mardi 8 mars 2022

 

REUSSITE : CONTRIBUTION DU PARTI COMMUNISTE DANS L’ESSOR DE LA CHINE

En cette année 2021, 42 ans seulement après son ouverture sur le monde et 13 ans après les jeux olympiques de Pékin, la Chine s’apprête une fois de plus à  commémorer les 100 ans de la fondation du parti communiste chinois en 1921.

Entre autre activités, les instances du parti organiseront :   des séances d’étude et de formation sur l’histoire du parti combinée à la consolidation et à l’approfondissement des acquis ainsi que des expositions thématiques à grande échelle sur le thème : « Rester fidèle à l’engagement initial et garder à  l’esprit la mission » ; des activités d’information et de formation destinées aux masses sur le thème : « Marcher pour toujours avec le parti »

Mais l’échéance de 2021 est spéciale parce qu’elle permet en même temps de célébrer les victoires de la Chine sur elle-même. Lesquelles sont innombrables et impressionnantes : la pauvreté est vaincue sur toute l’étendue du territoire, d’après le président Xi Jinping ; la Chine est désormais le maître de l’espace  avec des voyages sur la lune et l’atterrissage réussi de la sonde Tianwen-1 sur Mars ainsi que les exploits de Taikonautes chinois dans  la construction de la station spatiale Tiangong ; la Chine est devenue la première  puissance économique du monde selon la parité du pouvoir d’achat ; la Chine est la deuxième puissance militaire en termes de dépenses ; comme l’écrit le reporter du journal La Croix, « la Chine est parvenue à maîtriser la pandémie du Covid19 en quelques mois et aujourd’hui, les chinois mènent une vie normale, se sentent en sécurité chez eux ». Comme on peut le relever, cette Chine qui s’est éveillée en quatre décennies, a gagné tellement de galons sur la sphère de l’influence mondiale que désormais, tous les chemins semblent y mener.

Mais l’originalité de l’approche Chinoise et peut-être même la base de sa puissance est son modèle politique basé sur le rôle central du Parti Communiste Chinois (PCC) dans l’émergence et la prospérité de la Chine. Ce parti aux « 66 millions d’adhérents et  plus de 3,5 millions d’organisations de base » fêtera son 100ème anniversaire en juillet 2021. Et pourtant, malgré le temps, malgré la longueur du chemin, malgré les embûches qui l’ont parsemé et le parsèment encore, malgré les humiliations subies par son peuple de la part des autres, malgré les profondes mutations qu’il a subies pour s’adapter aux évolutions comportementales et technologiques du monde, le Parti Communiste Chinois semble n’avoir jamais dévié de sa ligne originelle, n’avoir pris aucune ride et surtout conserve toute l’influence qui avait présidé à sa création en 1921 et qui permet aujourd’hui à la Chine « de passer d’un pays pauvre et faible, intimidé par les autres, à un pays fort et prospère » qui se trouve désormais sur le toit du monde.

Les atouts du Parti Communiste Chinois dès sa fondation en 1921, c’est de s’être inséré dans le mouvement révolutionnaire de la fin des années 10 tout en se laissant porter par une vague aux racines endogènes et par un peuple au nationalisme à fleur de peau. Les difficultés auxquelles le parti se trouvera confronté tout au long de la longue marche  et le soutien du peuple feront du PCC un parti proche des préoccupations de la base. Comme le reconnait l’ancien premier ministre japonais, « au cours du dernier siècle, la Chine a souffert de nombreux malheur et difficultés dont l’agression commise par le Japon, mais le PCC a toujours travaillé avec  le peuple pour surmonter ces nombreuses difficultés », soutient Yukio Hatoyama. Et de conclure : « Si l’on jette un regard sur cent ans d’histoire, toujours être du coté du peuple constituera le secret des grandes réussites du Parti Communiste Chinois dans les annales de l’histoire ». Le président Xi Jinping est dans la même longueur d’onde lorsqu’il affirme « qu’avec la confiance et le soutien du peuple, le parti peut surmonter toutes les épreuves et rester invincible »

