autoroutes, les aéroports, les ports et d’autres projets d’infrastructure ainsi qu’un nombre de zones de coopération économique et commerciale réalisées ou en cours de construction ». Et ceci, que l’on soit au Cameroun, au Gabon, au Congo, en Éthiopie, au Rwanda, on peut confirmer cette présence bénéfique de la Chine sur le continent africain en admirant des réalisations flambant neuves et promptes à soutenir le développement de ces pays. La Chine a transformé la physionomie de l’Afrique d’un point de vue infrastructurel et a sérieusement amélioré le quotidien des peuples d’Afrique.

La bonne moisson de Beijing

Déjà à Beijing, le président Xi Jinping annonçait que « les 10 plans de coopération ont apporté des bénéfices considérables aux peuples africains et chinois. Ils ont pleinement illustré la créativité, le pouvoir de cohésion et l’efficacité de la Chine et de l’Afrique et ont propulsé le partenariat global stratégique et de coopération vers un niveau inédit ». Au sortir du sommet et, en guise de nouvelles promesses, le président Xi Jinping a déclaré que « la Chine allait mettre en place huit initiatives majeures avec les pays africains dans les 3 années à venir dans les domaines de : la promotion industrielle, la connectivité des infrastructures, la facilitation du commerce et le développement écologique ».

Sur la promotion industrielle, une exposition Chine Afrique se tiendrait en Chine et les sociétés chinoises sont encouragées à augmenter leurs investissements en Afrique. La Chine appliquera 50 programmes d’assistance agricole, fournira l’aide alimentaire d’urgence totalisant un milliard de yuan (147 millions de dollars) aux pays africains affectés par des catastrophes naturelles et enverra 500 experts agricoles de haut rang en Afrique.

Sur la connectivité des infrastructures, la Chine travaillerait avec l’Union Africaine pour élaborer un plan de coopération d’infrastructures sino-africain et soutiendrait les entreprises dans leur participation au développement des infrastructures de l’Afrique par la voie de l’investissement construction-opération ou d’autres moyens.

Sur la facilitation du commerce, la Chine augmenterait les importations d’Afrique, surtout des produits non liés aux ressources en provenance et soutiendrait les pays africains dans leur participation à la Foire internationale des importations de Chine. Les pays africains les moins développés seront exempt de frais de stand d’exposition.

Sur le développement écologique, la Chine entreprendrait 50 projets d’assistance au développement écologique et à la protection de l’écologie et de l’environnement avec un intérêt particulier sur les changements climatiques, l’Océan, la prévention et le contrôle de la désertification et de la protection de la faune et de la flore.

Sur la construction de la capacité, la Chine établirait dix ateliers Luban en Afrique afin de fournir une formation professionnelle aux jeunes africains. La Chine formera également 1000 africains de haut niveau, accordera à l’Afrique 50 000 bourses gouvernementales, parrainera les opportunités de séminaire et d’atelier de 50 000 africains et invitera 2000 jeunes africains à visiter la Chine pour des échanges.

Sur les soins de santé, la Chine améliorerait 50 programmes d’aide médicale et de santé pour l’Afrique avec un centre sur les projets phares tels le siège du centre africain pour le contrôle et la prévention des maladies et des hôpitaux d’amitié Chine Afrique.

Sur les échanges entre les peuples, la Chine établirait un institut d’études africaines et renforcerait les échanges avec l’Afrique sur la civilisation. La Chine souhaite la bienvenue à l’Afrique en vue de sa participation à la ligue internationale des théâtres de la Route de la Soie, à l’alliance internationale des Musées de la Route de la Soie et au réseau des festivals artistiques de la Route de la Soie.

Sur la paix et la sécurité, la Chine établirait un fonds de paix et de sécurité Chine Afrique et continuerait à fournir une assistance militaire gratuite à l’Union Africaine. Un  total de 50 programmes d’assistance à la sécurité seront appliqués dans des domaines tels que les missions de maintien de paix, la lutte contre la piraterie et la lutte contre le terrorisme.

D’après le livre blanc sur la coopération économique et commerciale sino-africaine, et qui parle d’un « nouveau partenariat stratégique avec l’Afrique », l’échange entre ces deux blocs « a permis d’améliorer les condition de vie du peuple africain et offert un soutien important au développement socio économique de la Chine ». Ce partenariat a aussi « contribué à promouvoir la coopération Sud-Sud et à équilibrer le développement économique mondial ». Ce qui cadre bien avec les fondements de la « politique africaine de la Chine », laquelle souhaite entre autre, « un développement régulier et durable des relations avec l’Afrique et de porter leur coopération mutuellement avantageuses à des paliers toujours plus élevés ».

A Beijing les 24 et 25 juin prochain, les experts chinois et africains devraient plancher sur les formes d’implémentation des promesses du Focac 2018 avec en ligne de mire les 8 initiatives majeures de Xi JINPING. L’événement consistera en une cérémonie d’ouverture, une session plénière, une cérémonie de clôture, une conférence de presse conjointe, un banquet de bienvenue et le dialogue entre les chefs des institutions financières chinoises et les coordonnateurs africains. Les leaders de l’État et du parti de la Chine auront une importante activité et tiendront des réunions bilatérales avec les délégations africaines. Une déclaration conjointe sera faite conformément aux résolutions et consensus auxquels les parties sont parvenues durant la réunion. A travers cette réunion, la Chine veut évaluer l’implémentation des résolutions du sommet de Beijing et surtout mesurer combien elles l’ont été au bénéfice des populations. Elle marque ainsi sa ferme volonté de garantir une croissance solidaire et une coopération mutuellement bénéfique. Tout ceci pour construire une communauté Chine Afrique plus étroite  ainsi qu’un futur partagé.

Dr Etienne Tayo Demanou

Journaliste Principal

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE :

Documents

-         Le plan d’action de Beijing

-         La politique africaine de la Chine

-         Le livre blanc de la coopération économique et commerciale sino-africaine

-         L’agenda ONU 2030 pour le développement durable

-         Foreign Ministry Spokesperson Geng Shuang’s Regular Press conference on June 10 2019 on coordinators meeting on the implementation of the Focac Beijing Summit outcomes.

Ouvrages, articles et memoires

-         Auregan Xavier : Les enjeux du Forum de coopération Chine Afrique, www.diploweb.com

-         Ngono, Lucie : La coopération chinoise et le développement en Afrique subsaharienne : opportunités et impacts, Mémoire de Maîtrise en Sciences Politiques, Université du Québec Montréal ;

-         Sophie Boisseau du Rocher et Emmanuel Dubois de Prisque : La Chine e(s)t le Monde, www.amazon.fr

 

 

 

 

 

vendredi 4 mars 2022

 


CHINE-CAMEROUN : 50 ANS DE PROSPERITE PARTAGEE

Le 26 mars dernier, le Cameroun et le Chine ont fêté les 50 ans de l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays en 1971. A l’occasion de cette célébration, les deux Présidents Paul Biya du Cameroun et Xi Jinping de la République Populaire de Chine ont échangé des félicitations.

