Il y a des enquêtes journalistiques qui vous interpellent, vous collent à la peau. Et ne pas les mener équivaudrait rien moins qu’à un reniement par rapport à son statut professionnel. Celle dont je vais révéler les premiers résultats dans ce papier est de celle-là.
Le 25 mars 2007, je suis allé au salon du livre de la porte de Versailles à Paris. Parmi la multitude d’écrivains qui dédicaçaient leurs ouvrages cet après midi là, j’ai remarqué la présence de Alain Mabanckou, fraîchement lauréat du prix Renaudot avec son roman « Les mémoires du Porc-épic ». Je me suis donc aligné pour le féliciter. Arrivé à sa hauteur et, alors que je n’avais plus qu’une jeune personne devant moi, j’ai suivi la conversation entre l’écrivain Mabanckou et ce jeune homme : « Non, je ne lis plus de manuscrit des jeunes auteurs puisque après, vous allez dire qu’on vous a plagié. Prenez la peine de relire plusieurs fois votre texte avant de la soumettre. Si vous vous appliquez, il finira par passer », conseille Mabanckou. Et comme le jeune avait sorti le manuscrit de son sac au dos pour lui tendre, il s’est écrié : « Et puis, tu ne ballades pas ton manuscrit comme çà. Regarde comment il est fichu. Mon ami, c’est ta vie comme çà hein ! ».
Je dois dire que j’ai écouté cette conversation sans y accorder un très grand intérêt. Le mot « plagié » a tout de même attiré mon attention. La dernière fois où je me souviens d’une rencontre avec ce mot, c’est justement dans le blog de Alain Mabanckou. Un journaliste de Jeune Afrique Intelligent, Dominique Mataillet y était accusé d’avoir plagié un texte de Mabanckou intitulé : « Quand les écrivains conjuguent le verbe quitter » devenu « Transferts d’écrivains » sous la plume du journaliste de JAI. Ce dernier était presque pris à partie par les fans de Mabanckou. Je pense qu’il s’en est excusé.
Après le jeune homme, mon tour est arrivé et j’ai présenté mes félicitations à au lauréat Mabanckou. Nous nous sommes échangés les adresses et nous nous sommes promis de nous contacter. Quelques jours après cette rencontre, et en consultant mes mails, je suis tombé sur un message envoyé par un certain Mountaga Fane Kanteka qui se présente comme journaliste, juriste et auteur. Dans l’objet de son message, il annonce, affirmatif : « Alain Mabanckou est un plagiaire ». Dans le texte qui suit, il écrit : « Je vous avise de la contrefaçon perpétrée par monsieur Alain Mabanckou (mémoires de porc-épic, le Seuil, août 2006, prix Renaudot 2006) sur mon œuvre autobiographique (Odyssées noires/Amours et mémoires d’outre monde) publié à Montréal en octobre 2005 (…) J’avais envoyé mon manuscrit aux Editions du Seuil le 26 juin 2004. Avec une lettre de refus datée du 2 août 2004 (N/Réf. 2042305) ». Mountaga Fane accompagne son message en fichier attaché, des tableaux comparatifs provisoires laissant apparaître, selon lui, 28 points sur lesquels il aurait été plagié.
En possession de ce document, je fais immédiatement un mail à Alain Mabanckou pour avoir sa version de cette ténébreuse affaire. Réponse prompte, amicale et laconique de l’écrivain : « Cher ami, des réactions de ce genre, tous les lauréats des grands prix les subissent. Je ne voudrais pas donner de l’importance à ceux qui cherchent une publicité personnelle. Bien à toi ». Alors que je m’apprêtais à le relancer, Alain Mabanckou m’envoie un autre message : « Cher ami, juste pour t’inviter à la prudence. Lis ce que je viens de trouver sur le Net : le monsieur dont tu parles a l’habitude des accusations et cela tourne presque à l’obsession ». Il me communique alors le lien suivant : http://www.quebecsoccer.com/article.php?id=668.%20Le lien conduit en fait à un article publié dans le journal dans le journal « Québec Soccer » où « Mountaga Fané porte plainte pour vol d’oeuvre et plagiat » cette fois contre Doumbi Fakoli dont il dit qu’il a recopié son même manuscrit déposé chez Présence africaine. Il a publié chez Menaibuc le livre intitulé : « L’origine biblique du racisme anti-noir ». C’est vrai que de prime à bord, cela fait un peu désordre et la tentation est grande de réduire Mountaga Fane à un simple obsédé de plagiat comme le pense et souhaite Mabanckou. Cela s’appellerait, bâcler une enquête.