En conduisant cette étude portant sur la contribution du parti communiste à l’essor de la Chine, nous voulons aller au cœur de la gouvernance chinoise et nous intéresser à la démarche fusionnelle qui est celle du PCC et le gouvernement d’une part, et celle du PCC et  le peuple chinois d’autre part. Nous voulons comprendre comment et pourquoi le parti  a toujours accompagné le gouvernement avec le soutien indéfectible du peuple, dans l’acquisition des victoires énumérées ci-dessus. Nous voulons comprendre sur quel levier le PCC fait reposer sa gouvernance et quelles approches originales adopte-t-il pour gagner la confiance du peuple et devenir comme nous le constatons aujourd’hui un acteur global et majeur de l’émergence de la Chine.

Notre démarche méthodologique nous conduira dans l’histoire du PCC pour comprendre comment les épreuves parfois insurmontables qui ont marqué la marche de la Chine et celle du PCC peuvent forger un destin exceptionnel et pousser un peuple à se souder dans son Parti pour en faire l’unique bouclier et finalement un partenaire incontournable de son épanouissement. Nous visiterons quelques théories sur les Partis politiques en les confrontant avec la réalité chinoise. Ce qui nous permettra de comprendre avec le PCC chinois comment, en mettant le destin de son peuple au cœur de toutes ses préoccupations, un Parti politique peut être autre chose qu’un appareil de conquête et de conservation du pouvoir politique.

La longue marche… vers la prospérité

A la base du Parti Communiste Chinois, l’histoire nous révèle « l’action d’un petit groupe d’étudiants et de professeurs proches des idées socialistes qui, après avoir déclenché le mouvement du 4 mai 1919, auraient fondé dans la continuité de leur action le PCC». Puis les étapes importantes qui ont forgé l’âme du Parti triomphant d’aujourd’hui sont : la fondation du parti en juillet 1921 qui marque la Renaissance de la Chine et constitue l’un des socles de la légitimité du pouvoir communiste ; la longue marche de Mao Zedong qui a forcé le respect des chinois et du monde entier et « permis à la Chine de chasser les puissances étrangères, effacer  les humiliations subies pendant les deux guerres de l’opium et retrouver sa place parmi les grandes nations mondiales » ; l’avènement de la République Populaire de Chine (RPC) qui marque la consécration de la légitimité portée par le Parti et sans cesse validée par le peuple.

A chaque époque de sa glorieuse histoire, le Parti communiste a eu des dirigeants ingénieux et charismatiques qui ont creusé chacun une rivière dont la rencontre avec les autres rivières a fini par créer l’océan de prospérité dont le peuple chinois est fier aujourd’hui. Ainsi, Mao Zedong, le père de la longue marche, a expérimentée la théorie de guerre populaire prolongée (GPP) reposant sur la mobilisation et la militarisation du peuple.  C’est Mao qui proclame la République Populaire de Chine en 1949 et la conduit jusqu’à sa mort en 1976. L’histoire retiendra comme événement majeur de la marche du Parti Communiste Chinois, le 11ème congrès  de 1978 au cours duquel « la Chine nouvelle a réalisé une tournure de grande portée historique depuis sa fondation ». C’est en effet au cours de ce congrès que le nouveau Secrétaire Général Deng Xiaoping a lancé « la politique de réforme et d’ouverture » qui sera expérimentée dès 1979. Une stratégie dont l’implémentation rigoureuse au fil des années soutient la prospérité de la Chine d’aujourd’hui.

