FOCAC : LA CHINE TIENT
TOUJOURS SES PROMESSES ENVERS L’AFRIQUE
La Chine dit :
« les bons amis se sentent proches
bien qu’ils soient séparés par des
milliers de kilomètres ». L’Afrique rétorque : « un vrai ami
vaut plus qu’un frère »
La
Chine et l’Afrique, c’est réellement la rencontre de deux visions partagées du
monde et surtout de deux opportunités. D’un coté, la Chine, « le plus grand pays en développement
dans le monde » très attachée à la paix et au développement dans le
monde. Elle affiche la plus grosse croissance mondiale et « souhaite développer des relations amicales avec tous les pays et
intensifier la coopération avec eux dans l’intérêt de la prospérité commune,
afin de promouvoir la paix et la stabilité dans le monde ». De l’autre, l’Afrique éternelle qui affiche sa
jeunesse, ses ressources et surtout son désir de développement tel que porté
par le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD), un
projet de développement à l’échelle continentale qui trace de magnifiques
perspectives pour le Renouveau et de le développement de l’Afrique. Entre les
deux, une volonté commune de bâtir un partenariat mutuellement bénéfique comme
le propose la Chine dans sa coopération avec l’Afrique.
La
rencontre s’est finalement matérialisée au cours d’une conférence ministérielle
tenue du 10 au 12 octobre 2000 à Pékin. La toute première du genre entre les
Ministres des Affaires étrangères et les Ministres chargés de la coopération
économique de Chine et ceux d’Afrique. C’est au cours de cette première
rencontre qu’ont été créé le conseil économique conjoint Chine-Afrique et le Fonds de mise en valeur des ressources
humaines en Afrique. Bien que « l’amitié
sino-africaine remonte loin dans l’histoire et repose sur un socle
solide », cette conférence avait l’avantage de formaliser le cadre de
coopération et donner ses lettres de noblesse à la coopération Sud-sud. Il
était ainsi question de créer une « plateforme
de coopération et de renforcement des liens d’amitié ». Ainsi venait
de naître le Forum de la coopération entre l’Afrique et la Chine (FOCAC) qui
est devenu au fil des années et des rencontres, l’une des plateformes les plus
influentes du monde et dont le dernier sommet
tenu à Beijing du 3 au 4 septembre 2018 a donné à voir des principes et
des objectifs majeurs de la « Politique
de la Chine sur l’Afrique ».
Pour
aller à la rencontre d’ l’Afrique et pour plus d’efficacité, la Chine a dû se
réformer. Ainsi a-t-on assisté à la fusion entre le Ministère du Commerce
extérieur et de la coopération (MOFTEC) avec le Ministère du Commerce (MOFCOM).
Dès la première rencontre de Pékin, la Chine et ses partenaires africains ont
compris l’importance du suivi dans les processus d’implémentation des
résolutions des différents Fora. C’est pourquoi il a été institué un mécanisme
de suivi du Forum afin d’évaluer la mise en œuvre des résolutions arrêtées. Ce
qui cadre bien avec les principes du nouveau type de partenariat stratégique de
la Chine avec l’Afrique et qui se caractérise par : « l’égalité et la confiance réciproque sur la plan
politique ; la coopération conduite dans l’esprit gagnant-gagnant sur le
plan économique et enfin le renforcement des échanges sur le plan
culturel ». Du 24 au 25 juin 2019, se tiendra à Beijing, la réunion
des coordonnateurs pour l’implémentation des résolutions du FOCAC. Comme
l’indique le communiqué y afférent, « les
officiels au niveau ministériel de la Chine et 54 pays africains membres
prendront part à cette réunion ». Plus que jamais, « la coopération Chine Afrique vient
remettre l’Afrique au centre des enjeux géostratégiques internationaux ».