Le 18 avril, j’adressai un questionnaire de 4 questions à Mountaga Fane pour tenter de démêler cet écheveau. En réponse, il réitère avec force détail ses accusations et m’envoie en fichier attaché un certain nombre de documents témoignant de l’évolution judiciaire de cette affaire : une mise en demeure adressée au Directeur Général du Seuil, une sommation et une plainte contre Présence africaine. Il sollicite mes coordonnées téléphoniques que je lui communique.
Un jour, je reçois un coup de fil de Mountaga Fane. Au téléphone, il est tout excité. Il dit qu’il est en passe de démanteler le plus vaste réseau de contrefaçon éditoriale de la place de Paris. Il pense qu’il n’est pas seul victime et que les membres de ce réseau « agissent toujours en pensant que leurs victimes, compte tenu de l’éloignement ou de la vulnérabilité économique, ne pourront rien intenter contre eux ». Menaçant, il promet de casser les carrières de toutes les personnes qui ont trempées dans cette affaire : « Mabanckou perdra son prix, il ira en prison et ne pourra plus enseigner aux Etats-Unis », proclame t-il..
Sur le plagiat dont il accuse Alain Mabanckou, il révèle que les « Mémoires de Porc-épic » est une œuvre plus profonde qu’elle ne paraît. Il dit que cette œuvre recèle des messages que seuls les initiés peuvent comprendre. Il doute que Mabanckou qui est originaire du Congo ait pu accéder à ces messages puisque, selon lui, seuls les marabouts du Mali sont dépositaires des mystères que véhicule cette œuvre. Et, c’est auprès de ces derniers qu’il aurait recueillis la matière ayant servi à bâtir son manuscrit dont il déplore le plagiat : « Parce qu’il ne sait pas de quoi il parle. Parce qu’il manipule des matériaux dont il ignore la portée symbolique, Alain Mabanckou a révélé des choses qu’on ne dit pas en public. C’est très grave ce qu’il a fait. Moi, je n’aurai jamais fait çà », déplore Mountaga. Se posant en victime, Mountaga parle de « pratiques crapuleuses qui ne sont ni plus ni moins qu’une forme de censure et de persécution à cause des révélations contenues dans mon livre ». Surfant sur le même registre, il lâche : « On veut m’abattre ». Il affirme qu’une responsable d’une maison d’édition lui avait donné ce conseil : « Il ne faut pas ébruiter cette affaire, il vont te tomber dessus ».
Le plagiat est le cancer du monde éditorial
A ce stade des mes investigations et en l’absence de faits probants, je ne puis émettre que des hypothèses. A l’origine, selon le dictionnaire, le mot plagiat vient du latin « plaga » et signifiait une condamnation au fouet de ceux qui avaient vendu des hommes libres pour esclaves. Aujourd’hui, il vise des personnes qui recopient tout ou partie de l’œuvre d’un autre auteur grossièrement ou subtilement.
La première hypothèse, la voici : Mountaga Fane, aux vues de ses accusations un peu désordonnées, peut n’être qu’un « parano littéraire » qui voit le plagiat de ses œuvres partout. J’ai parcouru son tableau comparatif provisoire et, je pense qu’il peut être victime, tout au plus, d’un plagiat de thème, c'est-à-dire que Mabanckou, qui a certainement rencontré son manuscrit s’est inspiré de ce thème pour développer son ouvrage. Bien entendu, une telle démarche est blâmable. Aussi bien dans l’ouvrage de Mountaga que dans celui de Mabanckou, la même technique est utilisée. Celle qui consiste à faire parler les animaux pris comme doublure de l’homme. Ce faisant, des similitudes peuvent apparaître du simple fait que les deux auteurs ont bu à la même source d’inspiration et prendre la forme de plagiat.