Après Deng Xiaoping, trois autres stratégies de trois dirigeants ont été expérimentées pour assumer l’adaptation du Parti au nouveau contexte international. Ainsi en est-il du plan de 1995 de Jiang Zemin qui préconise « la construction de la civilisation spirituelle socialiste ». Il soutient à l’appui « qu’il faut prouver que le parti fournit la dynamique capable de faire briller la flamme de la culture et de la tradition chinoises plus clair et plus haut ». Au 16ème congrès tenu en 2002, il est développé « la pensée de triple représentativité : le parti communiste chinois représente les exigences du développement des forces productives avancées en Chine ; représente l’orientation du progrès de la culture chinoise avancée ; représente les intérêts fondamentaux de l’écrasante majorité de la population en Chine ».  Pour sa part, le Président Hu Jintao transmet un message plus populiste, plus soucieux du sort des paysans et des pauvres des villes. Avec lui, « la démocratie locale s’est affirmée au niveau des villages ». Avec le Président Xi Jinping dont « la pensée sur le socialisme à a chinoise de la nouvelle ère » est inscrite dan la charte du Parti Communiste Chinois, le pragmatisme revient de même que le recentrage sur l’économie. Il propose la stratégie à « double circulation ». Il s’agit d’un paradigme de développement caractérisé par une double circulation de la Chine. « Il est basé sur le renforcement mutuel des marchés intérieur et extérieur avec le marché intérieur comme pilier ». Il est question de libérer le potentiel de la demande intérieure. Les experts pensent « qu’avec la stratégie de double circulation, les relations de la Chine avec l’économie mondiale deviendront encore plus étroites »

Jamais sans mon peuple… jamais sans ma Chine

Dès sa création, les dirigeants du Parti Communiste Chinois ont compris que cette entité politique ne peut gagner son plein essor qu’en s’incarnant dans le peuple. Il s’agit d’un Parti de masse où autant que faire se peut les clivages sont aplatis et le soutien au gouvernement garanti : « Selon une enquête menée par le Bureau National des Statistiques,  97,3% des personnes interrogées ont exprimé leur satisfaction quant à l'amélioration de la conduite du Parti,  des pratiques de travail des responsables gouvernementaux et de la moralité sociale ". Et pour atteindre un tel résultat,  il faut avoir à la tête du pays et du Parti des hommes de conviction au charisme établi, des dirigeants qui sont convaincus de ce que seule une approche fusionnelle entre l'Etat, le Parti et le peuple est à même de donner des résultats spectaculaires tel qu'on les observe en Chine aujourd'hui. Et voici comment le Président Xi Jinping exprime ses convictions en la matière : « L'histoire a fourni de nombreuses preuves que l'État est le peuple et le peuple est l'État  (...) Avec la confiance et le soutien du peuple, le Parti peut surmonter toutes les épreuves  et rester invincible », soutient-il.

En Chine, la proximité entre le Peuple et son Parti, laquelle dénote une confiance soutenue, et les victoires spectaculaires  remportées par l'empire du milieu dans le monde aujourd'hui  nous montrent que la confiance du Peuple est l'oxygène de tout Parti politique qui veut remplir pleinement ses fonctions et se pérenniser.  Mais cette confiance n'est nullement une sinécure pour le Parti en ceci qu'elle doit être entretenue. Et le Président Xi Jinping nous esquisse ici les raisons qui ont conduit à la consolidation de cette confiance en Chine : « Le parti a gagné le soutien sans réserve du peuple parce qu'il a toujours servi celui-ci  avec cœur et âme  et a lutté pour le bien être de tous les groupes ethniques (...) Dans son propre travail, le Parti suivra la ligne des masses, s'assurant que tout est pour le Peuple et que tout repose sur le Peuple ». Pour sa part,  Stephen Perry,  président du 48 Group Club britannique célèbre lui aussi ce mariage de raison entre le PCC et le Peuple chinois : « La position de base du PCC a été,  est et continuera d'être axée sur le peuple, d'entendre le peuple et d'adopter les bonnes politiques pour répondre aux besoins du peuple »

La confiance du Peuple dont il est question ici est gagnée à cinq niveaux au moins :

- Le stage d'imprégnation des futurs dirigeants du PCC a la base : De nombreux dirigeants chinois ont commencé leur carrière à la base en affrontant les difficultés auxquelles les gens ordinaires sont confrontés.  Cette immersion à la base a des bénéfices à deux niveaux pour le parti : le militant de base s'identifiant au futur dirigeant lui accorde toute sa confiance  et est prêt à se soumettre à son leadership  ou à celui de ses semblables ;  le futur dirigeant une fois installé aux affaires  comprendra plus facilement les besoins exprimés par la base puisqu'ils ne lui sont pas totalement étrangers.  Et on dira « qu'une bouche qui a tété n'oublie jamais la saveur du lait ». Il sera donc prompt à résoudre les problèmes de la base et gagnera ainsi sa confiance ;