Cet échange de civilités a permis aux deux dirigeants de dire, chacun à l’égard de l’autre tout le bien qu’il pense en justifiant cela par la richesse de la coopération qui lie les deux pays depuis un demi siècle. Le Président Xi Jinping soutient ainsi « qu’au cours de ces 50 dernières années, la Chine et le Cameroun se sont tenus cote à cote contre vents et marrées, avec l’amitié traditionnelle liant les deux pays qui s’est renforcé au fil du temps ». En perspective de cette relation qui porte chaque jour de nouveaux fruits, le Président chinois marque « sa volonté de travailler avec le Président Paul Biya pour concrétiser les décisions prises lors du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA) tenu à Beijing en 2018 et renforcer leurs efforts conjoints pour mettre en œuvre l’initiative de la Ceinture et de la Route (ICR), de manière à ce que tout ceci bénéficie aux deux pays et à leurs peuples et contribue à la création d’une communauté de destin sino-africaine plus étroite ».

En réponse à ces bonnes dispositions du partenaire chinois, le Président Paul Biya se montre reconnaissant pour « une coopération sino-camerounaise dont les fruits ont grandement contribué à améliorer le bien être du peuple camerounais et à aider le pays à se moderniser ». Il se félicite de ce que « la grande nation chinoise est devenue, grâce à l’ardeur au travail de son peuple et à la clairvoyance de ses dirigeants, un acteur global et majeur de la scène internationale ». Mais, malgré cette place conquise dans la cour des grands où elle est en train de devenir le plus grand, le Président Paul Biya se félicite une fois de plus de ce que la République Populaire de Chine « est restée attachée à la coopération Sud-Sud, tout en soutenant les politiques d’émergence des pays africains ». En guise de perspectives pour le Cameroun, le Président Paul Biya « souhaite que la coopération sino-camerounaise soit plus étroite, se tienne dans une perspective plus large, afin de mieux profiter aux deux peuples ».

De ces échanges, il se dégage plusieurs constantes : d’abord la publicité faite autour de cette célébration qui montre la fierté mutuelle qu’éprouvent les deux partenaires à se montrer ensemble. Ce qui colle bien avec une sagesse Bamléké qui dit ceci : « Si tu es mon ami et que tu l’assumes, viens donc afin que nous construisions ma clôture ensemble le jour du marché ». Il coule aussi de source le fait que les deux partenaires sont « attachés aux principes de sincérité, d’amitié, d’égalité, de coopération gagnant-gagnant et de développement commun ». Il se dégage que les enjeux de la coopération sino-camerounaise laissent clairement apparaître un partenariat stratégique fondé sur le développement et donc dépouillé d’un certain voyeurisme politico-diplomatique et d’une ingérence tapageuse. Comme le précise si bien l’ambassadeur de Chine au Cameroun : « La Chine promet de partager les opportunités de croissance avec le Cameroun, renforcer le poids des pays en développement sur la scène internationale tout en construisant conjointement la Ceinture et la Route et une communauté d’avenir partagé Chine Afrique encore plus solide », souligne Wang Yingwu.

De par la profondeur des textes produits par les deux présidents à l’occasion de cette célébration conjointe, de par les activités qui ont ponctué la célébration impliquant les fonctionnaires, les diplomates, les journalistes, les intellectuels, les acteurs culturels et bien d’autres, on a eu une impression, proche d’ailleurs d’une conviction que les deux pays voulaient passer un message fort à tous ceux qui au travers du China-Bashing tendent à discréditer la coopération sino-africaine dans un double élan de la diabolisation et du dénigrement de la Chine d’un part, et de l’infantilisation de l’Afrique d’autre part. En célébrant en grande pompe l’anniversaire de leurs 50 ans de coopération, et surtout en se félicitant de la bonne santé de ces relations et des perspectives merveilleuses qui l’attendent,  la Chine et le Cameroun ont ainsi faire un pied de nez aux oiseaux de mauvaise augure.

En conduisant cette étude et dans la continuité d’autres études menées sur le sujet, nous voulons aller au cœur du China-Bashing pour tenter de neutraliser le venin qu’il porte et montrer que la Chine et l’Afrique en général et le Cameroun en particulier ont une coopération stable, prospère et mutuellement bénéfique.

Au cœur du China-Bashing

Le China-Bashing est une sorte de campagne sinophobe promu par la propagande occidentale dès le début du 21ème siècle face à la montée en puissance de la Chine sur la scène internationale. Aux Etats-Unis, cela veut dire littéralement « taper sur la Chine ». D’après Jean Joseph Boillot, spécialiste de la de la coopération sino-africaine, « le China-Basching » est « le miroir de la faiblesse des occidentaux en Afrique ». François Soudan de Jeune Afrique pense que « le China Basching cache mal l’inquiétude des occidentaux face à une Chine sûr d’elle-même et de sa place retrouvée dans le monde ». En remontant l’histoire pour voir le comportement des occidentaux face à la montée en puissance d’une entité non occidentale, Ken Iwasaki, dans un article sur la China Basching paru dans la revue « Outre Terre », affirme que « devant l’affirmation du Japon en tant que seconde puissance économique au début des années 1970, l’admiration avait cédé en occident à la nippophobie. Et plus cette montée en force  des sentiments anti-japonais avait trouvé son apogée dans le Japan Basching et la campagne médiatique de la seconde moitié des années 1980. Le Japan Basching s’est épuisé avec la crise du début des années 1990 » lorsque confronté à la surchauffe, le Japon a disparu des radars économiques du monde. Compte tenu de ce que démontre Isawaki, le China-Basching devient une ligne de défense de l’occident face à l’offensive des puissances économiques émergentes. En fait, le X Basching découle souvent d’une surveillance internationale de la part de l’Occident en ce qui concerne le glissement du curseur dans les luttes d’influence des puissances. Ce qui veut dire qu’au fil des tours de la roue de la fortune dans le monde, on aura droit au : « India Basching » ; « Nigeria Basching » ; « South-Africa Basching » ; « Russia Basching » ; « Brasilia Basching »… Et  que si d’aventure la Chine venait à  lâcher du lest pour une raison ou une autre, aussitôt le China Basching mourrait de sa plus belle mort

