"Je vois se développer chez nos amis Américains une théorie de la menace chinoise qui m'inquiète. Et en Europe où nous réagissons différemment, le problème est plutôt la méconnaissance, l'ignorance profonde"
Question : Monsieur le Premier ministre, vous préparez ce forum Chine Europe au moment où les relations sont particulièrement tendues entre la Chine et ce que nous appellerons l'Occident. On a l'impression qu'un certain mépris de l'autre traverse ces tensions. Peut-on réussir à pacifier sans qu'il y ait ce respect nécessaire entre les deux peuples?
Michel Rocard : Il ne faut pas tout mélanger. Ce forum est le deuxième forum chinois et il rassemble des gens qui ne sont pas les gouvernements. C'est une rencontre entre deux sociétés civiles autorisée par les puissances publiques. Mais autorisée seulement et pas contrôlée. Et çà me paraît utile de faire çà justement au moment où les choses ne vont pas très bien sur le plan de la diplomatie commerciale ou encore du débat du conseil de sécurité sur le Darfour.
Ce forum est une recherche de pacification par une meilleure compréhension mutuelle.
Question : Pensez-vous qu'au niveau de l'Occident il y ait cette disposition pour la compréhension nécessaire à cette pacification. Parvenez-vous dans l'élite à présenter une autre Chine au peuple de l'Occident qui, la campagne médiatique aidant, a plutôt l'image d'une Chine qui cherche à l'empoisonner et qui ne joue pas franc jeu?
Michel Rocard : Vous parlez comme si vous résumiez la Chine à son gouvernement. Il y a un milliard trois cent million d'habitants. Il y a une vitalité de la société chinoise qui ne se limite pas aux actes de son gouvernement. D'autre part, l'Occident est un concept dangereux. Je vois se développer chez nos amis américains une théorie de la menace chinoise qui m'inquiète. Et en Europe où nous réagissons un peu différemment, le problème est plutôt la méconnaissance, l'ignorance profonde.Notre deuxième forum Europe-Chine a plutôt pour objet d'élargir la connaissance que nous avons de la Chine et peut-être de nouer des relations interpersonnelles, de commencer à créer des liens de peuple à peuple qui ont besoin de grandir beaucoup avant d'être capable d'apporter des conséquences politiques.
Question : Vous avez été premier ministre de la France, aujourd'hui, l'Afrique est devenu, plus que par le passé, un enjeu pour les grandes puissances. Et la France perd de plus en plus de terrain en Afrique au profit des nouvelles puissances comme la Chine. Comment analysez-vous cette situation?
Michel Rocard : Premièrement, il faudrait vraiment en finir avec le colonialisme. Que la France perde du terrain en Afrique, c'est la moindre des choses. C'est même normal. Je n'aime pas l'impérialisme. J'essaie de travailler à ce que l'Afrique conquière son autonomie, sa souveraineté, son autosuffisance. Elle a besoin de l'extérieur, il y a une émulation. La Chine arrive et offre beaucoup d'aides, c'est bien. La Chine est plus grosse que la France. C'est bien normal que son offre soit importante.
Mais sur l'Afrique, on dit beaucoup d'erreurs. J'espère qu'on comprendra que les exigences de découvertes du développement économique en Afrique sont internes. L'aide ne suffit pas. C'est vraiment le développement d'un entreprenariat notamment de PME et de services qui manquent beaucoup à l'Afrique. Ce n'est pas une multiplication de très grandes usines capables à l'européenne et à l'américaine de traiter les ressources naturelles en Afrique qui pose le problème. Il faut mettre sur pied un tissu économique et çà c'est purement africain.
Propos recueillis à Paris par : Etienne de Tayo
Michel Rocard : Il ne faut pas tout mélanger. Ce forum est le deuxième forum chinois et il rassemble des gens qui ne sont pas les gouvernements. C'est une rencontre entre deux sociétés civiles autorisée par les puissances publiques. Mais autorisée seulement et pas contrôlée. Et çà me paraît utile de faire çà justement au moment où les choses ne vont pas très bien sur le plan de la diplomatie commerciale ou encore du débat du conseil de sécurité sur le Darfour.
Ce forum est une recherche de pacification par une meilleure compréhension mutuelle.
Question : Pensez-vous qu'au niveau de l'Occident il y ait cette disposition pour la compréhension nécessaire à cette pacification. Parvenez-vous dans l'élite à présenter une autre Chine au peuple de l'Occident qui, la campagne médiatique aidant, a plutôt l'image d'une Chine qui cherche à l'empoisonner et qui ne joue pas franc jeu?
Michel Rocard : Vous parlez comme si vous résumiez la Chine à son gouvernement. Il y a un milliard trois cent million d'habitants. Il y a une vitalité de la société chinoise qui ne se limite pas aux actes de son gouvernement. D'autre part, l'Occident est un concept dangereux. Je vois se développer chez nos amis américains une théorie de la menace chinoise qui m'inquiète. Et en Europe où nous réagissons un peu différemment, le problème est plutôt la méconnaissance, l'ignorance profonde.Notre deuxième forum Europe-Chine a plutôt pour objet d'élargir la connaissance que nous avons de la Chine et peut-être de nouer des relations interpersonnelles, de commencer à créer des liens de peuple à peuple qui ont besoin de grandir beaucoup avant d'être capable d'apporter des conséquences politiques.
Question : Vous avez été premier ministre de la France, aujourd'hui, l'Afrique est devenu, plus que par le passé, un enjeu pour les grandes puissances. Et la France perd de plus en plus de terrain en Afrique au profit des nouvelles puissances comme la Chine. Comment analysez-vous cette situation?
Michel Rocard : Premièrement, il faudrait vraiment en finir avec le colonialisme. Que la France perde du terrain en Afrique, c'est la moindre des choses. C'est même normal. Je n'aime pas l'impérialisme. J'essaie de travailler à ce que l'Afrique conquière son autonomie, sa souveraineté, son autosuffisance. Elle a besoin de l'extérieur, il y a une émulation. La Chine arrive et offre beaucoup d'aides, c'est bien. La Chine est plus grosse que la France. C'est bien normal que son offre soit importante.
Mais sur l'Afrique, on dit beaucoup d'erreurs. J'espère qu'on comprendra que les exigences de découvertes du développement économique en Afrique sont internes. L'aide ne suffit pas. C'est vraiment le développement d'un entreprenariat notamment de PME et de services qui manquent beaucoup à l'Afrique. Ce n'est pas une multiplication de très grandes usines capables à l'européenne et à l'américaine de traiter les ressources naturelles en Afrique qui pose le problème. Il faut mettre sur pied un tissu économique et çà c'est purement africain.
Propos recueillis à Paris par : Etienne de Tayo
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