- La lutte contre la corruption : Sur cette lutte, le Président Xi Jinping dit exactement ceci avec une fermeté frappante : « Nous frapperons à la fois les tigres et écraserons les mouches et ferons prospérer le système  dans lequel les responsables n'osent pas, ne peuvent pas, et n'ont aucun désir de commettre des actes de corruption  dans leur ensemble ». Cette assurance de la base de ce que le sommet s’engage contre l’impunité et  l’égalité de tous devant la loi est de nature à construire la confiance des militants de la base qui peuvent ainsi donner de leur temps, de leur sang et de leur sueur sans douter de la destination  de leur sacrifice.

- Une démarche empreinte d'autonomie et de fierté nationale : Au cours des cent derniers années,  le PCC et la Chine ont surmonté des obstacles les plus durs, subi les humiliations les plus dégradantes,  le peuple a vécu l'une des misères les plus insupportables.  Mais la Chine n'a jamais laissé à aucun autre pays, à aucune organisation internationale le soin de lui dicter la voie à suivre. En clair, les dirigeants n'ont jamais trahi. Ils se sont évertués à rentrer puiser dans le passé glorieux de la Chine éternelle pour inventer une direction vers laquelle ils mèneront le peuple. Et comme dit la sagesse chinoise : « La direction détermine la route, la route détermine le destin ». Et quand on parle de route, on pense à « la route de la soie » qui a fait la puissance de la Chine et qui est en cours de réhabilitation dans le cadre de « la route et de la ceinture » Le destin fabuleux qui est celui de la Chine aujourd'hui. Un peuple qui a longtemps souffert des atrocités d'autres peuples envahisseurs fait forcément confiance  aux dirigeants  qui les aident à laver cet affront et à être fier d'eux-mêmes et de leur pays.

- La discipline qui fait du bien : Lorsque la confiance est établie,  la discipline devient une routine et tout le monde y gagne. La gouvernance de la Chine dans le cadre de la lutte contre la pandémie du coronavirus  est citée en exemple dans le monde grâce aux résultats spectaculaires remportés dans ce cadre : « La Chine est devenue l'un des premiers pays à contenir le virus. Elle a rendu le traitement COVID 19 gratuit, s'engageant à traiter chaque patient et à ne laisser personne sans surveillance ». Et si elle est parvenue à un tel résultat,  c'est parce que le PCC a été mis à contribution  et a ainsi profité  de la confiance que lui témoigne le peuple pour faire passer et faire respecter les consignes,  très loin d'une certaine cacophonie qu'on a remarqué ailleurs dans le monde.

- Les victoires au bout du compte : Évidemment,  les victoires du PCC  et de la Chine sur les plans économique, politique,  militaire,  spatial... sont les vrais socles sur lequel le peuple chinois fait reposer sa confiance à son Parti et à ses dirigeants.  La prospérité de la Chine dont on parle n'est pas une donnée théorique puisque chaque citoyen voit sa condition de vie et celle de ses voisins s'améliorer : « Depuis le début de la réforme et de l'ouverture à la fin des années 1970, plus de 770 millions de personnes sont sorties de la pauvreté  en Chine grâce aux efforts continus de lutte contre la pauvreté  dirigée par le PCC.  Début 2021, le président Xi Jinping a annoncé que la Chine avait éliminé  la pauvreté absolue ».

Dans un monde qui cherche encore ses marques et dont les bouleversements sont parfois spectaculaires, le modèle chinois s'offre à nous et laisse scintiller ses réalisations en Chine et dans le monde. La Chine prospère s’offre ainsi à notre regard et un proverbe Bulu au Cameroun dit que « le regard tranche tous les débats ». Autrement dit, ce regard incite les dirigeants du monde à la prise de décision sage et courageuse. Plus que n'importe quel autre partie du monde, l'Afrique qui a longtemps erré est ici fortement interpellée pour prendre ses responsabilités et toutes ses responsabilités par rapport à son destin et à celui de son peuple.

Dr Etienne Tayo Demanou

Promoteur du Think-Tank : « ALTITUDE »

Auteur de : « Tout Chemin mène en Chine »

tayoe2004@yahoo.fr

 

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