Le China Basching procède généralement par des clichés les plus éculés et les plus ridicules. Mais comme on dit dans la manipulation propagandiste, « plus c’est gros, mieux çà passe ». Dans le China Basching, les tâches sont bien reparties. Les charges les plus virulentes et parfois les plus grossières sont portées par des officiels des grandes puissances occidentales qui cherchent ainsi à leur offrir quelque légitimité. Ils donnent ainsi le ton, balisent le terrain avant de sous-traiter ce concert de haine, de calomnie et de dénigrement  aux journalistes et intellectuels à la solde de la propagande. Aux Etats-Unis par exemple, après la découverte du nouveau coronavirus à Wuhan en Chine et dans une perspective stigmatisante, et assumant son animosité envers la Chine, le Président américain d’alors a décidé de baptiser ce nouveau virus de « virus chinois ». Après Donald Trump, c’est le Président français qui s’est saisi du fouet du China Basching pour flageller la Chine. Ainsi, sur l’initiative de la Ceinture et la Route, Emmanuel Macron parle « des routes d’une nouvelle hégémonie qui viendraient mettre en vassalité les pays qu’elles traversent ». Quant à l’ex Secrétaire d’Etat américain qui s’intéresse aux prêts, Rex Tillerson parle « des prêts prédateurs qui engluent les pays africains dans la dette ». Globalement, au sujet de la coopération sino-africaine, les occidentaux crient aux traités inégaux, au pillage des ressources naturelles, à l’occupation coloniale. Des meurtrissures qu’ils connaissent très bien pour les avoir fait subir à la Chine entre 1840 et 1949 et à l’Afrique. Sur l’Afrique, les clichés qui reviennent très souvent et repris en boucle par certains médias occidentaux, problématisés par des intellectuels africanistes sont : la Chine pille les ressources naturelles de l’Afrique et refuse de payer le juste prix ; la Chine endette grossièrement l’Afrique, hypothèque l’avenir des générations futures  dans le seul but de se construire une puissance mondiale ; les entreprises chinoises refusent d’employer la main d’œuvre africaine et lorsqu’elles le font, elles la traite mal ; la Chine refuse de faire le transfert de technologie ; la Chine veut recoloniser l’Afrique.

Passons maintenant en revue les arguments des tenants du China-Basching qui veulent absolument disqualifier la présence chinoise en Afrique en faisant croire aux Africains qu’ils les défendent. Jing Gu est spécialiste des questions de développement, elle soutient  que « la Chine a utilisé l’Afrique comme une sorte de laboratoire  pour ses ambitions internationales croissantes ». Howard French, est  l’auteur du livre «China’s second continent ». Il pense que « l’Afrique a été un atelier de nouvelles idées qui sont maintenant devenues de grands atouts stratégiques pour la Chine ». Lorsque la Chine construit les routes, les chemins de fer, les ports en Afrique, les tenants du China Basching soutiennent que ces investissements sont destinés à « relier le monde en développement à l’Empire du milieu via une nouvelle route de la soie ». Finalement, plus précis dans la charge, David Pilling, auteur d’un article dans Jeune Afrique, rapporte ce qu’il qualifie de l’opinion de certains qui pensent  que « la démarche de Pékin s’apparente à un système néocolonialiste dans lequel les entreprises qui extraient des minerais en échange d’infrastructures et financements de projets agissent comme des intermédiaires pour le gouvernement chinois ». D’autres sorties dans ce registre du China Basching sont plus infantilisantes pour l’Afrique et ses dirigeants. Il en est ainsi de Plo Lumumba, Directeur du Kenya School of Law qui pense que « les Chinois savent ce qu’ils veulent alors que le Africains, eux, ne le savent pas. La Chine veut gagner en influence, elle veut être une puissance mondiale (…) Les gouvernements africains contractent tellement de dette envers la Chine qu’ils mettent en gage leur indépendance politique et économique ». Le caricaturiste Godfrey Mwampembwa enchaîne : « C’est toujours la même histoire : la Chine conquiert l’Afrique, mais quel profit en tire l’Afrique ? ».

Face au China Basching et sa virulence, nous avons quand même des personnes qui s’interrogent, d’autres qui se montrent agacées et tentent de démonter le complot. Ainsi, d’après Jeffrey Sachs, Directeur de Earth Institute à l’université de Columbia : « L’enthousiasme de la Chine en Afrique représente même la plus importante source de développement du continent ». Car, comme le soutient Lucie Ngono de l’Université du Québec à Montréal, « les analyses effectuées confirment que la coopération sino-africaine vient remettre l’Afrique au centre des enjeux géostratégiques internationaux ». Un sondage réalisé par Afrobarometer en 2016 dans 36 pays africains, a montré que « pour 63% des Africains interrogés, l’influence chinoise a été plutôt ou très positive ». Le président Djiboutien est plus ironique. Imaïl Omar guelleh pense que « ce que les  Chinois construisent chez nous, tous les autres partenaires avaient refusé de la faire ». Répondant au cliché d’une Chine qui veut piller les minerais de l’Afrique, David Pilling révèle dans son article que « les Etats-Unis investissent dans l’exploitation minière en Afrique beaucoup plus que la Chine (66% du total des investissements pour les Etats-Unis contre 28% pour la Chine ». Et sur l’accusation qui tend à faire croire que les prêts chinois sont dirigés en priorité aux pays au sous sol généreux, Pilling démontre que « depuis 2000, la Chine a accordé 12,3 milliards de dollars de prêts à l’Ethiopie, pays sans ressources naturelles, alors que le Soudan, pays pétrolier et le RD Congo qui est qualifié de scandale géologique, ont reçu moins de la moitié de cette somme ». Plus pragmatique, l’économiste Damissa Moyo envisage une Afrique qui s’ouvrirait au monde pour son développement : « Les pays africains ont besoin de commerce et d’investissements. Peu importe d’où cela vient – de Chine, d’Inde, de Turquie, de Russie, du Brésil – c’est toujours une bonne nouvelle d’avoir de nouveaux partenaires ». Lui emboitant le pas dans ce pragmatisme, Lucie Ngono propose : « Les enjeux du nouveau partenariat doivent être ceux de la diversification des secteurs économiques et de la promotion de l’intégration économique régionale et propulser la croissance ».

Chine-Cameroun en toute sérénité

Loin du China Basching, le Cameroun tisse sa toile diplomatique et veut tirer le maximum de la présence chinoise en Afrique. Et un indice, le nombre des visites des deux chefs d’Etat camerounais en Chine depuis l’établissement des relations diplomatiques en 1971, montre ce volontarisme dans la coopération. En effet, les deux chefs d’Etat Ahmadou Ahidjo et Paul Biya totalisent en 50 ans de coopération, douze voyages d’Etat dans l’Empire du milieu, à savoir 5 voyages pour le premier et 7 voyages pour le second. Pour le record ainsi battu même au niveau africain, le Président Paul Biya  a été élevé au titre de « Grand ami de la Chine » par la Président Xi Jinping. Ce nombre impressionnant de voyages en Chine pour les dirigeants camerounais ne relève pas simplement du fait du hasard. Depuis toujours, la Cameroun a misé sur la Chine comme étant le partenaire stratégique avec lequel il devra partager la prospérité.