Dans sa démarche, Mountaga semble convoquer constamment la théorie du complot qui le viserait et tous ceux qui pensent comme lui. Mais force est de reconnaître que cette démarche peut être battue en brèche par une simple analyse. Au total, les accusations de Mountaga vise trois maisons d’édition : le Seuil, Présence africaine et Menaibuc. Pour qui connaît le paysage éditorial français, ces maisons ne se situent pas du tout sur le même registre du point de vue de la ligne éditoriale. Il est donc peu probable qu’elles aient comploté ensemble contre un même auteur, fut-il l’un des plus inspirés du monde.
La seconde hypothèse voudrait que les accusations de Mountaga Fane aient quelque chose de vrai. C'est-à-dire que son manuscrit, d’une profondeur respectable, ait été servi à un écrivain plus connu, Mabanckou en l’occurrence, pour exploitation et donc plagiat, dans la perspective de la compétition aux prix littéraires. C’est vrai qu’il se raconte tellement de chose autour des prix littéraires : probité des jurés, compétitions entre maisons d’édition, comme l’a révélé Jacques Brenner dans le tome 5 de ses mémoires : « La cuisine des prix ». Cette frénésie autour vient de ce que « le prix est un démultiplicateur de vente phénoménal » comme l’affirme Christine Ferrand.
Soutenant cette hypothèse, on peut donc abonder dans le sens de Mountaga Fane qui affirme que, non seulement il a été plagié mais, les thèses défendues dans son manuscrit ont été déformées pour le ridiculiser et tourner ces positions en dérision. Et du coup, on retrouve la théorie du complot que je n’ai pas pu intégrer dans la première hypothèse. Et c’est l’Afrique qui serait la cible : « Le prix littéraire n’est décerné à un auteur africain que lorsqu’il accepte de dénigrer l’Afrique soit en renforçant les clichés connus, soit en tournant au ridicule les cultures africaines. Mongo Beti n’avait jamais reçu de prix et pourtant sa célébrité est incontestable. Pour qu’il obtienne un prix (prix Renaudot et Goncourt des lycéens en 2000), il a fallu que Amadou Kourouma quitte ses thématiques révolutionnaires pour révéler l’enfer des guerres civiles africaines dans son ouvrage : « Allah n’est pas obligé », soutient le journaliste Eyoum.
Et puis cette affaire de plagiat qui doit chaque fois poursuivre certains auteurs primés ! On se souvient avec amertume des multiples poursuites et condamnations pour plagiat de l’écrivaine camerounaise Calixte Beyala, lauréate du Grand prix du Roman de l’Académie française avec son roman « Honneurs perdus » publié chez Albin Michel 1996. En fait, les milieux éditoriales bruissent d’autres affaires de plagiat étouffées par les arrangements à l’amiable entre éditeurs ou portées devant les tribunaux. La liste est tellement longue qu’on croirait à une affaire banale. Passe encore que cela se passe entre des écrivains déjà célèbres. Le drame, c’est d’empêcher aux jeunes écrivains d’atteindre aussi le soleil.
Au demeurant, du fait que beaucoup d’écrivains célèbres sont directeurs de collection ou membres de comité de lecture dans les maisons d’édition, la malhonnêteté de quelques uns peut les pousser à piquer les thématiques développées par les jeunes auteurs ou à recopier subtilement des pans entiers. Le plagiat, s’il est organisé en réseau ou « en association de malfaiteurs », comme dit Mountaga Fané serait un véritable cancer du monde éditorial qu’il faut combattre avec tous les moyens de droit. Car, comment écrire et se faire publier sans soumettre son manuscrit à un écrivain plus expérimenté ? Comment se faire publier sans envoyer le manuscrit à la sanction du comité de lecture des maisons d’édition. On espère tout simplement qu’un autre Jacques Brenner révélera dans ses mémoires ces autres crimes perpétrés dans les couloirs des maisons d’édition.