Au
sommet de Beijing de septembre 2018, les observateurs ont confirmé le fait que
réellement, le Focac est « une
plateforme favorisant ce jeu à somme positive entre les multiples partenaires
inhérents et y participant ». Ce jour là en effet, le président Xi
Jinping a dit que la Chine a honoré ses promesses faites au sommet de
Johannesburg en 2015 en fournissant un financement de 60 milliards de dollars à
l’Afrique. Sur cette somme figure 15 milliards d’aide gratuite et de prêts sans
intérêts ; des lignes de crédit de 20 milliards ; deux fonds
consacrés à la Finance du développement et au financement des importations des
biens africains de 15 milliards ; enfin les entreprises chinoises seront
encouragées à investir au moins 10 milliards en Afrique au cours des 3
prochaines années. Il a aussi assuré que la Chine annulerait une partie de la
dette des pays les moins développés du continent africain
Comme
l’avait souligné le Président Xi Jinping dans son discours, « depuis le sommet de Johannesburg, la
Chine a pleinement mis en place les 10 plans de coopération avec un nombre
énorme de projets dans les chemins de
fer, les autoroutes, les aéroports, les ports et d’autres projets
d’infrastructure ainsi qu’un nombre de zones de coopération économique et
commerciale réalisées ou en cours de construction ». Et ceci, que l’on
soit au Cameroun, au Gabon, au Congo, en Éthiopie, au Rwanda, on peut confirmer
cette présence bénéfique de la Chine sur le continent africain en admirant des
réalisations flambant neuves et promptes à soutenir le développement de ces
pays. La Chine a transformé la physionomie de l’Afrique d’un point de vue
infrastructurel et a sérieusement amélioré le quotidien des peuples d’Afrique.
La bonne moisson de Beijing
Déjà
à Beijing, le président Xi Jinping annonçait que « les 10 plans de coopération ont apporté des bénéfices
considérables aux peuples africains et chinois. Ils ont pleinement illustré la
créativité, le pouvoir de cohésion et l’efficacité de la Chine et de l’Afrique
et ont propulsé le partenariat global stratégique et de coopération vers un
niveau inédit ». Au sortir du sommet et, en guise de nouvelles
promesses, le président Xi Jinping a déclaré que « la Chine allait mettre en place huit initiatives majeures avec
les pays africains dans les 3 années à venir dans les domaines de : la
promotion industrielle, la connectivité des infrastructures, la facilitation du
commerce et le développement écologique ».
Sur
la promotion industrielle, une exposition Chine Afrique se tiendrait en Chine
et les sociétés chinoises sont encouragées à augmenter leurs investissements en
Afrique. La Chine appliquera 50 programmes d’assistance agricole, fournira
l’aide alimentaire d’urgence totalisant un milliard de yuan (147 millions de
dollars) aux pays africains affectés par des catastrophes naturelles et enverra
500 experts agricoles de haut rang en Afrique.
Sur
la connectivité des infrastructures, la Chine travaillerait avec l’Union
Africaine pour élaborer un plan de coopération d’infrastructures sino-africain
et soutiendrait les entreprises dans leur participation au développement des
infrastructures de l’Afrique par la voie de l’investissement
construction-opération ou d’autres moyens.
Sur
la facilitation du commerce, la Chine augmenterait les importations d’Afrique,
surtout des produits non liés aux ressources en provenance et soutiendrait les
pays africains dans leur participation à la Foire internationale des
importations de Chine. Les pays africains les moins développés seront exempt de
frais de stand d’exposition.
Sur
le développement écologique, la Chine entreprendrait 50 projets d’assistance au
développement écologique et à la protection de l’écologie et de l’environnement
avec un intérêt particulier sur les changements climatiques, l’Océan, la
prévention et le contrôle de la désertification et de la protection de la faune
et de la flore.
Sur
la construction de la capacité, la Chine établirait dix ateliers Luban en
Afrique afin de fournir une formation professionnelle aux jeunes africains. La
Chine formera également 1000 africains de haut niveau, accordera à l’Afrique
50 000 bourses gouvernementales, parrainera les opportunités de séminaire
et d’atelier de 50 000 africains et invitera 2000 jeunes africains à
visiter la Chine pour des échanges.