En septembre 1986, le Président Paul Biya effectue une visite d’Etat en Allemagne Fédérale. A Hambourg où le Cameroun vient d’ouvrir un consulat, il annonce l’exemption des visas pour les Allemands désireux de venir investir au Cameroun. Et pour convaincre les sceptiques, il tient ces propos révolutionnaires pour l’époque : « Le Cameroun n’est la chasse gardée de personne et d’aucune grande puissance », di-il. Il annonçait ainsi sa ferme volonté de diversifier sa coopération du pays dont il vient de prendre les rênes. En mars 1987, le Président Paul Biya effectue son premier voyage d’Etat en Chine sur le sillage de son prédécesseur. Cette même année 1987, il publie son ouvrage programme : « Pour le libéralisme communautaire » aux Editions Marcel Fabre. Cet ouvrage est publié dans un contexte d’incertitude socio-économique. Il tend à mettre l’homme au centre des préoccupations de toute action publique. A sa sortie, « Pour le libéralisme communautaire » est vite apparu aux yeux de la critique, comme le souligne Jean Marie Nzekoué de Cameroon Tibune : « comme une boussole pour la mise en œuvre d’un projet de société original et ambitieux opérant une sorte de synthèse entre les grands courants de notre époque ». L’auteur fit reposer l’argumentaire de cet ouvrage sur trois piliers qui sont autant de prises de position idéologiques : « la liberté d’entreprendre ; la fonction régulatrice de l’Etat et le devoir de solidarité ». Même si cela n’apparaît pas clairement, on y voit « l’ouverture et la réforme » prônée en Chine par Deng Xiaoping à la fin des années 1970. Juste pour dire que depuis toujours, le Président Paul Biya a pensé que la Chine pouvait non seulement inspirer son système de gouvernement mais aussi et surtout être un partenaire de poids pour l’émergence du Cameroun.

Aujourd’hui, pour le Cameroun, la moisson d’une coopération fructueuse avec la Chine est tout simplement impressionnante. Sur les réalisations infrastructurelles, on peut citer : le barrage de Lagdo, le palais des congrès de Yaoundé, le palais polyvalent des sports de Yaoundé, les hôpitaux gynéco-obstétriques de Yaoundé et de Douala, le port en eau profonde de Kribi, les barrages hydroélectriques de Lom Pangar, de Memvele, Meking, le projet d’approvisionnement de Yaoundé en eau potable, le projet d’extension de la dorsale en fibre optique, l’autoroute Yaoundé-Douala (première phase), l’autoroute Yaoundé-Nsimalen, le nouvel immeuble de l’Assemblée nationale (en construction), la barrage de Natchigal (en construction). Au plan diplomatique, on peut citer le protocole sur l’exemption réciproque de l’obligation de visas pour les détenteurs de passeports diplomatiques et de service. Sur les 50 ans de coopération, la mission médicale chinoise a servi au Cameroun pendant 46 ans avec 713 médecins déployés. Chaque année, 100 étudiants camerounais reçoivent des bourses pour étudier en Chine. De même, des centaines de fonctionnaires et chercheurs se sont rendus en Chine pour des visites et des formations. L’institut Confucius de Yaoundé qui est l’un des plus importants d’Afrique a formé 130 000 étudiants parmi lesquels plusieurs ont remporté le championnat d’Afrique du concours de langue chinoise « China Bridge ». Les échanges sino-camerounais entre think-tanks, les médias, les jeunes, les femmes et les groupes culturels sont en nette progression. Mais le plus grand raffermissement de ces liens s’est observé pendant la pandémie du coronavirus. En effet, face au Covid19, la Chine a procédé à de nombreuses reprises à des échanges d’expériences antiépidémiques avec le Cameroun et lui a fourni l’assistance matérielle importante. La mission médicale chinoise a lutté cote à cote ave les homologues camerounais contre la pandémie. Mettant en œuvre la promesse du Président Xi Jinping, à savoir que : « le vaccin chinois sera un bien public mondial » et comme l’a souligné l’ambassadeur de chine au Cameroun, « la Chine a fait don de 200 000 doses de vaccins de Sinopharm contre le Covid19 ». Toutes ces réalisations et bien d’autres à venir nous fondent à croire à la promesse de la Chine «de se tenir aux cotés de l’Afrique et donc du Cameroun pour bâtir un monde multipolaire et mondialisé sur le plan économique ou encore  de partager les opportunités de croissance avec le Cameroun ».

 

Dr Etienne  Tayo Demanou

Promoteur du Think Tank « Chemin de Chine »

Auteur de l’ouvrage : « Tout Chemin mène en Chine »

tayoe2004@yahoo.fr

mardi 27 décembre 2011

LE PARADIS C'EST L'AILLEURS

Lorsqu'au bout de quelques semaines de mon séjour au pays, j'ai compris enfin ce que, pris dans la spirale de la mondialisation et d’une démocratisation emballée, le Cameroun était en train d'endurer, les rêves, parfois insensés, que le peuple camerounais était en train de se construire; lorsque j'ai analysé tous ces regards admirateurs de ceux – pourtant détenteurs de situations confortables - qui, les posant sur moi, semblaient me faire comprendre que j'avais réussi ma vie tout simplement parce que je vis en Europe. Lorsque j'ai perçu le rapport que les Camerounais entretiennent désormais avec la vie, la mort, l’amour, l'argent; lorsque j'ai compris que dans leur immense majorité, les jeunes du Cameroun, « bien que frustrés mais ne parvenant pas à l’expression politique de leur mécontentement », étaient désormais confortement installés dans la sublimation de l'ailleurs, l’adoration du Dieu Argent exacerbé par le phénomène de « feymania », je me suis assigné au moins trois missions.

J'ai voulu faire comprendre, en tentant de les décourager ou du moins de leur donner suffisamment d’éléments de discernement par rapport à leur projet d’émigration, à ceux qui le croient fermement, que l'Europe n'est nullement un paradis et y élire domicile pour un immigré, surtout après un certain âge, est plus un signe d'échec de la vie que de réussite. Et pour donner du contenu à ce que je dis, je leur citai un certain nombre de métier de merde que les immigrés sont parfois obligés d’accomplir par des temps effroyables : veilleur de nuit, ouvrier de chantier, cireur de carreaux, éboueur… Je leur rappelai les images des hôtels brûlant en plein Paris emportant dans l’au-delà leur locataire, en général des immigrés qui y étaient entassés. Les images qu’ils ont d’ailleurs l’habitude de voir aussi car, malgré leur apparent dénuement, ils sont tous câblés aux chaînes de télévision étrangères.

J'ai voulu aussi faire comprendre que, malgré le semblant de bonheur qu'il semble nous combler, l’argent est un moyen et non une fin. Il sert certes à réussir une vie mais ne remplace pas la vie elle-même, ni ne favorise l’accès au bonheur. A mon sens, je pense qu’il doit exister un point d’inflexion dans l’accumulation à partir duquel l’argent devient nuisible à son détenteur. Il suffit juste de tendre l’oreille pour suivre certaines affaires qui illustrent bien cette sorte d’overdose de l’argent.