Etienne de Tayo
Promoteur du Réseau « Afrique Intègre »
Le 25 mars 2007, je suis allé au salon du livre de la porte de Versailles à Paris. Parmi la multitude d’écrivains qui dédicaçaient leurs ouvrages cet après midi là, j’ai remarqué la présence de Alain Mabanckou, fraîchement lauréat du prix Renaudot avec son roman « Les mémoires du Porc-épic ». Je me suis donc aligné pour le féliciter. Arrivé à sa hauteur et, alors que je n’avais plus qu’une jeune personne devant moi, j’ai suivi la conversation entre l’écrivain Mabanckou et ce jeune homme : « Non, je ne lis plus de manuscrit des jeunes auteurs puisque après, vous allez dire qu’on vous a plagié. Prenez la peine de relire plusieurs fois votre texte avant de la soumettre. Si vous vous appliquez, il finira par passer », conseille Mabanckou. Et comme le jeune avait sorti le manuscrit de son sac au dos pour lui tendre, il s’est écrié : « Et puis, tu ne ballades pas ton manuscrit comme çà. Regarde comment il est fichu. Mon ami, c’est ta vie comme çà hein ! ».
Je dois dire que j’ai écouté cette conversation sans y accorder un très grand intérêt. Le mot « plagié » a tout de même attiré mon attention. La dernière fois où je me souviens d’une rencontre avec ce mot, c’est justement dans le blog de Alain Mabanckou. Un journaliste de Jeune Afrique Intelligent, Dominique Mataillet y était accusé d’avoir plagié un texte de Mabanckou intitulé : « Quand les écrivains conjuguent le verbe quitter » devenu « Transferts d’écrivains » sous la plume du journaliste de JAI. Ce dernier était presque pris à partie par les fans de Mabanckou. Je pense qu’il s’en est excusé.
Après le jeune homme, mon tour est arrivé et j’ai présenté mes félicitations à au lauréat Mabanckou. Nous nous sommes échangés les adresses et nous nous sommes promis de nous contacter. Quelques jours après cette rencontre, et en consultant mes mails, je suis tombé sur un message envoyé par un certain Mountaga Fane Kanteka qui se présente comme journaliste, juriste et auteur. Dans l’objet de son message, il annonce, affirmatif : « Alain Mabanckou est un plagiaire ». Dans le texte qui suit, il écrit : « Je vous avise de la contrefaçon perpétrée par monsieur Alain Mabanckou (mémoires de porc-épic, le Seuil, août 2006, prix Renaudot 2006) sur mon œuvre autobiographique (Odyssées noires/Amours et mémoires d’outre monde) publié à Montréal en octobre 2005 (…) J’avais envoyé mon manuscrit aux Editions du Seuil le 26 juin 2004. Avec une lettre de refus datée du 2 août 2004 (N/Réf. 2042305) ». Mountaga Fane accompagne son message en fichier attaché, des tableaux comparatifs provisoires laissant apparaître, selon lui, 28 points sur lesquels il aurait été plagié.
En possession de ce document, je fais immédiatement un mail à Alain Mabanckou pour avoir sa version de cette ténébreuse affaire. Réponse prompte, amicale et laconique de l’écrivain : « Cher ami, des réactions de ce genre, tous les lauréats des grands prix les subissent. Je ne voudrais pas donner de l’importance à ceux qui cherchent une publicité personnelle. Bien à toi ». Alors que je m’apprêtais à le relancer, Alain Mabanckou m’envoie un autre message : « Cher ami, juste pour t’inviter à la prudence. Lis ce que je viens de trouver sur le Net : le monsieur dont tu parles a l’habitude des accusations et cela tourne presque à l’obsession ». Il me communique alors le lien suivant : http://www.quebecsoccer.com/article.php?id=668.%20Le lien conduit en fait à un article publié dans le journal dans le journal « Québec Soccer » où « Mountaga Fané porte plainte pour vol d’oeuvre et plagiat » cette fois contre Doumbi Fakoli dont il dit qu’il a recopié son même manuscrit déposé chez Présence africaine. Il a publié chez Menaibuc le livre intitulé : « L’origine biblique du racisme anti-noir ». C’est vrai que de prime à bord, cela fait un peu désordre et la tentation est grande de réduire Mountaga Fane à un simple obsédé de plagiat comme le pense et souhaite Mabanckou. Cela s’appellerait, bâcler une enquête.
