CONTRE LE CHINA
BASHING, POUR LA COEXISTENCE PACIFIQUE ET PROSPERITE PARTAGEE
Le
8ème sommet de la coopération sino-africaine s’est tenu à Dakar du
28 au 30 novembre 2021. Centré sur le
commerce et la sécurité, ce sommet a été l’occasion d’annonces fortes de la
part du partenaire chinois qui revendique 200 milliards de dollars d’échanges
directs en 2019 avec l’Afrique. Ainsi, Pékin annonce 60 milliards de dollar d’aide au
continent et un don d’un milliard de
doses de vaccin anti-Covid.
Comme
toujours, ces noces sino-africaines ont déclenché de la part de certains médias
occidentaux, de véritables envolées de bois vert. Avec des Africains comme
cible, ces médias tentent un dénigrement systématique de tout ce que la Chine
entreprend en Afrique. Voici du reste quelques titres de cette véritable
tentative de déconstruction de la dialectique sino-africaine :
-
« Entre
l’Afrique et la Chine, est-ce le temps des désillusions ? » (TV5
Monde) ;
-
« L’illusion
de la recette magique des prêts chinois » (www.DW.com)
-
« Chine-Afrique :
un bénéfice mutuel ? » (TV5 Monde) ;
-
« Forum
Chine-Afrique : l’heure des vérités à Dakar ? » (Le Point)
Sans
attendre les conclusions et sans évaluation aucune, ces médias ont qualifié la
rencontre de Dakar de « Forum de la
désillusion ». Ils le disent en actionnant le levier du China bashing
connu comme une campagne de dénigrement et d’accusation de la Chine dans le but
de la couper de l’Afrique et des Africains. Cette Afrique là toujours
infantilisée, est considérée comme une chasse gardée des anciennes puissances
coloniales qui vivent très mal la croissance qualifiée d’insolente et la pleine
intégration de la Chine dans le circuit économique mondialisé.
Dans
cette étude, nous irons aux fondements du China Bashing tels qu’ils
apparaissent aux nations occidentales, à
leur presse et à leurs intellectuels. Nous visiterons ensuite les clichés
qu’ils actionnent pour justifier leurs attitudes mais surtout pour manipuler la cible
africaine. Enfin, au travers d’une sorte de kaléidoscope des ressentis et d’une
analyse sémantique de cette campagne de dénigrement, nous tenterons de révéler
de quoi le China bashing est réellement le nom. En conclusion, nous dirons
pourquoi, la voie de la Chine, à savoir celle de la coexistence pacifique et de
la prospérité partagée est la meilleure pour l’Afrique et pour l’humanité.
Loin
d’être un jeu d’enfants, le China Bashing est une vraie stratégie de guerre, un
construit idéologique aux fondements historiques bien établis. Ses piliers
reposent sur un socle granitique construit depuis des siècles par les
intellectuels occidentaux. Ceux là même qui avaient accompagné et justifié la
colonisation ainsi que toutes les injustices qui l’ont caractérisée. Il en est
ainsi du philosophe Ernest Renan, adepte de suprématie raciale qui, dans son
ouvrage : « La réforme
intellectuelle et morale » publié en 1871 et parlant des chinois
déclare : « La nature a fait
une race d’ouvriers, c’est la race chinoise d’une dextérité de mains
merveilleuse, sans presque aucun sentiment d’honneur ».
Mais
au contraire de l’arrogance et de la suffisance qui caractérisaient la
génération des Renan, les fondements
contemporains du China Bashing s’énoncent sous la forme d’une peur à peine
voilée d’un occident qui doute face à une Chine désormais éveillée et sûre
d’elle. Dès lors, ces fondements apparaissent sous des figures métaphoriques
diverses : une supercherie, une manipulation avec l’Afrique comme cible,
un racisme, un tacle arrière, une manifestation de l’inquiétude, une
lâcheté, un fantasme, une légende, une ingratitude, un néocolonialisme, un
thème de campagne électorale, un enjeu de politique étrangère.