Et pour étayer mon propos, je fis accompagner mes sermons de cette pensée d'Epicure : "La pauvreté, mesurée aux besoins de notre nature est une grande richesse. La richesse pour qui ne connaît pas de bornes est une grande pauvreté". Je voulais faire comprendre à tous ceux qui se sont installés confortablement dans la posture de pauvre qu’ils étaient en réalité très riches. C’est vrai que, confronté à la réalité, mon propos n’avait au mieux que la valeur d’un prêche de prélat illuminé, au pire des entourloupes d’une personne égoïste qui ne veut pas partager le bonheur que représente pour eux l’émigration.

J'ai voulu enfin faire comprendre, au vu du faste qui entourait désormais le deuil et la banalisation qui touche finalement ce moment pénible, que dans aucune civilisation on ne peut transformer la mort, le deuil en occasion déguisée de fête, tout simplement parce que cela heurte la décence. Le deuil est d’abord une occasion de recueillement qui doit préserver l’intimité des personnes éplorées.

A mon grand étonnement, j’ai eu l’impression qu’au Cameroun des deuils étaient désormais programmés comme des anniversaires. Comme toutes ces maladies de la pauvreté ont fait beaucoup de morts-vivants, c'est-à-dire des hommes et femmes ayant déjà un pied dans l’au-delà, les gens ne s’embarrassent plus, en voyant passer une de ces personnes, d’affirmer que son enterrement aura lieu dans deux ou trois semaines. Et comme par enchantement, ces prévisions tombent souvent juste. Je pensais et je le faisais comprendre aux autres que tout cela n’est pas normal.

Mais, très vite, au bout de quelque temps, j'ai compris que si je continuais à prêcher ces idées très déconnectées de la réalité selon plusieurs personnes, je courais le risque d'un lynchage public en règle. Alors, j'ai décidé à mon corps défendant de ne plus heurter des convictions aussi ancrées. Je leur disais désormais que l'Europe est un vrai paradis sur terre et malheur à celui qui mourra sans y avoir mis les pieds. Sur la mort et sa célébration, ce que j'appelle la civilisation de la morgue et du service traiteur, je leur disais désormais que peut-être un homme qui n'a pas réussi la vie sur terre peut ainsi s'atteler à réussir sa mort.



Etienne de Tayo

Promoteur « Afrique Intègre »

mercredi 21 décembre 2011

DU MARCHE POLITIQUE A LA POLITIQUE DE MARCHE

A l’origine, le mot marché est d’essence économique à tel point qu’il serait redondant de parler de marché économique. L’évolution de la société marquée par l’adoption des modèles démocratiques nous impose aujourd’hui d’explorer un autre marché : le marché politique.

Dans un marché ordinaire, virtuel ou physique, se rencontre l’offre et la demande d’un ou de plusieurs biens. C’est aussi le lieu de rencontre de plusieurs offreurs et plusieurs demandeurs. Au marché, on rencontre d’un coté des offreurs et de l’autre les demandeurs mais on rencontre aussi ceux qui sont à la fois demandeurs et offreurs d’où le terme de Bayam Sellam bien connu au Cameroun. A la différence d’un marché ordinaire, le marché politique est beaucoup plus complexe. Ceci, en raison de son caractère essentiellement étagé. On parlerait d’ailleurs mieux des marchés politiques.

Le premier marché qui se situe au sommet de la pyramide est celui de l’offre du pouvoir politique suprême par l’Etat à travers la programmation de l’élection présidentielle par exemple. Dans ce marché monopolistique à offre unique, l’Etat offreur a en face plusieurs demandeurs que sont les entrepreneurs politiques connus sous le vocable de hommes ou femmes politiques. La monnaie utilisée dans ce marché se décline en voix d’électeurs détenues par le peuple. Lesquelles voix se fructifient au travers du suffrage électoral. Le pouvoir suprême est ainsi servi à l’entrepreneur politique qui fait le meilleur score en voix d’électeurs. Lesquelles voix il doit acquérir en accédant au second marché.

Dans ce deuxième marché, l’entrepreneur politique tente d’acquérir les voix d’électeurs en offrant des programmes politiques dans lesquels il essaye d’intégrer les promesses de réalisation dont le peuple, offreur de voix, est demandeur. Dans un marché de concurrence pure et parfaite qu’on qualifierait dans le contexte politique de cadre démocratique, les offreurs de voix que sont le peuple, doivent disposer de capacités leur permettant d’évaluer les offres de programme des entrepreneurs politiques en vue de leur accorder le juste prix le jour du marché symbolisé ici par le jour du scrutin. Lorsque cette condition de clairvoyance et de transparence n’est pas remplie, nous assistons à une sorte de marché pervers, dissimulant des sous marchés où l’entrepreneur politique est tout sauf un honnête homme et où le peuple est une sorte de dindon de la farce consentant.

L’analyse d’un marché électoral à la lumière de l’élection présidentielle passée au Cameroun peut nous permettre de confronter la théorie développée plus haut. Dans le cadre de l’élection présidentielle justement, le premier marché est une sorte de marché sélectif à l’entrée duquel s’élèvent d’énormes barrières sous forme de caution à payer et de pièces à fournir en vue de l’étude du dossier d’acceptation de candidature. Cette caution s’élève à 5 millions de F CFA (7 500 euros). Une somme suffisamment élevée pour un pays où le revenu moyen dépasse à peine les 150 000 F CFA (225 euros). En bout de chaîne se trouve une sorte d’agrément permettant aux heureux élus d’accéder au second marché, celui de l’acquisition de voix d’électeurs nécessaires à la conquête du pouvoir suprême. Cet agrément est délivré par Elecam, l’organe en charge de l’organisation des élections au Cameroun.

Au Cameroun, l’ouverture du premier marché s’est faite par la convocation du corps électoral. Aussitôt, plusieurs entrepreneurs politiques, cinquante deux au total, se sont bousculé aux portes du marché. La sélection faite aussi bien au niveau de « Elections cameroon » que de la cour suprême a finalement ouvert les portes du marché à 23 entrepreneurs politiques seuls habileté à solliciter les voix d’électeurs. Pendant la campagne électorale qui s’est étalée du 24 septembre au 8 octobre 2011, les médias ont rendu compte des véritables parties de chasse qu’organisent les différents états major de partis politiques engagés dans la compétition. Chacun des hommes et femmes politiques y allait de son génie propre.

Mais, la nature du champ politique camerounais, les logiques et les jeux des acteurs, les stratégies qu’ils déploient donnent à voir un marché particulier qui découle de la spécificité du Cameroun. C’est la présence de ce marché souterrain qui offre à l’élection présidentielle l’allure d’une affaire économique au sens le plus mercantile du terme. Il s’agit d’un marché de placement et de fructification des fonds. A l’origine, la décision de l’Etat d’offrir gracieusement et sans condition de rentabilité électorale, la somme de 30 millions de F cfa (50 mille euros) à chaque candidat sélectionné qui aura conduit sa campagne électorale jusqu’au bout. Nous avons vu que pour accéder au statut de candidat, il faut disposer d’un peu de courage, payer une caution de 5 millions de F cfa et justifier d’un certain nombre de pièces attestant de la nationalité camerounaise et de la qualité de citoyen et justifier d’une résidence permanente depuis au moins un an.

