mardi 29 mai 2007

L'AFRIQUE, LA MAITRISE DE L'ESPACE ET LA CONVOITISE DES "GRANDS"



La Chine a placé récemment en orbite un satellite de télécommunications pour le compte du Nigeria à partir du centre spatial de Xinchang dans la province de Sichuan. Ce satellite NigcomSat-1 est d’ordre hybride géostationnaire. Il fournira les services de télécommunications, de radiodiffusion, de télédiffusion et de services multimédia à haut débit. Cette réalisation découle d’un contrat de 311 millions de dollars gagné par la Chine en 2004 devant 21 concurrents. Beaucoup d’observateurs y voient déjà la montée en puissance de l’influence de la Chine en terre africaine. Mais on peut aussi y voir la montée d’un cran de la tension entre la Chine et les autres pays occidentaux dans le contrôle de l’Afrique. Cette tension est symbolisée ces derniers jours par la volonté des Etats-Unis de voir la communauté internationale par le biais de l’ONU, renforcer les sanctions contre le gouvernement de Khartoum, accusé d’entretenir un génocide au Darfour. Il est un fait que derrière le gouvernement d’Omar Hassan Al Bachir, c’est la Chine qui est visée et c’est finalement un round du combat entre l’empire du milieu et l’occident qui se joue. C’est ainsi que le représentant chinois pour le Darfour Liu Guijin a tenu à manifester son hostilité à cette volonté des Etats-Unis d’élargir les sanctions. Il pense que cela contribuera plutôt à compliquer un peu plus la situation. Alors, le Darfour serait-il un champ de bataille pour des intérêts qui ne sont pas toujours africains ? Un adage africain dit que « lorsque les éléphants se battent, c’est l’herbe et les arbustes qui souffrent », alors, comment l’Afrique s’y prendra pour ne pas payer les frais de la guerre des autres ?Au moment les ministres des Finances du G8 ne sont pas passées par quatre chemins pour fustiger l’attitude de la Chine par rapport au ré endettement de l’Afrique, le projet du satellite nigérian n’est-il pas une sorte de défi ?
Mais revenons à la présence de plus en plus affirmée de l’Afrique dans l’espace pour dire que le Nigeria est le troisième pays africain à être présent dans l’espace après l’Afrique du Sud et l’Algérie. Lorsqu’on a longtemps baigné dans le discours afro pessimiste, on a de la peine à accepter cette maîtrise par certains pays africains d’une technologie de pointe comme la maîtrise de l’espace. Et pourtant, un pays comme l’Afrique du Sud a pris une avance considérable et aurait même des leçons à donner à certains Etats du Nord. Mais des questions subsistent : Au moment où elle est parfois confronté aux difficultés quotidiennes de la maîtrise de son environnement le plus proche, au moment où dans certaines parties de l’Afrique on n’arrive toujours pas à se nourrir correctement, s’embarquer dans la conquête de l’espace ne relèverait-il pas d’un luxe ? Existe-t-il chez les dirigeants africains une réelle volonté politique de favoriser la maîtrise des sciences et technologies ?
Pour répondre à toutes ces questions, nous avons rencontré Madame He Hongyan, conseillère politique à l’Ambassade de Chine à Paris. Avec nous elle fait le tour de la question.
Nous avons rencontré aussi Justin Ahanhanza responsable du projet de télédétection satellitale, coordonnateur du projet Goos-Africa à l’Unesco. Il organise à l’Unesco du 30 mai au 1er juin un séminaire portant sur « le rôle critique des applications du satellite dans la promotion du développement durable en Afrique ». Il compte à l’issue de ce séminaire, produire un document qui servira de base de travail à l’union africaine dans le cadre de la promotion des sciences et de la technologie.

Par Etienne de Tayo

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