mardi 22 mai 2007

CAMEROUN : LA CHASSE AUX AVIONS... TOMBES



En l'espace de deux mois, deux avions sont tombés en territoire camerounais. Les autorités ont déployés des moyens colossaux pour retrouver l'épave. Très souvent, leurs recherches, des jours après sont restées vaines. Et ce sont finalement les chasseurs qui se sont retrouvés sur la bonne piste. Qu'est ce à dire?

Dans la nuit du 4 au 5 mai 2007 un fort orage s’abat sur la ville de Douala et ses environs. Le bœing 737/800 de Kenya Airways décolle à 0 heure 7 de l’aéroport International de la ville dans le cadre du vol KQ 507. Quelques minutes seulement après ce décollage l’avion émet des signaux de détresse et disparaît des écrans radar de la tour de contrôle de l’aéroport. Toutes les tentatives des techniciens de l’aviation civile de repérer l’avion sont vaines. Contacté, le centre de contrôle des missions de recherche par satellite de Toulouse en France indique la réception d’un signal de détresse par satellite au point 03°23’07 – 011°03’0033’’. Un point positionné à plus de 70 kilomètre au sud ouest de Yaoundé, plus précisément dans la zone de Mvengue, département de l’Océan dans la province du Sud Cameroun.
Aussitôt, des équipes de recherche comprenant des Camerounais, des Français et même des Américains se sont mis en à passer la zone indiquée au peine fin. Les recherches se déploient ainsi sur les zones : Douala-Edéa-Kribi ; Yaoundé-Ngoumou-AkomII-Lolodorf ; Mvengue-Lolodorf ; Nkoumballa-Makak. Au cours de ces recherches à tâtons, la rumeur fait son effet, transportant les équipes et les journalistes d’une localité à l’autre. C’est ainsi que l’épave avait d’abord été annoncée dans le village Awanda, situé à 7 kilomètres de Mvengue. Mais ce n’était qu’une fausse piste. Une autre rumeur jette son dévolu sur la ville de Dizangue, non loin d’Edéa. Deuxième fausse piste.
Finalement, c’est un chasseur, parti vaquer à ses occupations de chasse dans la zone de Mbanga Pongo, à un jet de pierre de l’aéroport d’où était parti l’avion, qui découvre un défrichage inhabituel de la forêt. Il aurait cru à un combat d’éléphant. Non, il était sur la bonne piste. C’est donc lui qui a donné l’alerte et a ainsi coupé court à la vadrouille de tous ces hélicoptères et leurs équipages qui gaspillaient le carburant dans la zone de Kribi. Et c’est le journaliste de Cameroon Tribune, R. D. Lebogo Ndongo qui le mieux relève ce contraste en le naturel et la modernité : « Le chasseur, le jour s’oriente en regardant les arbres et la nuit en observant les étoiles. Un brave homme qui ne doit pas en savoir long sur les satellites et les balises qui ont envoyé les secours et d’autres à plus de deux cents kilomètres du lieu de la catastrophe ».
Le 24 février 2007, un aéronef de type PA34 de la société Sud africaine Gmts, parti de Lomé à destination de Johannesburg avec 6 passagers et 2 membres d’équipage, décolle de Lagos après une escale. Quelques instants après, les autorités aéronautiques nigérianes saisissent les autorités camerounaises de la disparition de leurs écrans radar, de l’avion. Toutes les recherches tant qu coté nigérian que camerounais sont vains. L’affaire est presque étouffée puisque l’opinion n’est même pas mise au courant. Interrogé à l’époque par le journal Mutations, les autorités aéronautiques camerounaises ont dit vaguement que les recherches ont été confiées à l’antenne Asecna de Brazzaville. C'est-à-dire à plus de 300 kilomètres de Lagos.
Vendredi 18 mai 2007, le gouverneur de la province du Sud-Ouest du Cameroun, frontalière du Nigeria, Louis Eyeya Zanga annonce que la carlingue et les restes humains ont été découverts au sommet du mont Cameroun. Et associant une pointe d’humour à sa déclaration, le gouverneur précise que l’épave a été découverte une fois de plus par un chasseur. En effet, c’est au cours d’une partie de chasse le 17 mai que l’attention du chasseur du village Bokwango, un certain Ikome Martin Mwanbo a été attiré par une forme de couleur blanche et s’étant rapproché il a remarqué deux corps encore accrochés à la carlingue et bien conservés du fait de la température qui avoisine les moins un degré au sommet du mont le plus haut du Cameroun.
Voici donc qu’en l’espace de deux mois, deux chasseurs ont volé au secours des moyens sophistiqués de l’aéronautique civile. Est-ce à dire que les autorités aéronautique devraient à l’avenir intégrer les chasseur dans leur dispositif ?

Etienne de Tayo

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