Face à une telle offre, l’entrepreneur politique rationnel pense à un investissement de départ de 5 millions qu’il peut obtenir auprès d’une banque ou d’une tontine. Après quoi, il s’arrange pour être présent sur le terrain pendant la campagne électorale. S’appuyant sur la pauvreté ambiante, il lui suffit de donner la somme de 1000 F cfa ou l’équivalent d’une bière aux personnes qui viendront chaque fois meubler ses meetings, de payer 2000 F cfa à chacun de la dizaine des motos taxi qui l’accompagneront dans ses tournées urbaines en faisant le plus de bruits possible. Comme tout entrepreneur rationnel, il a une gestion rigoureuse de ses fonds avec le souci de la réalisation du plus grand profit. Après l’élection présidentielle, s’il a pu dépenser 10 millions, il s’en tirera avec un bénéfice net de 20 millions qu’il investira dans un vrai marché économique. Ainsi va la politique au Cameroun.



Par Etienne de Tayo

Promoteur « Afrique intègre »

jeudi 15 décembre 2011

LES SYMBOLES DE POUVOIR

L’image avait été furtive voire subliminale à la télévision mais assez significative du rapport que le président Paul Biya a au pouvoir politique. Nous sommes le 03 novembre 2004, jour de sa prestation de serment à l’Assemblée nationale ouvrant ainsi l’ère du Cameroun des « grandes ambitions ». Après avoir apposé sa signature sur le document de prestation de serment, le président de la République se lève et se saisi de la serviette contenant le précieux sésame. Machinalement, son aide de camp s’avance pour le soulager de cette charge. Mais l’homme du 6 novembre refuse ostensiblement de lui donner le document. Mieux il le serre fortement sous son aisselle et l’emporte avec lui jusque dans sa limousine.

Pour un monsieur, adepte de la représentation politique, qui n’a que tant côtoyé le pouvoir dans sa vie avant d’en faire finalement son objet de compagnie, cela n’a rien d’anodin. Paul Biya sait plus que quiconque, que cette serviette dans laquelle est logé la preuve de sa prestation de serment est un symbole de pouvoir autant que sa limousine, son palais, son bureau, son avion… Il sait qu’en laissant cette serviette à son aide de camp, même seulement pour quelques minutes, il lui concède ainsi, symboliquement, la jouissance d’une partie du pouvoir. L’appétit venant en mangeant, celui-ci peut se faire des idées par rapport à la possession du pouvoir.

Il sait surtout qu’au-delà des définitions savantes présentant le pouvoir à la fois comme contenant et contenu, le pouvoir n’est finalement qu’une somme de prérogatives disséminées dans les actes de la vie quotidienne. Il sait par ailleurs que ces prorogatives, symboliques ou réelles, sont susceptibles d’une appropriation frauduleuse de la part des personnes plus futées que le détenteur officiel du pouvoir. Il sait aussi que le pouvoir ne se partage pas, qu’il n’y a pas de canapé mais de fauteuil présidentiel dans lequel il faut se visser pleinement pour ne pas donner l’occasion à un autre de tenter de le partager. Il sait enfin que, plus que tous les autres biens précieux, le pouvoir ne saurait être laissé à la garde de quelqu’un d’autre.

En 1982, Ahidjo cède le pouvoir à son successeur constitutionnel Paul Biya dans les conditions que tout le monde sait. Une transmission plutôt élégante du pouvoir saluée à l’époque par tous les observateurs. La démission du premier et le discours chargé d’émotion qui l’accompagne, la prestation de serment du second et le vœu de fidélité qui la caractérise laisse penser qu’entre les deux protagonistes le ciel est sans nuage. Et pourtant un soupçon de tentative de subtilisation de pouvoir de l’un par l’autre va tout faire basculer.

En effet, quelques temps après sa démission, l’ancien président Ahmadou Ahidjo doit aller en Europe pour son contrôle de santé. C’est tout naturellement qu’il sollicite du nouveau président Paul Biya l’avion présidentiel pour l’accompagner dans son voyage. Après avoir cogité pendant longtemps, le président Paul Biya ou son entourage décide de lui envoyer un lot de billet d’avion de la Camair. Ahidjo pique une colère noire et le fait savoir à son successeur. Le feu qui finira par embraser leur relation vient ainsi d’être allumé.

Dans ce conflit, l’ancien président Ahidjo avait été un peu court. Malgré la connaissance qu’il avait du pouvoir du fait de ses origines peuls, le « grand camarade » n’était pas parvenu à la compréhension de cette vérité presque sacré qui voudrait qu’un pouvoir ne valle que par ses symboles. Il n’a pas compris qu’en sollicitant l’avion, il se comportait comme s’il avait juste gardé le pouvoir chez son dauphin et qu’il reviendra de temps à autre faire un emprunt de pouvoir. Il n’a pas compris qu’en embarquant à Yaoundé et en débarquant à Paris de l’avion présidentiel, il risquait de créer une certaine confusion diplomatique et de fragiliser le pouvoir de son successeur. Dans l’entourage du nouveau président, cette tentative de subtilisation, peut-être involontaire et inconsciente, de pouvoir avait été très vite repérée et interprétée.

La prise de conscience du fait que le pouvoir est un objet susceptible de vol intégral ou de vol partiel oblige malheureusement ses détenteurs à développer toutes sortes de technologies pour le protéger et le conserver. La plupart des critiques portée au système du président Paul Biya portent sur sa propension à la protection et à la conservation du pouvoir au point de sacrifier plusieurs autres missions attachées à sa fonction de président de la République. Dans l’entourage du président, on ne se gène pas pour faire observer que : moins il y aura des voleurs de pouvoir, moins de temps sera consacré à sa protection et plus consistant sera le temps mis pour la réalisation de la vision du président de la République. Argument valable ou simple pirouette de politique ?



Etienne de Tayo


Promoteur « Afrique Intègre »

dimanche 12 juin 2011

2012 : JACQUES CHIRAC VOTERA VILLAGE

Entre Corréziens, on se comprend
Même s’il n’a plus qu’une apparence d’un petit vieux qui avance en traînant les pieds comme ses congénères des maisons de retraite ; même si pour l’enterrer politiquement, certains avaient voulu lui attribuer la maladie d’Alzheimer, l’ancien président de la République française, Jacques Chirac dispose quand même d’assez de lucidité pour savoir qu’il est un homme de droite et qu’à ce titre, il doit travailler à faire gagner le candidat de son camp à la prochaine élection présidentielle quel qu’en soit le candidat.

Et pourtant, celui qui reste l’une des personnalités politiques les plus populaires auprès des Français a dit, lors de la visite d’un Musée à lui dédiée à Saran en Corrèze, qu’il votera pour François Hollande, son compatriote de Corrèze à la prochaine présidentielle.