Sur
les soins de santé, la Chine améliorerait 50 programmes d’aide médicale et de
santé pour l’Afrique avec un centre sur les projets phares tels le siège du
centre africain pour le contrôle et la prévention des maladies et des hôpitaux
d’amitié Chine Afrique.
Sur
les échanges entre les peuples, la Chine établirait un institut d’études
africaines et renforcerait les échanges avec l’Afrique sur la civilisation. La
Chine souhaite la bienvenue à l’Afrique en vue de sa participation à la ligue
internationale des théâtres de la Route de la Soie, à l’alliance internationale
des Musées de la Route de la Soie et au réseau des festivals artistiques de la
Route de la Soie.
Sur
la paix et la sécurité, la Chine établirait un fonds de paix et de sécurité
Chine Afrique et continuerait à fournir une assistance militaire gratuite à
l’Union Africaine. Un total de 50
programmes d’assistance à la sécurité seront appliqués dans des domaines tels
que les missions de maintien de paix, la lutte contre la piraterie et la lutte
contre le terrorisme.
D’après
le livre blanc sur la coopération économique et commerciale sino-africaine, et
qui parle d’un « nouveau partenariat
stratégique avec l’Afrique », l’échange entre ces deux blocs « a permis d’améliorer les condition de
vie du peuple africain et offert un soutien important au développement socio
économique de la Chine ». Ce partenariat a aussi « contribué à promouvoir la coopération Sud-Sud et à équilibrer le
développement économique mondial ». Ce qui cadre bien avec les
fondements de la « politique
africaine de la Chine », laquelle souhaite entre autre, « un développement régulier et durable
des relations avec l’Afrique et de porter leur coopération mutuellement
avantageuses à des paliers toujours plus élevés ».
A
Beijing les 24 et 25 juin prochain, les experts chinois et africains devraient
plancher sur les formes d’implémentation des promesses du Focac 2018 avec en
ligne de mire les 8 initiatives majeures de Xi JINPING. L’événement consistera
en une cérémonie d’ouverture, une session plénière, une cérémonie de clôture,
une conférence de presse conjointe, un banquet de bienvenue et le dialogue
entre les chefs des institutions financières chinoises et les coordonnateurs
africains. Les leaders de l’État et du parti de la Chine auront une importante
activité et tiendront des réunions bilatérales avec les délégations africaines.
Une déclaration conjointe sera faite conformément aux résolutions et consensus
auxquels les parties sont parvenues durant la réunion. A travers cette réunion,
la Chine veut évaluer l’implémentation des résolutions du sommet de Beijing et
surtout mesurer combien elles l’ont été au bénéfice des populations. Elle
marque ainsi sa ferme volonté de garantir une croissance solidaire et une
coopération mutuellement bénéfique. Tout ceci pour construire une communauté
Chine Afrique plus étroite ainsi qu’un
futur partagé.
Dr Etienne Tayo Demanou
Journaliste Principal
BIBLIOGRAPHIE
SOMMAIRE :
Documents
-
Le plan d’action de Beijing
-
La politique africaine de la Chine
-
Le livre blanc de la coopération
économique et commerciale sino-africaine
-
L’agenda ONU 2030 pour le développement
durable
-
Foreign
Ministry Spokesperson Geng Shuang’s Regular Press conference on June 10 2019 on
coordinators meeting on the implementation of the Focac Beijing Summit
outcomes.
Ouvrages, articles et memoires
-
Auregan
Xavier : Les enjeux du Forum de
coopération Chine Afrique, www.diploweb.com
-
Ngono,
Lucie : La coopération chinoise et
le développement en Afrique subsaharienne : opportunités et impacts,
Mémoire de Maîtrise en Sciences Politiques, Université du Québec
Montréal ;
-
Sophie
Boisseau du Rocher et Emmanuel Dubois de Prisque : La Chine e(s)t le Monde, www.amazon.fr
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