Le 18 avril, j’adressai un questionnaire de 4 questions à Mountaga Fane pour tenter de démêler cet écheveau. En réponse, il réitère avec force détail ses accusations et m’envoie en fichier attaché un certain nombre de documents témoignant de l’évolution judiciaire de cette affaire : une mise en demeure adressée au Directeur Général du Seuil, une sommation et une plainte contre Présence africaine. Il sollicite mes coordonnées téléphoniques que je lui communique.
Un jour, je reçois un coup de fil de Mountaga Fane. Au téléphone, il est tout excité. Il dit qu’il est en passe de démanteler le plus vaste réseau de contrefaçon éditoriale de la place de Paris. Il pense qu’il n’est pas seul victime et que les membres de ce réseau « agissent toujours en pensant que leurs victimes, compte tenu de l’éloignement ou de la vulnérabilité économique, ne pourront rien intenter contre eux ». Menaçant, il promet de casser les carrières de toutes les personnes qui ont trempées dans cette affaire : « Mabanckou perdra son prix, il ira en prison et ne pourra plus enseigner aux Etats-Unis », proclame t-il..
Sur le plagiat dont il accuse Alain Mabanckou, il révèle que les « Mémoires de Porc-épic » est une œuvre plus profonde qu’elle ne paraît. Il dit que cette œuvre recèle des messages que seuls les initiés peuvent comprendre. Il doute que Mabanckou qui est originaire du Congo ait pu accéder à ces messages puisque, selon lui, seuls les marabouts du Mali sont dépositaires des mystères que véhicule cette œuvre. Et, c’est auprès de ces derniers qu’il aurait recueillis la matière ayant servi à bâtir son manuscrit dont il déplore le plagiat : « Parce qu’il ne sait pas de quoi il parle. Parce qu’il manipule des matériaux dont il ignore la portée symbolique, Alain Mabanckou a révélé des choses qu’on ne dit pas en public. C’est très grave ce qu’il a fait. Moi, je n’aurai jamais fait çà », déplore Mountaga. Se posant en victime, Mountaga parle de « pratiques crapuleuses qui ne sont ni plus ni moins qu’une forme de censure et de persécution à cause des révélations contenues dans mon livre ». Surfant sur le même registre, il lâche : « On veut m’abattre ». Il affirme qu’une responsable d’une maison d’édition lui avait donné ce conseil : « Il ne faut pas ébruiter cette affaire, il vont te tomber dessus ».
Le plagiat est le cancer du monde éditorial
A ce stade des mes investigations et en l’absence de faits probants, je ne puis émettre que des hypothèses. A l’origine, selon le dictionnaire, le mot plagiat vient du latin « plaga » et signifiait une condamnation au fouet de ceux qui avaient vendu des hommes libres pour esclaves. Aujourd’hui, il vise des personnes qui recopient tout ou partie de l’œuvre d’un autre auteur grossièrement ou subtilement.
La première hypothèse, la voici : Mountaga Fane, aux vues de ses accusations un peu désordonnées, peut n’être qu’un « parano littéraire » qui voit le plagiat de ses œuvres partout. J’ai parcouru son tableau comparatif provisoire et, je pense qu’il peut être victime, tout au plus, d’un plagiat de thème, c'est-à-dire que Mabanckou, qui a certainement rencontré son manuscrit s’est inspiré de ce thème pour développer son ouvrage. Bien entendu, une telle démarche est blâmable. Aussi bien dans l’ouvrage de Mountaga que dans celui de Mabanckou, la même technique est utilisée. Celle qui consiste à faire parler les animaux pris comme doublure de l’homme. Ce faisant, des similitudes peuvent apparaître du simple fait que les deux auteurs ont bu à la même source d’inspiration et prendre la forme de plagiat.
Dans sa démarche, Mountaga semble convoquer constamment la théorie du complot qui le viserait et tous ceux qui pensent comme lui. Mais force est de reconnaître que cette démarche peut être battue en brèche par une simple analyse. Au total, les accusations de Mountaga vise trois maisons d’édition : le Seuil, Présence africaine et Menaibuc. Pour qui connaît le paysage éditorial français, ces maisons ne se situent pas du tout sur le même registre du point de vue de la ligne éditoriale. Il est donc peu probable qu’elles aient comploté ensemble contre un même auteur, fut-il l’un des plus inspirés du monde.