Cette déclaration venait compléter l’affirmation dans le dernier tome de ses mémoires, selon laquelle le président du conseil général de Corrèze a la stature d’un homme d’Etat. A contrario, Jacques Chirac fait un portrait moins reluisant de l’actuel président de la République. Sous la plume de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy est décrit comme un homme « nerveux, impétueux, débordant d’ambition ne doutant de rien et surtout pas de lui-même ».

Contre cette prise de position claire, ni les dénégations de François Hollande qui préfère parler de « plaisanterie lancée juste pour énerver ses amis, sur un mode de sourire » ; ni les mises au point de Bernadette Chirac plus portée au soutien à Nicolas Sarkozy dont l’épouse, Carla est sa filleule, n’y feront rien.

Un animal politique de la stature de Jacques Chirac ne parle jamais pour ne rien dire ou pour amuser la galerie. Et puis, à la veille d’une élection présidentielle comme c’est le cas en France, toutes les sorties médiatiques des hommes politiques ont un sens.

En appelant à voter François Hollande, l’ancien président français, en plus du fait qu’il laisse penser que l’élection de 2012 se jouera sur le registre du terroir, envoie au moins trois messages :

- Il règle un vieux compte personnel à Nicolas Sarkozy et tous les Balladuriens qui l’avaient trahi en 1995. Depuis 2007, à la faveur de l’élection de Nicolas Sarkozy, ils sont revenus aux affaires et ne manquent pas de le narguer et même de le tourmenter avec des affaires judiciaires ;

- Il fait primer la préférence territoriale sur l’appartenance politique, démontrant ainsi que les attaches territoriales ou villageoises ont encore en France une force que les siècles de construction nationale n’ont pas réussi à effacer. Ce faisant, il lance un réel défi au modèle politique français ;

- Il montre enfin que par delà les camps et les appareils politiques, la politique n’est qu’un jeu de don et de retour d’ascenseur.

En 1981, c’est Jacques Chirac, un leader pur jus de droite qui avait fait élire François Mitterrand contre Valery Giscard d’Estaing, un homme du centre droit. Un ascenseur que Mitterrand a tenu à lui retourner en 1995. En 2012, un François peut-il cacher un autre ?

PS : Aux dernières nouvelles un communiqué émanant de Jacques Chirac est venu mettre du bémol à sa déclaration : « C’était simplement un trait d’humour corrézien entre républicains qui se connaissent de longue date », déclare Jacques Chirac



Etienne de Tayo


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mardi 7 juin 2011

CANCER POUR TOUS EN 2050


En septembre 1978, 134 pays réunis dans le cadre de la conférence de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), ont signé la déclaration dite d’Alma Ata. Ce plan définit la stratégie mondiale de la santé pour tous en l’an 2000. La santé étant appréhendée ici, selon la déclaration, comme ressource de la vie quotidienne et non comme le but de la vie.

Très vite transformé en slogan presque structurant pour l’OMS, cette stratégie a nourri par endroit dans le monde, bien d’espoirs et englouti des budgets parfois faramineux. C’est vrai qu’un slogan est par essence un artifice publicitaire servant à mobiliser les ressources pour atteindre des objectifs situés bien en deçà de ce qu’il proclame.

L’année 2000 est finalement arrivée et a coïncidé avec le paroxysme de la propagation du vih Sida dans le monde. Depuis près d’une décennie maintenant, cette maladie dite du siècle, procède au prélèvement d’un nombre impressionnant de jeunes de par le monde. Ils n’ont pas eu la santé pour tous promise en l’an 2000.

L’an 2000 a aussi coïncidé avec la vulgarisation du téléphone portable présenté par la publicité comme l’une des révolutions du 21e siècle qui aura facilité non seulement la vie des hommes dans la monde mais aussi leur communication. Sauf que, comme le Sida, le téléphone portable risque conduire au cancer qui lui-même conduit à la mort.

Se défaisant de la pression des lobbies de l’industrie téléphonique, l’OMS a décidé de jeter un pavé dans la marre par rapport au danger que ferai courir le téléphone portable à la santé des hommes. En effet, le 31 mai dernier, 31 experts de 14 pays, réunis depuis une semaine à l’OMS et après avoir passé en revue des centaines de pages des articles scientifiques, sont parvenus à la conclusion selon laquelle « les téléphones portables sont considérés comme pouvant entrainer des cancers ».

Une information d’une gravité certaine quand on sait que, d’après le journal « Le Monde », on compte aujourd’hui 5 milliards d’abonnement à la téléphonie mobile dans le monde. Et pourtant la nouvelle a été accueillie par les utilisateurs du téléphone portable dans une indifférence presque suicidaire. Et tout laisse croire, au vu de cette insouciance, que l’OMS devrait concocter un autre slogan pour promouvoir, non plus la santé pour tous mais le cancer pour tous en 2050.



Etienne de Tayo


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dimanche 5 juin 2011

LE SPORT NATIONAL

"Présentez-la à DSK..."

L’affaire DSK est en train de devenir un véritable révélateur de ce qu’est réellement la société française, du moins, son cercle des politiques. Après Tristane Banon qui a menacé un temps d’enfoncer DSK avant de se rétracter ; après les deux ex-employées de Mairie dont les révélations ont finalement fait tomber le Tronc de Draveille, plusieurs chaumières en France bruissent d’autres histoires de sexe au sujet des hommes politiques français.

Alors qu’on espérait l’accalmie, l’ancien ministre de l’éducation Luc Ferry est sorti des placards pour relater ce que la presse qualifie de « scandale à tiroirs ». En effet, dans le grand journal de Canal+, Luc Ferry lève le voile sur l’histoire d’un « ministre qui s’est fait poisser dans une partouze avec des petits garçons ». Et de préciser que l’affaire lui a été racontée par les plus hautes autorités de l’Etat dont le premier ministre.

Si on ne ferme pas très vite ce robinet de toutes ces affaires de dessous de ceinture, bientôt toute la classe politique française sera noyée de dénonciations politico-sexuelles. Et cela risque même devenir une arme politique redoutable. Mais dans tout çà, c’est le modèle social et politique français qui est mis à l’épreuve et l’exception française sérieusement écornée.

En effet, l’arrestation de DSK et la campagne anti-française entamée par les tabloïds de Rupert Murdock est une grosse agression contre le modèle social et politique français. Ce modèle comprend dans sa dimension sociale, le partage, le fromage, la baguette, le vin et dans son volet politique, le sexe. On a ainsi pu dire de la pratique politique en France que si on lui enlevait le sexe, elle perdrait de toute sa saveur.

Du chauffeur de François Mitterrand qui poireautait des heures sur les Champs- Elysées parce que son patron a disparu dans les feuillages avec une compagnie galante à Bernadette Chirac qui passait son temps à ameuter le tout Paris politique avec cette phrase : « n’as-tu pas vu Jacques ? », le gotha politique français a toujours trouvé dans le sexe le réconfort que nulle autre pratique ne peut procurer.

