lundi 21 mai 2007




ENTRETIEN AVEC SOULEYMANE DIAGNE ASTOU, PRESIDENT DE LA FEDERATION DES ETUDIANTS AFRICAINS DE FRANCE (F.E.A.F.)

On connaît le Fédération des Etudiants d’Afrique Noire de France (FEANF) qui dans les années 60 contribua à forger l’âme d’une communauté noire d’Afrique combattante et militante. Aujourd’hui, les jeunes tel Souleymane Astou Diagne, dans un contexte complètement différent, continuent à entretenir la flamme. Il réagit ici à la dernière grande actualité française. A savoir, la Présidentielle.

« Je suis optimiste par rapport au idées du Président Sarkozy mais cet optimisme n’est pas une adhésion parce que je ne suis ni de gauche, ni de droite, ni du centre. »

Question : Après les élections présidentielles en France, un gouvernement a été formé dans lequel beaucoup de personnes déplorent l’absence de Noirs. Quel commentaire faites-vous dans les milieux estudiantins par rapport à cet événement ?

Souleymane Astou Diagne : Les étudiants que je rencontre pensent quand même que le Président Sarkozy peut quand même booster les choses. Ils pensent qu’il peut conduire tous les grands chantiers qui n’ont pas été faits par les gouvernements précédents à cause des pressions de la rue. En tout cas, sa capacité à faire est quelque chose qui revient de plus en plus. Mais pour nous autres étudiants africains, il y a des choses comme le logement qui ne dépendent pas du gouvernement français. La partie qui dépend du gouvernement français et qui est minime, nous n’avons pas d’éléments d’analyse fiable nous permettant de dire si c’est bien fait ou pas. Je pense personnellement que ce monsieur peut beaucoup faire et sauf hasard, il va faire des choses.

Question : Je remarque chez vous une sorte d’optimisme. Elle est de vous ou c’est une émanation de ce que pensent les étudiants que vous représenter ?

S. A. D. : Je ne pense pas que c’est de l’optimisme. Mais tel que Monsieur Sarkozy a fait sa campagne, j’ai suis convaincu qu’il ira jusqu’au bout. En tout cas, ce sera une bonne chose qu’on sorte de statu quo qui fait que rien ne bouge.

Question : On relève quand même dans la communauté noire une grande peur du candidat et ensuite du Président Sarkozy. Est-ce qu’on relève cette peur chez les étudiants ou c’est simplement pour des personnes en situation précaire ?

S. A. D. : Justement c’est le point sur lequel j’allais rebondir. Les gens ont peur pour le renouvellement du titre de séjour. Mais moi, ce que je leur dis généralement c’est que, si on est inscrit et qu’on fait ses études comme il se doit je ne pense pas qu’on va avoir des craintes parce que c’est la France qui nous a donné un visa pour venir. Il y a des choses qu’il faut déconnecter des présidentielles et d’autres événements. Je suis certain qu’il y aura plus de reconduite à la frontière. Ce que je dis aux étudiants par rapport à leur peur c’est qu’il faut faire maintenant ce qu’on était venu faire ici c'est-à-dire étudier.

Question : Dans son discours, le Président Sarkozy esquisse un rapprochement avec l’Afrique en évoquant cette création de l’union de la méditerranée. IL dit que l’Afrique et l’Europe ont un destin commun. Comment est que vous prenez cela. Aussi avec beaucoup d’optimisme ?

S. A. D. : Je suis optimiste par rapport aux idées du Président Sarkozy mais cet optimisme n’est pas une adhésion parce que je ne suis ni de gauche, ni de droite, ni du centre. Je suis tout simplement Sénégalais. Je ne vote pas à l’élection présidentielle française. Mais lorsque vous regardez la situation entre la France et l’Afrique il n’y avait pas dans le discours des éléments qui allaient dans le sens de créer des zones avec une coopération étroite. C’est déjà une très bonne chose dans le discours de l’entendre. Je me rappelle que Jospin avait mis une croix sur l’Afrique.

Question : Il y a ce ministère de l’identité nationale de l’immigration et du co-développement qui a soulevé une très forte polémique au cours de son lancement. Comment l’accueillez-vous ?

S. A. D. : Il faut souligner que dans le ministère de l’identité et du co-développement, je trouve que c’est très audacieux de mettre le co-développement dans un ministère. C’est encore au stade embryonnaire. On verra plus tard ce que çà va donner. Mais déjà l’idée de mettre le co-développement dans un ministère çà veut dire qu’on comprend déjà la source des problèmes et peut-être qu’on peut trouver la solution. Mais ce que le gouvernement français doit faire, c’est de contrôler leurs multinationales qui font des ravages incroyables en Afrique. Elles capturent nos Etats pour en faire ce qu’elles veulent au détriment des populations africaines. La deuxième chose c’est de favoriser le transfert de technologie. Quand on voit que pour les délocalisations ils préfèrent la Chine ou la Thaïlande, ils pouvaient les faire vers Afrique. J’espère que la création de la zone de la méditerranée peut favoriser ce genre de chose. Il faut aussi que dans nos Etats, il y ait une prise de conscience par rapport au développement des infrastructures.

Propos recueillis par : Etienne de Tayo

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