samedi 5 mars 2022

 


FOCAC : LA CHINE TIENT TOUJOURS SES PROMESSES ENVERS L’AFRIQUE

La Chine dit : « les  bons amis se sentent proches bien qu’ils soient  séparés par des milliers de kilomètres ». L’Afrique rétorque : « un vrai ami vaut plus qu’un frère »

La Chine et l’Afrique, c’est réellement la rencontre de deux visions partagées du monde et surtout de deux opportunités. D’un coté, la Chine, « le plus grand pays en développement dans le monde » très attachée à la paix et au développement dans le monde. Elle affiche la plus grosse croissance mondiale et « souhaite développer des relations amicales avec tous les pays et intensifier la coopération avec eux dans l’intérêt de la prospérité commune, afin de promouvoir la paix et la stabilité dans le monde ».  De l’autre, l’Afrique éternelle qui affiche sa jeunesse, ses ressources et surtout son désir de développement tel que porté par le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD), un projet de développement à l’échelle continentale qui trace de magnifiques perspectives pour le Renouveau et de le développement de l’Afrique. Entre les deux, une volonté commune de bâtir un partenariat mutuellement bénéfique comme le propose la Chine dans sa coopération avec l’Afrique.

La rencontre s’est finalement matérialisée au cours d’une conférence ministérielle tenue du 10 au 12 octobre 2000 à Pékin. La toute première du genre entre les Ministres des Affaires étrangères et les Ministres chargés de la coopération économique de Chine et ceux d’Afrique. C’est au cours de cette première rencontre qu’ont été créé le conseil économique conjoint Chine-Afrique  et le Fonds de mise en valeur des ressources humaines en Afrique. Bien que « l’amitié sino-africaine remonte loin dans l’histoire et repose sur un socle solide », cette conférence avait l’avantage de formaliser le cadre de coopération et donner ses lettres de noblesse à la coopération Sud-sud. Il était ainsi question de créer une « plateforme de coopération et de renforcement des liens d’amitié ». Ainsi venait de naître le Forum de la coopération entre l’Afrique et la Chine (FOCAC) qui est devenu au fil des années et des rencontres, l’une des plateformes les plus influentes du monde et dont le dernier sommet  tenu à Beijing du 3 au 4 septembre 2018 a donné à voir des principes et des objectifs majeurs de la « Politique de la Chine sur l’Afrique ».

Pour aller à la rencontre d’ l’Afrique et pour plus d’efficacité, la Chine a dû se réformer. Ainsi a-t-on assisté à la fusion entre le Ministère du Commerce extérieur et de la coopération (MOFTEC) avec le Ministère du Commerce (MOFCOM). Dès la première rencontre de Pékin, la Chine et ses partenaires africains ont compris l’importance du suivi dans les processus d’implémentation des résolutions des différents Fora. C’est pourquoi il a été institué un mécanisme de suivi du Forum afin d’évaluer la mise en œuvre des résolutions arrêtées. Ce qui cadre bien avec les principes du nouveau type de partenariat stratégique de la Chine avec l’Afrique et qui se caractérise par : « l’égalité et la confiance réciproque sur la plan politique ; la coopération conduite dans l’esprit gagnant-gagnant sur le plan économique et enfin le renforcement des échanges sur le plan culturel ». Du 24 au 25 juin 2019, se tiendra à Beijing, la réunion des coordonnateurs pour l’implémentation des résolutions du FOCAC. Comme l’indique le communiqué y afférent, « les officiels au niveau ministériel de la Chine et 54 pays africains membres prendront part à cette réunion ». Plus que jamais, « la coopération Chine Afrique vient remettre l’Afrique au centre des enjeux géostratégiques internationaux ».

Au sommet de Beijing de septembre 2018, les observateurs ont confirmé le fait que réellement, le Focac est « une plateforme favorisant ce jeu à somme positive entre les multiples partenaires inhérents et y participant ». Ce jour là en effet, le président Xi Jinping a dit que la Chine a honoré ses promesses faites au sommet de Johannesburg en 2015 en fournissant un financement de 60 milliards de dollars à l’Afrique. Sur cette somme figure 15 milliards d’aide gratuite et de prêts sans intérêts ; des lignes de crédit de 20 milliards ; deux fonds consacrés à la Finance du développement et au financement des importations des biens africains de 15 milliards ; enfin les entreprises chinoises seront encouragées à investir au moins 10 milliards en Afrique au cours des 3 prochaines années. Il a aussi assuré que la Chine annulerait une partie de la dette des pays les moins développés du continent africain

Comme l’avait souligné le Président Xi Jinping dans son discours, « depuis le sommet de Johannesburg, la Chine a pleinement mis en place les 10 plans de coopération avec un nombre énorme de projets  dans les chemins de fer, les autoroutes, les aéroports, les ports et d’autres projets d’infrastructure ainsi qu’un nombre de zones de coopération économique et commerciale réalisées ou en cours de construction ». Et ceci, que l’on soit au Cameroun, au Gabon, au Congo, en Éthiopie, au Rwanda, on peut confirmer cette présence bénéfique de la Chine sur le continent africain en admirant des réalisations flambant neuves et promptes à soutenir le développement de ces pays. La Chine a transformé la physionomie de l’Afrique d’un point de vue infrastructurel et a sérieusement amélioré le quotidien des peuples d’Afrique.

La bonne moisson de Beijing

Déjà à Beijing, le président Xi Jinping annonçait que « les 10 plans de coopération ont apporté des bénéfices considérables aux peuples africains et chinois. Ils ont pleinement illustré la créativité, le pouvoir de cohésion et l’efficacité de la Chine et de l’Afrique et ont propulsé le partenariat global stratégique et de coopération vers un niveau inédit ». Au sortir du sommet et, en guise de nouvelles promesses, le président Xi Jinping a déclaré que « la Chine allait mettre en place huit initiatives majeures avec les pays africains dans les 3 années à venir dans les domaines de : la promotion industrielle, la connectivité des infrastructures, la facilitation du commerce et le développement écologique ».

