lundi 21 mai 2007


ENTRETIEN AVEC DOGAD DOGOUI, PRESIDENT DE « AFRICAGORA »

Dogad Dogoui est l’un des représentants afro-français qui excelle dans l’utilitaire ou encore un certain pragmatisme politique. Avec son club Africagora, il a réussi à répondre à plus d’une préoccupation des afro-français. Pendant la campagne électorale, il était très actif auprès du candidat Nicolas Sarkozy. Il espère un retour d’ascenseur.


« Tous ceux qui ont été actifs pendant la campagne doivent avoir un retour d’ascenseur comme cela se fait toujours en politique »

Question :
La France vient de boucler l’élection présidentielle qui a vu le sacre du candidat Nicolas Sarkozy. En tant que leader de la communauté noire et plus principalement celle des afro-français, quelles sont vos impressions par rapport à l’issue de cette élections et les retombées par rapport à cette communauté ?

DOGAD DOGOUI : Ma première impression c’est que d’après les sondages, nous avions une communauté qui n’était pas prête à voter Sarkozy. Maintenant que c’est fait et que la majorité de la population l’a élu président, il faut s’organiser pour voir comment tirer parti et comment travailler avec le Président élu.

Question : Après la publication du gouvernement, beaucoup de personnes dans la communauté des Noirs se sont émus de ne pas voir de Noir faire partie de ce gouvernement. Vous qui avez soutenu le candidat Sarkozy, comment prenez-vous cela ?

DOGAD DOGOUI : çà vient.

Question : Vous dites ?

DOGAD DOGOUI : Je dis, çà vient.

Question : Vous êtes plutôt optimiste. Est-ce à dire qu’il y aura un autre gouvernement après les législatives ?

DOGAD DOGOUI : Oui… oui… oui ! Vous constatez que le gouvernement est incomplet.

Question : Si je comprends bien vous attendez une deuxième partie du gouvernement où on trouvera des Noirs ?

DOGAD DOGOUI : Tout à fait. Tous ceux qui ont été actifs pendant la campagne doivent avoir un retour d’ascenseur comme cela se fait toujours en politique.

Question : On sait que vous avez mouillé le maillot pour le candidat Sarkozy. Au vu de votre optimisme, peut-on penser que Monsieur Doga Dogoui sera le premier Noir de ce gouvernement là ?

DOGAD DOGOUI : Ohhhh ! On ne va pas aller jusque là. Ce n’est pas personnel. Ce n’est pas forcément autour de ma personne. Mais comprenez que les Noirs ne seront pas oubliés dans l’exécutif.

Question : Il y a eu dans la communauté noire cette peur du candidat Sarkozy. Pour vous c’est une peur justifiée ?

DOGAD DOGOUI : Non, je pense qu’on a jugé le candidat Sarkozy sur des postures empreintes d’amalgame et jamais sur les projets présentés. J’ai fait une dizaine de meeting et une cinquantaine de réunions. Et à chaque fois, même ceux qui étaient plutôt à gauche ont fini par comprendre, en regardant dans le concret, qu’il est celui qui ouvre plus la porte aux minorités qui voulaient prendre leur place et travailler.

Question : La peur des Africains est surtout celle de tous ceux qui ayant vu le ministère Sarkozy au ministère de l’intérieur ont peur qu’il ne durcisse plus que par le passé les procédures d’obtention des papiers. Vous ne trouvez cela toujours pas justifié ?

DOGAD DOGOUI : Evidemment, celui qui est dans une situation illégale peut avoir peur d’être rattrapé par sa situation. Il ne faut pas réduire les populations d’origine africaine aux seules personnes qui ont des problèmes de papiers. Il faut être pragmatique. On a des problèmes parce qu’on est entré dans un pays sans y être invité. Dans tous les pays du monde, que ce soit en Afrique ou dans les pays du Nord, il y a des règles, il faut qu’on les respecte. Le souci qu’on avait avec la France c’est que depuis longtemps on n’avait pas de règles clairement édictées. Il n’y avait pas de politique d’immigration. Là, il y en a une.


Question : Il y a ce ministère de l’immigration et de l’identité nationale qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Pour vous, c’est un ministère opportun ou pas ?

DOGAD DOGOUI : Je ne vois vraiment aucun problème. On a un ministère qui s’appelle immigration, identité nationale et co-développement. Ce qui veut dire qu’on rassemble sous une même bannière toutes les questions qui se rapportent à l’immigration. A ce titre, la France devient un pays moderne comme les Etats-Unis, le Canada et les autres qui ont un ministère de l’immigration. Et puis l’identité nationale, c’est la vocation de tout arrivant de s’intégrer. Quand on vit dans un pays il faut connaître ce qu’est son identité pour mieux s’y accrocher. Que la France affirme son identité, c’est une bonne chose pour que ceux qui y viennent sachent à quoi s’arrimer.

Question : Le Président Sarkozy a parlé d’une très grande ouverture envers l’Afrique en disant notamment que l’Afrique et l’Europe ont des destins liés. Il parle de l’union de la méditerranée. Trouvez-vous en cela une très grande opportunité pour l’Afrique ?

DOGAD DOGOUI : Tout dépend de l’Afrique. Je conseille à l’Afrique, aux peuples et aux Etats africains d’utiliser cette main tendue pour pouvoir la transformer. C’est la première fois qu’un pays du Nord propose à l’Afrique un contrat. Cela nous permet de sortir des postures néocoloniales. Si on doit travailler gagnant-gagnant, ce sera à l’Afrique de définir ce qu’elle met dans la corbeille de mariage.

Question : Face aux difficultés de certains Africains à s’intégrer dans l’appareil d’Etat, certains ont suggérer la création d’un parti politique d’obédience noire au moins pour créer une force politique capable d’infléchir l’action politique. Quelle est votre position par rapport à ce projet là ?

DOGAD DOGOUI : Chacun a le droit de faire ce qu’il a envie mais je pense que dans aucun pays au monde, sauf ceux qui sont organisés sous un mode ethnique, les partis crées sous la seule composante communautaire ne pourront pas gagner. Un parti de la diversité oui. Puisque moi-même j’ai lancé une telle idée. Mais un parti qui n’aura que des Africains ou des maghrébins, je n’y crois pas.

Propos recueillis par : Etienne de Tayo

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bien au final Mr Dogoui n'aura pas vu ce fameux retour d'ascenseur. En d'autres termes, il a été laissé en bas de l'escalier. On peut aussi s'indigner que Mme Boutin n'ait même pas fait appel à lui, alors qu'il fait parti de sa même formation. Ah,le monde politique est un monde cruel !

Anonyme a dit…

Bah, pour réagir au message précédent, finalement, il ne pèse simplement dans le paysage médiatico-politique. Le club Africagora n'a pas d'assise solide.Il n'a jamais été mis en avant pendant la campagne dans les grands médias. ce n'est pas étonnant qu'il n'ait pas eu de poste. La part belle a été donnée à Rama Yade qui passe mieux.