En France, on ne voit aucun drame dans le fait qu’en fin de journée, pour se débarrasser du stress inhérent à sa fonction, un Maire, un député, un ministre convoque sa collaboratrice pour la soumettre à une séance de mammographie. Après tout, se dit la société, il ne les lui prélève pas ses seins. Aux Etats –Unis, si vous rêvez d’être un jour président, il faut tenir votre sexe dès l’adolescence. En France par contre, il faut le plus le laisser balader.

C’est ainsi qu’en France, DSK, un redoutable prédateur était présenté par des journalistes comme un séducteur. Or, les deux postures n’ont rien de commun. Si toutes les deux auraient quelque chose à se reprocher dans une société puritaine, l’une diffère nettement de l’autre. Le séducteur fait de la femme un jouet de ses fantasmes alors que le prédateur transforme la femme en proie sur laquelle il se jette pour satisfaire ses désirs bestiaux.

Au moment où ils sont à la recherche des arguments pour tenter de l’innocenter, les avocats de DSK n’ont qu’à plaider le fait qu’en France, le sexe en politique est un sport national. Et au nom de l’exception française qui voudrait que le modèle social et politique français ne devienne  jamais l’American way of live, demander sa relaxe pure et simple.

Etienne de Tayo


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vendredi 3 juin 2011

LE TESTAMENT DU COLONEL MOUAMMAR KADHAFI, GUIDE DE LA JAMAHIRIYA ARABE LIBYENNE DEMOCRATIQUE ET SOCIALISTE



Cela fait deux mois que la Libye subit l’agression de quelques pays occidentaux revanchards qui veulent se débarrasser du colonel Kadhafi et faire main basse sur les fonds souverains de la Libye estimés aujourd’hui à près de 175 milliards de dollars.

Mesurant la taille, l’état d’esprit et la férocité des agresseurs, le guide de la Jamahiriya arabe libyenne démocratique et socialiste sait que tout peut arriver y compris pour lui-même le sacrifice suprême. C’est pourquoi, dans une lettre émouvante, il a décidé de saisir ses frères africains pour donner sa version des faits devant le tribunal de l’opinion, avant de continuer le combat jusqu’au dernier souffle comme il le dit lui-même.

Demain, lorsqu’il sera exécuté ou capturé et humilié comme le président Laurent Gbagbo, ces mots seront déjà là pour interpeller notre conscience d’Africain sur ce que nous voulons pour notre continent.


Traduit de l’arabe en anglais par le professeur Sam Hamod.


Au nom d'Allah, le Clément, le Miséricordieux...


Depuis 40 ans, à moins que ce ne soit plus, je ne me souviens pas, j'ai fait

tout mon possible pour donner aux gens des maisons, des hôpitaux, des

écoles, et, quand ils avaient faim, je leur ai donné à manger. À Benghazi,

j'ai même transformé le désert en terres arables, j’ai tenu tête aux

attaques de ce cow-boy, Reagan, quand il a tué ma fille adoptive orpheline.

Essayant de me tuer, il a tué à la place cette pauvre enfant innocente.

Ensuite, j'ai épaulé mes frères et sœurs d'Afrique avec de l'argent pour

l'Union africaine.

J'ai fait tout mon possible pour aider les gens à comprendre le vrai concept

de démocratie, qui consiste en des comités populaires dirigeant leur pays.

Mais ce n'était jamais assez, comme me l'ont dit certains. Même ceux qui

possédaient une maison de 10 chambres, des costumes et du mobilier neufs,

n'étaient jamais satisfaits. Ils étaient si égoïstes qu’ils en voulaient

toujours plus. Ils ont dit aux Zuniens et aux autres visiteurs qu'ils

avaient besoin de « liberté » de « démocratie » et n’ont jamais réalisé

qu'il s'agit d'un système de panier de crabes, où le plus gros bouffe les

autres. Ils étaient seulement ensorcelés par ces mots, sans réaliser jamais

qu’en Zunie, il n’y a pas de médicaments gratuits, ni d'hôpitaux gratuits,

ni de logement gratuit, ni d'enseignement gratuit, ni non plus de nourriture

gratuite, sauf quand les gens sont obligés de mendier ou de faire longtemps

la queue pour avoir de la soupe.

Non, peu importe ce que j'ai réalisé ! Pour certains ce n'était jamais

assez. Mais les autres savaient que j'étais le fils de Gamal Abdel Nasser,

le seul vrai leader musulman arabe que nous avons eu depuis Salah-al-Din.

Nasser était sur ses traces quand il a exigé le canal de Suez pour son

peuple, tout comme j'ai réclamé la Libye pour mon peuple. J'ai essayé de

l’imiter pour garder mon peuple libre de la domination coloniale, des

voleurs qui nous détroussent.

Maintenant, je suis attaqué par la plus grande force de l'histoire

militaire. Obama, mon petit-fils africain, veut me tuer, priver notre pays

de liberté, nous priver de la gratuité de nos biens : logements, médecine,

éducation, nourriture, et remplacer tout ça par la grivèlerie à la zunienne

appelée « capitalisme. » Or, nous tous, dans le tiers monde, savons ce que

cela veut dire. Cela signifie que les multinationales dirigeront le pays,

dirigeront le monde, et le peuple souffrira. Voilà pourquoi il n'y a pas

d'autre solution pour moi, je dois prendre mes dispositions. Et si Allah le

veut, je mourrai en suivant Sa Voie, la voie qui a rendu notre pays riche en

terres arables, avec de quoi manger et la santé, et nous a même permis

d'aider nos frères et sœurs africains et arabes en les faisant travailler

ici avec nous, dans le Jamahiriya libyen.
Je ne désire pas mourir, mais si cela devait advenir, pour sauver cette

terre, mon peuple, tous ces milliers de gens qui sont tous mes enfants,

alors qu'il en soit ainsi.

Que ce testament soit ma voix dans le monde. J’ai tenu tête à l’agression

des croisés de l'OTAN, résisté à la cruauté, contrecarré la trahison ; je me

suis élevé contre l'Occident et ses ambitions colonialistes, et, avec mes

frères africains, mes vrais frères arabes et musulmans, je suis dressé comme

un phare de lumière. Quand d'autres construisaient des châteaux, je vivais

dans une maison modeste et dans

une tente. Je n'ai jamais oublié ma jeunesse à Syrte, je n’ai pas

stupidement dépensé notre trésor national, et comme Salah-al-Din, notre

grand leader musulman qui sauva Jérusalem pour l'Islam, je n’ai guère pris

pour moi-même...

En Occident, sachant pourtant la vérité, certains me qualifient de «fou» de

«bizarre», ils continuent de mentir, ils savent que notre pays est

indépendant et libre, et non pas sous emprise coloniale, que ma vision, ma

conduite, est et a été sincère et pour

mon peuple, et que je me battrai jusqu'à mon dernier souffle pour garder

notre liberté. Puisse Allah Tout-Puissant nous aider à rester fidèles et

libres.