Sur la promotion industrielle, une exposition Chine Afrique se tiendrait en Chine et les sociétés chinoises sont encouragées à augmenter leurs investissements en Afrique. La Chine appliquera 50 programmes d’assistance agricole, fournira l’aide alimentaire d’urgence totalisant un milliard de yuan (147 millions de dollars) aux pays africains affectés par des catastrophes naturelles et enverra 500 experts agricoles de haut rang en Afrique.

Sur la connectivité des infrastructures, la Chine travaillerait avec l’Union Africaine pour élaborer un plan de coopération d’infrastructures sino-africain et soutiendrait les entreprises dans leur participation au développement des infrastructures de l’Afrique par la voie de l’investissement construction-opération ou d’autres moyens.

Sur la facilitation du commerce, la Chine augmenterait les importations d’Afrique, surtout des produits non liés aux ressources en provenance et soutiendrait les pays africains dans leur participation à la Foire internationale des importations de Chine. Les pays africains les moins développés seront exempt de frais de stand d’exposition.

Sur le développement écologique, la Chine entreprendrait 50 projets d’assistance au développement écologique et à la protection de l’écologie et de l’environnement avec un intérêt particulier sur les changements climatiques, l’Océan, la prévention et le contrôle de la désertification et de la protection de la faune et de la flore.

Sur la construction de la capacité, la Chine établirait dix ateliers Luban en Afrique afin de fournir une formation professionnelle aux jeunes africains. La Chine formera également 1000 africains de haut niveau, accordera à l’Afrique 50 000 bourses gouvernementales, parrainera les opportunités de séminaire et d’atelier de 50 000 africains et invitera 2000 jeunes africains à visiter la Chine pour des échanges.

Sur les soins de santé, la Chine améliorerait 50 programmes d’aide médicale et de santé pour l’Afrique avec un centre sur les projets phares tels le siège du centre africain pour le contrôle et la prévention des maladies et des hôpitaux d’amitié Chine Afrique.

Sur les échanges entre les peuples, la Chine établirait un institut d’études africaines et renforcerait les échanges avec l’Afrique sur la civilisation. La Chine souhaite la bienvenue à l’Afrique en vue de sa participation à la ligue internationale des théâtres de la Route de la Soie, à l’alliance internationale des Musées de la Route de la Soie et au réseau des festivals artistiques de la Route de la Soie.

Sur la paix et la sécurité, la Chine établirait un fonds de paix et de sécurité Chine Afrique et continuerait à fournir une assistance militaire gratuite à l’Union Africaine. Un  total de 50 programmes d’assistance à la sécurité seront appliqués dans des domaines tels que les missions de maintien de paix, la lutte contre la piraterie et la lutte contre le terrorisme.

D’après le livre blanc sur la coopération économique et commerciale sino-africaine, et qui parle d’un « nouveau partenariat stratégique avec l’Afrique », l’échange entre ces deux blocs « a permis d’améliorer les condition de vie du peuple africain et offert un soutien important au développement socio économique de la Chine ». Ce partenariat a aussi « contribué à promouvoir la coopération Sud-Sud et à équilibrer le développement économique mondial ». Ce qui cadre bien avec les fondements de la « politique africaine de la Chine », laquelle souhaite entre autre, « un développement régulier et durable des relations avec l’Afrique et de porter leur coopération mutuellement avantageuses à des paliers toujours plus élevés ».

A Beijing les 24 et 25 juin prochain, les experts chinois et africains devraient plancher sur les formes d’implémentation des promesses du Focac 2018 avec en ligne de mire les 8 initiatives majeures de Xi JINPING. L’événement consistera en une cérémonie d’ouverture, une session plénière, une cérémonie de clôture, une conférence de presse conjointe, un banquet de bienvenue et le dialogue entre les chefs des institutions financières chinoises et les coordonnateurs africains. Les leaders de l’État et du parti de la Chine auront une importante activité et tiendront des réunions bilatérales avec les délégations africaines. Une déclaration conjointe sera faite conformément aux résolutions et consensus auxquels les parties sont parvenues durant la réunion. A travers cette réunion, la Chine veut évaluer l’implémentation des résolutions du sommet de Beijing et surtout mesurer combien elles l’ont été au bénéfice des populations. Elle marque ainsi sa ferme volonté de garantir une croissance solidaire et une coopération mutuellement bénéfique. Tout ceci pour construire une communauté Chine Afrique plus étroite  ainsi qu’un futur partagé.

Dr Etienne Tayo Demanou

Journaliste Principal

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE :

Documents

-         Le plan d’action de Beijing

-         La politique africaine de la Chine

-         Le livre blanc de la coopération économique et commerciale sino-africaine

-         L’agenda ONU 2030 pour le développement durable

-         Foreign Ministry Spokesperson Geng Shuang’s Regular Press conference on June 10 2019 on coordinators meeting on the implementation of the Focac Beijing Summit outcomes.

Ouvrages, articles et memoires

-         Auregan Xavier : Les enjeux du Forum de coopération Chine Afrique, www.diploweb.com

-         Ngono, Lucie : La coopération chinoise et le développement en Afrique subsaharienne : opportunités et impacts, Mémoire de Maîtrise en Sciences Politiques, Université du Québec Montréal ;

-         Sophie Boisseau du Rocher et Emmanuel Dubois de Prisque : La Chine e(s)t le Monde, www.amazon.fr

 

 

 

 

 

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