LA
CHINE PEUT TOUT
A
l’origine de cette campagne sinophobe, il y a le dépassement concurrentiel de
la Chine sur le terrain économico-commercial. En occident on ne voit plus
qu’une « Chine destructrice des
emplois du fait de sa capacité à capter les délocalisations des chaînes des
productions d’entreprises étrangères en quête d’une main d’œuvre moins coûteuse
et d’une fiscalité plus avantageuse » ; une Chine qui est à
l’origine de la crise des dettes
souveraines et qui tend à faire pencher la balance du coté des pays
émergents ; une Chine accusée d’orchestration d’un établissement hégémonique
de ses entreprises sur le continent africain ; une Chine soupçonnée
d’opacité de ses financements surtout en direction de l’Afrique ; une
Chine qui est sur le point de s’offrir l’Afrique grâce à ses financements et
ses réalisations.
Mais
sous le registre de la manipulation, ces fondements du China Bashing ont été
réduits à quelques clichés qui visent à construire pour la Chine l’image d’une
sorte d’ogre mangeur d’enfants en Afrique. Et dans ce jeu, l’occident n’hésite
pas à enfiler le manteau d’une mère protectrice de l’Afrique. Ainsi, la présence chinoise en Afrique est
réduite en trois plaies majeures comme le souligne l’éditorialiste de Jeune
Afrique, François Soudan. Pour lui, les fondements du China Bashing selon les
occidentaux sont : « les
traités inégaux entre la Chine et les pays africains ; le pillage des
ressources de l’Afrique par la Chine ; l’occupation coloniale des terres
africaines par la Chine ». C’est sur ces trois accusations laconiques
que repose en réalité le China Bashing définit à juste titre par Jean Joseph
Boilot comme « le miroir de la faiblesse des occidentaux en Afrique »
Maintenant
que nous avons saisi la vacuité du concept du China Bashing, la Chine
imperturbable nous propose la coexistence pacifique et une prospérité partagée.
Et l’Afrique le perçoit déjà dans l’acquisition de toutes les infrastructures
dans les domaines routiers, énergétiques, portuaires, aéroportuaires,
immobiliers… Cette approche chinoise portée aujourd’hui par le Président Xi
Jinping, a été façonnée à partir des 5 événements qui ont marqué historiquement
la marche de la Chine et qui ont façonné sa propre vision du monde. Ces
événements sont : « les idées
confucéennes ; le siècle des humiliations ; un allié oublié ; le
Marxisme ; l’histoire de Taiwan ». Les fondements de cette politique
non interventionniste de la Chine se trouve dans les « 5 principes de la coexistence pacifique » présenté par
le Premier ministre Zhou Enlai lors de la conférence de Bandung en 1955. A
savoir : « respect mutuel de
l’intégrité territorial et de la souveraineté ; non agression
mutuelle ; non ingérence mutuelle ; bénéfices mutuels ;
coexistence pacifique ».
Comme
nous le voyons, l’approche chinoise qui a mis l’occident sur la défensive,
constitue un changement fondamental de paradigme dans la gouvernance mondiale.
Conçu historiquement et mis en œuvre par les puissances occidentales, le monde
était une sorte de marre dans laquelle les gros poissons se nourrissaient des
petits ; où certains États se prévalant du droit divin de domination et
d’exploitation des autres œuvraient à les maintenir dans la misère par les
mécanismes iniques conçus et mis en œuvre au sein des organisations
internationales aux ordres censées
pourtant œuvrer pour la paix et la prospérité.
L’irruption
de la Chine et des pays émergents en général a réussi à faire de l’Afrique un
véritable enjeu géostratégique. Aujourd’hui, cette Afrique là est placée au
milieu du guet avec d’un coté comme de l’autre la proposition de deux visions
du monde. Une première vision, celle des occidentaux qu’elle a expérimentée
depuis des siècles et de laquelle elle tire son état d’aujourd’hui c'est-à-dire
celui d’un continent en retard sur plusieurs domaines. Une deuxième vision,
celle de la Chine qui s’exprime en actions et en réalisations et au miroir de
laquelle l’Afrique voit sa physionomie se transformer et se bonifier. En
d’autres temps, observant le potentiel et le réel de la coopération
sino-africaine, nous avons pu dire que « Tout
chemin mène en Chine » c'est-à-dire qu’il existerait une autre voie du
développement de l’Afrique en dehors de ce que nous propose les occidentaux.
Aujourd’hui, plus que jamais, il s’agit d’une piste à creuser par l’Afrique et
les Africains.
Dr
Etienne Tayo Demanou
Promoteur
du réseau « Afrique intègre »
Auteur
du livre : « Tout chemin mène en Chine »
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