La seconde hypothèse voudrait que les accusations de Mountaga Fane aient quelque chose de vrai. C'est-à-dire que son manuscrit, d’une profondeur respectable, ait été servi à un écrivain plus connu, Mabanckou en l’occurrence, pour exploitation et donc plagiat, dans la perspective de la compétition aux prix littéraires. C’est vrai qu’il se raconte tellement de chose autour des prix littéraires : probité des jurés, compétitions entre maisons d’édition, comme l’a révélé Jacques Brenner dans le tome 5 de ses mémoires : « La cuisine des prix ». Cette frénésie autour vient de ce que « le prix est un démultiplicateur de vente phénoménal » comme l’affirme Christine Ferrand.
Soutenant cette hypothèse, on peut donc abonder dans le sens de Mountaga Fane qui affirme que, non seulement il a été plagié mais, les thèses défendues dans son manuscrit ont été déformées pour le ridiculiser et tourner ces positions en dérision. Et du coup, on retrouve la théorie du complot que je n’ai pas pu intégrer dans la première hypothèse. Et c’est l’Afrique qui serait la cible : « Le prix littéraire n’est décerné à un auteur africain que lorsqu’il accepte de dénigrer l’Afrique soit en renforçant les clichés connus, soit en tournant au ridicule les cultures africaines. Mongo Beti n’avait jamais reçu de prix et pourtant sa célébrité est incontestable. Pour qu’il obtienne un prix (prix Renaudot et Goncourt des lycéens en 2000), il a fallu que Amadou Kourouma quitte ses thématiques révolutionnaires pour révéler l’enfer des guerres civiles africaines dans son ouvrage : « Allah n’est pas obligé », soutient le journaliste Eyoum.
Et puis cette affaire de plagiat qui doit chaque fois poursuivre certains auteurs primés ! On se souvient avec amertume des multiples poursuites et condamnations pour plagiat de l’écrivaine camerounaise Calixte Beyala, lauréate du Grand prix du Roman de l’Académie française avec son roman « Honneurs perdus » publié chez Albin Michel 1996. En fait, les milieux éditoriales bruissent d’autres affaires de plagiat étouffées par les arrangements à l’amiable entre éditeurs ou portées devant les tribunaux. La liste est tellement longue qu’on croirait à une affaire banale. Passe encore que cela se passe entre des écrivains déjà célèbres. Le drame, c’est d’empêcher aux jeunes écrivains d’atteindre aussi le soleil.
Au demeurant, du fait que beaucoup d’écrivains célèbres sont directeurs de collection ou membres de comité de lecture dans les maisons d’édition, la malhonnêteté de quelques uns peut les pousser à piquer les thématiques développées par les jeunes auteurs ou à recopier subtilement des pans entiers. Le plagiat, s’il est organisé en réseau ou « en association de malfaiteurs », comme dit Mountaga Fané serait un véritable cancer du monde éditorial qu’il faut combattre avec tous les moyens de droit. Car, comment écrire et se faire publier sans soumettre son manuscrit à un écrivain plus expérimenté ? Comment se faire publier sans envoyer le manuscrit à la sanction du comité de lecture des maisons d’édition. On espère tout simplement qu’un autre Jacques Brenner révélera dans ses mémoires ces autres crimes perpétrés dans les couloirs des maisons d’édition.
Etienne de Tayo
Promoteur du Réseau « Afrique Intègre »
5 commentaires:
"A ce stade des mes investigations et en l’absence de faits probants, je ne puis émettre que des hypothèses. " ????!!!
Pourquoi avez-vous échoué à mener une enquête concluante ? Pourquoi ne mettez-vous pas en ligne les comparaisons de texte pour que vos lecteurs puissent se faire leur propre opinion ?
Les tableaux comparatifs sont ici, pour ceux qui souhaitent connaître les faits :
http://www.montraykreyol.org/IMG/pdf/TABLEAUVerrecasse.pdf
En quoi sont-il "non concluants" M. de Tayo ?
Quand on ne sait rien, on ne dit rien. Sinon, c'est de la médisance, du colportage de ragots.
Et quand on discute littérature, on corrige ses fautes d'orthographe avant de poster un texte.
merci pour intiresny Dieu
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